
Quand un run and gun devient un Tactical RPG qui n’oublie pas de courir.
Il est toujours compliqué de parler d’un jeu sorti il y a plusieurs années (un peu plus de dix), notamment sur l’angle à prendre. De mon côté, c’est une totale découverte du jeu, comme l’avait été le premier Xenoblade Chronicles lors de sa ressortie sur Switch. Je pourrais vous donner mon avis de quelqu’un qui ne découvre, mais ce n’est clairement pas ce qui m’intéresse ici. Sachez juste que si vous avez aimé les autres Xenoblade, vous aimerez, et si vous avez détesté, celui-ci ne viendra pas vous rabibocher avec la série. Grosso modo, c’est comme les autres, en mieux écrit que le 1, mais en moins bien écrit que le trois (je ne me mouillerai pas vis-à-vis du deux). Par contre, celui-ci a une proposition très intéressante quant au déroulé de son aventure, que l’on retrouve beaucoup moins dans les autres titres de la saga, et qui donne de vrais indices sur ce que sera dans le futur (par rapport à la sortie initiale du jeu) la révolution de Zelda avec Breath of the Wild.
La première chose qui choc lorsque l’on lance le jeu est le fait que l’on crée un avatar au lieu de contrôler un personnage créé de toute pièce, travaillé avec sa propre personnalité. Idem pour la planète que l’on va explorer : la population humaine a dû fuir la Terre suite à une grosse bagarre avec une race extraterrestre, qu’elle a perdu. Arrivée fraîchement sur Mira depuis un mois, elle a déjà été capable de construire une mégalopole. Une femme, Elma, capitaine d’un escadron d’élite nommé B.L.A.D.E trouve votre cabine de cryostats et vous réveille. Évidemment, vous n’avez aucun souvenir, vous êtes sur une planète complétement inconnue, le scénario parfait pour raconter ce que l’on veut. En moins de deux, vous êtes enrôlé dans le BLADE, qui a pour mission d’explorer la planète, assurer l’alimentation et la croissance de la ville ainsi que sa protection. Et la suite de l’histoire, je vous avoue que franchement, on s’en moque un peu. Par contre, le contrat que l’on vous propose et pleinement remplit. Pour pouvoir avancer dans la trame principale (qui consiste en des missions que vous fourni le grand chef militaire du BLADE), le pourront se faire uniquement si vous avez suffisamment progressé dans l’exploration de Mira et dans votre aide à la société. Cela se traduit par avoir découvert X% d’une région de la planète, d’avoir réalisé certaines missions secondaires, etc. Et tout cela est super cohérent. Vous êtes là pour découvrir une planète, aider les survivants de race humaine à coloniser une nouvelle planète, vous n’êtes pas là pour vivre une aventure grandiose pour sauver le monde (même si je n’ai aucun doute qu’on finira par sauver le monde, ou tout du moins, la planète Mira).
Et cette exploration se fera en deux temps (même si je suspecte qu’elle se fera en trois temps, étant donné qu’au moment d’écrire ses lignes, j’ai dépassé la moitié de la trame principale après une quarantaine d’heure à me perdre dans les forêts luxuriantes de Mira). Dans un premier temps à pied, sachant que dès la première heure, on vous fait clairement comprendre que vous pourrez débloquer un mecha tellement ils sont présents sous tous les angles possibles lorsque l’on vous fait un tour de la ville (et bon, il est aussi sur la jaquette du jeu). La première fois que vous sortirez, vous aurez un petit coup de pression : à côté de votre objectif (tuer 4 insectes de niveau 3), se trouve d’énormes animaux gigantesques de niveau 50. Sauf que tous les animaux de la planète ne sont pas agressifs, tant que vous ne les attaquez pas. Encore une fois, c’est très logique si l’on veut reproduire un monde « réaliste » (comprendre par là que dans notre monde, si on prend la savane, il y a plein de type d’animaux plus ou moins « fort »). Ce point-là fonctionne bien dans la première région du jeu, un peu moins dans les autres. Vous serez obliger de traverser des zones avec des monstres très hostiles avec 40 niveaux de plus que vous, alors que vous voyez une quête disponible à récupérer dont le niveau recommander et 10. Vers le milieu du jeu, on a enfin la possibilité de débloquer le mecha, pile-poil au moment où vous terminez une quête qui vous fait dire qu’il y aura encore un moyen de transport plus imposant. Ce dernier change complétement (le mecha, pas l’autre truc dont je suspecte qu’il sera jouable) l’approche de l’exploration, avec les distances qui, à pied, sont énormes et qui se transforment en un voyage express pour aller débloquer des sites d’intérêt ou faire des quêtes.
Ensuite, l’exploration a toutefois un objectif de colonisation, et là, le discours que porte le jeu est quelque peu ambigu. L’ensemble du bestiaire se transforme en indigène, aucune conscience quant à l’exploitation des minerais de la planète jusqu’à la saignée, mise en avant de l’industrie de l’armement, etc. Quant aux populations intelligentes, elles sont ici très gentilles (dont les noppons, race présente dans tous les Xenoblade) et accueil la population humaine les bras ouverts sans se soucier des problèmes qu’ils vont apporter. On aurait clairement aimé beaucoup plus de nuance sur ce côté, car le schéma de l’homme blanc capitaliste colonisateur qui passe pour un bon samaritain, c’est quand même pas fou-fou comme image (et je pense que le fait que la navette humaine qui s’est écrasée soit une navette américaine et non japonaise n’est un hasard).
Clairement, Monolith Soft prouve qu’ils sont les rois incontestés de la Switch en proposant des mondes gigantesques, jolie, sans le moindre ralentissement sur une console qui s’apprête à prendre sa retraite. Avec un monde cohérent et vivant, on est clairement face au balbutiement de ce que sera Hyrule plus tard. Quant à la ressortie d’un jeu vieux de plus de 10 ans, l’alchimie entre l’exploration et l’objectif principale de votre quête marche à merveille, même si on aurait un discours bien plus nuancé. Il faut uniquement adhérer à son système de combat passif-actif qui risque de rebuter toutes les personnes qui n’ont jamais joué à un MMO de leur vie.
Quand un run and gun devient un Tactical RPG qui n’oublie pas de courir.
Quand une déchèterie à ciel ouverte devient une destination de vacances.