Critique

Rosewater

CactusSinger
Publié le 17 avril 2025
Rosewater

Développeur

Grundislav Games

Éditeur

Application Systems Heidelberg

Date de Sortie

27 mars 2025

Prix de lancement

19,50 €

Testé sur

PC

Après six longues années de développements, l’attente est enfin finie et le nouveau jeu de Francisco Gonzalez (Grundislav Games), à qui l’on doit notamment l’excellent Lamplight City, est finalement disponible. Rosewater nous promettait une aventure épique dans un Far West d’un XIXe siècle alternatif, et l’on espérait évidemment un titre à la hauteur de l’attente suscitée. 

1850, dans le West Vespuccia, le Far West du monde alternatif steampunk introduit par Lamplight City. Harley Leger (prononcez légère) est fraichement débarquée de son train à la gare de la petite bourgade de Rosewater, que deux délinquants locaux tentent de lui faire les poches. L’occasion pour elle de régler ça de façon plus ou moins direct, selon les choix du joueur. Il faut dire qu’Harley sait se débrouiller. Ancienne boxeuse reconvertie journaliste, elle sait aussi bien manier la répartie que les poings. Mais c’est en tant que journaliste qu’elle arrive à Rosewater pour commencer un nouveau job. Après avoir manqué de se faire écraser par un homme cordialement défenestré par sa future nouvelle boss, elle se voit finalement offrir une pige consistant à interviewer “Gentleman” Jake Ackerman, une légende vivante et entertainer ambulant. Une nouvelle bagarre au côté de ce dernier marquera le début d’une collaboration, et d’une aventure sur les traces d’une fortune perdue, celle laissée par le Dr Clark, chercheur spécialiste de l’Aethericité, sorte de source d’énergie naturelle ésotérique pour le peu difficile à maitriser et dont les travaux sur celle-ci ont été récemment banni par le gouvernement. 

Harley cœur à vif

Et vous ne serez pas seul dans cette petite chasse au trésor, loin de là. Lors de la première partie du jeu, vous recruterez un total de cinq personnages pour former votre bande pour le moins éclectique. À tel point qu’on pourrait s’imaginer en pleine partie de jeu de rôle, chacun autour de la table ayant choisi un personnage au profil bien différent. Votre petit gang sera donc composé de Harley la bagarreuse, Jake le cowboy beau parleur, Danny le jeune et talentueux tireur d’origine chinoise, Nadine l’apprentie médecin native américaine, Phil l’hispanique révolutionnaire expert des explosifs et Lola, trappeuse et conductrice de votre moyen de locomotion. Car oui, si le début de l’aventure se déroule à Rosewater et ses environs, la suite vous proposera un long voyage vers l’ouest, qui ne sera pas de tout repos et rempli d’évènements.

C’est d’ailleurs ce qui surprend le plus dans ce Rosewater, le rythme et découpage de l’intrigue. Si l’aventure commence assez classiquement, en termes de game design, la suite et le voyage à travers le West Vespuccia est lui assez différent de ce que l’on peut attendre habituellement d’un Point & Click classique. Ce deuxième chapitre est en effet très découpé, laissant de côté quasi complétement l’histoire principale pour se concentrer sur le développement du background des membres de votre groupe ainsi que vos relations avec eux. À chaque arrêt, vous tomberez sur un évènement semi-aléatoire (dans le sens ou d’un run à l’autre, l’ordre peut changer ou vous aurez des évènements différents), sous forme de mini-aventure avec sa propre histoire, sorte d’épisode stand alone comme dans les séries des années 90’s-2000. Vous tomberez par exemple sur un excentrique construisant un château pour sa prétendante qu’il n’a pas vu depuis six ans, traquerez des bandits pour venir en aide à un député shériff, et pourrez même vous transformer en archéologue l’espace d’un instant. Le principal intérêt de ces mini-épisodes, est qu’ils ont tous des résolutions différentes possibles selon vos actions et choix, et, de ce que j’ai pu en conclure, vont ainsi façonner petit à petit vos relations avec vos compagnons, tous superbement interprétés au passage, et ainsi en partie affecter la suite des évènements dans le dernier chapitre du titre. 

D’un autre côté, ce choix narratif vient tout de même pas mal casser le rythme en coupant littéralement la poursuite de l’histoire principale en deux, ce qui pourrait s’avérer assez déstabilisant, voire frustrant, pour une partie des joueurs. C’était en tout cas mon cas sur ma première partie, où le changement soudain auquel je ne m’attendais pas m’a un peu laissé sceptique. 

Des choix à ne pas prendre à la Leger

Néanmoins, et c’est une constante sur tout le titre, certains de ces mini-épisodes proposent des intrigues vraiment intéressantes en elles-mêmes, et surtout réussissent leurs buts de mieux vous faire connaitre votre bande de compagnons improbables et d’améliorer votre attachement à eux, ainsi que vous permettre de façonner la personnalité que vous souhaitez donner à Harley. Vous aurez en effet souvent plusieurs choix de réponses lors des dialogues ainsi que plusieurs actions possibles pour résoudre un problème, qui, s’ils proposent justement des résolutions légèrement différentes, vont surtout venir affecter vos relations et la suite de l’aventure. 

J’ai d’ailleurs à plusieurs reprises parlé de première partie ou run, mais effectivement, Rosewater est un titre qui prend encore plus d’ampleur lors d’une seconde partie. En se comportant différemment, en réalisant d’autres choix, on va découvrir de nouvelles scènes, de nouvelles énigmes et de nouvelles possibilités de résoudre celles déjà connues etc. Étrangement, j’ai d’ailleurs beaucoup plus apprécié le second chapitre et ses histoires lors de mon second run, probablement en partie, car je n’avais plus forcément la frustration de vouloir en savoir plus sur la suite de l’histoire et ses mystères.

Dans tous les cas, on comprend mieux pourquoi Rosewater a pris six longues années à son créateur. Le nombre de possibilités et surtout le nombre d’écrans proposés, tous dans un superbe pixel art détaillé, en haute définition 1280×720 s’il vous plait, représente un véritable travail d’orfèvre. Chapeau l’artiste ! D’autant que le titre regorge d’animations et de petites séquences animées du plus bel effet. À la vue du nombre de lignes de dialogues, on imagine également que l’enregistrement a dû prendre un certain temps. Rosewater s’offre en tout cas un excellent cast donnant vie à tous ces personnages de remarquable façon.

Comme mentionné, la plupart des situations ont plusieurs solutions. Le titre est d’ailleurs très accessible niveau difficulté, et à plus une ambition narrative que basée sur la complexité de ses énigmes. Néanmoins, c’est un joli tour de force d’avoir réussi à prévoir toutes les situations possibles dans lequel pourrait se retrouver le joueur. Par exemple, vos compagnons vont souvent vous proposer différentes approches pour un même problème, à vous donc de choisir laquelle vous convient le mieux. Mais, selon vos choix, ou selon le contexte, vous serez parfois limité dans vos possibilités en fonction de qui vous accompagne à ce moment (une conséquence de vos choix précédents par exemple). Dans tous les cas, différentes approches sont prévues pour pouvoir continuer de progresser. On s’en aperçoit beaucoup lors du troisième et dernier chapitre venant conclure l’aventure. Celui-ci, à part son côté multi-approches justement, est en termes de narration bien plus classique et rythmé. Les révélations s’enchainent, et la progression y est plus linéaire, présente pour venir conclure l’aventure. 

“It was meant to be a simple job”

Niveau gameplay, Rosewater fait également dans la simplicité, toutes actions se font au clic gauche, si plusieurs sont possibles, un simple menu s’affiche, et l’on accède à son inventaire d’un clic droit. Il n’est pas non plus possible d’utiliser un objet sur une zone d’intérêt si rien n’est prévu, ce qui peut faciliter encore la difficulté, mais d’un autre côté, permet d’éviter les habituelles phrases répétées du style “ça ne fonctionne pas”. Attention tout de même, le clic droit permet de passer les dialogues, mais aussi les cinématiques, sans demander confirmation, attention donc aux missclicks. Niveau technique, on remarquera un freeze plus ou moins long lors de ses skips, qui dépendra de la longueur de la séquence passée. C’est aussi valable lors d’un déplacement rapide en double-cliquant sur une sortie d’écran. Malheureusement, il arrive aussi que le jeu soufre inexplicablement de ralentissements dans certains écrans dans lesquels les animations se passent aux ralenties, néanmoins ça reste tout de même assez rare. 

Ironiquement, malgré sa volonté d’accessibilité, Rosewater n’est peut-être pas fait pour tout le monde du fait de sa structure assez unique, dans mon cas par exemple, je lui préfère Lamplight City. Néanmoins, force est de constater qu’il s’agit tout d’un même d’un sacré tour de force dans le monde du jeu d’aventure Point & Click. Bien écrit, superbement doublé, possédant un nombre hallucinant de tableaux et avec une très forte durabilité, 15-20 heures pour une première partie de plus boostée grâce à une belle rejouabilité pour le genre grâce à ses nombreux choix et variations dans les évènements et les relations entre personnages. Une belle histoire d’amitié centrée sur ses personnages pour une jolie épopée dans l’ouest alternatif de Vespuccia. 

Neon Hearts City
Neon Hearts City

Bienvenue de retour dans le futur des années 80’s

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