OGRE

Ahhlala, Ogre. Ça partait pourtant mal entre toi et moi. Déjà j’ai toujours eu beaucoup de mal avec les jeux à l’américaine, à base de figurines, de pan-pan-boum-boum et bourrés de hasard à grands coups de brouettes de dés à jeter. Pire que ça, ton papa est Steve Jackson, nul autre que l’auteur de Munchkin, Les Colocs et autres jeux au game design foireux (pour ne pas dire absent) que je déteste plus que tout autre jeu de société moderne (on ne va pas s’étendre sur le pourquoi c’est de mauvais jeux). Mais voilà, une adaptation vidéo-ludique vient de sortir de Ogre, alors pourquoi ne pas lui laisser une chance ?



C’est pas la taille qui compte ?

Ogre c’est avant tout un wargame très ancien (pour un jeu de société) puisqu’il est sorti en 1977. C’est quoi un wargame ? Quelque chose qui était très à la mode à cette époque, des gros jeux qui duraient des heures et qui étaient des simulations énormes de batailles historiques ou non avec des tonnes de règles, de petits pions à déplacer sur d’immenses cartes et avec des tas de dés à jeter.

Le jeu a connu plusieurs réédition, la dernière en date n’étant pas des moindres puisqu’en 2012 ce fût le Kickstarter le plus financé de l’époque et surtout il me semble bien que cela fût la plus grosse boîte de jeu de société jamais distribuée !

Même si l’on en a pas entendu beaucoup parlé en Europe, les geeks américains ont pu voir revivre ce jeu qui leur est culte. Et puisqu’à l’époque des adaptations du jeu ont existé (sur Amiga / Atari ST / Commodore 64 etc.), il semble assez logique que cette nouvelle édition puisse enfin profiter elle aussi d’une adaptation numérique pour combler les fans qui ne trouvent pas forcément de joueur acceptant de sacrifier une après-midi dans un wargame de niche. Voyons-voir ce que l’adaptation sur Steam d’un jeu aussi gros a dans le ventre !



Les Ogres sont … comme les oignons !

Ils piquent les yeux ! Les graphismes sont très loin d’être la première qualité du jeu et pire encore : le sound design est tellement affreux que je suis obligé de le couper pour ne pas me faire saigner les oreilles. En voulant créer une ambiance glauque-futuriste, les artistes du jeu n’ont fait que renforcer son côté austère.

Un peu dommage car une adaptation vidéo-ludique a du sens : le jeu de société est déjà très rude, wargame oblige, et donc profiter d’un support virtuel pour gagner en temps lors de la mise en place, avoir des aides de jeu pour ne pas oublier le micro-point de règle à la noix et pouvoir jouer contre IA est clairement un avantage. Peut-être que cela aurait pu attirer des débutants dans le monde (fabuleux?) des wargames. Mais non : la patte graphique et l’atmosphère créée par le son et la musique vont malheureusement créer une barrière assez dure à franchir.



La Substantifique moelle

Néanmoins, je dois l’avouer, les wargames ne me laissent pas indifférent, et une fois la difficile étape du tutoriel (lui aussi bien lourd avec des pavés de textes à lire) passée, le jeu est un pur plaisir. Ogre garde au fond un système simple comparé à certains autres jeux et si vous êtes habitués à de la stratégie en tour par tour, vous ne devriez pas être trop dépaysés. La petite originalité (déjà présente dans le jeu de société) étant l’aspect « tous contre un » car vous devez gérer votre armée pour aller détruire un ennemi unique, le gros « Ogre », un tank futuriste monstrueusement énorme.


Ogre a toujours été un jeu très austère et son adaptation l’est malheureusement tout autant. Mais cette inaccessibilité aussi grosse et absurde que la taille de la boîte de sa 6ème édition est quelque part ce qui fait le charme du jeu. Une démesure à toute épreuve qui reflète l’esprit original du jeu de la fin des années 70 et de pas mal de wargames en général. Ogre c’est avant tout le plaisir de pousser de très petites figurines dans la gueule d’un immense monstre dans l’espoir que les assauts répétés finiront par avoir raison de lui.

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