Sorti en tout début d’année, le premier jeu de Whalestork Interactive, qui leur aura pris sept ans de dur labeur, laissait présager un Point & Click rempli de puzzles aux superbes paysages dessinés à la main. Mais The Night Is Grey, derrière ses dessins colorés, cache également quelques loups, et nous propose en prime de faire un tour dans la psychologie humaine, et pas forcément ce qu’elle a de plus reluisante. 

The Night Is Grey est définitivement un Point & Click assez unique. On démarre tambour battant dans l’action, alors que Graham déboule à bout de souffle, fuyant un bois dans lequel il a croisé des loups, l’empêchant ainsi de reprendre la route pour retourner au village. Cherchant un autre chemin, on croisera ainsi la route de la petite Hannah, une enfant de huit ans, abandonnée seule dans sa maison et dont la mère, partie plus tôt, n’est jamais revenue… Graham va donc décider de tout faire pour l’amener au village et retrouver ses grand-parents, craignant pour la survie de la petite seule dans ces bois infestés. 

Si on débute sur ce qui semble être un périple quasi-père-enfant, ce qui ne serait plus forcément original dans l’univers du jeux-vidéo, la suite révèlera ne pas être tout à fait ça. The Night Is Grey est en fait bien plus. Bien entendu, la relation Graham-Hannah sera primordiale à l’histoire. Celle-ci est d’ailleurs, tout comme le reste du titre, très bien écrite, avec un Graham que l’on sent dès le départ extrêmement mal à l’aise et peu habitué aux enfants. Les dialogues sont la plupart du temps très bons, et on appréciera particulièrement l’écriture d’Hannah, un personnage terriblement touchant, particulièrement attachante, si bien qu’on en devient nous-même fortement impliquer émotionnellement dans cette histoire. 

Difficile néanmoins de plus parler de l’histoire et de ses implications sans divulgâcher honteusement un titre qui se découvre vraiment tel que voulu par ses auteurs. Dans ce sens, le titre fait d’ailleurs preuve d’un choix de narration fort intéressant et qui fonctionne parfaitement bien, réussissant totalement son effet, bien que je n’en dirais pas plus ici. Tout ce que je peux ajouter, c’est que le message d’avertissement (voir la capture d’écran sur cette page) sur les thèmes du jeu au lancement du titre n’est pas là pour rien. Le jeu faisant effectivement mentions à des thèmes assez dures, vous voilà prévenu…

Quoi qu’il en soit, The Night Is Grey parvient à nous happer dans son incroyable ambiance du début à la fin, bien que celle-ci change au fur et à mesure de la progression. On passera par pas mal de sentiments différents, que ce soit l’intrigue du début, à l’affection pour la petite Hannah, l’angoisse, et bien d’autres. On notera un passage en particulier dans une mine abandonnée où l’on trouvera plusieurs documents retraçant les évènements ayant conduit à la fermeture de cette dernière. Le tout est d’ailleurs parfaitement sublimé par une belle musique qui nous immerge complètement dans l’aventure et son ambiance.

Pour finir, parlons de la partie gameplay. Le titre est un Point & Click moderne somme toute classique, avec inventaire, possibilité de combiner des objets, et un indicateur de points d’intérêts bien utiles. Il fait également une grosse utilisation de puzzles, ce qui ne satisfera pas tout le monde, même si ceux-ci sont en général assez bien réalisés et possèdent un système d’aide interne au jeu. Dans l’ensemble, le titre n’est pas si facile, sans pour autant poser de trop gros challenge, et il est entièrement possible de voir la fin sans utilisation d’une solution. 

Vous l’aurez compris, difficile de parler de The Night Is Grey sans gâcher la découverte. Il est un jeu d’aventure qui pourrait bien vous marquer et restera avec vous quelque temps après son générique de fin. The Night Is Grey était un titre évocateur, et effectivement, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle l’est.