Sonic Forces

Tout le monde lui crachait dessus depuis sa sortie mais à la dernière Gamescom, en y jouant, je lui ai trouvé un certain potentiel. La prochaine fois, sérieusement, faites-moi taire… Vous savez ce jeu Sonic en 3D qu’on a toujours peu de voir arriver complètement cassé et avec une floppé de Shitty Friends venu d’on ne sait où ? Et bien Sonic Forces, c’est exactement ça et plus encore.

Les screenshots de cette critique ont été capturés sur la version Switch du jeu, en mode Portable.


Sonic le Forceur

Il aura fallu quatre heures ou moins pour terminer les trente niveaux de ce jeu raté au plus haut point. Cette critique démarre sur un ton négatif mais c’est obligatoire. Car on le sait, beaucoup ne lisent que l’intro, les notes (ça tombe bien, on en met pas !) et c’est un peu de mon devoir de vous prévenir au mieux : Sonic Forces est encore un beau plantage du hérisson en trois dimensions. On commence par quoi ?

Avec l’aide d’un nouvel ennemi sorti de nulle part, Dr.Robotnik/Eggman tente une nouvelle fois de conquérir le monde. Cette fois-ci un cristal lui permet d’invoquer des doubles des plus grands ennemis de Sonic à travers les âges : Chaos (de Sonic Adventure), Shadow (qui deviendra gentil), Metal Sonic et Zavok (Sonic Lost World) sont donc vos nouveaux ennemis. Le joueur comprendra ce qu’il en est en deux ou trois scènes. Les protagonistes de la « résistance » par contre seront totalement incompétent pour résoudre ce problème. Seul Tails a un peu de jugeote, comme d’habitude diront certains, et tirera profit de ce qui se passe avec ces doubles.

Par un bel effort scénaristique nommé le « comme par hasard », on a aussi le droit à l’arrivée du Sonic classique (déjà revu dans le très bon Sonic Générations) et ce sera le seul héros d’un autre monde à se montrer… et à être jouable en plus du Sonic actuel. Pour ce qui est du troisième personnage à contrôler, vous allez devoir faire preuve d’un peu d’imagination.



Mon shitty friend à moi !

Vous allez pouvoir créer votre propre héros : c’est l’argument principal en termes de nouveauté de ce Sonic Forces. Vous commencez par choisir si c’est un chien, un loup, un ours, etc. Ensuite vous lui changez le visage, les yeux, la couleur des yeux et de la peau. Une fois terminé, vous avez un personnage absolument pas charismatique, quelconque au possible, auquel vous allez pouvoir infliger le port de centaines de vêtements plus ratés et moches les uns que les autres. Joie !

Trois gameplays s’ouvriront donc à vous, plus ou moins différents. En fonction de la couleur du stage sélectionné, s’affichant sur la carte du monde à 100% possédée par Eggman et que vous allez devoir reconquérir, vous lancerez un niveau dédié soit au Sonic actuel, soit au Sonic classique, soit à votre Avatar. Les meilleurs stages seront du quatrième type : ceux qui combinent le Sonic actuel avec votre Avatar.

En mode 2D, le jeu est une galère incroyable à contrôler. Les sauts sont horribles et le level-design est tellement scripté et automatisé (surtout pour les courses et les prises de vitesse) qu’on a l’impression de ne rien faire d’autre que de sauter par moment. J’ai terminé trois ou quatre niveaux assez avancés rien qu’en laissant appuyé le stick analogique vers la droite tout du long : ridicule. C’est ce qui ressort aussi très rapidement dans ce Sonic : les niveaux ne dépassent pas les cinq minutes avec de la chance et le tout est extrêmement facile, au point de ne proposer finalement aucun réel défi.



Aux armes, citoyens

Votre Avatar qui n’a pas de nom, histoire de ne jamais plus le revoir dans aucun jeu et s’en garantir une excuse du coté des décideurs, peut utiliser une arme principale aux effets divers et variés. Une foreuse par exemple, à moins que vous ne soyez davantage intéressé par propulser les ennemis hors de l’écran. Ces différentes armes rendent le gameplay des niveaux Avatar plutôt amusant malgré des sauts horriblement injustes et mal conçus… Mais voilà, il y a un petit bug dans la matrice : l’une des armes est un lance-flammes sans fuel pour vous empêcher de tirer et cette arme vous rend totalement invincible et surhumain (ou suranimal, du coup) dans le feu de l’action. Tiens, une blague !

On fonce alors tout droit avec ses flammes allumées, tous les robots (qui ne vous attaquent pas quand vous êtes prêts d’eux, ils font office d’obstacles simples et sans vie) sont explosés par le rayon abusifs de votre cracheur de feu et mêmes les boss en pâtiront : leurs escouades seront vite décimées et certains Boss demandant d’être frappés à des moments précis du jeu verront leur vie drastiquement baissée quand le joueur sautera et les enflammera en rythme. Sérieusement, quelqu’un a-t-il joué au jeu avant de le mettre sur le marché ?



30 niveaux, et après ?

Une fois l’aventure terminée à base de « je reviendrais », « ce n’est pas fini ! » et surtout de « l’amour et les potes c’est plus fort que tout », Sonic Forces propose au joueur de collecter toutes les pièces rouges, de participer à des épreuves spécifiques (qui ressemblent à des tutoriaux d’éditeur de niveaux) et de tenter le rang S pour chaque niveau. Pour ce faire, pas besoin de skill : il vous suffit de remplir un objectif hebdomadaire du type « changer de chapeau » pour votre avatar et vous obtiendrez un bonus de triple expérience reçue. Il ne vous restera plus qu’à viser la note B dans chaque niveau pour la voir grimper jusqu’à S. Et il y a des classements en ligne pour cela, histoire de bien montrer à quel point le concept est biaisé par ce bonus d’expérience qui ne sert à rien.

Quelle misère, mes amis. S’il y a bien un jeu que je ne me voyais pas maudire cette année, c’est bien ce Sonic Forces qui avait selon moi toutes les chances de s’en sortir. En l’état, avec un scénario un peu moins décousu, un monde plus réaliste, un gameplay de qualité (les sauts, bon sang !), un concept global mieux réalisé et des musiques moins Dubstep (pourtant je suis client), Sonic Forces aurait pu être un bon jeu. Du moins, un tout autre jeu tant les problèmes sont nombreux.

Pour finir sur une note positive, parce qu’il le faut après tant de paragraphes déprimants, sachez que les niveaux sont souvent très réussis visuellement (malgré une version Switch au framerate crachant ses poumons et à la technique beaucoup moins sympathique que sur PlayStation 4). Une nouvelle et bien pêchue chanson vient dynamiser certains grands moments de course en ligne droite et surtout, malgré tous ses défauts, le jeu parvient à ne pas nous ennuyer tant ses différents niveaux sont courts et rapides. Ce sera d’ailleurs surement ce point précis du jeu qui verra certains l’apprécier malgré tout, pour son coté speedrun et rejouabilité aisée, tant il est d’une accessibilité (ou facilité) déconcertante. Le syndrome de Stockholm fait toujours autant de ravages.


C’est le Sonic 3D qu’on pouvait redouter, l’énième ratage avec son lot de sauts imprécis, de level-design téléguidé et mal fagoté, de dubstep à se boucher les oreilles avec son poing, au scénario rempli de personnages sans charisme ni intérêt écrit par un enfant de cinq ans en plein manque d’inspiration. Reste les niveaux, souvent jolis, mais aussi quelques idées qu’on aimerait bien voir récupérées dans les prochains titres du hérisson. Si la malédiction s’arrête un jour.

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