Dossier

FEFFS 2022

Je n’avais personnellement pas remis les pieds à Strasbourg depuis le FEFFS de 2018, duquel je vous avais ramené mon expérience dans la peau d’un FEFFStivalier. Après ces quelques années de manque (dûes entre autres au COVID), me voici de retour dans la capitale européenne pour une expérience de festivalier hardcore puisque j’y ai enchainé pas moins de 40 séances de cinéma en 10 jours.

Strasbourg, vue par un touriste

Malgré une météo capricieuse (on est dans le nord diront certains) la ville est toujours aussi agréable à parcourir. Mêlant bâtiments traditionnels à un street art omniprésent bien plus moderne, on y croise des gens souriants au coin de chaque rue. Reste cependant un gros point noir au tableau, puisque cette presque trop parfaite beauté et bonne humeur ne fait que masquer l’abondance de personnes sans domicile fixe. Entre deux sourires et trois belles maisons, on peut apercevoir de petites cabanes de fortunes, construites à base de parapluies et de couvertures récupérées pour créer un abri permettant de ne pas crever de froid chaque nuit. Si cela ne semble pas choquer les Strasbourgeois (j’imagine que les Parisiens et Lyonnais non plus), cela reste toujours un grand étonnement pour le petit provincial que je suis.

À l’échelle de la ville, le festival semble assez petit et l’on constate peu d’émulsion en dehors des cinémas et du village fantastique. Seule la boutique « L’occase de l’Oncle Tom » semble se prendre au jeu en adaptant sa vitrine au fil des jours. Aucun vendeur sain d’esprit ne mettrait le lac des morts-vivants en vitrine en espérant sincèrement vendre ce (mauvais) nanar.

Indie Game contest séparé

Historiquement, GSS se rendait au FEFFS pour y couvrir l’Indie Game Contest, soit la branche vidéoludique du Festival. Cependant, depuis cette année, l’Indie Game Contest n’est plus géré en direct par le FEFFS, mais par l’association East Games qui a repris le flambeau avec quelques différences. Cette partie vidéoludique sera traitée dans un article dédié à venir prochainement, le présent article se focalisant sur le FEFFS en lui-même.

Déroulement et système du pass

Le FEFFS se déroule sur les quatre cinémas de la ville, à savoir le Star Saint-Exupéry (fief des festivaliers puristes), le Star, le Vox et le mal aimé UGC Ciné Cité Strasbourg Étoile, aussi loin que peu convivial.

Le Saint-Exupéry dédie une salle complète au festival et verra les habitués se ruer sur leurs places préférées jusqu’à y créer des liens entre eux. Après quelques jours, on reconnait les spécialistes du premier rang, le couple du poteau (avec de précises théories sur quel côté de celui-ci est le plus avantageux) ou encore la dame qui ronfle fort sur le rang du haut.

Le Star se concentrait cette année sur les rétrospectives et voyait donc régulièrement ses petites salles assez pleines (pour Baxter ou le Dracula de Coppola par exemple). Malgré le côté très old school du cinéma sur le plan technique, on y retrouvait toujours un accueil de qualité qui permettait de toujours se sentir bien reçu.

Pour être honnête, j’ai seulement passé deux séances au Vox, je ne pourrai en conséquence pas vous en dire grand-chose. Quant à l’UGC, j’avais particulièrement optimisé mon planning pour n’y mettre les pieds qu’une seule fois. L’aspect froid des multiplex étant difficilement compatible avec ma vision d’un festival cinématographique. Si les sièges sont en effet ultra-confortables, l’écran gigantesque et la sono réglée parfaitement, on n’y verra cependant aucun sourire puisque les humains ont disparu au profit des bornes. La décoration du bâtiment, aussi propre soit-elle, pourrait autant convenir à un cinéma qu’à n’importe quelle autre activité ou même une gare. C’est propre, mais aseptisé, triste et morose. Ajoutez à cela que celui-ci est à 20 min des trois autres cinémas et vous comprendrez pourquoi la plupart des festivaliers fuient ce lieu comme la peste, laissant la place aux spectateurs plus occasionnels du festival.

Cette diversité permet cependant de contenter de multiples publics. Si certains sont intéressés uniquement par un ou deux films du festival, ils peuvent décider de payer plein pot un ticket à l’UGC pour vivre l’expérience dans le plus grand confort possible. J’avoue sans souci que les presque deux heures de You won’t be alone étaient bien plus confortables que la plupart de mes séances au Star.

Les possesseurs de carte UGC illimité peuvent aussi profiter de celle-ci pour visionner quelques films du festival (hors séance spéciale) que ce soit à l’UGC, ou même dans les trois autres cinémas de la ville. Cette nouveauté depuis mon passage de 2018 semble d’ailleurs avoir conquis de nombreux spectateurs étant donné le nombre de cartes UGC que j’ai pu voir utilisées au Saint-Exupéry.

Pour les quidams ne disposant pas de carte UGC, chaque séance était accessible à l’achat d’un billet au prix fort et sous réserve de places disponibles ou via le pass festivalier. Celui-ci, coûtant une douzaine d’euros, permet un tarif privilégié de 6 € par séance (soit une légère augmentation depuis mon dernier FEFFS) ainsi qu’un accès prioritaire aux films. Le pass est, en effet, un coupe-file permettant de passer devant les spectateurs non équipés du badge autour du cou.

Un système réellement pratique même si le tarif privilégié paraissait très discutable selon l’heure de la séance. Il faut certes bien faire vivre l’industrie du cinéma, mais un tarif privilégié de 6 € lorsque que l’happy hour du Star (séance de 11 h et après 21 h) est à 6,50 € semble peu pertinent pour amortir les 12 € du pass. Je vous épargne le détail des calculs selon chaque cinéma et chaque séance qui aurait permis d’optimiser les tarifs pour un festivalier.

De plus, pour les gros, gros cinévores, même avec un tarif privilégié, le prix total reste très élevé pour la totalité du festival. Accompagné d’une dream team de potes plutôt connus dans le milieu du Retrogaming (dont FFVIMan et son plus discret binôme Mr Ours), ils totalisaient à trois plus d’une centaine de séances (ça c’est cool) pour un peu plus de 700 € (là ça pique par contre). Je ne compte même pas le nombre de restaus, de consommations au village ou dans les cinémas qui ont fait gonfler la facture.

Et je ne peux pas évoquer le thème des restaurants sans parler de “l’incontournable cordon bleu” (véritable nom) du bar météor. Un nom qui nous faisait rire par l’utilisation de superlatifs dans un menu, jusqu’à découvrir la taille du fameux cordon bleu. Certainement nommé l’incontournable, car celui-ci est trop grand pour que l’on puisse le contourner.

En bref, le FEFFS manque d’une formule super Warrior pour les plus férus de cinémas (surtout ceux venant de loin) mais propose en contrepartie un nombre de solutions assez conséquents pour les Stasbourgeois et proches de la ville souhaitant profiter de “seulement” quelques films.

Le village

Un lieu à part entière

En dehors des salles obscures, le centre névralgique du FEFFS est son village. Idéalement placé à quelques rues des cinémas Star, Saint-ex et Vox, celui-ci est le point de chute idéal des festivaliers entre deux séances.

La décoration, à base de meubles Emmaüs qu’il est possible d’acheter par la suite, est agrémenté de plantes, de suspensions et d’éclairages qui donnent véritablement une ambiance personnelle au village. L’extérieur est parsemé de cercueils, de pierres tombales et de chaises longues pour faire la sieste (quand il ne pleut pas des cordes). Dedans comme dehors, on s’y sent bien et l’on peut y rencontrer bénévoles et festivaliers pour discuter de films autour d’un verre ou de quoi manger.

Un bar sur place permet en effet de commander des boissons (des pintes de Météor entre autres puisqu’on est à Strasbourg) ou encore de commander des tartes flambées. Les petits appétits y trouveront leur compte, tandis que les gouffres comme moi en mangeront deux d’affilée ou se rapatrieront sur les planches de charcuterie et fromage. Dernier avantage de celui-ci, vous y trouverez du café. Ça parait très con comme remarque, mais ça permet de bien démarrer la journée et surtout de faire remplir son thermos pour pouvoir se boire un truc chaud pendant un film si l’on enchaîne six séances dans la journée.

Le village, c’est aussi le temple de Fred, que vous entendrez chanter des cuisines “Il ne peut plus rien nous arriver d’affreeux mainteeeenant…”, preuve d’un bon goût cinématographique bien français. Fred annonce d’ailleurs ne rien y connaitre en cinéma et encore moins en fantastique, mais ça c’était avant sa première expérience de nuit excentrique. Et puis, il aime sans doute la vidéo plus qu’il ne veut l’admettre, sinon il n’aura pas créé une chaine youtube pour son Boys Band de campagne.

Pas de festival sans bénévoles

Le village, c’est aussi le point de chute des bénévoles du festival. Que ce soit les barmans du village où les moins connues petites mains qui œuvrent dans l’ombre. De Baptiste qui gère les accréditations, à Jennifer qui va faire ouvreuse pendant 26 séances sur la semaine, en passant par Jean qui va tenir la boutique pendant 5 h dans le froid de la tempête.

Certains vivent à Strasbourg, d’autres viennent spécifiquement pour le festival, mais tous sont passionnés, souriant et d’une patience infinie même avec des clients parfois pas très agréables. Vous pouvez les croiser au village, puis 2h plus tard à l’entrée de l’un des cinémas pour récupérer vos tickets, et encore plus tard à la sortie d’une autre séance pour récupérer vos votes cette fois-ci.

C’est aussi le lieu où vous pourrez croiser les organisateurs du FEFFS ou encore les présentateurs de chaque séance. Car avant chaque projection du festival, l’un des membres du staff viendra présenter l’œuvre, son contexte parfois historique pour les rétrospectives et donner envie de regarder le film. Bon, on est aussi déçu de temps en temps parce qu’ils survendent certains trucs, mais on ne peut pas gagner à chaque fois.

Avec le temps, on développe une espèce d’amitié indirecte avec ces présentateurs et l’on a ses chouchous (mention spéciale à Bastian et Pascal en ce qui me concerne) à qui l’on peut proposer une bière pour les remercier ou juste discuter.

Animations du village

Autre intérêt du village, ses stands et animations. Les différentes tentes jouaient aux chaises musicales pour proposer tantôt un tatoueur, tantôt un vendeur d’affiches, un cabinet des curiosités, un créateur d’images en 3D ou encore une créatrice d’attrape rêves. De quoi varier les plaisirs et proposer des pratiques artistiques connexes même sans écran.

Malheureusement, le planning des animations ne permettait pas forcément de pouvoir profiter à la fois de celles-ci et des séances cinématographiques. D’autant plus que la météo n’a pas été des plus profitables au village.

Parmi les quelques animations que j’ai pu apercevoir, l’atelier Frankendoudou reste sans doute mon préféré. Les enfants pouvaient y choisir plusieurs peluches puis les démembrer pour créer leur propre monstre de Frankenstein à base de nounours. Un Winnie l’ourson décapité semble effectivement l’occasion parfaite d’apprendre les rudiments de la couture à un enfant.

Après cette interminable introduction pour vous présenter le festival, place aux films. Ceux-ci sont classés par catégorie afin de vous faire gagner du temps selon vos intérêts.

Diabolik, le film d'ouverture

Il est presque étrange pour un festival de film fantastique d’ouvrir le bal avec une œuvre pas si fantastique que ça. Parmi les suppositions des festivaliers à ce sujet, j’ai pu entendre certaines petites voix dire que les politiques étant présents aux cérémonies d’inauguration et de clôture, il valait mieux ne pas être trop fantastique et ménager ces néophytes. Le fantastique a, en effet, parfois une mauvaise image auprès des grandes instances, autant éviter de les choquer.

Toujours est-il que bien qu’il ne soit pas si fantastique, Diabolik reste un chouette film. Tiré d’un comics italien dont je n’ai honnêtement aucune connaissance, je résumerai celui-ci comme une version modernisée de Fantomas. On y retrouve une intrigue de grand méchant qui porte des masques dans un univers qui sent bon les années 60. Parfois un peu cliché par ses personnages, le film reste un excellent divertissement faisant preuve d’une belle réalisation et de plans franchement réussis. Nul doute que les fameux élus ont dû apprécier le film, même sans la présence de De Funès.

Compétition internationale fantastique

Qui dit festival du film, dit compétition. Un jury, constitué de tas de gens que je ne connais pas, pouvait ainsi décerner un prix à l’un des longs métrages sélectionnés du comité de programmation. Le public pouvait aussi voter via un petit papier à cocher proposant des options de “très mauvais” à “très bon”. Comme dans la plupart des festivals, le jury a récompensé un film d’auteur plutôt perché (et pas forcément apprécié de tous les festivaliers), tandis que le public a préféré faire gagner un vrai bon film.

Blaze

Le premier film en compétition que j’ai pu voir était introduit par Bastian, que je découvrais aussi pour la première fois. Je pourrais presque vous copier-coller son discours d’introduction tant il a l’art de présenter et de faire rire tout en faisant réfléchir. Il y présentait Blaze comme une œuvre originale qui se détachait de l’image sanglante qu’ont les films de festivals fantastiques. On notera une touche d’humour avec des phrases comme “On ne passe pas sur TF1 et c’est pas plus mal” et “vous vous dites, hum… Film de peintre, ça pue” pour présenter un film visuellement fantastique, mais au sujet bien moins fun.

Blaze raconte l’histoire d’une jeune fille qui a été témoin d’un viol en pleine rue et en plein jour. Profondément choquée celle-ci va se réfugier dans son imaginaire en se réconfortant via l’aide de son splendide dragon. Mais Blaze ne fuit pas pour autant la réalité, en tentant d’aider tant bien que mal la justice à faire condamner l’agresseur. Les scènes de réalité au tribunal, face à une avocate aussi pourrie que son enc*** de client violeur contraste avec des passages où la jeune fille discute avec son dragon imaginaire, colorés et merveilleux.

Visuellement, c’est magnifique, et l’on retrouve avec plaisir la patte d’une réalisatrice peintre au travers de belles images. Quant au scénario, tout est traité subtilement et loin des clichés faciles. Le film présente avec intelligence plusieurs situations et profils de victimes du viol, qu’elles soient directes comme la défunte, ou indirecte comme Blaze, son père impuissant et d’autres auxquels on ne pense pas forcément.

Premier film en compétition du festival, mais également mon favori. Celui-ci a d’ailleurs été récompensé par le public. Si vous ne devez en voir qu’un seul de la longue liste que je vous présente dans cet article, allez voir celui-ci.

Dual

Après être un peu redescendu de la claque de Blaze, je retournais dans cette même salle du St-Exupéry pour visionner un second film en compétition abordant un sujet un peu plus fantastique pour les puristes du genre, la thématique du clone.

Dans un avenir potentiellement pas si lointain, une société propose de créer un clone afin de vous remplacer à votre mort. De cette façon, vos proches ne seront pas tristes de votre disparition puisque votre double comblera avec précision le vide que vous avez laissé. Celui-ci passera un peu de temps avec vous avant votre mort pour apprendre à vous connaitre. Quel est votre plat préféré, quelle musique vous écoutez, etc.

Une jeune fille à la vie pas franchement passionnante apprend qu’elle va prochainement mourir d’une maladie incurable et décide de se faire cloner. Cependant celle-ci va miraculeusement guérir (on peut aussi se demander si la toubib un peu bargeot n’a pas seulement loupé son diagnostique) et voir son double prendre progressivement sa place.

Je n’irai pas plus loin, afin de ne pas vous divulgâcher la fin (un peu décevante) du film. Le thème abordé était intéressant, la progression plutôt bien travaillée aussi, mais tout retombe un peu comme un soufflet au dernier moment. Dommage, Dual n’aura qu’une évaluation moyenne sur mon bulletin de vote.

Piggy

Je suis habituellement assez déçu par le cinéma espagnol. Selon moi (mais c’est un avis purement personnel) 9 films espagnols sur 10 parlent de religion, le 10e portant sur le sujet de mère toxique. Piggy ne parle pas de religion, et même si la darone de l’héroïne est assez représentative de la mère toxique, je dois avouer que pour une fois le sujet est original et bien traité.

Une jeune fille en surpoids, dont les parents ne sont autres que les bouchers de la ville, se fait harceler par les autres jeunes de l’école. Une situation assez clichée au départ, où la pétasse de l’école sort avec le beau gosse qui a une grosse mobylette, entourée d’autres jolies copines “pas si méchantes” mais qui suivent le mouvement.

Rien de nouveau sous le soleil jusqu’à ce qu’en s’échappant de la piscine municipale, où elle vient de faire harceler, notre jeune héroïne aperçoive les méchantes persécutrices visiblement kidnappées dans un C15 qui serait parfait pour aller à la chasse dimanche avec tonton Dédé. Le village est alors en panique suite à la disparition des jolies gamines, on accuse le beau gosse, toutes les darones pètent les plombs et l’on retrouve des cadavres à la piscine. Une fois de plus, j’en reste là pour ne pas vous divulgâcher la fin du film, qui mérite d’être vu.

Loin du cliché de la petite grosse qui se venge en découpant toutes les bimbos du village, Piggy aborde le sujet de la grossophobie sous un angle qui change et propose un cinéma espagnol qui sort lui aussi du lot.

Brian and Charles

J’ai eu l’occasion lors du festival de croiser des personnes qui craignaient la vue du sang à l’écran. Vous pourriez penser cela inconcevable pour un festival fantastique. Pourtant, comme dit lors de l’introduction de Blaze, le cinéma fantastique peut aussi proposer autre chose.

Brian and Charles est ainsi de cette catégorie de films fantastiques et mignons (si, si je vous l’assure). Tourné à la façon d’un documentaire type strip tease, le film nous présente Brian, inventeur vivant dans la ferme de son petit village. Il bricole et invente une multitude de trucs rigolos, jusqu’au jour où il se met à la création d’un robot qui va s’autonommer Charles. S’en suit une relation père-fils par un papa bizarre et maladroit avec un enfant naïf et lui aussi maladroit.

C’est mignon comme tout, aucune effluve de sang, le méchant de l’histoire étant plus proche du vilain Gary élève de CM2 de l’école de Saint-Yvette-Les-Deux-Églises que d’un tueur en série. Le tout s’entremêlant d’une histoire d’amour, elle aussi, d’une mignonnerie la plus complète. Brian and Charles, c’est un peu le film qui va réveiller votre âme d’enfant, et oui, c’est aussi possible dans un festival de film fantastique.

Something in the Dirt

En emménageant dans son nouvel appartement, un homme découvre une pierre mystérieuse semblant avoir des réactions paranormales. Il en parle à son voisin et décident ensemble de filmer la pierre et d’en faire un documentaire et se faire un max de pognon.

Les deux personnages ne se connaissant pas avant cet événement vont se découvrir l’un et l’autre, faisant de leur relation le véritable sujet du film plutôt que le caillou magique.

Le scénario tire malheureusement de grosses ficelles que l’on voit venir assez vite et propose un rythme à l’inverse d’une lenteur incroyable.

Something in the Dirt est un film un peu mou, où l’on passe plus de temps à voir deux loosers discuter sur le balcon en fumant des clopes que le caillou magique censé nous intéresser.

Flowing

Bien mal vendu par son manque d’information, Flowing ne proposait en amont du festival ni bande-annonce, ni affiche. Seul un résumé un peu léger présentait le pitch du film. Je débarquais donc à cette séance comme celle d’un film surprise, ne sachant pas à quoi m’attendre.

Le film se déroule à Rome, comme le résume le pitch du film, mais en fait, on s’en fout un peu. L’histoire pourrait se dérouler à peu près dans n’importe quelle autre grande ville “saturée de tensions et de rancœurs”. Comme n’importe quelle autre grande ville donc…

Dans cette ambiance pesante, où chacun déteste bien souvent un autre quelqu’un, la pluie vient décupler cette haine. Un peu vénère parce qu’on vient de vous voler la place à la boulangerie ? Un petit peu de cette pluie magique et vous voilà en train d’écraser le crâne de cette grand-mère avec la caisse enregistreuse du boulanger, trop occupé à dépecer son apprenti. Voilà à peu près l’effet de la pluie dans Flowing.

Le spectateur suit ainsi l’histoire d’un adolescent et son père en mauvais termes. On découvrira au fil du temps les raisons de cette relation tout en constatant de plus en plus le pouvoir grandissant de la pluie.

Sous couvert d’un film fantastique plutôt réussi, en particulier sur son aspect visuel et son travail des couleurs, le scénario n’oublie pas au passage d’avoir un message social engagé sans pour autant être lourdingue. Certains festivaliers disaient du film qu’il n’avait rien d’exceptionnel, c’est en partie vrai, mais ce qu’il fait, il le fait bien.

Sissy

J’allais à la séance de Sissy un peu à reculons. La bande-annonce ne m’avait pas vendu du rêve, trouvant le thème de l’influenceur un peu trop utilisé ces temps-ci (Deadstream et Fall du même festival pour ne citer qu’eux). C’est cependant grâce à la présentation, juste avant la séance, que ma curiosité s’est complètement inversée. La phrase magique “et à la seconde partie, le film bascule en slasher” m’a entièrement absorbée (et mes comparses aussi d’ailleurs).

Sissy démarre, en effet, assez calmement sur l’histoire d’une jeune fille influenceuse bien-être et de son quotidien. Elle croise au détour des rayons d’un magasin son ancienne amie d’enfance qui l’invite à son enterrement de vie de jeune fille. Sans trop savoir pourquoi celle-ci accepte et se retrouve progressivement embarquée à l’autre bout du pays pour un week-end entre potes dans une belle maison isolée. Dommage qu’elle appartienne à une autre amie de la mariée qui déteste de son côté Sissy pour le passé mystérieux entre les deux personnages.

Une fois arrivé à la maison, les choses vont bien entendu dégénérer pour devenir un spectaculaire slasher (scrollez donc lire l’article sur X un peu plus bas si vous ne savez pas ce que c’est). Une esthétique colorée se mêle à des meurtres tous aussi barbares les uns que les autres pour en faire un exutoire fantastique qui aurait ravi le public des midnight movies.

Visionné à 15:00, Sissy était une véritable réussite. Il aurait cependant pu prétendre au meilleur midnigh movie du festival s’il avait été projeté en séance nocturne. D’ailleurs pour être honnête, il aurait dû être projeté en séance midnight (coucou les programmateurs) puisqu’il correspond bien mieux à ce format que d’autres films de cette édition (on voit ça dans quelques lignes).

You won’t be alone

Ma seule séance passée à l’UGC était pour visionner You won’t be alone. Très confortablement assis dans les sièges grand luxe du multiplex, j’ai pu profiter de ce film qui aborde le mythe de la sorcière sous un nouvel angle avec un écran gigantesque et un son réglé à la perfection.

L’histoire et son ambiance d’un autre siècle tranche pas mal avec les autres films du festival. On y suit la vie d’une sorcière, de sa naissance à sa vie d’adulte bien tassée. Celle-ci dispose du pouvoir de changer d’apparence et l’on pourra découvrir ses pensées au travers des expériences qu’elle pourra vivre dans les différents corps qu’elle incarnera.

Le choix de raconter l’histoire par le biais d’une voix off tout du long a été relativement clivant pour les spectateurs. L’histoire n’étant pas franchement rythmée est encore plus alourdie par ce mode de narration qui ralentit encore plus les choses. Pour ceux qui comme moi ne sont pas dérangés par la voix off, le film est assez plaisant et il est intéressant de voir la sorcière non pas comme une figure de pouvoir mais comme une personne à part entière. L’héroïne va découvrir le monde à travers des yeux un peu naïfs et un véritable bon fond plutôt qu’un nez crochu et un balai miteux, une belle relecture avec tout plein de messages engagés (mais pas chiants) en filigrane.

Compétition Crossovers

En dehors de la compétition fantastique, on pouvait retrouver une sélection de films dans un fourre tout gigantesque. Les films en compétition Crossovers n’ont pas d’autres critères que d’être aimés par le comité de programmation sans être adaptés à la compétition officielle.

Au final, on découvre un laboratoire d’expérimentation avec à boire et à manger, des trucs cools, d’autres moins. À titre purement personnel, je le ressens comme un fourre-tout de films un peu ratés qui n’arrivent pas à toucher correctement leur public ou à raconter une histoire cohérente. Mais c’est aussi le genre de films qui deviennent de fantastiques nanars avec le temps ou flattent l’ego des jurys artistes dignent de Cannes.

The Woodcutter Story

La bande annonce de The Woodcutter Story présentait un film aux allures de Lynch ou des frères Cohen. Rappelant indirectement Twin Peak ou Fargo, le long métrage m’attirait par son ambiance étrange qui était effectivement bien présente.

Cependant, à la différence des œuvres dont il s’inspire, The Woodcutter Story oublie de tenir un fil rouge cohérent, compréhensible et rythmé. Non seulement il ne se passe pas grand-chose, mais le peu existant est difficilement compréhensible et captivant. Je pourrais vous dresser une liste de toutes les bonnes idées ou séquences du film, le souci ne venant pas de celles-ci, mais de la capacité à les lier entre elles pour former un tout.

J’aurais aimé l’aimer, mais The Woodcutter Story est un échec qui n’aura pas su me convaincre. Bien loin d’un Lynch ou d’un Cohen comme le laissait sous paraitre sa bande-annonce.

Flux Gourmet

Les blagues de prout, ça me connait. Alors un film fantastique qui parle de flatulences dans une émission d’ASMR musicale culinaire, ça m’intrigue forcément. Mais, une fois de plus, la bande-annonce ne nous vendait pas ce qu’était réellement le film.

Flux gourmet nous raconte l’histoire d’un groupe artistique en résidence dans une étrange structure. Les artistes mêlent, en effet, la cuisine à la musique et à la performance pour obtenir un résultat particulièrement original. Les artistes sont suivis et interviewés par un homme ayant le rôle de documentaliste archiviste à première vue là pour garder trace de chaque troupe en résidence. Celui-ci souffre malheureusement de flatulences et craint que le bruit de celles-ci ne vienne gâcher le spectacle.

Bien plus orienté sur les relations entre les membres du groupe, que sur l’univers artistique étrange de son monde, on reste un peu sur sa faim. Ressemblant presque à un Tranxen 200 se prenant au sérieux, on rit finalement assez peu face une œuvre dont on ignore ce qu’elle essaie de nous dire ou de raconter.

La Pieta

Gagnant du grand Prix Crossover (par le jury donc), la Pieta est un film espagnol qui ne parle pas de religion. Vous me voyez venir, celui-ci parle d’un jeune homme et de sa relation toxique avec sa mère.

Une mère hyper protectrice a créé un cocon autour de son enfant et ne s’éloigne jamais de lui. Lorsque celui-ci va gravement tomber malade, sa mère va se comporter comme si elle était, elle aussi, malade tout en devenant de plus en plus étouffante pour son fils qui va commencer à vouloir sortir de cette coquille protectrice.

Visuellement, le film est très réussi grâce à un code couleur plutôt malin. Tout l’univers protecteur autour de la mère est coloré de tons pastels et doux tandis que le monde extérieur est gris béton et oppressant.

Pour le reste, c’est bien moins réussi, les personnages sont un peu clichés, en termes de réalisation, c’est un peu pédant (prix du jury on a dit) avec la seule scène au monde où le spectateur se fait véritablement pisser dessus. J’ai bien aimé pour le visuel, mes comparses eux, ont juste détesté.

Please Baby please

Grand gagnant de la meilleure sieste du festival, Please Baby Please détient aussi le record du nombre de spectateurs à être partis avant la fin du film. Les bénévoles ont compté 26 sorties au cours de la séance, parfois par un spectateur seul, d’autres par un groupe. Mes comparses ont quant à eux sélectionné le plan B en profitant de la séance pour dormir un peu.

Visuellement très réussi, cette comédie musicale (alors, on n’était pas prévenu déjà) aborde très maladroitement des sujets de sexe et de genre. Qu’est-ce qu’être un homme, ou une femme dans un monde sentant fort le Grease avec des néons violets en plus ?

C’était nul, vraiment. Seule déception complète du festival en ce qui me concerne. On avait pourtant été prévenu par d’autres festivaliers qui étaient même allés jusqu’à l’UGC pour visionner cet étron, sale moment pour eux.

Compétition Animation

Outre les films au sens classique du terme, le festival propose aussi une compétition de films d’animation.

L’île

J’étais assez intrigué d’aller voir l’île, pour son aspect visuel avant tout, et sur ce point c’est plutôt réussi. Pour le reste, par contre, je reste bien moins convaincu. La narration est assez cryptique et aborde, semblerait-il le sujet des migrants sous couvert d’une relecture de l’histoire de Robinson Crusoé. Enfin ça c’est sur le papier, en vrai, on se retrouve avec un film d’une longueur interminable qui passe son temps à chantonner et à répéter les mêmes phrases.

De plus, les dialogues et paroles des chansons usent d’effets d’allitérations, de rimes et de jeux de mots fonctionnant essentiellement en anglais. À titre d’exemple, Pierre l’ancien pirate n’a pas renouvelé sa licence qui est expirée. En français ça ne rime pas à grand-chose, mais en anglais Pierre is an ex pirate because his licence as expirated.

Ça aurait pu être très sympa, ça aurait pu être très drôle, ça aurait pu être intéressant, mais rien de tout cela au final.

Demigod: The Legend Begins

Le stop motion a un charme indéniable et en voir un dans un festival comme le FEFFS me faisait envie même si je sentais la limite du nanar après visionnage de la bande-annonce.

Finalement, le long-métrage, tiré d’une interminable série taïwanaise, est plus proche du Shōnen que du nanar. On y retrouve des luttes de pouvoir, des guerriers un peu bêtes, des héros super forts avec la méga classe et tout l’environnement habituel.

Bien qu’aimant le stop motion, je suis assez peu friand d’Anime et je me suis vite fait chier. Non pas que cela soit mauvais mais 1h43 m’a paru un peu long pour une histoire ni commencée (c’est la suite de la série), ni terminée (la série continue ensuite). Si vous aimez le stop motion et les histoires de samouraïs foncés, Demigod: The Legend Begins devrait vous plaire.

Unicorn Wars

Salle comble pour cette séance animation qui semble avoir conquis le cœur des festivaliers.

Prenez des Bisounours, filez-leur des flingues et envoyez cette troupe de bidasses mal entrainés abattre des licornes. Ajouter quelques gros mots, des blagues sur les zizis et vous voilà avec un film qui rappellera Happy Tree Friends aux trentenaires qui ont découvert ça pendant leurs années lycée.

Unicorn Wars n’est absolument pas subtil dans l’approche et l’on comprend très rapidement le message (la guerre, c’est mal) mais on rit beaucoup lorsque l’on n’est pas consterné par la violence des images. Car même avec des bisounours et des licornes, ça peut rester horrible.

Force ! Honneur ! Bisous !

Saules aveugles, femme endormie

Séance un peu surprise puisque j’allais à cette séance suite à un trou dans mon planning. L’idée étant “si le film est cool, je reste, si c’est nul, je me casse”. Et vous savez quoi, j’ai tout vu.

L’histoire suit plusieurs personnages ayant pour la plupart une vie assez monotone d’adulte. Métro, boulot, dodo, bref la vie, la vraie. Puis chacun de ces personnages va vivre un bouleversement à son niveau. Pour l’un d’eux, sa femme va le quitter du jour au lendemain sans même dire au revoir. L’autre rencontrera une grenouille géante qui lui confiera la mission de sauver la ville d’un monstre endormi.

Un traitement à la fois magique et mystérieux tout en restant par ailleurs vraiment terre à terre sur la réflexion adulte du sens de la vie. Bref, je suis resté jusqu’à la fin de Saules aveugles, femme endormie parce que c’était bien.

Les courts métrages

Je n’ai profité des courts-métrages que sur la sélection animation. Les courts métrages internationaux et français passant à des horaires auxquels je ne pouvais malheureusement pas être disponible.

Pour les courts animation, je dois avouer avoir trouvé le tout très moyen en dehors du grand gagnant PLAN-PLAN CUL-CUL qui méritait pleinement sa récompense.

Un ver de terre, vêtu d’une unique chaussette, lit tranquillement un ouvrage sur la meilleure façon de cuisiner une saucisse, lorsque la voisine vient sonner afin d’emprunter un concombre pour elle et sa copine… Vous avez la situation de départ et le thème principale (le cul au cas où je n’aurais pas été clair). Le reste semblerait tout droit tiré d’une blague de Toto avec deux flics qui débarquent pour un contrôle de drogue pendant que le coloc se tape un alien dans le jardin. C’est drôle, puis drôle, et enfin drôle. J’ai ri du début à la fin, comme la moitié de la salle.

Séances spéciales

La séance plein air de Flash Gordon ayant été annulée (à juste titre) pour cause de mauvais temps, je n’ai vu en séance spéciale que Le secret des perlims, un film d’animation très cool, mais dont j’aurais peu à dire finalement et le documentaire Lynch /Oz.

Je ne m’éterniserai pas non plus sur le documentaire, car résumé la multitude d’éléments de celui-ci en quelques lignes serait bien impossible. Je vous invite par contre à le regarder si vous vous intéressez de près ou de loin au réalisateur, après avoir bien sûr visionné le magicien d’OZ. Sans cela, vous risqueriez de ne pas suivre toute la subtilité des références et des inspirations de cette œuvre majeure sur le réalisateur de renom.

Midnight Movies

Chaque soir du festival, une séance nocturne a lieu au Saint-Exupéry pour ravir les fans de Midnigh Movies. Si la journée, il est plutôt convenu qu’il ne faut pas parler pendant les séances (encore moins sur des films très sérieux), on a le droit à l’inverse lors des Midnight Movies. Vous pouvez rire, hurler (enfin pas sans raison non plus), parler et siroter vos bières pendant ces films “détentes”. Ce ne sont pas des nanars (enfin ça peut aussi, mais ce n’est pas obligatoire), ni forcément des films d’horreur, ce sont des films parfaits à regarder entre potes à minuit un soir bien arrosé.

X

Le festival ouvrait le bal des midnight sur un bon gros slasher des familles qui restera pour de nombreux festivaliers le meilleur de la sélection. Pour les néophytes, un slasher est un film dans lequel on va voir mourir la plupart des protagonistes (souvent un groupe de jeunes) un par un par de façon souvent très sanglante. Pour les très néophytes, c’est Scream.

Celui-ci prend part dans les années 70 aux États-Unis, un groupe de personnes (pas tous jeunes, attention variante) a pour projet de se faire un max de blé en tournant l’un des premiers films pornographiques. Étant relativement fauché suite à d’autres plans foireux loupés, ceux-ci louent une baraque dans une ferme au fin fond d’un coin bien redneck des USA. Les propriétaires de la ferme sont un vieux monsieur bizarre semblant particulièrement conservateur et sa femme quant à elle pas toute là.

La propriétaire va vite s’apercevoir ce qui se trame, ce qui va éveiller en elle des pulsions sexuelles à assouvir. Et oui, les vieux aussi ont une libido. Le soucis, c’est de trouver un partenaire qui ne va pas clamser d’une crise cardiaque à la première éjac, ou un jeune assez drogué pour vouloir d’une vielle dame.

Bref, tout va dégénérer, c’est un slasher normal, et donner un savant mélange de morts, de nichons, de sang, du membre gigantesque de l’acteur noir, de vieux excités et d’un alligator affamé. On est en terrain connu au niveau du genre et c’est fait avec tellement d’efficacité qu’on ne peut que recommander X pour votre prochaine soirée films d’horreur entre potes.

Fall

Séance la plus tardive des Midnight, Fall démarrait à 1:00 du matin suite à un retard accumulé sur la journée. Présenté par mon chouchou Bastian, celui-ci nous indique que le film est en fait censuré et que pas moins de 50 “fucks” ont été enlevés au montage afin de ne pas être interdit en salle aux -12 ans. Il nous invite d’ailleurs à participer à un jeu à boire en buvant une gorgée de nos bières dès que l’on pense qu’un “fuck” a été coupé. Bastian sait en effet que l’on planque de l’alcool dans nos sacs, puisqu’il le fait aussi.

Côté scénario, c’est assez simple, vous prenez Instinct de survie, ce film avec une jeune fille coincée sur une bouée de balisage et encerclée par un requin. Vous enlevez l’eau et le requin, vous remplacez par un grand vide en haut d’une gigantesque tour d’émission radio. Vous multipliez le nombre de jeunes filles par 2, vous ajoutez une surcouche pseudo-moderne streameuse avec un drone et PAF ! Ça fait des choc…euh.. vous obtenez Fall.

Ça ne casse pas trois pattes à un canard, ce n’est même pas très midnigh, mais ça se laisse regarder si vous êtes bon public. Le twist est prévisible, les explications techniques ridicules pour tout nerd qui regarderait le film, mais vraisemblablement, on n’était pas là pour réfléchir.

Deadstream

Prenez un vidéaste (streamer, twitcher, youtuber) célèbre et mettez-le avec des caméras dans une maison hantée ! Voilà, vous obtenez Deadstream.

On est en terrain prévisible et connu avec un faux fan footage à la sauce influenceur. C’est plutôt rigolo avec un personnage bien écrit et un peu flippant avec quelques jumpscares classiques pourtant efficaces.

J’ai pris un vrai plaisir à regarder Deadstream alors que je déteste les fans footages (brulez-moi cette horreur de Cloverfield, et non, Jerusalem ne méritait aucun prix à aucun festival). Je ne suis absolument pas client des vidéastes non plus (non vraiment aucun) et pourtant j’ai aimé Deadstream, belle prouesse.

Kids Vs Aliens

Quand on joue aux fléchettes et que l’on veut faire le kéké, parfois, on tire complètement à côté de la cible et on passe pour un con. Kids Vs Alien c’est pareil mais en film.

Ersatz de Goonies raté, à la sauce extra-terrestre, le film reprend cliché sur cliché avec des personnages insipides et des aliens en pyjama. Une adolescente super cool arrête de l’être et devient une pétasse un peu chiante parce que le beau gosse ténébreux cool du lycée s’intéresse à elle. Et, oh surprise ! Ce mec est juste un odieux connard profiteur. Ça pour une surprise, c’est une surprise.

Les aliens reprennent la règle du film de ninjas des années 80 : pas plus de 3 à l’écran en même temps. Il faudrait racheter un 4e pyjama pour servir de costume sinon, on ne va quand même pas dépenser de l’argent pour faire un film voyons.

Un joli coup d’épée dans l’eau pour ce midnight movie qui donnait pourtant l’eau à la bouche. On a pu mesurer l’échec de celui-ci au moment où un alien se fait empaler à travers l’œil sur une branche, sans générer la moindre réaction du public. Pas un bruit, ni cri, ni rire, ni applaudissement, alors qu’une tête empalée, c’est quand même un point facile pour conquérir ce public nocturne.

VHS 99

Je vous ai dit que je n’aime pas les films caméra embarquée. Si, si je vous l’ai dit, deux paragraphes au-dessus, remontez. Difficile donc d’être crédible si je vous dis que VHS 99, c’était sympa quand même.

Enfin “sympa quand même” ça reste relativement positif, non ? Parce que sur les 6 courts-métrages de VHS 99 se déroulant dans les années 90, je ne me souviens que d’un seul. Les autres ont disparu de mon esprit (et pourtant je n’avais pas bu ce soir-là). Par contre, je me souviens des petites séquences en stop motion avec les soldats en plastique qui ponctuaient les temps entre les petits films.

Je n’avais jamais vu de film de la saga VHS. Sur le coup, j’ai trouvé ça sympa, 2 mois après, je ne me souviens de presque rien, ça doit être assez représentatif du truc, non ?

Megalomaniac

Bien que très très cool, Megalomaniac n’est absolument pas un midnigh movie. Je ne suis pas persuadé non plus que la session questions réponses à 2:00 du matin après la séance soit très orientée midnigh non plus.

L’histoire a pour personnages principaux les enfants du Dépeceur de Mons, un tueur en série belge ayant sévi de 1993 à 2001. Comme on l’imagine, leur vie est loin d’être banale et l’ainé semble même avoir repris l’œuvre de son paternel tandis que sa petite sœur un peu simplette est suivie par une assistante sociale. Elle doit ainsi tout faire pour être discrète afin de ne pas éveiller les soupçons qui pourraient dévoiler leur secret au grand jour.

Celle-ci va cependant être confrontée à des désagréments ne permettant pas d’être discrète. Difficile d’en dire plus sans divulgâcher le scénario pas franchement joyeux de l’histoire.

L’ambiance lourde et pesante est présente tout au long du film, et ce, quel que soit le lieu ou le personnage à l’écran. C’est réussi, mais pas aussi dérangeant que les réalisateurs nous l’avaient vendu avec leur introduction “c’est pas un film qu’on a fait pour vos cerveaux, mais pour vos tripes », et surtout absolument pas midnight.

Alors oui, j’insiste là-dessus, mais la qualité d’un festival ne se juge pas uniquement à la liste des films programmés mais également à la capacité à les confronter au bon public. Si Sissy était passé à la place de Megalomaniac et inversement, ils auraient tous deux eux plus de succès auprès de leur public respectifs.

Mad Heidi

Le gros morceau de cette sélection, c’était Mad Heidi et sa séance enflammée.

Gros morceau parce que celui-ci, malgré un support des producteurs d’Iron Sky (mais si vous savez les nazis sur la face cachée de la lune) n’a pas trouvé de distributeur en France. C’était donc l’un de ses rares passages sur grand écran dans notre pays producteur de fromage.

Présenté par Bastian, qui s’était vêtu tout spécifiquement pour cette séance, Mad Heidi est un chef-d’œuvre qui va faire des fondus… au noir (je lui ai volé cette blague aussi oui). D’après notre présentateur, Heidi serait le livre le plus vendu en suisse après la Bible et aurait déjà eu droit à de nombreuses adaptations. Parmi celles-ci une version porno nommée “Dans les Alpes personne ne vous entend gémir” que je n’ai à mon grand regret jamais vu (vous pouvez m’envoyer le DVD pour une review).

Après une acclamation méritée de Bastian en robe, cette séance enflammée débute pour 45 minutes de folie environ puisque c’est à ce moment-là que la séance est interrompue. Quelque chose brûle actuellement dans le cinéma, mais n’arrivant pas à identifier la source du danger, la séance est annulée et le bâtiment évacué. L’évacuation se fait dans le plus grand calme et une organisation particulièrement professionnelle. Une partie des festivaliers restent à discuter sous la pluie en attendant de savoir quand aura lieu une séance de rattrapage.

Celle-ci se fera le dimanche soir, mais en adaptant un peu mon planning, je me rapatrierai sur la seconde projection prévue le lendemain puisque j’aurai quitté Strasbourg dimanche. On peut saluer au passage le sérieux de la responsable qui a su faire évacuer la salle à temps, communiquer auprès des festivaliers et tout résoudre pour que le festival puisse correctement continuer dès le lendemain matin.

Concernant le film en lui-même, le scénario est un chef-d’œuvre. Heidi vit paisiblement à la montagne, couchant avec Peter le chevrier, tandis que le reste de la Suisse est sous oppression totalitaire. En effet, il est interdit de vendre ou consommer un autre fromage que celui produit par l’état. Des méthodes médicales de contrôle sont mises en place afin d’éliminer le pays de la présence des intolérants au lactose. L’armée suisse (si, si) est déployée dans le but de neutraliser les manifestants qui lancent des emmentals au lieu de pavés. Le tout amené par des séquences qui rappelleront sans trop de doutes les méthodes nazies.

Heidi était bien loin de tout ça jusqu’à ce que son amant Peter le chevrier ne soit arrêté et puni pour trafic illégal de fromage de chèvre. Un déclencheur qui va transformer la gentille Heidi en guerrière, qui ira s’entrainer dans les bois et reviendra armée de sa puissante hallebarde pour découper ces méchants naz… euh… méchants militaires suisses.

Si vous avez aimé Iron Sky (le premier, la suite est nulle) vous adorerez Mad Heidi.

Retrospectives

Pour trancher avec les nouveautés du fantastique, le FEFFS propose aussi une sélection de rétrospectives permettant de (re)découvrir des classiques du genre. Celles-ci étaient cette année regroupées sous différents thèmes.

French Touch

Avant l’apogée des comédies françaises et du règne de Christian Clavier sur les écrans de la télé cathodique de la cuisine, les Français savaient aussi faire de bons films. Bon, j’exagère un peu, la France produit toujours de bons films, ce n’est cependant souvent pas ceux que l’on voit le plus mis en avant. Et ça malheureusement, ça n’est pas près de changer.

Le FEFFS nous présentait donc cette année quelques œuvres du genre françaises, parfois peu connues, oubliées ou même des échecs lors de leur sortie.

Et pour me faire pardonner pour Christian Clavier, je tiens à préciser qu’il fait ses cascades lui-même, ce n’est pas donné à tous les acteurs.

Les yeux sans visage

Première rétrospective du festival avec un classique en noir et blanc bigrement propre pour un film de 1960. On y découvre un médecin capable de recoller des visages d’un corps à l’autre, qui va tout faire pour redonner une seconde vie à sa fille, défigurée à la suite d’un accident.

Sous couvert de vouloir aider / sauver sa descendante, le médecin kidnappe les belles jeunes femmes de la région pour leur dérober leur mignon visage et tenter de le transplanter sur sa fille.

Un savant fou à la française, qui a très bien vieilli malgré quelques longueurs. Les yeux sans visage est un film idéal pour entamer une journée de festival en douceur.

Baxter

J’avais déjà entendu parler de Baxter sans jamais l’avoir vu. Véritable échec à sa sortie, le film a gagné en réputation au fil du temps. Et, je ne dis pas ça juste pour répéter ce qui a été dit en présentation, j’ai bien vu moi-même la petite salle du Star pleine à craquer pour cette séance rétrospective.

Baxter nous raconte l’histoire d’un bull terrier à travers sa vie, mais surtout ses pensées. On découvrira au fil de ses propriétaires que malgré la mauvaise réputation de cette race, ce n’est souvent pas le chien qui est méchant, mais peut-être son propriétaire (oui l’humain). Passant de la vieille dame bourgeoise, au jeune couple d’amoureux pour terminer avec un gamin qui a visiblement un sérieux problème, Baxter n’est clairement pas méchant.

Un film un peu dur, qui vous donnera envie d’abattre le prochain gosse un peu bargeot du quartier si ses parents ne s’en occupent eux-mêmes.

Le Vampire de Düsseldorf

Se déroulant au début du siècle dernier en Allemagne, Le vampire de Düsseldorf ne raconte pas l’histoire d’un véritable vampire (auquel cas, il aurait été dans la rétrospective Nosferatu) mais celle d’un tueur en série.

Celui-ci s’en prend aux femmes seules qu’il séduit parfois avant de tuer lorsqu’il ne les tue pas tout simplement de sang-froid en pleine rue. Celui-ci va cependant tomber éperdument amoureux d’une danseuse de cabaret qu’il ne tentera pas de tuer, mais juste de conquérir.

Accusant un peu son âge par son rythme, le vampire de Düsseldorf est une rétrospective plaisante, mais qui ne restera pas dans les mémoires.

La Beauté du Diable

À l’inverse du vampire de Düsseldorf , La beauté du diable est un titre qui a merveilleusement vieilli. Reprenant le mythe de Faust, le film raconte l’histoire d’un vieux professeur hautement reconnu qui a l’impression d’être passé à côté de sa vie. Il signe alors un pacte avec un démon pour recouvrir une seconde jeunesse qu’il va dédier à ses plaisirs personnels.

Si l’histoire est très classique, le jeu d’acteur l’est bien moins avec des rôles interprétés par Gérard Philippe et Michel Simon. Ceux-ci démontrent que l’on savait avoir des acteurs français talentueux avant l’avènement de Christian Clavier (qui fait ses cascades lui-même, je le rappelle) et de Marion Cotillard (Arrrhh….). Et puis, ça prouve aussi qu’on peut avoir un nom prénom sans devenir tueur en série.

L’histoire est rythmée, intéressante et propose de beaux costumes dans de beaux décors. Même en noir et blanc, c’est fantastique, un film qui méritait complètement sa place dans cette rétrospective.

La Belle et la Bête

Jean Cocteau, c’est un peu le roi de la hype chez les vieux cinéastes. Mais comme beaucoup de grands artistes, j’attends de voir par mes propres yeux leur œuvre pour en juger moi-même.

Sa version de la belle et la bête était donc l’occasion de découvrir sa vision des choses puisque je connais déjà cette histoire via le prisme des dessins animés Disney. Je vous ferai donc cadeau de la description du scénario.

Bien qu’il accuse un peu l’âge par son rythme lent, c’est surtout visuellement que le film tire son épingle du jeu. L’écran fourmille d’idées aussi simples que géniales qui vont donner toute sa saveur à cet univers magique. Loin d’effets spéciaux en images de synthèse, ce sont de petits détails qui vont ressortir et s’imprégner dans l’imaginaire des spectateurs. Je me souviendrai sans doute longtemps de ces bras portant les chandeliers au travers des couloirs ou encore sur la table du repas. Un procédé finalement tout simple, mais diablement efficace pour donner le goût de l’étrange et du magique.

Fascination

Semi-déception du festival, Fascination n’était pas aussi raté que Please Baby Please, mais on m’avait menti sur la marchandise.

Essentiellement mis en avant pour son rôle avec Brigitte Lahaie après sa carrière pornographique, je m’attendais à un film fantastique avec une pointe de nichons. C’était malheureusement l’inverse.

Sous couvert d’un prétexte fantastique particulièrement mauvais, on assiste toujours à des scènes de Brigitte Lahaie en train de baiser sur le tapis devant la cheminée pendant de longues minutes. On n’est certes pas dans du porno, puisqu’aucune pénétration n’est à l’écran, mais on est plus proche du mauvais film érotique que du fantastique.

Le jeu d’acteur est tellement mauvais que j’ai tout d’abord cru à une version aux dialogues redoublés avant de comprendre que ce n’était pas le cas. J’ai même lâché un semi-rire suite à une réplique particulièrement déplorable et mal jouée par l’actrice phare, me demandant à ce moment-là si le film n’était pas projeté comme un nanar. Après un regard échangé à mon voisin FFVIMan sur ce point, nous en avons tous deux conclut implicitement qu’il s’agissait d’un nanar, mais que le programmateur ne devait pas le savoir.

Si vous voulez un film fantastique, passez votre chemin. Si toutefois vous voulez vous rincer l’œil sur Brigite Lahaie à poil (soit environ 50 % du film), vous êtes au bon endroit.

La Cité des Enfants Perdus

Je n’avais jamais vu ce grand classique qui était projetée pour la première fois au monde dans sa version restaurée. La projection était de plus suivie d’une masterclass des réalisateurs (à laquelle je n’ai pas assisté).

Prenant place dans un univers très Steampunk, la cité des enfants des enfants perdus présente un monde dans lequel les enfants se font kidnapper par un vil méchant souhaitant voler leurs rêves.

On y trouve des personnages très originaux, qu’il s’agisse des clones nains d’un savant fou ou encore de sœurs siamoises par le pied, dont les mouvements sont coordonnés à la perfection. Les bras des jumelles lors d’une séquence de cuisine est proche de l’hypnotique par la précision des manipulations et des croisements de membre, une véritable leçon de cinéma à elle seule.

Le tout présente donc des personnages attachants dans un univers un peu glauque. Un classique qui mérite sa réputation et que tout fan d’univers un peu steampunk devrait avoir vu.

La traque

Sans doute la plus grosse claque de cette rétrospective French Touch. Je n’avais absolument jamais entendu parler de La Traque, et pour tout dire, j’y suis allé un peu par hasard. C’était surement le film le plus violent de tout le festival (encore plus que Blaze).

Se déroulant dans la France profonde (ça pourrait être vers chez moi malheureusement) on suit une bande de chasseurs lors d’une battue. On découvre via le début du film leurs différentes histoires et manigances, démontrant que malgré une activité commune, ceux-ci sont loin d’être tous sur la même longueur d’onde.

Séparé lors de leur battu, l’un des groupes va tomber sur une jeune anglaise visitant les environs en vue d’un achat immobilier à la campagne. Le groupe étant constitué des chasseurs les moins recommandables du groupe va la violer sans vergogne avant de s’enfuir. La jeune fille à peine rhabillée arrive à attraper l’une des armes, tire sur son agresseur et prend la fuite.

Le reste du film étant une chasse à l’homme dans le but de retrouver la jeune fille pour négocier (pour certains) ou la tuer (pour d’autres). Chaque chasseur devra au fil de l’histoire tirer le vrai du faux avant de décider d’aider ou de poursuivre la jeune fille.

Un film atroce par sa capacité à se dérouler même encore de nos jours, et qui filait la boule au ventre tout au long de sa durée. Une expérience hardcore pour ceux qui ont le cœur bien accroché.

Nosferatu 100 ans

En parallèle de la rétrospective French touch, cette édition se concentrait aussi sur les 100 ans de Nosferatu avec une sélection particulièrement axée sur le mythe de Dracula.

Nosferatu, Fantôme de la nuit

Cette séance était l’une des seules du festival à démarrer avec un peu de retard. Un point habituellement assez dérangeant lorsqu’on a un planning serré afin de faire tenir 40 séances en 10 jours. Heureusement, la bonne humeur est au rendez-vous et Bastian (oui encore lui) adoucit ce défaut par son humour : “Le FEFFS n’est pas la Sncfeffs, c’est le premier retard du festival, merci de l’avoir vécu avec nous”.

Après avoir demandé un micro pour ne pas postillonner sur le premier rang, Bastian entame une présentation aussi riche que précise de ce film de 1979. Je vais beaucoup le paraphraser et je m’en excuse s’il lit ces lignes (mais coucou, merci d’être venu me lire). Nosferatu est au film de vampire, ce que la VHS est au blueray. Première adaptation semi-officielle du roman de Bram Stocker, le réalisateur change le titre en espérant échapper à l’accusation de plagiat. La veuve de l’auteur n’est cependant pas dupe et va intenter un procès qu’elle va gagner, ce qui provoquera le retrait de toutes les copies du film. Il aura fallu attendre la mort de la veuve pour voir des copies cachées ressurgir d’outre tombe.

Le film est un petit budget (comme tous les films allemands de l’époque) à l’équipe de 16 personnes. Gaumont, partenaire du film, n’enverra pas de pognon, mais plutôt Isabelle Adjani et Roland Topor, allez savoir pourquoi.

La grosse anecdote du film restant le massacre de rats… Afin d’obtenir la teinte grise désirée pour tous les rats du film, ceux-ci ont dû être ébouillantés vivant afin que le colorant puisse adhérer à leurs poils, générant au passage la perte de nombreux rats. Comme quoi, non, ce n’était pas mieux avant.

Le film est projeté en version française, car c’est la seule actuellement remastérisée. Les autres versions ne permettant pas de profiter pleinement de la fameuse teinte des rats. Et puis, cela permet aussi d’éviter l’horrible accent anglais d’Isabelle Adjani d’après les dires de Bastian.

Concernant le film en lui-même, le compte Dracula habitant la lointaine Transylvanie souhaite investir dans une maison à Wismar. Un jeune homme de la ville est alors envoyé auprès du compte pour négocier la vente pendant que sa promise s’inquiète de son retour. Dracula reviendra en bateau, mais sans le jeune homme afin d’y répandre la peste et de se délecter du sang de sa promise.

Un poil vieillot sur certains aspects (sans doute dû à son manque de budget initial), Nosferatu, fantôme de la nuit soufre d’un léger problème de rythme tout en restant une œuvre historiquement intéressante. Il reste relativement regardable aujourd’hui, à condition de ne pas avoir mangé l’incontournable cordon bleu juste avant la séance. Auquel cas, vous dormirez comme certains des fidèles larrons qui m’accompagnaient.

Dracula

Après avoir vu Nosferatu, fantôme de la nuit, il était amusant de pouvoir comparer celui-ci à la version de Francis Ford Coppola. Cette adaptation officielle du roman de Bram Stoker porte sobrement son nom : Dracula.

On y retrouve la base de scénario vu précédemment mais avec un compte Dracula moins monstrueux et plus aristocrate, faisant de lui un être encore plus dangereux.

Le casting fou permet de revoir Winona Ryder jeune, Keanu Reeves jeune et même Anthony Hopkins jeu…hum… moins vieux.

Le film datant des années 90 a extrêmement bien vieilli et mérite d’être vu par tout fan de films de vampires. Oui, même toi, fan de Twilight, file voir ce titre qui parle aussi de cul mais l’aborde plus sérieusement avec un sous-texte sur le SIDA (on est dans les années 90).

Christophe Gans

La dernière partie de cette rétrospective se focalisait sur l’œuvre du réalisateur français Christopher Gans, bien connu des joueurs pour son excellente adaptation de Silent Hill.

J’avoue ne pas avoir été à une seule de ces séances (ayant déjà vu la plupart de ses films) mais il me semblait important de préciser cette rétrospective tout de même.

La nuit excentrique

Pour terminer cet interminable article, parlons du clou du festival. LA séance à vivre pour les fans de nanar et peut-être même la meilleure séance de ma vie. C’est aussi celle où aucun autre journaliste n’a dû aller parce qu’elle se déroulait trop tard et qu’aucun prix n’était à remettre à la fin.

La nuit excentrique propose donc de (re)découvrir trois nanars au cours d’une seule et même nuit. Pour les aficionados du concept, un nanar est un film tellement mauvais qu’il en devient bon. Des œuvres que l’on regarde pour rire, mais pas forcément là où le réalisateur prévu, car le nanar c’est avant tout un rendez-vous manqué avec le spectateur.

La sélection de films avait été généreusement réalisée et fournie par la cinémathèque française. Nous pouvions ainsi profiter d’une projection en bande 35 mm puisque le Saint-Exupéry a la chance de compter un véritable projectionniste qui sait encore travailler avec de la bobine, faute de travailler correctement avec du numérique.

L’aparté technique pour les chipoteurs

Je n’y connais, en effet, certes pas grand-chose en projection bobine, mais étant ancien projectionniste (et directeur de cinéma), je connais assez bien le système numérique.

Chaque film est précédé comme je vous le disais d’une présentation par un des organisateurs, mais cette présentation est elle-même précédée du trailer du festival projeté avant chaque film. La phrase d’introduction deviendra d’ailleurs un runing gag des festivaliers que l’on entendra dire en coeus « Fengusat !! » en début de certaines séances comme la nuit excentrique.

Ce trailer est donc monté en format scope (comprendre du 16/9) que le projectionniste diffuse en Flat (comprendre du format Tv 4/3). On se retrouve ainsi avec des bandes noires en haut et en bas de l’écran mais aussi sur les côtés (gâchis de place et c’est pas beau en plus). Alors que si le fichier avait été projeté en Scope, il aurait pris la totalité du grand écran, pour encore plus de plaisir…

J’ai bien abordé le sujet avec le projectionniste qui a prétexté que c’était pour des raisons de changement de format trop long (30 sec environ sur un projecteur de marque NEC). J’ai cependant pu constater moi-même que dans d’autres cinémas (comme le Vox) le changement de format se faisait en moins de 10 secondes (surement un projecteur de marque Christie) sans pour autant que la playlist n’ait été adaptée.

Donc en résumé, c’est super cool de savoir manier la pellicule, mais ça serait bien aussi de faire les choses correctement en numérique. Parce que si les formats des playlists n’ont pas été adaptés, c’est surtout par flemme plus qu’autre chose. Et ça, c’est dommage pour les festivaliers un peu technophiles.

La préséance

La présentation précédant les films démarrait vers 1:00 du matin, remerciant la cinémathèque pour la mise à disposition de bobines tellement neuves qu’elles disposaient encore pour certaines de bandes d’amorces, nous plongeant ainsi dans le noir à plusieurs reprises pendant le premier film. Inopinément, le représentant de la cinémathèque ne pouvait être présent puisqu’il était à la nuit Nanarland se tenant à Paris le même jour. Notre présentateur nous a alors proposé de faire une vidéo pour ce cher monsieur afin de le remercier. C’est ainsi qu’il a dû recevoir la vidéo de 150 spectateurs le traitant de vendu et d’enculé. Voilà qui débute bien la nuit.

À peine cette vidéo terminée que les bénévoles du festival débarquent déguisés sur la petite estrade pour célébrer ce dernier jour de festival. Avec des costumes parfois très dénudés, mais aucun aussi réussi que la robe Heidi de Bastian.

Pour finir avant d’aborder les films, chacun d’entre eux était précédé de bande annonces d’autres nanars semblant tous aussi merveilleux les uns que les autres. On notera en particulier “Les vierges des mers chaudes”(aka Virgins of the 7 seas) ou encore “Jeu de mains, jeu de chinois” qui répétait son slogan toutes les 10 secondes. Ce qui a forcément incité les 150 spectateurs à le prononcer en cœur dès la 3e répétition.

L’Île aux Femmes nues

En 1953, il semblerait que nue veuille dire topless puisque dans ce film de 1953 les femmes nues portent bien le bas, tandis que les messieurs arborent des dessous plus proches du short que du slip.

Les personnages principaux sont deux bons provinciaux en campagne électorale qui tentent de gagner des voix là où ils le peuvent, et donc en flattant la populace. L’un d’eux va cependant tomber dans un piège, le menant droit à une île “naturiste” ou celui-ci sera pris en photo pour être discrédité dans la presse locale. Alors, naturiste pour le cinéma de 1953, avec juste des nibards, mais pas de zizis.

Le personnage principal est con comme un balai, mais très attachant et passe son temps à répéter l’expression “positivement…” un tic de langage qui sera repris tout au long de la nuit par des festivaliers positivement conquis par le film.

Un démarrage en douceur pour les néophytes du nanar avec un public bien réveillé qu’on a pu entendre s’exprimer avec clarté. J’ai aussi rarement entendu avec clarté autant de canettes de bières et de bouteilles de pinard s’ouvrir en même temps au début du film.

Dracula, vampire sexuel

On continue les hostilités avec un nanar érotique. Un genre difficile à visionner à la maison puisque même avec des bières, un film érotique, ça reste étrange entre amis (sauf si vous avez prévu une soirée orientée sexuellement, je parle ici de soirées cinéma).

À peine commencé, qu’à la première apparition du vampire et de son jeu d’acteur génial, la salle rit en cœur. Le regard de Dracula vaut à lui seul plus de rires en une seconde que tout le film précédent positivement condensé.

L’histoire abracadabrantesque est prétexte à voir des gens danser à poil dans un salon vintage, pendant que l’homme chauve-souris drague tranquillement la propriétaire des lieux. Seule scène d’action, un combat titanesque entre deux vampires se regardant l’un l’autre dans les yeux avec la main crochue tendue vers chaque adverse sans jamais se toucher. Simulant la force vampirique aussi mal que votre neveu Kevin de six ans faisant la force d’un jedi.

La scène de masturbation un peu plus tard est presque plus mouvementée que ce combat qui aura positivement amusé toute la salle pendant un moment.

Pour vous situer l’ambiance dans la salle, lorsque le vampire touche les mains de la jolie rouquine endormie pour les positionner sur son corps, j’ai tenté de crier un “jeu de main….” auquel la salle a répondu en cœur par un “…jeu de chinois.”

C’est à la moitié du film environ que celui-ci ralentit et que l’on va graduellement perdre des spectateurs qui vont sombrer dans le sommeil. En même temps, il est 4h30 du matin…

Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante

Avant cette dernière projection, un petit déjeuner était offert aux festivaliers. Un peu de café, quelques croissants, trop peu d’après mes comparses partis en profiter pendant que je finissais mon paquet de chips saveur poulet rôti et ma canette de rince cochon aux fruits rouges (quel bon goût).

À 5h00 du matin, lancement du bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante. Un film de Kung Fu débile où le bruit de chaque coup est remplacé par celui d’une explosion. De quoi faire rire pendant 10 minutes, puis quelques scènes de décapitation par la guillotine volante pour rire encore un peu et j’ai sombré dans les bras de morphée.

Réveillé tout juste pour la scène du combat final, j’ouvre un œil à 7h30 pour me lever et prendre le prochain tram qui m’amènera au lit où je dormirai le reste de ma nuit…

C’étaient vraiment 10 jours fantastiques.