Critique

Ys IX: Monstrum Nox

Skywilly
Publié le 12 avril 2021

Développeur

Nihon Falcom

Éditeur

NIS America, Inc.

Date de Sortie

05 février 2021

Prix de lancement

60 €

Testé sur

PlayStation 5

Neuvième épisode d’une célèbre série de RPG japonais qui ne cesse de renouveler ses idées de gameplay et son game design global à chacun des nouveaux opus, Monstrum Nox a la ferme intention de jouer comme son prédécesseur sur un monde libre à faire évoluer et aux embranchements à débloquer au fil de notre progression dans le scénario. Manque de chance : il s’enferme dans une recette au goût de répétitivité bien trop prononcé.

N’y venez pas pour son récit

Adol, le célèbre héros aux cheveux rouges de la saga, est cette fois-ci enfermé dans une ville pénitentiaire : Balduq. Non pas qu’il soit en cellule en début de partie, mais malheureusement pour lui il fut choisi par un personnage féminin au passé obscur et aux actes encore incompréhensifs pour devenir un Monstrum, un gardien de la ville combattant dans une dimension parallèle contre des monstres tentant de semer le désastre et d’envahir le monde des humains.

On va tenter d’être le plus obscur possible sur les tenants et aboutissants d’une histoire qui, d’emblée, bénéfice d’une longue et forte introduction d’une demi-dizaine d’heures pour rapidement entrer dans un cycle narratif extrêmement inintéressant et répétitif. Chaque Monstrum rencontré lors des attaques des « Nuits de Grimwald », dans ce monde parallèle peuplé de monstres, aura le droit à son long chapitre de trois à quatre heures de jeu en ligne droite. Chacun de ces personnages choisis pour défendre la ville verra son profil, ses sentiments, sa quête personnelle et tout son entourage exhibé dans une petite histoire dans la grande histoire. Un récit pas toujours intéressant, souvent écrit juste pour donner une profondeur humaine à des gladiateurs d’un monde spirituel qui ne leur sera jamais expliqué avant le tout dernier chapitre de leur histoire.

Sur la trentaine d’heures de jeu que propose ce J-RPG (juste pour la quête principale), seules ses cinq heures de début et de fin valent vraiment la peine d’être sauvées. Le reste n’est que remplissage : notez que ce n’est pas forcément un mal. YS 8 avait déjà ce souci, mais proposait un récit de survie sur ile déserte qui donnait réellement l’envie de continuer à progresser. Là, on en vient presque à passer des dialogues d’une inconsistance folle.

Plein d’idées qui s’assemblent

Voilà, le constat est terrible côté scénario. Ce J-RPG ne propose pas vraiment une histoire intéressante et quand on connait les autres épisodes de la série, c’est vraiment une grande perte. Et pourtant, Monstrum Nox s’en sort autrement, par son gameplay, ponctué d’une tonne d’idées pas toutes intéressantes mais qui mises bout à bout, fonctionnent totalement.

On a donc le droit de voyager à travers une grande ville où des quêtes annexes et plein de points d’intérêts viendront nous donner l’envie de la visiter à fond. De vrais points d’intérêt, loin des « masses de points d’interrogation à récolter sur une carte d’un jeu ubisoft ».  Vous aurez plusieurs petites perles bleues à récolter partout sur la carte pour débloquer quelques ressources auprès du bon PNJ et cette quête de collectibles est la moins consistante de toute. Reste alors les inscriptions sur les murs qui libèreront quelques pouvoirs cachés pour vos personnages et vous donneront un peu d’indice sur la vie de cette ville-prison.

Le reste, c’est de l’exploration et Monstrum Nox va tirer parti de son très mauvais story-telling avec l’ajout à chaque chapitre d’un nouveau « Monstrum » dans votre équipe. Chacun des personnages que vous débloquerez viendra avec son pouvoir unique qui pourra être utilisé quel que soit le personnage que vous jouez. Qui pourra d’ailleurs être changé à la volée. C’est fluide, pratique et efficace. En début de jeu, vous ne pourrez que vous téléporter sur des points en hauteur. Ensuite, vous pourrez planer, grimper sur les murs ou posséder une vision « d’espion » très classique dans le monde du jeu vidéo mais ici particulièrement gratifiante à obtenir. Et absolument toutes ces idées sont classiques, déjà vues autre part et parfois même, pas totalement jouables avec beaucoup de finesse. Grimper sur les murs, c’est aussi se coltiner une flopée de bugs et d’erreurs de la part des animations du personnage. Mais malgré tout, toutes ces idées mises bout à bout donnent à l’exploration de la ville de Balduq (et plus tard de donjons et de moyennes étendues de forêts et de montagnes) une belle efficacité manette en main. Le temps passe et on ne le voit pas filer entre deux ruelles de Balduq.

Baston fluide

Extrêmement accessible avec un mode Facile qui ne permet pratiquement pas de mourir en combat et permet même de littéralement passer les donjons pour ne se concentrer que sur l’exploration de la ville, la narration et les Boss, Monstrum Nox propose néanmoins un système de combat très intéressant. 

Fouilli visuellement (c’est vite n’importe quoi à l’écran) il propose de l’Action-RPG très bourrin qui consiste à claquer les boutons de votre manette avec frénésie, mais d’effectuer aussi quelques attaques spéciales en combinant le bon bouton avec la bonne gâchette. En plus de cette idée, une transe permet d’améliorer les statistiques de notre personnage moyennant un peu de Mana et, comble de bonheur, une attaque spéciale vient autant vider ce même Mana que faire le ménage à l’écran. Le mot qui définit ces combats est toujours le même : c’est jouissif, qu’ils soient simples ou non, qu’on y voit quelque chose à l’écran ou pas. Jouissif mais sans aucune finesse visuelle.

Difficile de ne pas conseiller Monstrum Nox à quelqu’un qui attendrait avant tout d’un jeu qu’il lui propose un véritable voyage et de l’action sans trop de réflexion : ce neuvième YS est exactement cela. Hyper accessible, il propose même une histoire très simple que certains esquiveront sans mal pour n’en tirer qu’une exploration hyper fluide des environnements et des combats bourrins mais jouissifs : deux éléments de jeu à moitié réussis, mais qui mis ensemble fonctionnement étonnamment très bien. YS 9 est un jeu qui trouve son efficacité dans tout ce qu’il fait de moyen. Un jeu aussi passionnant que vite oubliable. Un curieux paradoxe.

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