Polara

Ce n’est pas à vous qu’on va l’apprendre : le jeu indé, c’est un peu la jungle. Et parfois, dans la jungle, il arrive qu’au détour d’un énième danger (plante carnivore, bestiole venimeuse, lapin adulte…), on tombe par hasard sur un truc improbable, le spécimen inconnu qui éveille toute notre curiosité. C’est un peu ce qui s’est passé avec Polara. Le soft n’est pas tout neuf : créé par le studio canadien Hope This Works et sorti fin 2012 sur mobiles, Polara fut relancé, adapté et édité en Europe par Circle Entertainment, via une version 3DS en 2016 puis sur Vita aux US à l’automne dernier. Découvert sur la portable de Nintendo au détour des soldes eShop fin 2017, Polara mérite définitivement qu’on s’y attarde.



Ikarunga

Polara pourrait aisément passer pour un runner de plus dans un environnement saturé. Dans un contexte de lutte des classes où les riches contrôle les pauvres via la technologie, une héroïne, Lara, chargée de tester une nouvelle combinaison de combat, déserte pour rejoindre la rébellion. Le scénario, indigent admettons-le, est prétexte à une course d’obstacles effrénée, le pouvoir en place étant bien décidé à se faire la peau de Lara. Le petit twist de gameplay ajouté par les développeurs n’est pas non plus de la dernière nouveauté : le costume de Lara passe du bleu au rouge. Si la couleur correspond à celle de l’obstacle, ça passe, sinon, ça casse. Un mécanisme familier notamment chez les fans d’Ikaruga, le fameux shoot de Treasure. Pour compliquer le tout, les changements de couleur provoquent également des modifications dans le décor. Il faut donc combiner sauts et changements de couleur, tout en tenant compte des éléments qui se trouvent activés et désactivés à l’écran, le tout sur cinquante niveaux répartis sur cinq zones, chacune ponctuée par un boss.



Elle cooooouuuuurt toute la journée

On a vu que la force de Polara ne résidait pas dans son scénario. La musique, qui en fait des tonnes sur le côté SF/industriel, peut agacer. Côté graphique, si le bal des lasers, des plates-formes lumineuses et des projectiles bleus et rouges donne aux parcours un côté « tronesque » plutôt plaisant, le décor reste lui un peu terne, vide (sans doute en partie pour ne pas gêner la jouabilité basée sur les couleurs) et pas très varié, avec seulement cinq fonds différents. Non, ce qui fait de Polara une expérience marquante, c’est définitivement son level design. Chacun des tronçons qui s’enchaînent durant les cinquante niveaux du jeu est une variation unique et réussie autour du concept du jeu, avec une augmentation de la difficulté bien dosée. Il n’y a pour ainsi dire aucune redite, chaque passage offre une lecture originale du concept, et cette qualité est constante tout au long du jeu. Les fréquentes variations de rythme et le plaisir constant ressenti à dominer des défis toujours plus corsés, sont également pour beaucoup dans le fun que l’on ressent sa 3DS en main.


Avec sa Samus Aran de supermarché, son graphisme pas folichon et son concept a priori vu et revu, Polara ne part pas gagnant. Mais une fois la console en main on se retrouve face à un runner nerveux et gratifiant, à l’action diablement variée et, pour tout dire, difficile de lâcher. Dans la jungle de l’indé, les jeux alliant aussi pertinemment action trépidante et dose de réflexion ne sont pas si nombreux…

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