Critique

DOOM : The Dark Ages

H0wler
Publié le 7 juin 2025

Développeur

id Software

Éditeur

Bethesda Softworks

Date de Sortie

15 mai 2025

Prix de lancement

79,99€

Testé sur

PC

Je pense qu’il y a de plus gros fans de DOOM que moi (je regarde Citizen_Erased et Pipomantis du coin de l’œil), mais je reste quand même un très gros client. Le premier DOOM est aussi mon premier FPS (juste avant Duke Nukem 3D) auquel on doit rajouter un peu de moment père-fils à cette grosse couche de nostalgie. J’ai joué à tous les épisodes de manière assez religieuse et j’avais même très apprécié le mal-aimé DOOM3, à l’époque. Mais disons-le clairement, le reboot de la série exécuté sous la bannière de Bethesda depuis 2016 m’a procuré de nouvelles sensations. Après un Eternal que je trouve irréprochable, je ne voyais pas ce qu’id Software pouvait faire de plus avec ce The Dark Ages.

Guillermo del bourreau (c'est moi)

C’était bien ma plus grande interrogation depuis sa première annonce et après un trailer qui m’a un peu saucé avec sa direction dark medieval et cette fantastique mitraillette à crâne. Le contexte aurait pu amener pleins de choses un peu nouvelles. Un peu de Painkiller ? un peu de Hexen peut-être ? Hein, mais, comment ça encore un scénario ? Mais déjà dans Eternal, on trouvait ça bof ! Alors, je comprends l’idée de rajouter un peu de mythologie à l’univers, avec quelque chose qui a l’air de se passer dans un moment intemporelle. On ne comprend pas trop si on se situe avant ou après les derniers épisodes, lui donnant un peu plus cette aura d’une Odyssée (sauf qu’on tue des démons). Mais du coup, on se retrouve bombardé de cinématiques très jolies, mais insipide au possible et avec une demoiselle en détresse. Bravo, vous êtes rentré dans le cliché exact que vous avez esquivé pendant 32 ans (bon dieu, je suis aussi vieux que DOOM).

Allez, ce n’est pas grave, je peux bien m’infliger quelques dialogues mal joués/écrits tant que je tue des démons. Comme depuis le reboot, Dark Ages ajoute une subtilité à son game design de flingue-couloir, cette fois-ci avec le fameux bouclier-tronçonneuse, objet phare de la communication autour du jeu et, disons-le clairement, autour de ce nouveau gameplay. On peut se la jouer « Captain America » en envoyant le bouclier un peu partout pour dézinguer des p’tits démons ou immobiliser les gros, il joue aussi son rôle dans cette réappropriation du « bullet hell ». Souvenez-vous, j’avais testé Scathe qui avait, lui aussi, eu cette idée, mais l’application manquait vraiment de finitions. Ici, deux choix ont été faits pour rendre ça agréable :
Premièrement, les projectiles sont plutôt lents et plutôt visible de loin (à quelques exceptions près) et surtout, dans chaque projectile se cache toujours un de couleur verte, qui peut être paré et renvoyé (et c’est la même pour certains coups). Ça ajoute un peu plus de contraste avec le gameplay très dynamique où il faudra bouger constamment, mais prendre le temps de choper cette boulette verte pour faire quelques dégâts, déclencher des passifs ou même stun les ennemis dans la zone d’impact. On a donc les yeux un peu partout, et il n’est plus question d’esquiver les boulettes, mais cette fois de chopper la bonne, avec le bon timing pour déclencher une explosion de saveur.

« Non mais je vais pas crier. COMBIEN ? »

S’il y a bien un débat que j’ai souvent vu revenir sur la sortie de cet épisode de DOOM, c’est bien le prix. Quatre-vingt (80) bâtons, surtout pour une galette physique qui contient à peine le launcher de quelques Mo dessus (juste parce que le jeu n’était pas « gold » au moment de la mise en presse), passer le cap du TPE n’a pas été simple. J’étais tout de même plutôt étonner par ce débat, qui ne me semble pas avoir été aussi bruyant, lors de la sortie du remake de Demon’s Souls, premier vrai jeu vendu à 80€ sur cette génération. Contexte économique particulier ? Minorité bruyante sur les réseaux sociaux ? Ou simplement un ras-le-bol après l’annonce des prix des jeux de Switch 2 et du potentiel prix de GTA6 ? Difficile à dire, mais gueuler aurait pu être une bonne idée il y a cinq ans. En tout cas, c’est 12 € dans le game pass (car oui, Microsoft souhaite juste que vous prenez un game pass).

On ne va pas se mentir, les premières heures sur ce DOOM sont assez délicieuses. Le gameplay du bouclier donne une sensation d’invincibilité qui rappelle un peu DOOM (2016), on sent que rien ne peut nous arriver tant qu’on exécute les bonnes parades au bon moment et qu’on reste attentif. Le contre coup, c’est que tout repose essentiellement sur lui, éclipsant alors tout le reste. Il y a 13 armes disponibles, mais je n’ai jamais vraiment utilisé que trois d’entre elles : Le Super Shotgun, le Lance Roquette et le Chainshot (sorte de canon qui envoie un boulet, très puissant pour péter les armures). Pire encore, je me suis rendu compte que deux armes n’ont été utilisées que seulement lors de leur acquisition, puis ranger dans la poche, sans jamais en faire quoi que ce soit. Après un Eternal qui demandait globalement de jouer avec toutes les armes, c’est une sacrée chute dans l’approche du gun design, pourtant très important dans ce genre de shooter. Surtout que, la plupart des combats se passant au corps à corps, on va naturellement utiliser le plus efficace à cette portée (donc le super shotgun). Les deux autres armes sont plutôt contextuelles, dans le cas d’un gros ennemi, avec ou sans armure. Il est très simple de récupérer des munitions avec les attaques au corps à corps dès que nécessaire, et ce n’est malheureusement pas les grandes arènes dégagées qui vous forceront à vous battre à distance, vu qu’on a un dash très permissif.

Hit me with your chainshot

Bon, je vous avoue que malgré quelques craintes, être déçu du game design d’un DOOM, ce n’était clairement pas sur mon bingo de l’année. Mais y a un autre truc que je n’aurais pas parié : la musique générale me donne envie de me tremper la tête dans de l’eau bouillante pour pouvoir ressentir un peu plus de choses. Un peu de contexte est nécessaire : On se rappelle tous de Mick Gordon, l’ado rebelle à qui on a demandé de faire les musiques du reboot de DOOM avec comme consigne simple « Pas de metal ». Finalement, il s’est ramené avec une composition à la fois organique et industrielle, empruntant beaucoup au metal extrême, notamment du côté progressif et Djent (les cordes à vide, étouffées et sonnantes comme des coups de canon, là). On reviendra pour le respect de consigne, mais ça valait le coup, vu qu’on a probablement l’un des OST les plus brutales dans sa catégorie. Avec Eternal, il a su aller plus loin encore (surtout dans les textures synthétiques et une chorale de screamer, c’est prodigieux), mais la sortie de cet OST s’accompagne aussi de règlements de comptes entre id et Gordon, marquant la fin de la collaboration entre les deux. Id Software ira quand même demander à Andrew Hulshult de faire la musique du DLC d’Eternal. Il est un habitué des Boomer-shooter de chez New Blood et des remakes des musiques de DOOM, de QUAKE et Duke Nukem. Avec ses inspirations de Gordon, tous ces paramètres le rendent très qualifié pour ce job. Avec ce travail de très bonne qualité, rendue en bonne adéquation avec la musique original, j’avais, de manière très candide, pensé qu’ils auraient repris Hulshult pour le taff sur Dark Ages. Quelle erreur.

Il se trouve qu’id Software, surement encore traumatisé par ce qu’il s’est passé avec Gordon, a décidé de faire appel à Finishing Move. C’est une entreprise de production de musique de commande, à qui l’on doit Crackdown 3, Halo Wars 2, Callisto Protocol, etc. Bref, rien de bien reluisant côté musical, mais une équipe exempte de tête brulée à fort égo comme Gordon. Ils ont surement répondu aux exigences générales qui sont d’avoir un OST en temps et en heure et qui ressemble un peu à la musique des précédents, mais, sans aucune exagération, que c’est lisse. Tout manque globalement de volume et de subtilité, on entend 90% du temps une guitare très saturés et une batterie énervés. Pas de mélodie, pas de synthé, pas de texture, ni même l’utilisation d’instruments qui auraient pu parfaitement coller à la Direction Artistique comme des violons, des trompettes ou des Vielles à roue, pourquoi pas. On a juste quelque chose qui pourrait être une musique fictive créée pour un jeu fictif qui apparaitrait dans un film où on voudrait rendre le jeu violent aux yeux d’une daronne. D’ailleurs ça m’a vraiment percuté quand j’ai écouté une version « Mick Gordon like » de cette musique de Dark Ages. Avec ça, peut-être, vous comprendrez ce que j’exprime sous cette couche de sel.

Donc, l’histoire n’est pas bien, la musique, c’est bof, le game design manque cruellement d’épaisseur, j’y ai quand même passé une vingtaine d’heure (surtout parce que je passais trop de temps à chercher des secrets sur les différentes map alors que globalement : ça ne sert à rien), il doit y avoir quelque chose à sauver ? Eh bien, je ne saurai vous dire. Je ne pense pas que ce DOOM soit un mauvais jeu, mais la série m’aillant toujours habitué à mieux, j’ai, sans le vouloir, mit mes standard trop haut, notamment si j’en juge les critiques et la presse, plutôt clémente avec lui. C’est quand même un très joli jeu, c’est presque magique de le voir tourner sur mon PC dans d’excellentes conditions. Il y a des moments de mise en scène assez impressionnante et il a su parfaitement satisfaire mon besoin de gigantisme, avec certains panoramas terrifiant, où on se sent absolument minuscule. Je pense honnêtement être resté spécifiquement pour ça et rien de plus (pas même les phases de GROROBO et de dragon, répétitive dès leur 2ᵉ utilisation).

Eternal avait définitivement installé son trône auprès des étoiles, peut-être au grand malheur de ses créateurs. Dark Ages aurait pu être ce jeu qui arrive à amorcer une descente contrôlée, se ramener un peu les pieds sur terre sans se casser la gueule. Bon, c’est raté. Ce n’est pas un mauvais jeu, mais il perd largement son combat contre le Goliath que représente son héritage. La faute à des choix relativement douteux quant à la musique, le scénario et surtout, un game design qui reste bien dans ses chaussons sans jamais pousser le joueur dans ses retranchements. N’en reste pas moins une formidable porte d’entrée pour ceux qui veulent découvrir cette nouvelle trilogie. S’il faut bien commencer par quelque part, autant que ce soit le moins bon.

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