Critique

Persona Q2: New Cinema Labyrinth

Développeur : Atlus – Éditeur : Atlus / Sega – Date de Sortie : 4 juin 2019 – Prix : 40€

Suite à l’excellent accueil commercial et critique de Persona 5 en 2016, Atlus a lancé le développement d’une suite à Persona Q, un dungeon crawler sur 3DS qui avait lui suivi la sortie de Persona 4. Développé par l’équipe d’Etrian Odyssey, ces spin-off de spin-off reprennent le concept et les mécaniques de la série sus-cité, en y mélangeant l’univers et les personnages des Persona. Des jeux qui se positionnent donc comme un crossover ultime très généreux sur le fan service, puisqu’ils permettent à des personnages d’œuvres et d’univers différents d’interagir ensemble.

Il aura fallu attendre sept longs mois pour voir arriver une localisation occidentale à ce Persona Q2. Un délai assez long dont Atlus n’a pourtant pas profité pour adapter le jeu aux différents pays européens. Il faudra donc s’accommoder d’un doublage japonais (n’en déplaise à certains) et de sous-titres anglais. On retrouve les doubleurs officiels des jeux Persona, qui reprennent leurs rôles dans la plupart des scènes importantes, sans pour autant se retrouver avec un doublage complet, à l’instar de ses aînés. Il n’est par ailleurs plus possible de choisir quels protagonistes suivre au cours de l’aventure ; vous êtes ici cantonnés aux héros de Persona 5. L’histoire en ressort moins éparpillée et approfondit davantage les relations entre les personnages. Personnages qui sont par ailleurs sensiblement différents de leurs homologues originaux, puisqu’ils apparaissent sous une forme plus enfantine. Ce choix de design chibi leur permet de s’intégrer plus facilement à l’échelle des donjons proposés et aide le jeu à se démarquer visuellement.

Films de Q

Ces donjons sont au nombre de cinq, et font écho au thème central du jeu : le cinéma. Les différents personnages, se retrouvant prisonniers d’un cinéma hors du temps, devront entrer dans différents films pour en apprendre davantage sur leur situation et sauver leurs compagnons. La plupart de ces donjons font écho à un film célèbre ou à un genre du cinéma, et apportent une belle variété de décors et de situations. Le gameplay reste cependant quasi identique au précédent (lui-même adapté directement d’Etrian Odyssey) : chaque film est un labyrinthe de plusieurs étages (ici « actes ») qui agissent comme un test d’endurance. Des raccourcis se débloquent au fur et à mesure, et vous êtes encouragés à revenir fréquemment au hub principal afin de regagner vie et mana, quitte à devoir ensuite retracer vos pas.
 
Ces différentes cartes, plutôt grandes, doivent être dessinées sur l’écran tactile de la 3DS, manuellement ou automatiquement, un élément crucial du jeu si vous souhaitez vous repérer correctement. Le level design labyrinthique a cependant été simplifié au regard de l’opus précédent, rendant le jeu plus accessible aux débutants. Des coffres sont toujours présents, certains ne s’ouvrant qu’une fois l’étage entièrement visité, vous poussant ainsi à explorer. Chaque film comporte son lot d’énigmes relativement simples, qui exploitent les différents tracés des niveaux et la position des FOEs, ces ennemis spéciaux visibles sur la carte et qu’il est conseillé d’éviter, à moins d’avoir une équipe taillée spécifiquement pour les affronter. Dans l’absolu, il ne faut pas s’attendre à ce que Persona Q2 remanie toute la formule du dungeon crawler. Randonnées de couloirs et combat aléatoires à foison sont à prévoir.

FOE-semblant

Les combats de Q2 subissent finalement assez peu de changements. Chaque protagoniste utilise ses personas pour se battre au tour par tour, et s’ensuit le pierre-papier-ciseaux habituel de la série. Un ennemi dont vous avez trouvé la vulnérabilité se verra étourdi pendant son tour : vous n’aurez pas d’attaque secondaire, mais un boost lors de votre prochain tour, afin d’utiliser des attaques plus puissantes ou d’annuler complètement le coût de certaines compétences. Si vous réussissez à étourdir tous les ennemis lors du même tour, vous aurez la possibilité d’effectuer l’attaque groupée classique. Il vous faudra donc réunir le plus de personas possible, en affrontant certains ennemis ou en effectuant des quêtes annexes, afin de pouvoir faire face à tous les types d’adversaires.
 

Par ailleurs, la spécificité des Q est que chaque personnage peut se voir attribuer une deuxième persona interchangeable, là où ce pouvoir est ordinairement réservé au personnage principal. Cela permet de décupler le nombre de combinaisons possibles, surtout si vous utilisez la fusion, qui permet de combiner différentes personas afin d’améliorer votre arsenal. À noter également que les combats se déroulent sur deux rangs : l’ajout de cette dimension supplémentaire approfondit sensiblement les combats, puisqu’il vous faut prendre en compte la portée des attaques et le positionnement d’adversaires et alliés.
La présence de plusieurs modes de difficulté est comme toujours la bienvenue, puisque le jeu est loin d’être tendre. Les nouveaux joueurs se heurteront sans doute au mode normal avant de ravaler leur amour-propre et de modifier les paramètres. L’ensemble semble cette fois-ci heureusement mieux équilibré et, de pair avec des niveaux plus lisibles, l’accessibilité globale du jeu s’en trouve accrue.

Persona Grata

Ce que Persona Q2 réussit également très bien, c’est rester fidèle à la série. Les menus stylisés se fondent parfaitement dans l’univers et sont une joie à explorer. Les musiques sont empreintes d’une délicieuse pop rétro, et on se régale des différents remixes et du flow de Lotus Juice sur certains morceaux, après son absence marquée sur Persona 5.
 

Dans l’ensemble, le ton du jeu est bien plus léger. Les éléments horrifiques de son prédécesseur ont été revus à la baisse, même si le titre traite toujours de sujets importants comme la mort, la dépression et les soucis de la société moderne. Les fans de longue date de la série se délecteront des interactions entre nouveaux et anciens personnages, et de cette opportunité de retrouver toutes les personnalités marquantes de Persona 3, 4 et 5. Il est par ailleurs préférable (mais pas nécessaire) d’avoir fini les différents Persona de la série principale, ne serait-ce que si vous ne souhaitez pas vous faire divulgâcher la plupart des intrigues des jeux éponymes.  Quelques personnages originaux font malgré tout leur apparition, avec un rôle étroitement liés au scénario.

Tous ces éléments forment un ensemble très cohérent, avec une boucle de gameplay très agréable, presque addictive, et ce même lorsqu’on se heurte aux pics de difficulté que sont les boss. Les nouveaux éléments de jeu sont distillés progressivement, et les phases de combat sont régulièrement entrecoupés de dialogues divertissants. On se plait à y revenir régulièrement, que ce soit pour compléter quelques quêtes annexes ou récolter des objets qui nous serviront à fabriquer des armes et armures plus puissantes. Un format de jeu qui s’adapte très bien à la portabilité de la console, et qui permet aux impatients de Persona 5 The Royal d’avoir leur dose de JRPG, en attendant une sortie en 2020 que l’on espère rapide.

Ce que Persona Q faisait bien, Persona Q2 le fait encore mieux. Plus accueillant, moins éparpillé mais toujours plein à craquer de fan service, il ne sacrifie en rien son challenge ou sa difficulté, tout en offrant aux fans de la série l'occasion de se plonger à nouveau dans la nostalgie des anciens titres, continuant ainsi une forme de fan fiction officielle.
Il s'agit bien là d'un dungeon crawler pur et dur, un genre qui a su se faire une belle place sur 3DS, et qui accueille ici une excellente addition, même si certains la verront comme trop peu différente de son prédécesseur.

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Tmnath

Passionné de jeux de plates-formes et de crème anglaise.

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