The Shapeshifting Detective


Dans les années 90, la Full Motion Video était le summum du réalisme dans le jeu vidéo, habitant les séquences cinématiques comme les gameplay. Celle-ci s’accompagnait souvent d’un jeu d’acteur exagéré voire ringard sans pour autant que nous arrivions à le détester. The Shapeshifting Detective est l’un de ceux-là comme un retour en arrière, une bizarrerie d’un autre temps.

D’Avekki studios, par ailleurs pas étranger avec cette technique puisqu’il s’agit de leur second titre dans ce format, s’est associé pour sa conception à Wales Interactive, ce dernier étant déjà responsable d’un autre jeu du même style que j’ai fortement apprécié, The Bunker. A première vue, on dirait un film interactif, un jeu de détective polymorphe comme son titre l’indique.

Ce dernier mélange autant d’éléments de fantastique que de bonnes vieilles influences du film noir, ou plus précisément, de son précurseur, le pulp. Sa liste de personnages est par conséquent aussi cliché que l’on puisse l’imaginer : la mystérieuse victime rousse, le photographe pervers, la maîtresse d’auberge névrosée, le groupe de médiums et j’en passe. Votre mission sera de trouver parmi eux le meurtrier de notre victime.

Shapeshifting Detective est divisé en plusieurs chapitres, chacun correspondant à une heure de temps réel dans son univers. Son intrigue se déroule le lendemain du meurtre dans une petite ville anglaise d’habitude sans soucis du nom d’August ; ne nous laissant alors que jusqu’à minuit pour pointer du doigt notre suspect principal au chef de la police locale. Il n’y aura alors aucun retour en arrière possible, nous laissant seul face à notre réussite ou notre misérable échec en cas de mauvais choix.

S’il démarra comme un film aux accents de ringardise, Shapeshifting Detective a fini par devenir effrayant, créant une atmosphère de tension remplie d’intentions meurtrières. Avant d’en atteindre la conclusion, notre seul objectif est alors d’interroger tout suspect ou témoin disponibles, leur nombre grandissant à mesure que l’on progresse. Même si le jeu se résume à cela, ça n’en est pas moins excitant.

Alors que vous les interrogerez, il arrivera qu’il soit nécessaire de poser des questions difficiles. Le jeu vous donnera même pour certaines d’entre elles la possibilité de les effacer. Certaines de ces questions peuvent s’avérer en effet délicates à poser, tapant même sur les nerfs de vos interlocuteurs. Ou pire, vous exposant à un danger réel s’il s’avère que vous faites face au meurtrier.

Son intrigue est fascinante. Elle ressemble à un ensemble de fils narratifs qui vont s’emmêler et que l’on va devoir démêler dans notre tête, nous laissant seul le soin d’en tirer les bonnes conclusions. Régulièrement, il vous sera offert l’opportunité de passer au chapitre suivant sans que cela soit une obligation. Au contraire, vous pourrez rester un peu plus longtemps dans l’espoir de trouver des indices supplémentaires. En tant que polymorphe, vous pourrez de plus assumer la forme de n’importe qui. Cette compétence est très utile, car vous le savez bien, l’être humain est plus à même de se confier à ses proches qu’à un détective sorti de nulle part.

Shapeshifting Detective n’est que cela. Un jeu simple à prendre en main, qui ne s’appréciera qu’une fois rentré dans son histoire et ses personnages. Ces derniers se révèlent peu à peu plus que leur apparence trompeuse pour peu qu’on cherche à creuser leur histoire. Même si j’avouerai qu’il y a aussi une part de plaisir coupable à aimer ce jeu, cela n’enlève en rien ses mérites ; ceux d’un jeu en fmv réussi dans son ensemble tout en offrant une bonne rejouabilité, le meurtrier n’étant pas toujours le même à chaque nouvelle partie.

Vasquaal

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