Vasquaal fait le bilan des Tendances 2017

Note du rédacteur en chef, Skywilly, qui adore se citer lui-même et se regarder dans la glace au moins une fois toutes les heures : « Quand j’ai demandé à Vasquaal de me faire une petite liste de Noël comme ses comparses, il a sorti son plus beau clavier et nous a écrit un magnifique article sur les tendances de l’année et ce qui l’a marqué. Il ne fait jamais rien comme tout le monde, mais il le fait bien ! Voici donc cet article passionnant pour tous ceux qui auraient oublié pourquoi cette année de jeu vidéo fut assez folle, riche et sans doute déterminante pour la suite. »


Turn the switch on

« Nintendo est mort ». Ce refrain connu aura résonné bon nombre de fois. Et leur petite dernière la Switch n’en fut pas exempt. D’aucun voyez déjà cette console comme promise à un avenir néfaste en partie due à sa modeste puissance. Il est vrai qu’en terme de performances pures, la bête est plus proche d’une nVidia Shield que d’un PC ou d’une PS4. Ce que toutes ces personnes ne comprennent pas, c’est que la Switch n’est pas qu’une somme de statistiques, c’est aussi avant tout un concept libérateur et novateur, et Nintendo l’a bien compris. Elle n’est ni une console portable, ni une console de salon. Elle dans un entre-deux. C’est une machine modulaire, qui se transforme et se soumet à la volonté de ses utilisateurs. Bien lotie dans son dock, elle est console de salon. Envie de faire caca ? Elle vous accompagnera au bout de l’enfer en devenant portable. Ses Joy-con détachables la rende versatile et caméléon. Vautré comme un moins que rien dans mon canapé ou dans mon lit, je peux jouer avec une main en l’air et l’autre dans le dos. Fini les manettes qui m’obligent à jouer dans une position unique et restrictive ! La Switch s’adapte à mes désidératas sans broncher mot. Alors certes, elle souffre de quelques imperfections qui n’en font pas non plus la console de salon/portable parfaite. Son manque de puissance font que certains jeux piquent un peu les yeux même sur une simple TV en 1080p. Son autonomie souvent inférieure à trois heures de jeu l’empêche d’être la portable ultime. Peut-être qu’une future version révisée comme pour les 3DS du constructeur nippon pourrait gommer en partie ses défauts. En attendant, avec d’excellentes ventes qui ont rapidement fait oublier celles décevantes de la WiiU, et déjà quelques perles indispensables venues remplir sa ludothèque, elle semble sur le chemin de la réussite. C’est tout ce qu’on lui souhaite en tout cas, tandis que Zelda Breath of the Wild a accompagné sa sortie l’air de rien en ridiculisant bon nombre de tentatives de jeux en monde ouvert. Beau, amusant et inventif, voilà un titre qui invite à l’imagination et l’expérimentation. Et il n’est pas le seul avec son Super Mario Odyssey également applaudi pour son ingéniosité. Avec Arms, Mario Kart 8, Splatoon 2, Skyrim et autres Doom, elle se pare d’arguments séduisants pour remplir vos fêtes de fin d’année de divertissement numériques de haute qualité.


Dites « Cheese ! »

Si certains préfèrent l’utilisation d’un appareil reflex et sortir au dehors pour ensuite figer le monde sur papier glacé, nous autres les fêlés du pad préférons les intérieurs cosy et la lumière rassurante des diodes lumineuses de nos écrans. Alors comment pourrions-nous devenir photo-reporter si nous ne sortons pas ? Tout simplement en explorant les landes mystérieuses de nos jeux vidéo préférés. Bien évidemment, vous pouvez toujours avoir recours à la bonne vielle méthode de la touche IMP.ECR si vous êtes pécéistes. Pour les consoleux, des solutions similaires existent depuis la touche SHARE de la manette PS4 au petit bouton anonyme du Joycon gauche de la Nintendo Switch. Répondant à cette nouvelle vague de joueurs désireux d’exprimer leur créativité autant que d’imprimer à la face du monde leur point de vue sur leur jeux préférés, les modes photos se sont ainsi popularisés. Du côté de Sony, il semblerait que l’on se soit fait coutumier de la chose, puisque les Gran Turismo s’adonne au plaisir de la chambre noire depuis quelques temps déjà. Cette pratique s’est depuis répandu chez Naughty Dog. Ainsi The Last of Us, Uncharted 4 et The Lost Legacy vous ouvre les portes de l’immortalité picturale. La Warner semble aussi avoir la même affinité en nous offrant ce plaisir avec son Batman: Arkham Knight, son Mad Max ou encore ses Shadow of Mordor/War. Même les indépendants comme Hellblade: Senua’s Sacrifice s’y mettent. Devenant de plus en plus sophistiqués, ces modes offrent de plus en plus d’options, de la simple gestion du cadrage à une floraison de filtres à la Photoshop, offrant parfois la possibilité de changer l’heure de la journée, la luminosité ou en apposant des effets de cadres, un logo ou même en changeant la pose et l’expression faciale de leur protagoniste principale, ce que propose par ailleurs Horizon Zero Dawn. Même Nintendo s’y met comme pour approuver cet hobby en l’introduisant dans son dernier Mario. Pour aller plus loin, il faudra se tourner vers le PC uniquement. A l’aide de nombreux mods nous offrant une caméra libre d’aller où l’on désire, débloquant ainsi les angles de vue les plus audacieux, ou à l’aide d’un noclip entré dans la console d’un jeu, vous serez sans limites ou presque. Pour plus d’infos je vous invite à fouiller dans les forum du site Deadendthrills (en anglais). Le seul souci de la photographie de mondes numériques et que vous risquez de passer autant de temps à mitrailler votre engin qu’à jouer. Si ce n’est plus.


Bienvenue dans les arcanes d’une proie déshonorée

Arkane est un studio pour lequel j’ai le plus grand respect. J’ai fait connaissance avec leur travail pour la première fois en 2006 avec leur Dark Messiah of Might and Magic. Depuis je rêve toujours d’une suite à ce bijou de la simulation de meurtre à la première personne. Ce qui s’en rapprocha le plus était Dishonored, issu de la même maison. En reposant sur un univers aussi original que fascinant, il devint un classique à mes yeux quasi-instantanément. C’est avec la même verve, la même fougue qu’ils nous servirent une seconde fournée arrivant à améliorer en tout point les maladresses de jeunesse du premier. Toujours servi par une direction artistique aussi tranchée dans son style que pleine de personnalité, Dishonored 2 avait su conquérir mon cœur avec son monde encore plus prégnant et vivant que le précédent, aidé en cela par un level design s’équilibrant avec talent entre l’envie de nous décrire une ville dans sa réalité quotidienne, que de servir ses ambitions de jeu d’infiltration. La particularité de Dishonored et de ses suites – Dishonored 2 et Death of the Outsider – est de reposer sur un gameplay ouvert à de multiples possibilités d’approche prenant le concept de sandbox dans le bon sens, où chaque chose existe pour une raison. C’est le genre de jeu qui invite à l’expérimentation et qui se mérite en faisant preuve d’audace et d’ingéniosité. Malheureusement, sa générosité n’aura pas été récompensé avec des ventes à la hauteur de ses qualités. C’est pour cela que je vous les recommande, étant donné ils ont été régulièrement bradés depuis à vil prix. Le constat est tristement le même pour l’autre bonne surprise de l’année signé par ce studio, Prey. Si certains ont pu regretté que le Prey 2 où l’on devait incarner un chasseur de prime n’ait pu aboutir, il ne faut pas non plus bouder l’interprétation réussie d’Arkane. Une fois de plus, le studio y laisse parler le talent de ses artistes en signant-là une perle en matière d’esthétique autant qu’il s’est avéré un plaisir à jouer. Si Dishonored reposait sur un système de niveaux, la station spatiale de Prey est ouverte à notre esprit d’explorateur pour ce qui est à ce jour le meilleur des successeurs aux cultissimes System Shock. Surtout ne faites pas l’erreur comme beaucoup de passer à côté de ces bijoux.


Hollow Knight ou le Kickstarter réussi

Le financement participatif aura été une réelle révolution dans le monde du jeu vidéo indépendant. La popularisation de plateformes telles que Kickstarter doit beaucoup à d’anciennes gloires de l’industrie vidéo-ludique ayant parfois récoltées plusieurs millions de dollars en promesse de paiement pour financer leurs nouvelles œuvres. Depuis l’excitation est retombée pour tenir un rythme de croisière alternant entre enthousiasme pour des projets prometteurs et désillusions pour des soufflés trop vite retombés quand il ne s’agissait pas tout simplement d’arnaques de grande ampleur. Heureusement, avec Hollow Knight, j’ai eu le nez creux. J’avouerai que ses graphismes auront été son principal argument de vente. C’est une sorte de metroidvania dans lequel les combats et la plateforme sont ses principales marottes. Mais pas seulement. Il s’agit également d’explorer un monde décrivant une société d’insectes aussi fascinante qu’effrayante par certains aspects. L’univers de Hollow Knight est à l’image des anciens contes pour enfant, en ayant en façade une apparence naïve renforcée par son style graphique d’illustrations pour livres pour enfants, alors que derrière se dessinent la réalité d’un monde dur pour certains de ses habitants. Ce jeu est aussi une invitation à l’exploration, et ne nous tient jamais par la main, nous laissant nous débrouiller autant que possible. Il est aussi assez difficile tout autant qu’il est riche de contenu, à tel point que je n’ai pas encore trouvé le temps de le terminer avec cette actualité vidéo-ludique perpétuellement bouillonnante. Il est de ces jeux dont on est fier d’avoir aidé à ce qu’il voit le jour. Il est le jeu qui m’a redonné confiance au financement participatif, sans pour autant me départir de toutes précautions d’usage. Si vous aimez les metroidvania au contexte original et à la réalisation soignée et aux petits oignons, il est fait pour vous. Il sera alors votre achat le plus sensé et le mieux rentabilisé du moment, sachant que dans leur générosité infinie, ses développeurs ont cru bon de nous gratifier de plusieurs mises à jour ajoutant du contenu et ce gratuitement. Ce fut LA très bonne surprise de cette année.


Battle Royale, le vrai, le seul, l’unique

Qu’ils soient indépendants ou non, les jeux vidéo aiment suivre les modes. Ou plus exactement, certains développeurs en mal d’inspiration aiment suivre les tendances sans forcément chercher à les chambouler. La dernière folie tourne autour du mode dit Battle Royale. Avant c’était les jeux de survie comme Rust ou DayZ. Le point commun, c’est leur accès anticipé. Aucun de ces titres ne semble vouloir sortir dans une véritable 1.0. Nous avons droit dans les grandes lignes à des beta tests géantes et payantes s’étalant parfois sur des périodes de temps honteuses (coucou DayZ). Le résultat est sensiblement le même pour les Battle Royale. Ils ont émergé un peu comme ça, principalement sous la forme de mods répondant à la popularité grandissante des films tirés des livres Hunger Games de Suzanne Collins, Playerunknow’s Battlegrounds représentant à ce jour son itération la plus populaire l’érigeant en phénomène incontournable. Il n’y a pourtant rien de réellement novateur dans leur approche qui se contente en général de singer les principes du last man standing, c’est à dire qu’un certain nombre de joueurs va s’affronter jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un debout. C’est en quelques sorte le Highlander du jeu vidéo. En vérité, la majorité de ces jeux n’inventent rien autant qu’ils ne se différencient que par celui qui sera le moins médiocre de tous ou le moins buggé. Autant se le dire que pas un seul semble s’être entièrement inspiré du film auquel ils doivent tout. Oubliez les Hunger Games qui se sont contentés de plagier le principe même du film Battle Royale (2000) de Kinji Fukasaku, lui-même une adaptation du roman du même nom de Koshun Takami, en rajoutant par-dessus un couche de romance pour jeunes adultes prétendant être une fable sociale. Le film de Fukasaku est beaucoup plus violent, gore même. Il nous montre sans transiger un monde où des enfants vont devoir s’affronter pour assurer leur survie dans une société cynique et autoritaire qui n’a trouvé que ce jeu macabre comme solution pour résoudre une criminalité infantile grandissante. Véritable miroir de sa société injuste, dans Battle Royale, chaque participant démarre en ayant un objet aléatoirement alloué allant de l’arme à feu au couteau en passant par un dispositif GPS indiquant la position de chaque participant. Complètement fou, aucun jeu n’aura réussi à ce jour à reproduire la tension et l’excitation procurée par ce film. Pour votre éducation, vous devez absolument le voir.

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