Trois pour le prix d’un
Critique
Riven
Développeur
Cyan Worlds
Éditeur
Cyan Worlds
Date de Sortie
25 juin 2024
Prix de lancement
34,99 €
Testé sur
Quest 3
1997. Riven marque son époque avec un point’n’click en images fixes qui s’écoulera à 4,5 millions d’exemplaires. Un exploit. Mais il faut dire que son univers prenant, ses images époustouflantes et ses puzzles tordus ne pouvaient que marquer les esprits. Aussi, 27 ans plus tard, c’est avec tout autant de fébrilité que l’on accueille son remake qui suit logiquement celui de Myst, sorti en 2020, dont il est la suite. Se lancer à travers les Âges imaginés par Cyan Worlds en 3D ne peut que nous enthousiasmer, d’autant plus que le remake de Myst était de bonne facture, mais pouvoir le faire en réalité virtuelle nous entraîne encore plus loin dans l’immersion. Et c’est justement sur cette version que nous vous proposons de nous pencher pour ce test effectué sur Quest 3.
Viens voir papa
Commençons par rappeler que Riven est la suite directe de Myst et que, par conséquent, comme les propos qui vont suivre, il spolie quelque peu celui-ci si vous ne connaissez pas l’histoire. Nous retrouvons donc Atrus et les livres de liaison qui permettent de voyager à travers les Âges créés grâce à la technologie des D’ni. Il souhaite que vous vous rendiez à nouveau à Riven pour retrouver Catherine, sa femme, disparue depuis six mois, piégée dans cet âge par Gehn, son père. Mais vous devez y aller sans livre de liaison pour éviter de prendre le risque que Gehn mette la main dessus et s’échappe ainsi de ce qui constitue sa prison depuis 30 ans, après qu’Atrus a supprimé tous les liens avec les autres mondes. Vous vous rendez donc sur place avec un livre-prison destiné à Gehn, plutôt qu’un livre de liaison. Une fois retrouvée Catherine, elle saura comment contacter Atrus qui se chargera de vous ramener.
L’Âge de Riven, stabilisé depuis 30 ans grâce à la correction mise en place par Gehn, a repris sa désintégration. Il faut donc faire vite, avant qu’il ne soit trop tard. L’avenir de tous les habitants de Riven est entre vos mains. Après vous être fait arracher votre livre par un personnage s’exprimant dans une langue incompréhensible, vous êtes sauvé par un autre individu masqué qui vous libère, mais prend aussitôt la fuite avec votre livre. Votre aventure commence alors ici sur cette première des cinq îles de Riven, que vous allez devoir explorer en résolvant de nombreuses énigmes, tout en dévoilant les mystères qui l’entourent. C’est un monde mystérieux à l’architecture et aux mécanismes bien particuliers qu’il faut que vous compreniez pour pouvoir avancer. Les lois de la physique qui s’appliquent ici ne sont pas forcément les mêmes que celles que vous connaissez, et les explications que l’on peut découvrir à travers les écrits restent bien obscures. C’est un univers magnifique, mais dangereux.
Big Brother
La trame de Riven colle donc à l’originale et l’on retrouve la fabuleuse ambiance sombre de cet univers si étrange et particulier où un homme destructeur se prend pour un dieu et cherche à contrôler tout et tout le monde. L’histoire a toutefois été étoffée et quelques personnages ajoutés afin d’enrichir encore plus le lore. Mais la grande nouveauté reste avant tout le passage à des environnements 3D en temps réel dans lesquels on peut se déplacer librement. Et que ce soit dans la jungle, dans les grottes, ou dans les diverses structures monolithiques, mais aussi dans l’étendue étoilée, tout est magnifique. La direction artistique et la palette de couleur originales ont été respectées, ce qui est un plus indéniable, mais les graphismes, avec tous les environnements irréels imaginés par Cyan Worlds, profitent aussi du portage sur Unreal Engine 5. Bien sûr, même si la version Quest 3 est améliorée par rapport au Quest 2, ils resplendiront bien mieux sur écran plat qu’en VR où ils subissent inévitablement un downgrade. C’est quand même très joli, mais il n’y a qu’à comparer la vidéo ci-dessous avec celle-ci-dessus (pour le coup Cyan a été honnête). Par contre l’eau ne rend vraiment pas très bien en VR.
L’ambiance sonore est, elle aussi, toujours là, comme en 1997, et c’est tant mieux. On regrette par contre la présence de murs invisibles qui empêchent de passer ou de tomber. Pour le reste, c’est surtout de l’observation, car comme dans tout bon jeu d’aventure à l’ancienne où l’on ne vous prenait pas encore par la main, Riven est avare en indications. À vous de découvrir ce que vous devez faire et comment le faire. Cela peut bien entendu en dérouter plus d’un, d’autant plus que les casse-tête, bien qu’ingénieux, sont parfois assez énigmatiques. Notons que ces derniers ont été quelque peu remis au goût du jour, avec une touche de hasard distillée pour obliger chacun à bien rassembler préalablement toutes les pièces du puzzle, même ceux qui sont déjà passés par là. Quelques énigmes ont dû être adaptées, mais d’autres ont également fait leur apparition. Et point de répétitivité, les puzzles sont vraiment variés.
Le Club des Cinq
Sur chacune des cinq îles qui composent l’Âge de Riven, il va donc s’agir de bien tout observer et de faire preuve de réflexion. C’est en effet la seule manière de s’en sortir. Toutefois, si sur des images fixes, il était aisé de mettre en évidence certains éléments importants, c’est tout autre chose en 3D et encore plus en VR. Du coup, les puzzles, déjà complexes, le deviennent d’autant plus que vous pouvez passer à côté de l’élément clé à plusieurs reprises sans même le remarquer, faute d’avoir opté pour le bon angle. La tentation de recourir à un guide devient alors assez pressante, même si cela casse non seulement l’immersion, mais aussi le plaisir de résoudre soi-même l’énigme proposée. De plus, la prise de notes est bien utile ici, mais compliquée avec un casque sur la tête. Le jeu propose cependant un carnet de notes où stocker des captures d’écran pour s’y référer plus tard, mais ce n’est pas toujours suffisant.
Par contre, la version VR de Riven, jouable debout ou assis pour plus de confort, a clairement été pensée pour ce support, avec une interactivité omniprésente avec laquelle on n’était pas habitué. Il y a des poignées à saisir, des boutons à presser, des leviers à tirer… Et ceci s’applique aux objets nécessaires, mais aussi à d’autres totalement accessoires. Cela donne encore plus de corps à cet univers féérique. Pour explorer, on peut marcher ou courir, mais les montées comme les descentes d’échelles sont malheureusement automatiques. Il en est de même des déplacements à bord des engins qui sont toutefois des moments magiques dont on est privé en VR, dommage. Un système de masque est pourtant mis en place pour réduire le champ de vision et échapper à la cinétose en cas de déplacement rapide. On regrette aussi l’absence de gestion des collisions qui permet de passer les mains à travers les objets, cela ne milite pas en faveur du réalisme et donc de l’immersion. Dernier reproche : des temps de chargement assez long. Et c’était sur Quest 3. Sur Quest 2, c’est forcément pire.
Après le remake réussi de Myst, Cyan Worlds remet le couvert avec Riven, sa suite. Impeccablement réalisée, avec des graphismes améliorés, un scénario étoffé et des puzzles revisités, celle-ci respecte le matériau original et s’avère donc bien plus complexe. Le joueur étant livré à lui-même, ceux qui n’ont pas connu cette époque peuvent être déconcertés, surtout qu’en passant en 3D, et encore plus en VR, cela rend l’observation d’autant plus délicate afin de ne pas rater le petit détail important qui permettra de résoudre l’énigme. Pour le reste, Riven offre toujours un univers féérique et enivrant, avec des mécanismes étranges, dans lequel on aime se plonger. Et pouvoir le faire « physiquement », grâce à la VR, est encore mieux, même si l’on doit accepter pour cela de baisser ses exigences graphiques. Il ne reste plus qu’à savoir maintenant si les remakes des autres épisodes vont suivre. On espère que oui, au moins Myst III: Exile.