Critique

Control

Développeur : Remedy Entertainment – Éditeur : 505 Games – Date de Sortie : 27 août 2019 – Prix : 60 €

Après nous avoir entraînés aux confins d’une bourgade américaine en proie aux ténèbres dans Alan Wake et nous avoir exposés à une fracture temporelle dans Quantum Break, les finlandais de Remedy Entertainment nous invitent au Bureau Fédéral de Contrôle, un organisme chargé comme son nom l’indique, de contrôler et confiner les objets altérés présents dans le monde. Ces objets, plus ou moins dangereux, renferment un pouvoir et peuvent être à l’origine d’accidents ou de disparitions. Dans cette ambiance à la X-Files, Jesse Faden, en quête de réponses concernant son frère disparu, se rend sur place, guidée par une étrange voix intérieure. Mais le Bureau est en proie à l’attaque du Hiss, une entité qui a pris possession des employés et les a retournés les uns contre les autres…

La situation est sous contrôle

Pour ce nouveau jeu, Remedy adopte la formule du Metroïdvania permettant plus de liberté au joueur. L’exploration du Bureau peut ainsi se faire de façon non-linéaire mais restera tout de même contrainte par l’avancée dans les missions principales qui octroient des pass permettant d’accéder à de nouvelles zones. De nombreuses quêtes annexes sont également disponibles, augmentant sérieusement la durée de vie du jeu avec des combats de boss optionnels, des énigmes ou encore des missions de « nettoyage », prodiguées par l’étrange concierge du Bureau.

Malgré le fait que le jeu se déroule dans un seul et même bâtiment, les environnements sont assez variés pour que l’on ne s’ennuie pas à les explorer. Des traditionnels bureaux traitant la paperasse aux labos scientifiques en passant par des sous-terrains et d’immenses carrières de pierre, c’est un plaisir d’arpenter les différentes sections et d’en apprendre plus sur les missions pour le moins singulières du Bureau.

De nombreux extraits de dossiers de recherche, de correspondances et de vidéos d’explication sont disséminés partout dans les environnements et s’ils ne sont parfois pas très utiles à la compréhension de nos petites affaires, ils ne manqueront pas d’un certain humour. On se souvient entre autres des déboires d’un employé contraint de déménager de bureau en raison d’un post-it altéré dupliqué à l’infini, recouvrant ainsi la pièce ; de l’enregistrement d’une séance d’examen d’un canard en plastique supposément altéré ; ou encore des vidéos du Docteur Darling qui nous explique le travail du Bureau façon « Le Bureau Fédéral de Contrôle pour les nuls ». Néanmoins, il vous y conseillé de profiter du jeu en V.O., tant les doublages français sont mous par moments et souffrent par dessus tout d’une synchronisation labiale totalement à la ramasse.

Le Bureau, c'est moi

Au fil des missions, Jesse acquiert différentes aptitudes en se liant à des objets de pouvoir. En commençant par l’arme de service, un objet pouvant revêtir plusieurs formes (pistolet, shotgun, arme automatique…), elle obtient ensuite des capacités de télékinésie, très utiles au combat pour briser les boucliers ennemis, avant de les finir à coups de balles. Par la suite, nous obtiendrons également un bouclier, la possibilité de léviter ainsi que de posséder un ennemi afin qu’il combatte à nos côtés. Ces capacités peuvent ensuite être améliorées grâce à des points de compétence obtenus au fil des missions. La montée en puissance de Jesse se ressent lors des affrontements avec les humains possédés par le Hiss dont on profite pleinement grâce à une prise en main très simple du switch entre l’arme de service et le lancer télékinésique. Les combats souffrent toutefois de répétitivité, d’autant que la puissance du lancer (one-shot sur les ennemis de base) ne vous encourage pas à utiliser l’arme de service en dehors des moments où votre énergie se régénère.

Une série de mods permettent d’améliorer vos armes (précisions, dégâts, cadence de tir…) et votre personnage (santé, taux de régénération d’énergie, puissance du bouclier…). Il est possible d’en récolter dans des coffres ou d’en fabriquer grâce aux matériaux trouvés par ci et là. Or, les mods obtenus sont totalement aléatoires ce qui n’encourage pas leur création. On préférera bien souvent utiliser les mods qui figurent déjà dans notre inventaire plutôt que de se risquer à des coups de poker.

Dans Control, pas de santé qui remonte automatiquement, ni de fiole de soin. La seule manière de survivre en cas de coup dur est de dézinguer quelques ennemis qui laisseront derrière eux de précieux cristaux bleus. La recette fonctionne bien et le jeu n’est ni trop facile, ni trop frustrant d’autant que Jesse deviendra peu à peu une super-héroïne, bien plus puissante.

Mais (car il y a un mais, et un gros) cette recette n’est pas entièrement au point lors des combats contre les boss. Notamment les boss optionnels, d’une difficulté bien plus élevée et reposant également pour certains sur un facteur chance beaucoup trop présent. Voyez l’injustice lorsqu’en plein combat de boss, un ennemi bien plus puissant est invoqué. Invisible et imprévisible, il apparaît à côté de vous et vous lance une attaque passant votre vie de 100% à 5%, vous laissant juste assez pour que le boss ou l’un des autres mobs kamikaze vous tuent d’une pichenette. Les ennemis de base étant trop rares, voir inexistants, vous ne pouvez compter sur les cristaux de vie. Même un sans-faute vous est renvoyé à la figure si vous n’avez pas réussi à venir à bout du maudit ennemi surpuissant à temps et que celui-ci vous surprend dans le dos lorsque vous vous concentrez sur le « boss » du niveau. Ah, frustration et crise de nerfs, quand tu nous tiens… Et croyez bien que ce n’est pas mon skill légendaire qui en est la cause, après plus de 30h de jeu je maîtrisais bien l’étendue de mes pouvoirs.

Destruction, RTX on

Finissons toutefois sur l’un des atouts majeurs de Control : le jeu est splendide. Graphiquement parlant il pose la barre très haut et propose des reflets complexes sur les vitres et les flaques d’eau, des éclairages dynamiques, un environnement destructible avec un moteur physique bien calibré et des animations extrêmement bien réalisées. Vous tirez dans un fauteuil ? Des plumes s’en échappent. Vous tirez dans une fine table en bois ? Un morceau en est arraché. Vous agrippez le projecteur qui fait défiler un film sur un tableau blanc ? Le film se verra projeté sur toutes les surfaces alentours, en respectant bien un effet de distance et de déformation selon l’angle adopté. 

Afin de jouer au jeu à son plein potentiel, une carte graphique RTX sera toutefois nécessaire (ce qui n’empêchera pas quelques micro-freeze ou chute de framerate à 25 FPS par quelques rares moments). Tous ces détails rendent le jeu réaliste et magnifique, jouer avec les environnements n’en est que plus jouissif.

Control, on l'adore par moments pour son scénario étrange, son ambiance délirante, son humour particulier et sa réalisation très soignée ; et on le maudit par d'autres fois où l'injustice prend le dessus sur le plaisir, où un combat de boss se révèle trop aléatoire et imprévisible, où un checkpoint mal placé oblige à repasser par des couloirs grouillants de monstres avant d'arriver à un boss... Le jeu n'est clairement par parfait et j'ai moi-même pesté sévèrement lors de certaines phases, malgré tout je le retiens comme une bonne expérience de jeu et j'ai hâte de voir ce que Remedy pourra nous proposer après ça.

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Kitsune-Musume

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