Critique

Sonic Colours Ultimate

BassKass
Publié le 7 octobre 2021

Développeur

Blind Squirrel Entertainment

Éditeur

Sega

Date de Sortie

7 septembre 2021

Prix de lancement

39,99 €

Testé sur

Nintendo Switch

Sonic fête ses 30 ans en 2021. Pourtant Sonic semble toujours coincé dans l’âge tourmenté de l’adolescence, sans trop savoir où il va, d’où il vient, si un film à son effigie est une bonne idée ou si on peut ressortir ses précédents jeux moyens sous forme de remaster… D’ailleurs, Sonic ne sait plus trop si sa famille – la Sonic Team et Sega – l’aime encore vraiment, alors que des fans passionnés et doués rendent beaucoup mieux justice à sa gloire passée – coucou Sonic Mania. Alors Sonic est un peu perdu, et comme nous il doit se demander si rééditer un jeu Wii sorti en 2010 était une si bonne idée que ça…

Avant de commencer cette critique, il est important de préciser que le jeu a été testé sur Nintendo Switch dans une version qui a connu plusieurs mises à jour depuis la sortie du 7 septembre, et que celle-ci était dénuée des horribles bugs aperçus dans la version Switch et auxquels ont eu droit les malheureux rédacteurs et rédactrices dans le courant du mois de septembre. La version Switch de Sonic Colours Ultimate n’est en revanche pas particulièrement jolie – encore moins en mode portable, d’ailleurs – et on se trouve face à objet qui peine à justifier pleinement son statut « remaster ». Heureusement pour la santé mentale du rédacteur, le jeu demeure plutôt fluide malgré la débauche de bazar baveux qui peut parfois envahir l’écran.

Un peu de tout et un gameplay flou

 

Sonic Colours alterne les phases de course en 3 dimensions où l’on suit les fesses du hérisson dans des grands couloirs/toboggans et les phases en 2 dimensions, classiques pour qui a déjà joué aux toutes premières aventures de notre héros. Le jeu propose aussi des phases de chute libre, des phases de courses en 3 dimensions vues de face, et des moments où l’on ne fait rien en regardant Sonic enchaîner les loopings sur des rails. Tout cela coche tout à fait le côté cool et dynamique de l’icône des années 90, à ceci près que le jeu ne réussit pas à indiquer clairement la différence de gameplay entre chaque phase : on peut tout à fait enchaîner une phase de course en 3D où Sonic avance tout seul et doit simplement bouger sur 3 axes prédéfinis et une autre qui partage rigoureusement la même caméra mais où cette fois-ci il faut pousser le joystick vers l’avant pour courir et dans laquelle on se retrouve libre de nos mouvements – et libre de perdre nos anneaux faute d’avoir anticipé le mystérieux changement de gameplay qui s’est opéré sans prévenir. Bien souvent, ces moments « alternatifs » de gameplay se révèlent maladroits et peu précis, et on aurait bien aimé limiter tout ça aux basiques : de la vitesse, des loopings, des anneaux et des sauts.

La palette de mouvements est quant à elle plutôt simple : plus Sonic court, plus il va vite. Il peut sauter, double-sauter, sauter contre les murs et éliminer ses ennemis de manière assez automatique, en pressant le bouton de saut au moment où la cible apparaît sur le vilain, élément de gameplay facilitant aussi certaines phases de plate-formes ou de flipper. Le paradoxe – présent depuis les tous premiers jeux sur Megadrive, il faut bien le dire – c’est que Sonic est doté de la même inertie qu’un 33 tonnes sur une patinoire : qu’il soit lancé à pleine vitesse ou bien seulement après quelques pas sur une plate-forme, Sonic glisse. Sonic glisse beaucoup trop. Dans des niveaux basés sur la vitesse et qui peuvent tolérer l’approximation, ce n’est pas bien dérangeant, mais cela peut se rapprocher du 7e cercle de l’Enfer lors de phases de sauts plus statiques, réclamant précision et timing. Ajoutez à cela un double saut parmi les plus horripilants que le jeu vidéo n’ait jamais connu – n’imaginez pas un « double » saut, mais plutôt un hoquet tout tristoune du hérisson qui va vous faire rater la moindre corniche que vous pensiez pourtant accessible – et vous passerez une bonne partie des phases en 2 dimensions à râler, à souffler et à invectiver l’animal aux baskets rouges.

 

Les goûts et les couleurs

Sonic Colours introduit cependant plusieurs palliatifs aux errements de son gameplay. Déjà, certaines phases de montagnes russes ou de glissades sur rails sont intégralement scriptées et empêchent le joueur de toucher à quoi que ce soit – manœuvre habile mais un peu cavalière pour un jeu de ce genre. Chargé de sauver des aliens – des sortes de bonbons en gélatine colorée appelés Wisps – des griffes du méchant Robotnik qui pourrit la moindre planète en la transformant en attraction pour son parc de méchants, Sonic croisera également la route de 9 bestioles lui conférant différents pouvoirs.

On pourra creuser en vrille dans le sol, se projeter à vitesse lumière comme dans un flipper, s’élever comme une fusée avant de retomber en planant ou encore se transformer en gros cube ou en projectile flottant. S’ils permettent de visiter d’autres parties des 40 niveaux du jeu – qui comprennent souvent un chemin haut, un chemin du milieu et un chemin bas – et de viser la collection ultime d’anneaux rouges et autres babioles -, leur utilisation est réservée à certaines zones bien spécifiques, et on aurait préféré voir certains pouvoirs intégrés dès le départ dans la panoplie bien maigre du personnage, afin de gagner en liberté et de promouvoir l’exploration. Ils rafraîchissent un peu le gameplay, et peuvent régulièrement sortir le joueur de sa torpeur en apportant un peu de punch, mais ces pouvoirs restent en définitive quasiment uniquement dédiés à la recherche du score parfait, lorsqu’on les a tous débloqués en fin de partie et ils se montrent par conséquent trop peu lors d’un premier run.

Les niveaux s’ouvrent néanmoins un peu plus grâce à ces bonus, et parviennent parfois à faire oublier les trottoirs contre lesquels on bute sans cesse à pleine vitesse, les chemins alternatifs impossibles à anticiper ou les niveaux à l’architecture tout simplement ennuyeuse, malgré l’identité visuelle réussie de certains mondes opérant la rencontre entre les parcs d’attractions et les univers industriels, spatiaux, aquatiques et forestiers. A noter que les pouvoirs se retrouvent également lors de certains affrontements de boss – les bonnes vieilles machines du Dr Robotnik – , mais ne réussissent pas à réveiller ceux-ci, qui se révèlent aussi mous, frustrants et imprécis que le reste de l’aventure.

 

Sonic Colours Ultimate est un jeu bancal, il veut montrer plein de gameplays cool, de rollercoasters à grande vitesse et de phases de sprints pas si rapides, mais il se limite souvent à des moments de flipper rigolos mais sans grande maîtrise et à une ergonomie indigne des standards de la plateforme, surtout lorsque l’on se penche sur ce genre après 10 ans de jeux indépendants et de petites productions qui l’ont redéfini depuis. Mais contrairement à ta famille nous on t’aime, Sonic.

Laisser un commentaire