
Polar Cyberpunk sur rails
Il est probable qu’il vous ait échappé, mais deux ans auparavant sortait Inspector Schmidt – A Bavarian Tale, un jeu d’aventure RPG ou vous incarniez un détective cherchant à résoudre une série de meurtres dans un village de Bavière en 1866. Un petit jeu fort sympathique malgré pas mal de défauts. Voici que deux ans plus tard, Active Fungus Studio nous redonnent l’occasion de suivre Valentin Schmidt pour de nouvelles aventures avec Inspector Schmidt – The Ebbing, dans une version qu’on espère améliorée de la formule de base.
Il faut croire que tous les détectives dignes de ce nom attirent les ennuis comme des aimants. À l’été 1870, l’inspecteur Schmidt voulait pourtant seulement prendre des vacances bien méritées sur la pittoresque île de Havstedt, située au nord d’Hanovre. Mais voilà qu’il n’a même pas eu le temps de passer une première nuit complète à l’auberge pour se remettre du voyage, et encore moins de profiter de la plage, que le télégraphiste local, aussi propriétaire de l’auberge, est retrouvé mort dans la rue. Adieu la tranquillité et le repos, bonjours l’investigation et les interrogatoires, et on se rendra vite compte qu’une petite bourgade comme celle-ci recèle bien des secrets… Souvent bien sombres.
Dans Inspector Schmidt – The Ebbing, on retrouve le contexte unique de l’Allemagne du XIXe siècle, alors que le pays est en conflit avec la France, et qu’une nouvelle technologie de communication révolutionnaire à fait son apparition avec le Télégraphe. Il est désormais possible d’envoyer des messages jusqu’en Inde en moins de 30 minutes, contre plusieurs mois par courrier. Une révolution ! Du moins quand tout fonctionne. À Havstedt, Bente Hansen, la victime et seul télégraphiste de l’île, semble avoir détecté un étrange signal sur la ligne quelque temps avant son meurtre. Un mystère de plus alors que la rumeur de la présence d’un monstre rôdant dans la lande non loin du village se propage de plus en plus. En tant qu’étranger fraichement débarqué du continent, c’est à vous que va incomber la tâche de démêler ce sac de nœud pour éclaircir tous ces mystères et tenter d’appréhender le meurtrier de Bene.
The Ebbing est donc un jeu d’aventure détective saupoudré d’éléments RPG. Votre personnage possède des statistiques qu’il peut améliorer en montant de niveau et qui serviront lors des nombreux tests de compétences. En effet, lorsque vous attenterez certaines actions, ou certains dialogues pour convaincre un témoin à en dire plus par exemple, un test sera nécessaire pour vérifier la réussite ou non de votre tentative.
Dans la théorie, c’est très simple, il faudra réussir quatre jets de dés consécutifs, c’est-à-dire atteindre au moins le nombre défini par la difficulté de l’action. En cas de score plus petit, vous pourrez compenser les jets ratés en comblant l’écart grâce à vos points dans la statistique testée, et donc plus votre attribut est élevé, plus vous aurez de chances de réussites. Par exemple, si vous possédez 6 en charisme, vous aurez alors 6 points bonus. Si vous devez réaliser un score de 8 pour réussir, mais que vous tirez un 5, vous devrez ainsi piocher 3 de vos points bonus pour combler la différence, il ne vous en restera alors plus que 3 pour les autres jets. Il est cependant aussi possible d’utiliser des consommables pour augmenter votre nombre de points bonus disponibles, mais attention, seulement avant un lancer de dés. Consommables que l’on trouve dans les environnements, mais que l’on peut aussi crafter soi-même, à condition d’avoir trouvé la bonne recette, grâces à tout ce qu’on peut ramasser en se baladant. Des bonus fort utiles étant donné ma chance aux dés…
Côté gameplay investigation, on retrouve également la vision de détective permettant de détecter des objets dans l’environnement. Cependant, celle-ci a un peu changé par rapport au jeu précédent, on ne rentre plus dans un mode spécifique, mais un halo de lumière met temporairement en surbrillances les objets d’intérêts à proximité. Le déclenchement de cette compétence utilise de la concentration, qu’on peut récupérer en dormant ou en mangeant du poisson.
Vous serez donc amené à rechercher des indices, et questionner les différents protagonistes de l’île afin d’en apprendre plus sur eux, leurs motifs, leurs alibis, etc. Lors des interrogatoires, il est parfois possible de choisir entre trois approches : autoritaire, éduqué, ou absurde, ce qui aura un effet positif, négatif ou neutre selon la personnalité de votre interlocuteur. Et finalement, lorsque vous estimerez avoir suffisamment d’informations, vous pourrez lancer une confrontation pour pousser un personnage à vous en révéler plus ou vous avouer un secret. Ces séquences se font sous la forme de choix de dialogue classique où il faut réaliser suffisamment de bons choix pour remplir une jauge et le ou la convaincre de vous en dire davantage.
La principale différence avec le jeu précédent reste au niveau de la vue à la première personne, contre une vue TPS dans Inspector Schmidt – A Bavarian Tale. On note aussi une simplification du gameplay superflu, The Ebbing ayant fait le choix de ne pas reprendre certains éléments qui n’étaient pas franchement réussis de son prédécesseur. Exit donc la possibilité de se battre, ce qui n’est pas plus mal, ou les mini-jeux et mini-séquences timées horribles qui n’apportaient pas grand-chose. On se retrouve ici avec un titre bien plus concentré sur ce qu’il c’est faire, l’exploration et l’investigation, et qu’il fait plutôt bien. Il reste tout de même une séquence d’infiltration un peu buguée sur la fin, mais rien de trop rédhibitoire. À noter que si je compare avec le titre précédent, il n’est pas du tout nécessaire d’y avoir joué pour s’attaquer à The Ebbing. Quasiment aucun lien n’y est fait, à part la présence du personnage principal lui-même.
Pour finir, un petit mot sur ce qui fâche le plus. Comme le jeu précédent, notez bien que c’est techniquement catastrophique. Plus précisément, Le jeu tourne très très mal, sans pour autant être incroyable graphiquement. On est du coup obligé de diminuer un max de setting, et se retrouver avec des textures floues, tout ça pour tout de même difficilement atteindre les 30, voire 20 fps sur une 3060ti. C’est dommage, parce que comme son prédécesseur, les décors ont tout de même un certain charme, celui des RPG un peu datés, mais plein de volonté et personnalité, couplé avec des paysages atypiques, parfois apaisant, clairement dépaysant, et avec des jeux de lumières plutôt réussis, je vous laisse en juger avec les quelques captures d’écrans accompagnant ce texte. On apprécierait clairement de se balader dans la ville de Harvested si le tout était fluide, mais à 20 fps, on risque cependant de choper le mal de mer. On trouvera aussi un cycle jour nuit, certaines tâches/objectives ne pouvant être réalisées qu’à certaines heures.
À l’inverse, on apprécie l’effort fait au niveau des doublages dans ce The Ebbing. Comme pour le titre précédent, les doublages Allemand sont évidemment recommandés et excellents, surtout pour s’immerger complétement. Cependant, un travail indéniable semble avoir été réalisé sur la version Anglaise par rapport à The Bavarian Tale. Celle-ci est de bonne facture en gardant des accents Allemand ce qui permet de ne pas casser complétement l’immersion.
Bref, c’est peut-être mon appréciation des AA ou des jeux un peu cassés, mais au charme fou et au contexte unique, qui parle, mais j’ai passé d’excellents moments sur ce The Ebbing. Certes techniquement le jeu souffre de gros soucis d’optimisation, mais les environnements ruraux de cette petite île Allemande en 1870 sont vraiment charmants et on apprécie s’y balader. Mais The Ebbing est surtout un jeu d’enquête, celle d’un meurtre, et possède une (des) histoire(s) intéressante(s) où l’on est vite pris par l’envie d’en apprendre plus sur les habitants et de démêler tous ces secrets. Si tout n’est pas parfait, loin de là, je ne peux tout de même que vous conseillez d’y jeter un œil si le contexte unique et l’envie de jouer au détective vous tente.
Carmen Sandiego plus dans le divertissement que l’éducation