Rapide Critique

The Legend of Skye

Gattu
Publié le 11 avril 2024

Développeur

Point and Pixel Adventures

Éditeur

Point and Pixel Adventures

Date de Sortie

2 avril 2024

Prix de lancement

10,79 €

Testé sur

PC

Carlos Moya, l’unique homme qui se cache derrière le studio Point & Pixel Adventures, a fait le choix d’un nom peu évocateur pour baptiser son deuxième titre, The Legend of Skye. Pourtant, si on se laisse aller à une rapide recherche sur Google, on se rend compte que Skye est une île qui flotte au large de l’Écosse, habitée jadis par quelques tribus celtiques. Bingo, c’est justement dans cet ancrage culturel qui fleure les banquets de village et les forêts profondes que The Legend of Skye développe son aventure (sauf si c’est un pur hasard, auquel cas j’aurais l’air bien idiot). Un double hommage au passé, puisqu’en plus de s’intéresser aux traditions druidiques, le jeu de Carlos Moya s’inspire sans complexe des plus vieilles productions LucasArts, les deux premiers Monkey Island en tête.

Skye, jeune druidesse d’un hameau composé de quelques chaumières, est témoin d’une apparition mystique alors qu’elle roupillait sur un monticule rocheux. Un esprit sylvestre lui souffle qu’un grand danger risque de s’abattre sur la forêt. En effet, le Roi Finn, monarque tempétueux et immature, menace de raser cette dernière pour ériger à la place un parc d’attractions bien plus amusant. Le premier anachronisme d’une longue liste, qui adresse déjà un clin d’œil appuyé vers la saga Monkey Island et son inoubliable fête foraine. Ainsi, on retrouve dans The Legend of Skye ce même goût pour la drôlerie absurde, avec notamment des druides qui s’adonnent au trafic de champignons hallucinogènes et connaissent comme ultime tabou alimentaire la pizza à l’ananas.

Toutefois, là où un Monkey Island réussit à créer autour de la piraterie caribéenne un univers aussi déjanté que, d’une certaine manière, crédible, The Legend of Skye est loin d’accomplir pareil tour de force. Pointons du doigt ce quatrième mur constamment brisé, procédé qui semble tenter de masquer un folklore dépouillé de tout effort documentaire. Par conséquent, on ne retiendra pas grand-chose des rites druidiques — si ce n’est l’amour des animaux, des arbres et de la drogue —, ni de ce pot-pourri médiéval fantastique qui manque de saveur et de profondeur. Constat similaire pour les protagonistes qui émaillent l’aventure — Skye en tête — qui certes crachent quelques boutades bien senties, mais qu’on oublie dès lors que s’affichent les crédits de fin, après une dizaine d’heures de jeu.

Encore une fois, The Legend of Skye fait dans la révérence aux anciens pour déployer sa jouabilité. Ainsi, le fameux tableau des neuf verbes d’action se pointe au rendez-vous pour résoudre la foultitude d’énigmes qui se dressent face à nous. On pourra donc pousser, tirer ou encore utiliser les différents éléments du décor afin de progresser, sans oublier bien entendu la sacro-sainte combinaison d’objets. Sauf en de rares moments — faites attention aux cailloux —, le jeu s’émancipe d’une chasse aux pixels trop usante. Bien sûr, il faudra se montrer minutieux pour aller au bout de nos péripéties, voire parfois se creuser sérieusement les méninges, mais les puzzles s’avèrent suffisamment bien fichus pour que l’on chemine avec fluidité vers l’avant.

Juger les graphismes d’une production qui copie le style de nos plus anciennes antiquités s’érige toujours en épreuve délicate. Disons ici que le pixel art esquissé par Carlos Moya se montre sympathique, sans être grandiose. La faute avant tout à un univers un peu fade, où la créativité fait défaut. Il en va de même pour la bande-son, jolie, bien que discrète, cependant souvent sans rapport avec la cosmogonie druidique.

Hommage à moitié réussi pour The Legend of Skye. D’un côté, Carlos Moya montre qu’il sait réciter ses gammes, en proposant des énigmes fouillées sans pour autant tomber dans l’écueil d’une difficulté lunaire. De l’autre, le cadre médiéval fantastique, le scénario et les protagonistes manquent d’aboutissement. On peine alors à s’immerger dans cet univers qui n’a pas grand-chose à offrir, au-delà d’une écriture parfois rigolote. Malgré cela, The Legend of Skye nous soumet une expérience assez convenable, à réserver avant tout aux aficionados du genre.

THRONEFALL

Bâtir et défendre son royaume

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