Critique

Antro

Nyam Hazz
Publié le 27 juin 2025
Antro

Développeur

Gatera Studio

Éditeur

Selecta Play
Astrolabe Games

Date de Sortie

27 juin 2025

DISPONIBLE SUR

PC, PS5, Xbox Series

Prix de lancement

14,99 €

Testé sur

PC

Fortement attaché à la culture urbaine, le jeune studio barcelonais Gatera Studio, fondé en 2022, nous dévoile son premier jeu. Développé avec le concours de l’Union européenne, du ministère de la Culture espagnol et du département de la culture catalan, Antro, puisque tel est son nom, est un puzzle game de plateforme rythmique en 2.5D entièrement construit autour d’un squelette musical. Nommé dans plusieurs festivals, il a d’ailleurs été maintes fois auréolé du titre de meilleur son. Alors, réglez vos enceintes, votre casque, vos écouteurs ou votre sonotone, et direction le monde dystopique sous-terrain d’Antro pour un voyage avec du bon gros son.

Le travail comme rédemption

Alors que les abus de l’humanité ont fini par rendre la planète invivable et ont conduit à l’Effondrement, le Sauveur s’est sacrifié et a pu ainsi sauver 1% de la population mondiale. Celle-ci est toutefois condamnée depuis cent ans maintenant à vivre sous terre, dans la métropole d’Antro, située sous ce qui fut jadis Barcelone. La Cúpula y a instauré un régime totalitaire où la censure règne. L’idée imposée est qu’il s’agit là du seul gouvernement possible et du seul espoir de revoir un jour le Soleil. Cet État-Corporation demande à chacun de remercier le Sauveur et de se repentir de la destruction de la Surface grâce au travail. Dans cet univers crasse, la société est organisée en castes selon différents niveaux, et l’ascension sociale n’existe pas. Les habitants du District 1 vivent confinés dans les égouts et travaillent 12 heures par jour dans l’immense usine de La Centrale pour fournir l’eau, l’oxygène et l’énergie aux autres districts qui, en retour, leur donne de la nourriture synthétique pour survivre.

Nittch, le citoyen 11110, travaille comme répartiteur dans La Centrale et pense souvent à sa sœur Patti qui, petit, lui a donné le goût de la musique. Celle-ci, comme les autres formes d’art, est bien entendu interdite, mais il brave cette interdiction avec son casque. Il fréquente également des bars clandestins, dont celui de son ami Manolito qui lui confie un colis à livrer à un inconnu au District 3 où il n’a absolument pas le droit de se rendre. Il va donc lui falloir lutter pour se frayer un chemin au milieu des drones et autres gardes robotiques qui chercheront à l’arrêter. Après avoir traversé le District 1, il faudra atteindre le District 2 où les Discordantes, des musiciens qui donnent des concerts clandestins, pourront l’aider à atteindre le District 3 et ses bâtiments brutalistes. Son action pourrait bien aider à renverser le gouvernement… La révolution est en marche, et la musique l’accompagne.

Que le Sauveur soit loué

Avec sa direction artistique particulièrement séduisante, Antro nous offre un jeu en 2.5D à déplacement horizontal dans lequel on évolue en petite foulée. Des ascenseurs permettent de changer de niveaux, mais aussi des grillages sur lesquels grimper, ou simplement des plateformes en hauteur signalées par de petites bandes rayées. On peut également effectuer des glissades pour passer sous certains obstacles, sauter par-dessus d’autres, ou encore utiliser des tyroliennes. Et une fois mis la main sur une arme contondante, celle-ci pourra être mise à profit pour se frayer un chemin, comme pour affronter les gardes robotiques ou même renvoyer les lasers qu’ils tirent dans notre direction. Mais on ne peut pas lutter contre tous et il vaut mieux donc se la jouer discret avec certains adversaires et face aux caméras de sécurité dont on évitera le faisceau lumineux.  

Mais le cœur du jeu n’est pas là, on vous l’a dit, c’est la musique qui nous intéresse. Alors, bien sûr, l’ambiance sonore plutôt lugubre est présente, mais c’est surtout lorsque l’on se fait prendre en chasse que le jeu prend son envol. Notre personnage part alors automatiquement en course continue, sans jamais s’arrêter, le tout sur un air musical urbain du plus bel effet. Il s’agit souvent de hip hop espagnol (R&B, rap, Drill), mais aussi parfois de musiques plus électroniques, à tendance techno. Chacune est un pur plaisir et s’adapte à la perfection à l’action qui se déroule à l’écran. Ses passages sont prenants et vraiment très réussis. Il faut garder le rythme en évitant les obstacles (sauts, glissades, course sur les parois) ou en les brisant, tout en affrontant les ennemis avec notre arme ou en leur renvoyant leurs lasers. Plus on avance dans l’histoire et plus ses séquences combinent les différentes options possibles avec la plus grande efficacité. Cela ne se fait d’ailleurs pas forcément toujours tout seul. On a droit à quelques erreurs qui ralentissent alors le thème musical, mais pas trop non plus. Et il faut donc de temps en temps s’y reprendre à plusieurs reprises, chaque échec nous ramenant quelques secondes en arrière. Jouissif.

Il n'y en a pas en trop

Au-delà de ses courses frénétiques, la musique est également mise à l’honneur dans les codes d’accès. Ces derniers demandent en effet de suivre un certain enchaînement de touches (au clavier) ou de boutons (à la manette) de plus en plus vite. Chacun émet un son donné et le tout forme un air musical. Il s’agit non seulement d’appuyer dans le bon ordre, mais aussi avec le bon timing, ni trop tôt, ni trop tard, sinon il faut tout recommencer. C’est donc bien avant tout un jeu de rythme, tout en faisant la part belle à l’action avec, par ailleurs, de la plateforme et de petites énigmes à résoudre pour trouver comment passer. C’est tout particulièrement le cas dans le District 3 avec ses ventilateurs. Notons qu’une séquence nous amène aussi à jouer avec la pesanteur, le tout sur une musique planante, comme les objets du décor. Et signalons un clin d’œil d’autodérision dans les catacombes avec une plaque « Gatera Studio rest here » taguée d’un « losers ».

Les textes sont écrits en français, mais aussi, souvent, en espagnol, et un doublage français est disponible, mais avec quelques imperfections (on oscille par exemple entre le Sauveur et le Salvador, ou encore entre La Cúpula et La Coupole…). À chaque raté, Manolito se moque de Nittch, mais le jeu redémarre tellement vite que cela coupe ses propos, pas très gracieux. À l’inverse, lorsqu’on lance le jeu, le temps de chargement est étonnamment long. En dehors de cela, aucun problème technique, tout fonctionne parfaitement bien et c’est très fluide. Le seul bémol, en dehors du fait que la fin laisse un peu sur sa faim, est une durée de vie très courte. En prenant amplement mon temps, le premier run m’a pris entre 2h30 et 3h, et il m’aura fallu moins d’1h30 pour traverser les 17 chapitres lors de mon deuxième passage. Heureusement, refaire le jeu pour le plaisir est une option tout à fait envisageable, pour ne pas dire tentante. Et les 15 collectibles à récolter pour étoffer le lore, qui sont parfois un peu cachés et obligent donc à s’écarter du chemin tout tracé, incitent d’autant plus à de nouvelles tentatives si vous en avez raté, sans oublier les bombes de peintures à trouver pour taguer son nom sur les murs de la ville.

Excellente surprise que cet Antro. Même s’il est un peu trop court à mon goût, le concept de la course-poursuite musicale est magistral et procure un plaisir unique. La combinaison des différentes options alternant le parkour et le combat est particulièrement efficace, et les énigmes comme les passages de plateformes entre chaque piste tout aussi réussis. Un premier jet prometteur du petit studio catalan dont on attend maintenant avec impatience la prochaine production.

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2 réflexions au sujet de “Antro”

  1. Je commence à y jouer et il y’a déjà des bugs.
    Un peu avant d’arriver à la seconde borne où il faut cliquer sur les différents symboles de la manette, le bonhomme s’est mit tout en avançant à battre l’air avec sa batte.
    Puis, lorsqu’il est arrivé à la borne, rien ne se passe.
    J’ai essayer de reprendre en arrière, il ne bat plus l’air avec sa batte mais il n’y a toujours rien qui se passe à la borne.
    14€ les 10mn de jeu ça fait cher….

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    • Rhô, pas cool, pas eu ce genre de soucis. J’espère que c’est réglé. Au pire, relancer la partie au début, s’il n’y a que 10 min., ça va.

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