Phantom Trigger

Les maladies graves, ce n’est pas drôle. Alors si elles sont incurables et mortelles, ce l’est encore moins. Plutôt que de nous servir un jeu mélodramatique (un peu comme That dragon, cancer), les développeurs du studio Bread Team ont opté plutôt de nous parler du combat que mène les malades pour lutter contre cette maladie sous forme d’un slasher.



De l’hôpital l’onirique.

D’entrée, le jeu pose l’ambiance. Stan, accompagné de sa femme, est en pleine consultation avec un médecin. Le diagnostic est sans appel : il se meurt. Trois choix s’offrent à lui : une opération, un traitement expérimental ou se laisser mourir. Comme Stan est un rigolo de la vie, il choisit évidemment la troisième option. Pas très contente, madame veut la première, sauf que cette dernière est hors de portée du porte-monnaie du couple. Finalement, la solution choisie sera la seconde. Si cette première scène est relativement courte, elle permet de donner le ton au jeu ainsi que la direction que va prendre celui-ci.

En l’espace de quelques minutes, on se rend compte que la maladie qui ronge Stan n’est pas le seul problème dans sa vie, appuyé bien encore plus par la volonté de sa femme à le maintenir en vie alors qu’elle semble très distante de celui-ci. Une fois cette première séquence terminée, on bascule dans un autre monde, onirique, où l’on incarne une sorte de voyageur qui arrive en terre inconnue. Il rencontre rapidement une femme-fourmi, qui ressemble étrangement à la femme de Stan, ainsi qu’un lapin cuistot, un alligator chasseur, un crapaud au coin d’un feu et un taureau à trois yeux. Tous sont amicaux pour la simple raison qu’ils nous prennent pour une sorte de messie. Une fois l’arbre-femme trouvé, notre aventurier est prêt à l’aventure, épée et écharpe en main pour aller nettoyer les parasites qui rodent dans le coin. Très rapidement, entre séquences d’exploration avec le voyageur et séquences à l’hôpital / chez le spy dans le rôle de Stan, on comprend que le voyageur incarne le traitement que prend Stan contre sa maladie, mais aussi Stan lui-même face à ses doutes et craintes (matérialisé aussi bien par les habitants du monde, que les lieux et que l’on visite).

Bread team a été malin de ne pas rendre trop envahissante la vie de Stan, pour qui veut uniquement profiter de l’aventure du voyageur, mais ces derniers passeront à côté d’une belle réflexion sur l’envie et les raisons qui poussent les gens à se battre (ou non) pour leur vie, avec un final plutôt cocasse pour qui a la patience d’attendre la fin du générique du jeu.



Au rythme de trois.

Côté gameplay, le jeu prend la forme d’un slasher en vue de dessus, à la limite de l’isométrique. Notre voyageur commencera avec un fouet (vert) et une épée (bleue) ainsi que la possibilité de dasher. Très rapidement, il obtiendra une dernière capacité, un gant (rouge) pour une attaque lourde. La progression se fait en fonction de l’arme que l’on utilise. Plus on frappe avec, plus son niveau augmente. Très rapidement, on se rend compte que le level-up des armes ne sert pas à gagner en puissance mais à débloquer des combos. Pour en arriver à ce stade, il faut au préalable digérer les menus infectes et illisible pour comprendre que ce dernier nous donne les combinaisons de combos, ou à défaut les niveaux à atteindre dans chaque arme pour les débloquer.

Côté rythme, le jeu vous permet d’enchaîner trois actions d’affilée au choix parmi les quatre disponibles (les trois attaques de couleur et le dash), avant un petit temps mort de récupération. Il sera primordial de bien gérer cette pause, particulièrement dans les combats en arène où il n’y aura que très peu de place pour l’esquive étant donné que ces dernières seront particulièrement étroites au vu du nombre d’ennemis présents dans celles-ci. Les combos permettront de faire soit de faibles dégâts de zones, via une aura de feu ou de glace, ou vous permettront de gagner du temps, en gelant vos ennemis. Pour cela rien de plus simple, il suffit d’enchainer les trois actions possibles dans un ordre précis pour déclencher l’une des attaques spéciales (exemple : bleu + bleu + vert pour geler un ennemi).

Bonne idée de la part des développeurs, un anneau de lumière, tel un projecteur ciblant un acteur sur scène, permet de ne jamais perdre de vue notre avatar, surtout dès que l’écran commence à être chargé d’ennemis et d’effets. Lumière d’autant plus obligatoire si vous comptez faire le jeu sur Switch en mode portable (condition dans laquelle a été réalisée l’intégralité des sessions de jeu pour ce papier). Si le jeu est plutôt propre et avec un rythme agréable, le joueur sera quand même amené à mourir de manière assez fréquente via le manque flagrant de précision dans les contrôles. Notamment sur le dash, où l’on se trouve parfois sans le vouloir en plein milieu d’un troupeau de mobs qui n’hésiteront pas à nous câliner de toute leurs forces. Autre défaut du jeu : son bestiaire, où l’on compte le nombre d’ennemis à quatre, pour légèrement se décliner au fur et à mesure de l’avancement dans l’histoire, qui n’arrivent pas à apporter suffisamment de fraicheur pour ne pas ennuyer.


Phantom Trigger est un titre plutôt correct, où l’on nous raconte une histoire dramatique sous un penchant plutôt onirique. Le studio a réussi à rendre l’histoire de Stan optionnelle pour qui ne veut pas s’y intéresser et suffisamment intéressante pour laisser le joueur se forger sa propre opinion sur le combat que doit mener un malade. Combat que le joueur incarnera dans une aventure à la durée juste bonne pour ne pas devenir ennuyante à jouer, à cause d’un bestiaire bien trop limité.

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