Critique

Les Chevaliers de Baphomet – L’Ombre des Templiers – REFORGED

Shutan
Publié le 2 novembre 2024

Développeur

Revolution Software Ltd

Éditeur

Revolution Software Ltd​

Date de Sortie

19 septembre 2024

Prix de lancement

29,99 €

Testé sur

PC

Dix ans après le dernier opus de la série, et en attendant la sortie du sixième, Revolution nous propose un petit bonbon : un remaster du tout premier opus sorti en 1996. La première aventure de George Stobbart tient-elle l’épreuve des années ?

Soyons parfaitement honnêtes, il s’agit de la deuxième ressortie du jeu, une version « Director’s Cut » avait été déjà proposée en 2009 sur Wii. Elle n’avait pas forcément fait l’unanimité, la faute à des ajouts peu joyeux, un manque de cohérence graphique global desdits ajouts et des énigmes modifiées pour s’accorder au motion gaming (et au touch gaming pour les versions iOS sorties un peu après) et qui faisaient office de gadget. Scénaristiquement, ajouter des passages avec Nicole comme héroïne n’étaient pas dénués d’intérêt, mais ce faisant, l’histoire globale perdait en rythme, et amenait des pistes qui ne seraient jamais explorées. Donc pour cette version Reforged, on jette à la poubelle la version Director’s Cut, et nous voici avec la version originale de Broken Sword, mais en plus jolie (et jouable sans avoir à sacrifier un bouc au dieu Kernel 32).

Paris en automne, les derniers mois de l'année...

D’emblée, ce qui choque, c’est le travail accompli par les artistes pour refaire les environnements. Tout a été redessiné, recoloré et rendu encore plus lisible. On disait déjà à l’époque qu’on avait l’impression d’être devant un dessin animé interactif, c’est encore plus vrai maintenant. Les animations des personnages et les décors sont toujours aussi détaillées, mais avec une définition bien plus élevée et qui ne laisse plus place à l’interprétation. Et comme ils sont joueurs chez Revolution, un simple appui sur la touche Tab permet de repasser à l’ancienne version afin de constater la différence. Certains lieux sont non seulement plus détaillés, mais aussi plus contrastés, les couleurs sont éclatantes, les ombres plus sombres, et l’atmosphère mystérieuse est décuplée par cette refonte graphique, tout en conservant son charme. On appréciera les différentes aides, pour ne plus avoir à faire de la chasse aux pixels, et le retour des actions à réaliser en temps limité, qui peuvent générer un game over. Celles-ci se réalisaient automatiquement dans la version Director’s Cut et enlevaient donc les séances où George se faisait tuer.

« Avez-vous vu un claooone ? »

Mais de quoi on cause donc depuis le début de cet article ? Je pars du principe que vous connaissez déjà le jeu alors qu’il s’agit peut-être d’une découverte ! Reprenons depuis le début, si vous voulez bien. Dans Les Chevaliers de Baphomet, sorti en 1996, on incarne George Stobbart un touriste américain à Paris en 1999. Il prend un café à la terrasse d’un bistrot quand, soudain, un clown apparaît, entre dans le café, échange son accordéon contre la mallette d’un client, s’enfuit en courant et ensuite badaboum ! L’accordéon explose. Héros de jeu vidéo qu’il est, George va donc mener l’enquête pour retrouver le clown qui a gâché ses vacances, et ce faisant mettre au jour une conspiration diabolique. Le déroulement du jeu se fait sous la forme d’un point and click de la grande époque (il en faisait partie, donc jusque-là rien d’anormal), où on va ramasser plein d’objets, tenter de les utiliser les uns sur les autres et surtout parler avec énormément de gens afin de débloquer des lieux où on pourra parler à d’autres gens, ramasser d’autres objets et les utiliser les uns sur les autres. Durant son enquête, George va rencontrer un certain nombre de personnages hauts en couleurs, et qui bénéficiaient à l’époque d’un doublage en français devenu mythique, tant par les comédiens qui y officiaient que par certaines répliques devenues un peu cultes. Le jeu n’est pas aussi drôle et absurde qu’un Monkey Island, mais serait une sorte de chaînon manquant entre les aventures de Guybrush Threepwood pour le côté humoristique et de Gabriel Knight pour le côté plus sérieux et historique. Oui, voilà, entre Sierra et Lucasarts, ça me semble pas mal. Écoutez le vieux parler, gnééé !

Le doublage d’origine est toujours présent et malheureusement, il a pris un peu d’âge (tant en anglais qu’en français). On sent que, malgré les différents traitements apportés, les voix grésillent un peu parfois et on constate des sautes de volume assez gênantes, mais c’est bien plus atténué que dans la version Director’s Cut. On retrouvera donc avec plaisir Emmanuel Curtil et son meilleur accent, Nathaniele Esther, le regretté Pierre Hatet, et Philippe Peythieu, entre autres, dans différents rôles. Il aurait été difficile de refaire ces voix, de toute façon, et on peut comprendre que les enregistrements d’époque aient pris de l’âge (surtout qu’ils n’avaint pas vocation à être conservés, pour une réutilisation ultérieure). Dans un jeu où on papote tout le temps, c’est un peu difficile à supporter parfois, et c’est bien dommage. Cela gâche-t-il le jeu ? Pas forcément, une fois qu’on est dans l’ambiance, on s’y fait, mais peut-être qu’un nouveau joueur n’y trouvera pas son compte.  Cependant, les développeurs sont à l’œuvre et les différentes mises à jour depuis la sortie du jeu ont bien atténué ce défaut. Les énigmes, elles sont les mêmes qu’à l’origine, et bien que la chasse au pixel ne soit plus vraiment de mise, il reste par moment difficile de comprendre ce que le jeu attend du joueur. Il faut bien penser à regarder tous les objets interactifs, parler à tous les gens (et les regarder aussi) et épuiser tous les sujets de conversations, et ne pas oublier de revenir reparler un peu plus tard, sait-on jamais. Il est impossible de rester bloqué (on peut mourir, mais le jeu nous prévient en général quand une action risquée va survenir) et la sauvegarde automatique est plutôt généreuse. En dernier recours, une aide dans le menu peut guider le joueur bloqué ou impatient à venir à bout de la conspiration des templiers.

En y rejouant en 2010, j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose, mais la version Reforged des Chevaliers de Baphomet remet les pendules à l’heure et permet enfin de jouer au jeu original et d’en bénéficier de son charme désuet. Ce charme fonctionnera-t-il sur vous ? Aucune idée, mais on n’aura pas mieux avant un moment pour redécouvrir cette série ! Une remaster du 3 dans le même format serait une bénédiction (sans ces énigmes de caisses à pousser SVP) !

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Une suite réussie avec pas mal de nouveautés

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