Critique

JDM: Japanese Drift Master

H0wler
Publié le 28 juin 2025

Développeur

Gaming Factory

Éditeur

Gaming Factory

Date de Sortie

21 mai 2025

Prix de lancement

34,99€

Testé sur

PC

Cette année, il faut le dire, on a beaucoup de jeux sur la culture de la voiture japonaise (qu’on appelle aussi JDM pour Japanese domestic market). On a d’abord eu le retour de Tokyo Xtrem Racer (dont j’attends la sortie finale pour en parler) et NIGHT-RUNNERS, qui arrivera en fin d’année, on l’espère. Mais pour le moment, il est temps de parler de JDM (pour Japanese Drift Master cette fois), un jeu développé par GAMING FACTORY, un studio de publishing … polonais ? Tiens donc.

Skyline is the limit

Le projet a clairement vu passer plusieurs étapes, à commencer par sa première démo en 2023 qui montrait un jeu qui sentait bon l’indé. Pas mauvais, mais très flottant dans les sensations. Les développeurs ont donc décidé de sortir un prologue gratuit, leur permettant, au passage, de demander un maximum de retour de la part des joueurs, pendant quelques mois. Entre temps, le jeu prend en popularité, réussi à chopper les licence de Mazda, Nissan, Honda et Subaru, de quoi ramener des modèles important pour la scène comme la GTR34, la RX7 ou la S2000 (mais pas de Supra ni de NSX-R !). Il se dote même d’un passage à l’UE5 en plein milieu du développement, de quoi faire un joli coup de projecteur quand on compare avec les premières versions. Ils annoncent aussi une radio plutôt éclectique et conséquente, avec du gros metal, de l’eurobeat ou de la phonk (entre autres), un opening d’anime et… un manga à lire pendant le jeu ? Bon sur le papier, on a une campagne marketing plutôt bien maitrisé, avec une écoute des joueurs active et une mise en avant maligne (forcément, tu ramènes une RX7 en salon, ça rameute les gens).

J’attendais beaucoup du jeu tant il me rappelait ce bon vieux NFSU2. J’avais un peu envie de retrouver la simplicité d’une conduite en petite zone, loin des nombreux hectares qu’on a l’habitude de voir dans les open world de bagnoles. Dans un certain sens, JDM arrive un peu à faire ça. La carte n’est pas surchargée, loin de là même, vu qu’à part une icône pour les missions d’histoire (qui ressemble beaucoup trop à un logo de Zelda), des zones de paris, des courses de circuit, et une activité secondaire (on y reviendra), tout est minimaliste dans la proposition. On là pour tuner des bagnoles et faire du drift.

Stututu

Mais reprenons depuis le début, voulez-vous, parce que visiblement JDM à une histoire, qu’il raconte au travers de ce fameux manga à lire dans une liseuse virtuelle. Alors, je ne sais pas si c’est la mode des webtoons qui fait ça, ou bien si c’est simplement que les devs sont tous des darrons, mais je trouve l’idée bof. J’entends bien l’hommage à Initial D, mais ça me semble un peu feignant. Surtout qu’on a souvent le droit à une double-page et rien de plus, et que les rares fois où ils font plus de page, c’est confus dans le déroulé. Le crayonné est un peu passe-partout, il manque d’une vraie identité (on dirait les dessins que vous avez sur les cahiers « Apprends à dessiner des Mangas« ) et il n’y a même pas une quelconque mise en scène sur les cases, à part deux ou trois bruitages.

Mais bien au-delà de la présentation, c’est bel et bien ce qui nous raconte qui me dérange. Notre héros (qui s’appelle Thomas, mais que les personnages japonais n’arrivent pas à le prononcer alors, ils disent Touma ???) est littéralement un repris de justice de Pologne qui s’est fait retirer sa licence de conduite à force d’être un fou du volant et vient donc au Japon pour continuer à conduire sans avoir de problème. Pour se faire du blé (et acheter une nouvelle voiture), il trouve un taff de livreur de sushis à bord d’une fausse AE86 blanche à rayures noire (wink wink les weebos), payé en fonction du style, de la vitesse et de l’état des sushis. Il veut à se faire un nom et rentrer dans le milieu des courses de rues, dans la petite ville fictive de Guntama. On y retrouve autant des routes de montagne sinueuse que des autoroutes ou de la ville-néon (tradition, modernité, vous connaissez). Son objectif : Être celui qu’est le plus rapide et se trouver une copine. J’ai déjà soufflé quatre fois.

Il n’est pas question que je sois le seul à souffrir donc voici un petit florilège des choses que vous pourrez lire dans cette aventure.

Alors, je sais, c’est culotté de demander un bon scénario à un jeu de bagnole, mais, outre le speech de base centré sur des hommes qui veulent montrer qui sont les plus forts et tapent dans des murs quand ils ne sont pas contents, j’ai un sérieux problème avec l’imaginaire posé sur le milieu de la course automobile japonaise. Il y a un côté très fantasmé, sous entendant qu’ici, tout est permis, que c’est le paradis sur terre de pilote et que personne ne craint rien. Les personnages féminins (évidemment dans les standard de beauté des shōnens) sont toutes des pick me et existent toutes dans le but de servir le héros, même celles qui font de la course. Vous aurez même régulièrement des missions de conduite, vous demandant d’impressionner une fille en faisant des drifts avant d’arriver à destination (retenez ça les jeunes, c’est comme ça que ça marche). Bref, tout suinte les posters ADDX, le AXE Scorpio et la PS2. C’est bien là le problème, ce sont des européens qui veulent rendre hommage à la culture de la voiture japonaise en reproduisant un fantasme d’ado de 13 ans dans sa chambre, en 2006, après avoir vu Tokyo Drift (aucun shame sur les fans de Fast & Furious, j’ai un coffret intégral).

Le souci, c’est que la voiture au Japon, et que ce soit tout l’univers du tuning et des courses de rue, il n’est pas aussi jovial et fun que dans JDM. Il n’y a pas vraiment de course de jour (ce serait irresponsable), les runners ont tellement besoin de protéger leur anonymat qu’ils acceptent très peu d’être filmé/interviewé (et sont floutés quand ils acceptent d’être vu), ils ne font pas des compétitions officielles, etc. Je vous renvoie à cette super vidéo de Simon Puech, qui permet de se rendre compte qu’on est loin du rêve éveillé de JDM. Alors, entendons-nous bien, il n’y a aucun problème pour ne pas correspondre à la réalité (je joue aux jeux vidéo pour la fuir). Par contre, il y a simplement une réappropriation culturelle qui me dérange un peu dans le discours du studio, il n’est plus question d’hommage, mais de fantasmes (là où NIGHT-RUNNERS l’a bien plus compris à première vue).

ADDX Parking

Bon c’était quand même beaucoup de ligne pour dire que chaque « cinématique » me permettait d’alimenter une batterie sur éolienne tellement je soufflais devant mon écran. Laissons place un peu au gameplay ! Comme dit plus haut, les développeurs ont passé beaucoup de temps à prendre les retours des joueurs sur la démo pour peaufiner au max la conduite. Au début, bon, ce n’est pas trop ça, les voitures n’ont vraiment rien dans le cul. Le drift est un peu compliqué, surtout quand, après t’avoir filé deux minutes au début une Silvia taillé pour être mise en travers, on te refile un vieux tacot fatigué qui peine à se jeter dans un virage en fond de 3ᵉ. De plus, les différents trajets de drifts sont pensés pour des voitures plus véloces, donc on passe beaucoup de temps au début à zigzaguer en ligne droite pour pas perdre son multiplicateur, ce qui, il faut le dire, est un peu ridicule.

Mais soudain, vous trouvez la bonne voiture (pour moi, ce sera une RX-7 pour le drift et un R34 pour toutes les courses basé sur le Grip ou le Drag) et là, ça se passera mieux. Je n’ai pas de volant (je n’ai même pas le permis, rappelons-le), mais j’ai une manette avec des palettes et j’aime bien jouer en mode manuel. C’est toujours plus sympa pour faire du drift de contrôler ses vitesses, surtout que le jeu encourage largement l’utilisation de l’embrayage pour faire partir les roues arrière et faire glisser la voiture. Même après avoir coché « ARCADE » dans les options, il y a tout de même un entre deux étranges. Je ne peux décemment pas écraser la pédale dans les virages/dérapage sous peine de faire un tête-à-queue. Je dois jauger ma pédale d’accélération, mon frein si besoin, pouvoir mettre des p’tits coup de freins à main ou d’embrayage quand c’est nécessaire, etc. J’ai souvent besoin d’une concentration maximale pour, parfois, juste prendre un virage un peu compliqué, ce qui me semble être l’inverse d’un jeu arcade. Il m’arrive même d’avoir la sensation que la physique du jeu peine encore à être stable. Un trottoir un peu haut ou une roue qui dépasse légèrement de la piste et c’est le 360 direct, voir la voltige. L’IA sera aussi votre pire ennemi, car celle-ci ne va jamais essayer de vous éviter et les freinages seront généralement timides. Si vous êtes sur son passage, tant pis pour vous, elle a un chemin à respecter ! Bref, le jeu donne occasionnellement la sensation de vouloir nous mettre volontairement des bâtons dans les roues, mais je ne mets pas non plus de côté l’hypothèse que c’est moi le nullos.

Conduire dans Guntama reste quand même agréable, le terrain de jeu a vraiment été étudié pour se faire plaisir, que ce soit sur des grandes autoroutes ou des petites rues exiguës, tant que vous avez la voiture adaptée. De quoi mettre le doigt sur un autre problème, la quantité astronomique de temps de chargement et d’aller-retour que le jeu demande de faire. Vous allez participer à une course de drift ? Vous allez devoir retourner à un garage pour changer de voiture et ensuite aller à votre course, car le jeu ne vous proposera jamais de switch avant une course. Je ne compte plus le nombre missions d’histoire que je suis obligé de quitter et de faire au moins quatre temps de chargement et du trajet juste pour prendre la voiture adéquate (alors que le jeu lui-même te suggère d’avoir au moins deux voitures différentes). Fort heureusement, vous pouvez changer vos parties mécaniques et visuelles de vos voitures dans un garage, sans devoir aller spécifiquement chez le vendeur adéquat sur la map (mais du coup, il ne sert à rien). Vous aurez même tout un panel de paramètre à modifier pour faire correspondre parfaitement le comportement de votre bolide, que ce soit les suspensions, les différents temps de passage de vitesse, les pincements des roues, les tours/minutes, etc. Ne restera que l’atelier de peinture qui reste pour le moment très sommaire (on ne peut même pas mettre de stickers encore).

De manière générale, je trouve même la personnalisation plutôt légère, ironiquement. Certaines voitures auront des possibilités de conversion (passé de 4 roue motrice à une propulsion par exemple) et de rajout de Compresseur ou de différentiel soudé par exemple. Mais, si je le mets en comparaison à Need For Speed Unbound (dont je n’ai jamais eu le temps de parler, mais que j’aime beaucoup), qui permet de changer le moteur, la boite de vitesse, faire des conversions, changer certains blocs de carrosserie, etc. Certes, ce n’est pas le même budget de développement, mais il faut aussi prendre en compte le faible nombre de voitures disponible. Une bien belle transition pour parler du point le plus important sur JDM : le jeu n’est pas fini. Dès le lancement du jeu, on nous montre directement la road map qui annonce déjà un bon paquet de choses manquantes. Plus de personnalisation, des presets de configuration, des nouvelles voitures et tout un tas d’amélioration de Quality of Life nécessaire qui arriveront d’ici à 9 mois après la sortie. Pourquoi sortir le jeu dans cet état en version 1.0 ? Difficile à dire, là où une early access aurait été plus judicieux (et transparent) pour tout le monde.

Il est difficile de rendre un verdict clair pour JDM: Japanese Drift Master. Le jeu a quand même bien travaillé son feeling général et la plupart des fans de bagnole japonaise et de drift devrait en avoir pour leur argent. Conduire au volant d’une des voitures modifié dans les rues de Guntama est un super feeling. Malheureusement, plusieurs choses nécessaires pour la qualité du jeu ne seront disponibles que dans les 9 prochains mois. On ne peut que vous conseiller d’attendre au moins 6 mois pour avoir plus de contenus. Bon par contre, pour l’histoire, j’ai pas de remède magique.

Keep Driving

Quatre roues et un moteur, c’est le début de l’aventure.

Laisser un commentaire