Journey Down : Chapter Three

Jamais deux sans trois. Journey Down, la petite série de jeux d’aventure venue du froid suédois mais emplie de la chaleur de ses influences afro-caribéennes, revient avec son troisième et dernier chapitre venant clôturer l’histoire de Bwana, Kito et Lina. Nos trois héros ont cette fois-ci eu recours au financement participatif sur la plateforme Kickstarter, et en totale transparence, j’y ai participé. Ayant beaucoup apprécié le premier mais surtout le second chapitre, je ne pouvais personnellement en faire l’impasse et risquer que son dernier volet ne voit pas la lumière du jour.



Le monde d’en dessous

Le second chapitre se terminait sur la découverte de l’Underland (le monde d’en-dessous), un monde mystérieux et légendaire, qui n’était pas censé exister. Nos trois comparses vont cependant vite déchanter en se rendant compte qu’ils ne sont pas les premiers arrivés dans cette terre de mythes, sachant que l’entreprise Armando Power est déjà sur place pour en exploiter les précieuses richesses. S’en suit une course contre la montre pour Bwana & co qui vont devoir déjouer les plans de l’infâme président de cette entreprise malicieuse, pour sauver l’Underland et St Armando dans la foulée. Journey Down reste donc ce petit jeu d’aventure simple et accessible dans la lignée Lucas Arts en un peu moins ambitieux que ses aînés, forcément avec ses moyens plus modestes. Cela ne veut pas pour autant dire que le cœur n’y est pas. Il s’agit toujours clairement d’un projet de passionnés voulant clôturer du mieux possible leur histoire. Elle se retrouve malheureusement un peu précipitée à mon goût.

Ce chapitre trois vient en effet écarter un peu trop vite ce que l’on attendait de pied ferme. L’Underland devait être cette terre majestueuse et nous révéler enfin ses secrets. Ce qu’elle va faire d’ailleurs, mais un peu trop vite. Point de temple regorgeant de puzzles de toute part pour nous. Ce final est tout simplement un peu trop court. En mettant les énigmes à part, du genre plutôt accessibles, qui demanderont de fait plus ou moins de temps selon les prouesses mentales de chacun, il est difficile de ne pas se dire qu’il y a là derrière tout un tas de choses qui ont du être coupées au montage. Ainsi, certains aspects de son scénario apparaîtront trop peu développés. Un peu comme si cette histoire devait se dépêcher de finir sans prendre le temps de respirer. Ainsi, malgré l’introduction de nouveaux personnages secondaires comme Waasi, un clone de Jimi Hendrix qui veut révolutionner sa ville par le rock’n’roll, d’autres personnages fondateurs comme Kito ont malheureusement été relégué au second plan et ont moins de temps de présence à l’écran. Même le professeur Moorhead dont on entend parler depuis le premier volet, et qui est quelque part le mentor de Lina, n’aura pas un rôle très important dans l’histoire, alors qu’il est censé être l’expert de l’Underland. Une raison de plus qui me fait sentir que cette série a été vite dépassée par ses ambitions sans avoir la réelle capacité de les concrétiser. Et c’est dommage, car des jeux d’aventure comme celui-ci avec un tel capital sympathie, ça ne court pas les rues.



Beaucoup d’âme et de modestie

On oublie aussi l’ambiance du second chapitre, qui lorgnait clairement du côté du film noir classique. On est cette fois-ci plus proche du néo-noir avec une St Armando plus futuriste que la Port Artue du second volet, expliquant sans aucun doute ses subtiles références à Blade Runner. Cela se ressent notamment dans ses musiques, dont les morceaux de jazz habitués de la série viennent côtoyer d’autres dans un style plus pop et rock façon années 80. Les décors sont encore une fois dans leur globalité réussis, malgré quelques imperfections techniques par endroit comme des coupures clairement visibles. L’Underland – encore lui – semble avoir malheureusement été un peu laissé pour compte. Bien que ses décors ne soient pas désagréables pour un sou, ils apparaissent bien moins finis que ceux qui viennent animer la ville de St Armando. Un petit bémol qui tant à souligner qu’avec plus de moyens, SkyGoblin aurait eu le potentiel de faire quelque chose de plus grandiose encore. Cependant, si mes critiques sont là négatives sur certains aspects, cela n’enlève rien au plaisir de l’expérience général. Relativement court, je ne saurai que vous conseiller de faire les trois chapitres d’un seul coup si vous n’en n’aviez jamais fait un seul, et êtes amateur de point and click. Il reste que ce final m’est apparu moins généreux et moins complexe que le second, qui représentait une réelle amélioration par rapport au premier.

Journey Down : Chapter Three est donc la conclusion tant attendue qui vient mettre fin à cette histoire en nous faisant profiter de son monde marqué fortement par un mélange de culture africaine des Caraïbes avec ses accents de Kingston. Son ambiance est toujours relaxée et pleine d’humour bon enfant. Il est simplement trop grand pour ses chaussures pour avoir su s’exprimer entièrement. Si je préfère encore le second volet en terme d’histoire, de personnages et de qualité générale, ce troisième réussi néanmoins son pari en mettant un point final assez satisfaisant. On aurait juste aimé en avoir un peu plus. Pour autant, malgré mes complaintes, Journey Down : Chapter Three tout comme les autres épisodes, ont mieux réussi là où d’autres productions aventuresques dotées de plus de moyens ont failli (regard en direction de la Sibérie troisième du nom). Si je suis plus critique ici, c’est parce-que j’aime. Mais impossible de ne pas remarquer que son doublage et sa bande-son sont bien supérieurs à bon nombre de point and click trop paresseux dans leur exécution. Et quand il réussit ses décors, il les réussit excellemment. Rien que pour cela, ils valent le détour.


Journey Down : Chapter Three conclu sa saga non pas parfaitement mais bien mieux qu’on n’aurait pu l’espérer. Si son second chapitre était à mon sens plus enthousiasmant et mieux fini, cette conclusion a fait ses devoirs plus que correctement. Bwana et ses amis sont toujours très bien doublés pour une production de cette ampleur, qui à l’image de tout le reste, respire la chaleur et l’amour de ses concepteurs pour ce projet du cœur. C’est une belle aventure qui prend fin qui souffre peut-être un peu de la fugacité de sa durée de vie.

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