YIIK: A Postmodern RPG

YIIK: A Postmodern RPG est un jeu à priori étrange. Tout à fait le genre de jeu qui aurait du me plaire. Mais quand on a autant de mal que moi à y retourner, c’est peut-être que quelque chose n’a pas fonctionné. YIIK est très certainement le genre de jeu qui ne plaira pas à tout le monde. Peut-être même à personne. Il a pourtant d’énormes qualités plus que visibles. Son graphisme low-fi fait des merveilles pour peu qu’on y soit pas allergique, et sa bande-son mélange des morceaux atmosphériques comme décalés collant parfaitement à l’ambiance qu’il essaye de nous transmettre. Le doublage des personnages principaux manquent parfois d’intensité mais reste compétent. Alors quel peut bien être le problème ?



YIIK, c’est l’histoire d’un type égocentrique, tout juste sorti de son université qui se retrouve pour l’été chez sa mère. Alors en chemin pour faire les courses, il se retrouve attiré par un hôtel peuplé de créatures étranges et belliqueuses. Il y fera la rencontre d’une jeune femme avant de voir celle-ci absorbée dans l’espace (!) au beau milieu de leur descente en ascenseur. A partir de là, on se balance d’un point à l’autre de la carte sans véritablement savoir trop ce qui se passe, ni où se rendre. Le souci est que le scénario a énormément de mal à rester concentré sur son amorce. Alex, son protagoniste principal, a bien du mal à mettre de l’ordre dans sa tête et a une facheuse tendance à surenchir sur tout en passant d’un ton exagéré à l’autre. Il peut être complètement bouleversé par la plus anodine des choses et ne pas se poser tant de questions que cela sur les événements surnaturels se produisant devant ses yeux. Peut-être que YIIK se rêvait comme une ode à la série de jeux de Nintendo, Mother, dont il reprend des éléments de gameplay et de style parfois presque à l’identique, le tout dans une atmosphère digne d’un Twin Peaks.

Le problème est que Alex n’est pas l’agent Dale Cooper, ni un jeune diplômé incertain sur son avenir faisant face à sa dépression. Il ne présente aucune qualité dans un océan de médiocrité. Il est égocentrique, suffisant et égoïste. Des traits de caractère décrivant des personnages pourtant appréciés comme Sherlock Holmes. A la seule différence que Alex ne confine pas au génie. Il passe son temps à s’enfermer dans ses monologues intérieurs à décrire dans les moindres détails ce qui vient de lui arriver comme si nous étions trop idiot pour l’avoir compris, à moins que tout cela ne soit que du vent en fin de compte. Alex n’est pas un personnage appréciable tant au final, il apparaît comme un hipster prétentieux et pourri gâté par la vie. Il passe son temps à faire de la psychanalyse de comptoir et ne donne pas envie de poursuivre en sa compagnie son aventure. Ses compagnons d’infortune malheureusement n’apportent guère plus d’eau à son moulin. Ils ne sont explorés qu’en surface et ne dépassent que rarement la somme de leurs apparences.

La conclusion de cette histoire se révèle en fin de compte peu concluante et à de quoi laisser sur une frustration réelle tandis que le gameplay ne rattrapera pas grand chose. De ce côté-ci, on reste sur une recette de jeu de rôle à la japonaise, avec une progression linéaire avec quelques quêtes secondaires occasionnelles. Le système de combat est bien évidemment en tour par tour en se reposant pour les attaques sur des mini-jeux où saisir le timing est important, un peu à la manière de ceux de Mother 3. Malheureusement, ils ont alors tendance à s’éterniser vu que de un, les timings sont trop peu permissifs, mais surtout même en enchaînant les grands combos, on fait parfois peu de dégâts. L’équilibre des combats est à mon sens à revoir tandis que certains sont impossibles à gagner. J’ai parfois insisté à ne faire que perdre et encore perdre, avant de comprendre que la seule option était la fuite. La manière de faire monter de niveau n’est guère plus enthousiasmante, étant donné que bien que conceptuellement original, son système est surtout peu pratique et tédieux.

Le problème de YIIK est qu’il manque cruellement de structure et de cohérence. Il part trop souvent dans tous les sens au point de nous perdre entièrement. On ne sait pas trop au final où il veut en venir. On en viendrait même à se demander si peut-être l’intelligence ne nous ferait pas défaut expliquant pourquoi son intrigue est autant incompréhensible par moment. Les Mother avaient au moins pour eux d’inscrire ce qui sortait de l’ordinaire dans une logique la majeure partie du temps en partant d’une idée cohérente. Ce n’est pas le cas ici. Ma progression me fut personnellement difficile, partagé entre l’envie d’aimer les moments de qualité que YIIK aura su me donner, et le désir d’en finir au plus vite quand Alex décide de partir dans un énième monologue interne sans importance.

Laisser un commentaire