Critique
Kathy Rain 2: Soothsayer
Développeur
Clifftop Games
Éditeur
Raw Fury
Date de Sortie
20 mai 2025
Prix de lancement
19,99 €
Testé sur
PC
On continue cette année absolument dingue en sortie Point & Click avec cette fois-ci le retour en trombe de la rebelle Kathy Rain pour un nouvel épisode de la série éponyme, ici sous-titré Soothsayer. Il aura fallu neuf ans à Clifftop Games après la sortie du premier jeu, et quatre ans après sa version Director’s Cut, pour voir sortir cette suite directe, et autant dire que la présentation surprise du titre plus tôt dans l’année avait fortement attiré notre attention.
Trois années ont passé depuis les évènements de Conwell Springs, et Kathy est maintenant devenue détective privée. Alors que l’agence a connu un certain succès au départ, les choses sont bien plus difficiles depuis quelque temps, et les affaires n’affluent pas. Que serait un jeu du genre sans un détective fauché et menacé d’expulsion si ses loyers impayés ne sont pas réglés bientôt, il y a des stéréotypes avec lesquels on ne déroge pas. Alors, quand une grosse somme d’argent est promise pour la capture d’un serial killer surnommé le Soothsayer, impossible pour Kathy de ne pas se lancer dans l’enquête. Un pitch simple, mais efficace, qui va tout de suite nous lancer dans l’aventure. Aventure qui, on s’en doute si l’on a joué au titre précédent, va certainement prendre une tournure inattendue…
it's the 90s!
À ce titre, je vous recommande d’ailleurs de faire le premier Kathy Rain avant de vous plonger dans celui-ci, afin de ne rien perdre de l’histoire. Si jamais, c’est déjà fait, mais que votre mémoire vous fait défaut et que vous n’avez pas le temps suffisant pour le refaire, pas de panic, un récap de l’histoire est proposé en début de partie. On retrouvera d’ailleurs quelques visages connus, dont l’excellente sidekick Eileen, que j’espère d’ailleurs pouvoir jouer dans une future aventure. Quoi qu’il en soit, nous voilà donc de nouveau dans les années 90, 1998 exactement, avec leurs lots de cassettes audios, écrans CTR et autres technologies de pointes et références d’époque. C’est une des belles forces du titre, son ambiance, que ce soit le côté nostalgique, mais aussi et surtout celui de l’enquête et du mystère sur les traces d’un tueur en série particulièrement violent dont le M.O. semble différer à chaque meurtre, seule sa signature persiste. Dans cette ambiance justement, on retrouve des similarités avec le cultissime Gabriel Knight sur plusieurs points. Outres les années 90s, l’histoire a le droit à un découpage en jours, un protagoniste sujet à des cauchemars nocturnes, mais également un côté fantastique… Toujours est-il qu’une fois plongé dans l’enquête, difficile d’en décrocher.
Tout comme son prédécesseur, il s’agit toujours d’un one-button Point & Click, avec inventaire et, détective oblige, un carnet de notes réglementaire dans lequel Kathy va pouvoir noter tous les sujets d’intérêts et indices, servants de liste de questions et sujets à poser lors des interrogations/dialogues avec les différents personnages. Petite nouveauté, on peut désormais fermer le cahier pendant un dialogue pour poser des questions sur l’environnement direct où se déroule la discussion, une mécanique de gameplay plutôt intéressante et bien pensée qui vient ajouter un niveau de plus dans la progression. Le carnet permet aussi de rappeler au joueur quel sont les objectifs immédiats de Kathy, et cliquer sur un indice vous redonnera aussi quelques infos sur le contexte et son intérêt. C’est vraiment très pratique et bien fait pour ne pas perdre le joueur après une pause du jeu, si par exemple vous ne vous rappeliez pas pourquoi vous souhaitiez entrer en contact avec telle ou telle personne.
Comme dans le titre précédent, Kathy pourra se déplacer d’un lieu à un autre via son fidèle destrier, donnant d’ailleurs le droit à un écran de sélection particulièrement réussi où Kathy enfourche fièrement sa moto dans une très belle boucle d’animation. Pour être un peu exigent, on aurait tout de même bien aimé une icône pour retourner instantanément à cet écran sans avoir à y marcher, afin de gagner un peu de temps. Mais je chipote peut-être.
Kathy fait peau neuve
En parlant de ça d’ailleurs, le pixel art du jeu est dans le haut du panier du genre. C’est très beau, grouille de détails et de petites animations, proposant beaucoup d’effets de lumières et ajoute également à certains endroits un effet de profondeur style 2.5D du plus bel effet. Tous les écrans ne sont également pas fixes, c’est-à-dire ne tiennent pas entièrement dans l’écran justement, et l’on peut s’y déplacer grâce à un défilement horizontal. Quoi qu’il en soit, le tout donne un rendu vraiment impressionnant et il faut féliciter le travail de Clifftop Games là-dessus. Kathy Rain 2: Soothsayer est un régal pour les yeux et parvient à complétement vous immerger dans ces USA de la fin des années 90.
Autre grosse réussite de ce Kathy Rain 2: Soothsayer, les énigmes et le rythme de celles-ci. Si la plupart restent dans le classique style Point & Click, on a le droit à quelques énigmes et puzzles très bien trouvés et plutôt originaux, comme décrypter un code numérique de communication, craquer un pc encrypté, etc. Ça vient véritablement changer le rythme habituel et renouveler l’intérêt régulièrement, et surtout ça fait plaisir de voir un peu de diversité dans les énigmes d’un jeu du genre.
On finira cette critique par un léger warning, tout comme son prédécesseur, Kathy Rain 2: Soothsayer n’est pas juste qu’un jeu de détective et d’enquête, mais garde un propos fantastique, limite Lovecraftien, impliquant d’anciennes entités mystiques malévolentes, comme un Gabriel Knight pouvait le faire, voire en plus poussé. Ça ne sera donc pas forcément au goût de tous, mais ça ne concerne principalement que la dernière partie de l’aventure. Vous voilà donc prévenu.
Kathy Rain 2: Soothsayer est donc un jeu d’aventure visuellement superbe, proposant un rythme parfaitement maitrisé, avec une enquête distillant ses indices et révélations petit à petit, couplé à des énigmes à la difficulté savamment dosée pour renouveler l’expérience sans casser le rythme et l’immersion de ce thriller. À tel point qu’il est difficile d’en décrocher, et l’on continue d’y penser entre les sessions. Vu les titres déjà sortis cette année, on pensait déjà avoir eu affaire au GOTY de la catégorie Point & Click, pourtant, Kathy Rain 2: Soothsayer vient sans sourciller se mêler à cette bataille de titans. Et c’est sans compter sur la récente annonce d’un certain The Drifter qui va bien sortir en 2025… Quelle année mes aïeux, quelle année !
