The Drifter : Le jour de la marmotte rencontre Saw ?

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The Drifter : Le jour de la marmotte rencontre Saw ?

On pouvait être surpris quand Powerhoof , les auteurs du jeu coop Crawl , ont annoncé il y a fort longtemps que leur prochain jeu serait un Point & ClickSous genre du jeu d'aventure graphique popularisé dans les années 80s/90s, généralement contrôlé à la souris. . Pourtant, dès le premier trailer , The Drifter a tout de suite su attirer notre attention, et malgré une année extrêmement riche en sortie du genre, c’était peut-être celui que j’attendais le plus.

Surtout que depuis, une démo s’est présentée plusieurs fois aux derniers Steam Néo Fest et n’avait fait qu’accentuer la hype autour du titre, la démo s’arrêtant de façon assez brutale à la fin du premier chapitre, laissant une envie irrépressible de continuer. Il aura malheureusement fallu prendre son mal en patience pour voir la version complète enfin arriver.

I died, they killed me… But I’m no longer dead

Alors qu’il s’est pourtant promis de ne jamais revenir, Mick Carter, pour les funérailles de sa mère, entreprend le voyage dans la ville qu’il a quitté cinq ans auparavant suite au tragique décès de son fils, laissant derrière lui sa femme Sarah. À bord du train de marchandises dans lequel il voyage illégalement, il croisera un personnage délabré, incohérent et au comportement étrange. Plus inquiétant, celui-ci se fait abattre sans sommation à l’ouverture du train par une force armée non identifiée, et Mick, qui semble également être pris dans le feu, parvient à s’en sortir de justesse. Après quelques péripéties, et alors qu’il cherche une solution pour s’enfuir, il est témoins de l’enlèvement d’une journaliste par des soldats équipés de lunettes nocturnes, avant d’être lui-même assommé et jeté à l’eau, un poids au pied, et laissé pour mort au milieu de nombreux cadavres flottants. Et mort, Mick va bel et bien l’être, succombant à la noyade… Avant d’inexplicablement revenir quelques instants plus tôt, où il pourra revivre ces derniers instants autant de fois qu’il le faudra, jusqu’à finalement trouver une façon de se tirer de ce mauvais pas. Une capacité étrange qui sera d’ailleurs au cœur de nombreuses énigmes du jeu.

Un début fort brutal qui vient sans ménagement poser les bases de ce que sera l’aventure de The Drifter . Une aventure sombre, dans laquelle la thématique du deuil et son acceptation est omniprésente, remplie de personnages forts, intéressants et crédibles. Mais il s’agit aussi d’une aventure épique de science-fiction, avec son enquête sur les responsables des disparitions inexpliquées de SDF, sur ce que sont ces monstres, les Mulindji, dont parlent les SDF du coin, et surtout, qu’arrive-t-il à Mick, et pourquoi est-il toujours en vie ? Autant dire que ça ne sera pas de tout repos.

Pour aller avec cette ambiance bien tranchée, Powerhoof a opté pour un pixel art se rapprochant de celui de Crawl , mais en un peu plus fin. Le résultat final est plus que convaincant, et les palettes de couleurs ressortent vraiment pour donner une ambiance et un cachet particulier à chaque écran. C’est très beau, détaillé et toujours parfaitement dans le ton. C’est le cas également de la musique qui sait, elle aussi, venir accentuer les moments de tensions notamment.

Ou comment sublimer les classiques

Dans les grandes lignes, The Drifter est un Point & Click moderne du point de vue du gameplayOu « jouabilité » en français, fait référence à la façon dont le joueur interagit avec un jeu vidéo. , à l’exception, peut-être, de l’absence d’indicateur de points d’intérêts, ce qui n’a pour autant jamais posé de problème tout au long de ma partie. Le pixel art est suffisamment détaillé pour qu’il n’y ait jamais de nécessité de pixel hunting . Le clic gauche sert à toutes les actions, bien que la molette permette de rapidement sélectionner un objet de l’inventaire en bouclant sur eux. Mais bien qu’il ne révolutionnera pas le genre, il se permet tout de même quelques très bonnes idées de design qui viendront surtout fluidifier votre expérience. En plus de l’inventaire, on peut voir dans le menu en haut de l’écran, un autre volet composé des derniers indices/info découverts, qui serviront à la fois d’options de dialogues, mais aussi de todo list et de rappel des objectifs via le texte affiché quand on passe la souris dessus. C’est vraiment bien pensé, facile d’utilisation, immédiat, et permet de toujours savoir ce que l’on doit accomplir.

Un autre très bon point se trouve au niveau de l’observation de l’environnement, pan ô combien important dans les jeux du genre. Ici, on peut activement observer les principaux éléments interactifs en cliquant dessus pour obtenir les pensées, narrées et doublées, de Mick. Mais on peut également lire une description écrite en survolant avec le curseur certains points d’intérêt non interactifs, à la manière d’un Fallout ou pour rester dans le genre, d’un STASIS . C’est aussi le cas pour objets, ce qui permet d’avoir une petite description avant de les utiliser, de les prendre ou de parler avec (pour les personnages). Encore une fois, ça vient fluidifier le tout en limitant le nombre de clics et en accélérant l’observation de l’environnement.

Là où Powerhoof fait fort, c’est que ces descriptions sont aussi utilisées dans la narration. En plus de celle doublée par notre personnage principal, qui plus est superbement interprété par Adrian Vaughan, les textes de description viennent parfois amener des détails en plus directement intégrés dans la narration, retranscrivant l’état d’esprit de Mick. Ceci qui permet d’insister sur l’ambiance du moment, tout en n’alourdissant pas le récit narré, déjà plus que bien fourni avec la narration quasi constante, peut-être même parfois un peu trop présente. C’est en tout cas vraiment une excellente idée qui plus est bien utilisée.

De nombreux aller-retours… Entre la vie et la mort

Mais l’élément le plus important restera la capacité étrange qu’a Carter à revenir quelques instants dans le passé lorsque celui meurt, lui donnant une chance de changer les évènements pour éviter le dénouement morbide. Une mécanique qui n’est pas sans rappeler celle vue dans Old Skies deux mois auparavant. À de nombreuses reprises, vous devrez vous échapper de situations périlleuses, des situations qui pourraient vous sembler insolvables, et qui demanderont de nombreuses tentatives pour trouver le bon enchainement salvateur. Certains passages seront même découpés en plusieurs phases, avec heureusement des checkpoints pour ne pas avoir à tout refaire. Il est donc fort probable que vous voyiez ce bon Mick mourir, et de façon parfois très graphique, de nombreuses fois. Une mécanique de gameplay qui, si elle peut occasionnellement s’avérer frustrante, restera dans l’ensemble un point fort du titre.

Quant à la progression, elle sera limitée à quelques écrans sur les premiers chapitres, mais s’ouvre un peu plus par la suite avec plusieurs lieux à visiter et il faudra prévoir plusieurs aller-retours entre eux afin de pouvoir progresser. Ça reste cependant relativement linéaire, restreint à quelques écrans, et tout est en général accessible en quelques clics. L’intention première étant focalisée sur la narration, il ne s’agirait pas de venir trop casser le rythme. Cependant, cela ne veut pas dire que le titre de Powerhoof est trop facile pour autant. Au contraire, certaines énigmes pourront donner un peu de mal au joueur, en plus de celles citées juste au-dessus. À quelques rares exceptions, on ne reste néanmoins pas bloqué trop longtemps, fort heureusement.

The Drifter est bien l’expérience Point & Click que l’on espérait. Il s’agit d’un jeu du genre superbe, avec de belles idées de game designProcessus de création et de mise au point des règles et autres éléments constitutifs d'un jeu , ainsi qu’un ton est une ambiance qui ne laissera pas indifférent. Le titre de Powerhoof n’hésite pas à mélanger les thèmes, de la science-fiction étrange, du drame familial, du deuil, et autre, et vient pourtant nous livrer un tout parfaitement cohérent et satisfaisant. C’est tout juste si on lui reprochera peut-être d’avoir parfois la main un peu lourde sur la narration, et quelques puzzles un peu trop abstraits. Voilà qui vient encore compliquer un peu plus notre choix de meilleur jeu du genre de l’année.