Malgré la présence de légers éléments de point ‘n click, Mutazione tend vers la contemplation. La majorité du temps semble passé à écouter et échanger avec les habitants (80 000 mots de dialogues, m’a-t-on dit) et mettre des graines en terre, dans une atmosphère mélancolique aux teintes pastel. Les décors, entre aplats de couleur et collages, servent une direction artistique rêveuse. Et la musique n’est pas en reste, étant même centrale au titre, et liée à une des mécaniques du jeu : il est possible de récupérer des graines auprès des habitants, et de les planter un peu partout, à condition de respecter les préférences de chacune. Une ambiance, un instrument et un sol particuliers sont les clés d’une plante en bonne santé. Chaque pousse chantonne alors quelques notes liées à l’instrument associé, le tout formant une harmonie (qu’il est possible d’écouter pendant plusieurs minutes grâce à un système de musique dynamique). Ces petits bouts de jardin affecteront les mutants et leur humeur, et décoreront progressivement chaque recoin de l’île.
Mutazione est aussi un jeu décidément politique, et ne s’en cache pas. Colonialisme et ethnocentrisme m’ont été évoqué, ainsi que d’autres thèmes liés aux cultures du monde et aux genres (un mutant étant apparemment agenre). Il reste à voir si tout cela sera introduit avec finesse dans le jeu final.
Ce qu’on ne peut cependant pas retirer à la présentation, c’est la ferveur avec laquelle Hannah Nicklin (scénariste et narrative designer chez Die Gute Fabrik), m’a parlé du jeu et de ses visées narratives. Elle a construit sa carrière en tant que dramaturge, et cherche ici à, je cite, « donner une voix unique à chaque personnage. Dans un jeu, j’aime pouvoir reconnaître un personnage en lisant simplement une ligne de dialogue ». Un soin tout particulier a donc visiblement été apporté aux relations entre les différents protagonistes, et à leur place dans cette petite communauté.