Critique

DaYmare: 1998

Développeur : Invader Studios – Éditeur : Destructive CreationsAll in! Games
Date de Sortie : 17 septembre 2019 – Prix : 29,99 €

Au commencement, il n’y avait que le projet amateur de refaire Resident Evil 2 pour nos temps modernes. Capcom ne l’ayant pas vu de la même façon, mit un terme à cette entreprise. Mais plutôt que de faire appel à la force par le biais de leurs avocats, ils en invitèrent les développeurs afin de leur présenter en exclusivité le fait qu’un remake – cette fois officiel – était déjà dans les tuyaux. Plus motivés que jamais, un nouveau studio indépendant appelé Invader naquit du cadavre encore chaud de leur remake appartenant désormais au passé. C’est ainsi que Daymare : 1998 vint au monde.

Party like it’s 1998

Daymare cachera difficilement ses influences surtout quand son titre contient l’année de sortie du fameux Resident Evil 2. Son plus gros souci à l’heure actuelle reste que le remake de ce dernier est déjà disponible depuis de nombreux mois et régulièrement bradé à un prix plus que correct pour l’expérience qu’il propose. Qui plus est, ledit remake s’est permis de rénover son ancêtre sans le dénaturer, chose que Daymare a bien du mal à faire. Il se retrouve effectivement coincé dans un autre temps où une jouabilité accessible et des menus ergonomiques n’étaient pas forcément choses acquises. Que lui reste-t-il alors ?

Pas mal de choses même si en y jouant, on ne pourra pas s’empêcher d’avoir un très fort sentiment de familiarité tant et si bien il émule son illustre ancêtre indirect sans s’en cacher qui plus est, allant jusqu’à reprendre au détail près certains décors du second volet de la célèbre série d’horreur vidéoludique. Ou alors peut-être s’agit-il des restes recyclés de leur projet de remake. Les sensations sont ainsi à peu de choses près les mêmes, la caméra à l’épaule en plus. Nos personnages – trois au total et non sélectionnables vu que le jeu nous force à les utiliser selon le bon vouloir de son scénario – bougent comme des tanks nous obligeant à la plus extrême des cautions quand il s’agira d’éviter des zombies dans des couloirs trop souvent et trop étroits pour les éviter avec justesse, amenant perpétuellement à se faire attraper à la gorge et à perdre de la précieuse vie dans un QTE sans intérêt. 

Les ennemis souffrent par ailleurs d’un pathfinding parfois discutable quand ce n’est pas leur manque de variété qui viendra lasser autant que le manque d’armes suffisamment différentes pour renouveler sa partie action pourtant prédominante, seulement tempérée par la présence d’énigmes du même acabit que celles de Resident Evil 2, bien évidemment. Les ennemis se comptent littéralement sur les doigts d’une main qui comportent les zombies tout naturellement et des fac-similés de Tyrant sous trois déclinaisons. On regrettera également que la plupart des zombies recyclent aussi régulièrement les mêmes animations ne permettant de les distinguer que par les vêtements qu’ils portent.

Pourtant sur le plan technique, Daymare est loin d’être mauvais. Si on lui passe ses quelques bugs pour lesquels il s’en sort relativement bien n’en étant pas rempli, sa direction artistique passe du bon au moins bon et manque de constance sur la longueur, oscillant entre des décors très réussis et d’autres complètement à l’opposé. Le plus dramatique restera cependant des personnages aux animations faciales et corporelles proche du médiocre, chose qui se verra surtout durant les (trop) nombreuses cinématiques du jeu.

Un jeu mort-vivant...

Les séquences cinématiques mettent par conséquent l’accent sur un scénario aux dialogues qui sentent le cliché à plein nez non sans verser dans un ridicule parfois très proche du nanard. Il est même difficile de savoir si le doublage se prend réellement au sérieux – ce qu’il semble pourtant faire pour être tout à fait honnête – ou s’il est au contraire conscient de la médiocrité de son script. 

L’intrigue en tant que telle n’est pas non plus très éloignée de celle des Resident Evil avec ses méga-corporations malfaisantes et ses virus zombificateurs. Son seul souci est que son scénario manque de structure et se retrouve souvent plein d’inconsistances qui le rendent à terme confus et difficile à suivre, voire par moment incompréhensible quant aux motivations réelles de certains de ses personnages.

Couplé à la piètre qualité de ses cinématiques et vous obtenez la recette d’un désastre qui arrive malgré tout à tenir debout, car au bout du compte, Daymare: 1998 est loin d’être aussi terrible qu’il en a parfois l’air. Ses énigmes sont divertissantes et il sait se ménager quelques bons moments atmosphériques et dérangeants à souhait. C’est tout simplement qu’il n’arrive pas à se maintenir sur la longueur. 

Daymare est comme une montagne russe, passant de moments forts à des moments tièdes au possible. Il n’arrive pas à trouver un équilibre malgré ses premiers chapitres prometteurs qui s’en trouvent malheureusement entachés par ses problèmes cités plus haut, et ses derniers chapitres qui paraissent en comparaison exécutés à la va-vite avec un dernier boss inintéressant qui fait l’effet d’un pétard mouillé. 

Sur le même niveau, la difficulté se trouve être en dent de scie. Certains des ennemis sont de véritables éponges à balles, sans parler de sa jouabilité perfectible qui rend l’esquive des monstres souvent difficile sinon impossible dans certains cas malgré le positionnement par endroit sans surprise et assez peu réfléchi de ces derniers. Qui plus est, utiliser le menu d’inventaire ne met pas la pause qui couplé à un système de rechargement des armes trop complexe pour être amusant, alourdi l’expérience générale. 

Qui Daymare difficilement

Daymare: 1998 est donc frustrant à bien des égards. Ses armes ne semblent pas suffisamment précises. Quand on vise, à l’image du remake de Resident Evil 2, il faut attendre un peu pour que le viseur se concentre pour en théorie en améliorer la précision de tir. Pourtant il n’en est rien un tir pouvant mener à un coup parfait à la tête éliminant le zombie en un coup, tandis qu’un autre pourrait très bien n’avoir aucun effet si ce n’est occasionner quelques dégâts.

Il s’agit d’un jeu compliqué qui ressemble souvent plus à un rafistolage de morceaux de jeu plutôt qu’à une expérience réellement pensée du début à la fin. On se dirait presque que son développement a peut-être tourné autour de la réutilisation de ce que ses développeurs avaient pu créer pour leur projet de remake. On se retrouve du coup avec un jeu déséquilibré à plusieurs niveaux, technique comme conceptuel ou encore narratif. 

Cela ne lui enlève en riens ses qualités, mais ses défauts bien réels ne peuvent non plus être oubliés. Il passe ainsi trop souvent du coq à l’âne dans une aventure qui nous donne cette désagréable impression de ne pas savoir ce qu’elle veut. Si Resident Evil 2 ne brillait pas non plus pour sa qualité narrative, il faisait le job. Et puis son gameplay est vieux de plus de vingt années que son remake officiel a su en partie renouveler. 

Daymare n’a pas cette excuse. C’est un nouveau jeu qui aurait pu s’affranchir de ses influences pour proposer quelque chose de neuf ce qu’il ne fait pas. Il pâtit véritablement d’un déficit d’originalité et à force de se remplir d’easter eggs, il en vient également à souffrir d’un manque de personnalité propre. 

Rien n’existe dans ce jeu sans être rattaché à une référence existante donc sans apporter du sang neuf. Il manque aussi de tant de finitions. Pourtant le talent derrière est réel et n’attend qu’une seule chose : une nouvelle aventure où cette équipe de développeurs pourra pleinement s’exprimer, on l’espère, dans un projet qui paraîtra enfin plus personnel. En attendant, Daymare: 1998 est une belle promesse qui ne remplit pas entièrement les siennes et qui dépassera difficilement le stade de simple curiosité pour la plupart des joueurs, même les fans avertis de Resident Evil.

Daymare : 1998 est victime de ses ambitions autant que de son manque de nouveautés à cause de sa trop grande similitude avec Resident Evil 2. Son scénario est assez confus et n’aide pas non plus son gameplay à la jouabilité et l’ergonomie datées. Il n’est pas un mauvais jeu pour autant et reste solide techniquement pour peu que l’on ne prête pas trop attention à ses cinématiques ou ses finitions perfectibles par manque de temps ou de budget. Il reste finalement qu'il y a clairement du talent derrière cette nouvelle équipe qui ne demande qu’à mûrir et qui se devra de dépasser le simple cadre de l’hommage pour leur prochaine aventure s’ils espèrent assoir leur nom parmi les développeurs qui comptent.

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Kilta
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