
Le retour du jeu d’aventure des années 80s
On a vu arriver Blue Prince, nouveau bébé de l’écurie Raw Fury, discrètement via un premier trailer de présentation plutôt joli et énigmatique qui faisait miroiter un sympathique jeu d’énigmes genre escape game. Je ne savais pas à ce moment que j’allais mettre le doigt, le coude, que dis-je, le bras entier dans l’engrenage, et plonger dans un puits sans fond de mystères et de découvertes. Car oui disons le de suite, Blue Prince arrive tel un raz de marée et risque bien de faire date.
C’est toujours un exercice extrêmement compliqué de réaliser une critique sur jeu basé sur la découverte sans ne rien spoiler, sans pouvoir révéler les éléments qui font la valeur du titre par crainte d’enlever au joueur une partie de la découverte, et donc ironiquement, ce qui fait la qualité du jeu. C’est d’autant plus vrai dans le cas de Blue Prince ou quasiment tout est justement à découvrir par vous-même, du gameplay, aux énigmes et puzzles, jusqu’à l’histoire et bien plus. Si possible, j’aimerais juste pouvoir dire, ne lisez rien sur le jeu, achetez-le ou installez-le sur le Gamepass, et lancez-vous, c’est assurément un des jeux de l’année.
Maintenant que c’est dit, comme je ne peux décemment pas m’arrêter là, je vais tout de même tenter d’apporter du contexte à ce pourquoi le titre est déjà plébiscité par tous ceux qui comme moi ont eu la chance de mettre les mains dessus depuis plusieurs semaines. Les prémisses sont simples, dans son testament, votre oncle vous lègue sa fortune ainsi que son manoir… Sous réserve que vous remplissiez une condition bien particulière. Tout ce que vous avez à faire est de trouver la 46ᵉ pièce du manoir… Un manoir qui n’en contient pourtant que 45. En outre, trois règles s’appliquent, interdiction de passer la nuit à l’intérieur et il faudra donc dormir dans une tente dehors, interdiction de ramener des objets du manoir avec soi le soir, et bien entendu, interdiction d’apporter des objets de l’extérieur. Une condition et des règles étranges, mais qui s’expliquent par la particularité du manoir lui-même. En effet, chaque jour, la disposition des pièces est remise à zéro, et c’est à vous de créer le plan au fur et à mesure de votre progression dans le manoir.
Car à chaque fois que vous ouvrez une porte, vous avez le choix entre trois pièces possibles à créer, tirées parmi votre deck de cartes de façon semi-aléatoire et possédant des caractéristiques différentes ainsi qu’un nombre variable de portes et des orientations. Vous l’aurez compris, le jeu marche donc sur le principe de runs, un peu comme un rogue-lite, mais aussi, un peu comme un Outer Wilds, où c’est principalement votre connaissance qui persiste. La beauté de ce Blue Prince, est notamment qu’un run n’est jamais raté, à partir du moment où vous découvrez quelque chose de nouveau… Et ça arrivera très, très souvent ! Que cela soit une nouvelle pièce, un nouvel objet, un nouvel indice, le jeu regorge de chose à découvrir, partout, tout le temps, ce qui pourrait aussi rappeler un certain Tunic… D’ailleurs, et c’est même conseillé dans le jeu, mais avoir un carnet de notes sous la main n’est pas superflu… Et fort à parier que vous allez vous retrouver avec un sacré paquet de capture d’écrans également, plus de 350 à mon actif pour l’instant.
Pour l’instant oui, car, comme beaucoup, je n’ai pas encore découvert tout ce que Blue Prince a à offrir. Loin de là même. Attendez-vous à un jeu à la durée de vie extrêmement généreuse. Malheureusement, je ne peux pas vous en dire beaucoup plus, déjà, puisque l’expérience de chaque joueur sera différente, mais aussi parce que même cette info pourrait s’apparenter à un léger spoil.
Pour rentrer un peu plus dans le gameplay lui-même, vous trouverez également des ressources comme des clés, puisque certaines portes sont fermées, ou des gemmes nécessaires pour créer certaines pièces du manoir. Chaque entrée dans une nouvelle pièce vous fera par ailleurs perdre un “pas”, indicateur de votre énergie, et quand celui-ci arrive à zéro, vous devrez alors abandonner pour la journée et partir vous reposer. Au détour de votre progression, vous trouverez aléatoirement des objets dans les pièces visitées qui ont chacun une utilité ou un effet différent. Bien évidemment, vous ne pourrez ramener rien de tout ça avec vous à la fin de la journée, déclenchée soit par manque d’endurance ou simplement parce que vous n’avez plus d’endroit où continuer en vous étant créé un cul-de-sac. Vous le devinez, mais il y aura donc bien des stratégies et des synergies possibles entre les pièces et certains objets qu’il vous faudra découvrir.
Cependant, même si on n’en est pas loin, tout n’est pourtant pas parfait. On notera quelques puzzles/énigmes qui sont un peu trop dépendants de l’aléatoire, bien que cela soit en très grande partie contrebalancée par le fait que chaque run maque toujours un progrès, limitant la frustration, et surtout une bonne partie de cet RGN peut être limité par la stratégie. Quand bien même, certains runs peuvent parfois être un brin frustrant et cela pourra rebuter certains joueurs. On notera aussi qu’il est impossible de rebinder ses touches, heureusement le jeu gère maintenant les claviers AZERTY, mais il reste tout de même quelques ratés et de toute façon, on aimerait toujours pouvoir jouer de façon la plus confortable pour soi. Et finalement, et c’est plus un avertissement qu’un défaut, mais le jeu est uniquement disponible en anglais, et il ne faut pas attendre de traduction tout de suite. Certaines énigmes sont en effet basées sur la langue, et des adaptations demanderaient énormément de travail, et pas seulement sur les textes. Tout ça combiné aux spécificités inhérentes du jeu font que si Blue Prince est indéniablement un jeu fantastique, ça ne signifie pas qu’il sera du goût de tous, comme le sont finalement beaucoup des meilleurs jeux. Néanmoins, on espère que sa présence sur le Gamepass va l’aider à trouver son public plus facilement.
Difficile de vous en dire beaucoup plus, mais je finirais sur une petite suggestion. N’hésitez pas à découvrir le jeu avec d’autres amis si vous en avez la possibilité. L’échange d’information, et les petits conseils ou indices pouvant vous mettre sur le bon chemin, dans le respect strict de ne pas spoiler vos parties respectives, est une belle expérience. Je vous en ai dit autant que possible en me contentant d’expliquer les bases du concept. Mais Blue Prince est bien plus que ça, il est plein à craquer de choses à découvrir, à comprendre, de puzzles, de lore et bien d’autres encore. Tout s’imbrique incroyablement bien, et quasiment tout est sous vos yeux, si bien que vous ne compterez plus combien de fois, vous prononcerez à voix haute en vous tapant le front de la paume de votre main “mais… Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt !”.
Blue Prince est un jeu assez unique. À la fois puzzle game et rogue-lite, rappelant des jeux tels que Outer Wilds ou Tunic, ou la principale persistance restera votre connaissance, apprentissage et votre capacité de déduction. La grande force du titre de Dogubomb est qu’il donne constamment au joueur plein de pistes à explorer, de nouvelles découvertes, et toujours plus de mystères à découvrir qui font que chaque run semble différente et réussie. Plus l’on creuse, plus on en découvre, mais plus on ressent l’immensité de ce que Blue Prince a à offrir. S’il ne s’adresse peut-être pas à tous, difficile de lâcher prise une fois happé, et nul doute qu’il marquera au fer rouge beaucoup de ses joueurs, ce qui en fait dore et déjà un sérieux candidat au titre de GOTY.
The Planet Crafter – En-dessous de zero