Franchise ressuscitée de la plus belle des manières
Critique
Nier Replicant ver.1.22474487139…
Développeur
Cavia/Toylogic
Éditeur
Square Enix
Date de Sortie
23 avril 2021
Prix de lancement
59,99€
Testé sur
PC
Ainsi, Nier est revenu. Bien bien. Pourtant je pensais qu’après ce qu’il s’était passé en 2010, on aurait tiré un trait définitif sur toute cette affaire. Mais c’était sans compter sur le YoRHa et ses satanés androïdes 2B et 9S qui ont eu une chance insolente et un succès totalement mérité. C’est une deuxième possibilité qui s’ouvre devant Nier et Yonah, et leurs amis, de faire raconter leur histoire encore une fois, une histoire riche, une histoire triste, une histoire qui ne peut être racontée que sous la forme d’un jeu vidéo.
Nier Gestalt (ou Replicant, c’est le même ) m’a profondément marqué en 2010 quand j’y ai joué, et pourtant le brave jeu ne partait pas gagnant. Pensez donc, dans une année déjà chargée en jeux d’excellente facture, ou de déceptions certaines, comment diable pouvait surnager ce « petit » jeu, un peu moche, mal fini, et dont l’intérêt ne se révèle qu’après plus d’une dizaine d’heures de jeu ? Et bien il n’a pas franchement surnagé, mais ceux qui ont insisté à l’époque en gardent un souvenir ému, une pépite rejetée, pleine de charbon mais qui cache un cœur en platine et diamant.
2010, Bonne An-nier
Faut avouer que je n’y aurais même pas forcément jeté un œil plus insistant que ça s’il ne m’avait pas été chaudement conseillé par un gars sûr, comme on dit, connaisseur des jeux Cavia et de Drakengard (dont Nier est une sorte de suite, mais c’est un peu tiré par les cheveux). Il m’a proposé le jeu en me disant : « tu vas voir, le début est un poil long, mais accroche-toi et ça va bien se passer » (enfin à peu près, hein, c’était y a 11 ans, je n’ai plus les mots). Et ben oui, en effet, le début est un poil long, mais j’étais intrigué. Et puis si ce pote me le recommandait il n’y avait pas lieu de douter. Alors j’ai insisté. J’ai un peu forcé parfois, mais c’était bel et bien une grande expérience vidéoludique qui avait malheureusement été éclipsée par son enrobage très (trop) étrange et difficile à promouvoir.
Je pourrais vous faire la même chose et vous dire, « Nier Replicant, c’est bon, mangez-en », mais ça serait un peu court, et pourtant trop en dire serait divulgâcher ce qui attend le joueur dans son périple, mais ne pas en dire assez serait peut-être faire un peu trop monter la sauce. Ah je ne sais pas, c’est compliqué. Bon, pour faire court, on incarne un jeune héros, dans un monde post-post apocalyptique, où la société est revenue à un niveau presque XIXè siècle, mais envahi par des ombres menaçantes. La sœur du Héros, Yonah, est atteinte par un mal incurable, et il faudra remuer ciel et terre pour trouver un remède, voilà, hop.
un plaisir à ne pas Nier
Bon si tu en es rendu là, cher lecteur, sache que le jeu s’adresse à trois types de personnes : ceux qui ont fait Nier Automata et qui n’ont pas fait le Nier Original de 2010, ceux qui ont fait les deux et ceux qui n’en ont fait aucun (oui dit comme ça ça semble une sacrée évidence mais eh, hein…).
Pour les premiers, et dont la fin de Nier Automata a pu laisser un grand vide : viendez ça va bien se passer. Après un début plutôt chaotique, les choses vont se mettre en place, et des liens vont se faire, et vous allez passer rapidement par plusieurs états, en poussant des ooh, et probablement des aaah. Les subtilités du jeu seront beaucoup moins surprenantes qu’à l’époque, mais eh, c’est la vie. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit, Nier Replicant est un jeu à part entière dont Automata s’inspire au final plus qu’il n’en reprend les concepts, les deux jeux sont assez similaires dans leur déroulement, mais sont finalement différents sur la forme et le fond. Bref accrochez-vous, et appréciez la balade.
Les seconds, s’ils n’ont pas refait Nier Gestalt régulièrement pendant 10 ans mais juste une fois, à l’époque, et que Nier Automata est encore frais dans leur mémoire musculaire, ça va aussi très bien se passer, et le remaster est suffisamment subtil pour que le jeu reste comme dans les souvenirs, en mieux mais sans vraiment qu’on s’en rende compte. Les quêtes annexes sont toujours assez moisies dans leur déroulement et leurs objectifs, mais tout a été sensiblement raccourci, les animations de ramassage d’objets par exemple durent facile une seconde moins, et vu le nombre de bidules à ramasser ça fait du temps économisé. D’autre part, le changement de personnage rend le jeu plus « cohérent avec Automata, puisque le duo Kainé et Nier, fait un peu plus penser au duo 2B et 9S que l’original Papa NIER et sa masse musculaire dingo.
Et pour les autres, ben… Commencez par celui-ci, en fait. Vous allez voir, le début est un peu long, mais après, ça déboîte. Le jeu ? Boh, c’est un action RPG mâtiné de shoot’em up, avec des quêtes à remplir des bonhommes à recruter un peu et des donjons à faire. Rien de bien surprenant, vraiment, haha. Non je vous jure. Ah si, juste un truc, la fin n’est que le début.
Sans compter la galerie de personnages, orignaux, étranges, inoubliables, impeccablement doublés (Kainé surtout).
Et la musique.
Et les combats contre les boss, gigantesques, sublimes, tragiques.
Et les subtilités de gameplay avec les différentes magies et les mots à trouver, et les armes à récolter, et à améliorer, et puis les quêtes, qui sont pourries dans leur déroulement (souvent de bêtes collectathons, ou des listes de lieux à voir et de gens à qui parler) mais qui réservent souvent des moment touchants, sincères, et beaux.
AH zut, j’en dis trop.
Euh… Nier Replicant, c’est bon mangez-en.
Pour les pécéistes :
Carton jaune cependant à la version PC un peu cracra, mal optimisée et dont le framerate est ajusté sur le rafraichissement de l’écran. Le jeu est conçu pour être joué à 60 images par secondes mais si vous y jouez en 120hz, bah, le jeu va deux fois trop vite. C’est couillon. Depuis la sortie du jeu, aucun patch n’est venu résoudre ce problème (qu’on peut régler dans les paramètres des cartes graphiques, mais bon, c’est dommage, un peu quoi…).
Nier Replicant ver.1.22474487139… est une sorte de miraculé, probablement né après le succès de Nier Automata, quand on a constaté que refaire le jeu de 2010 était tout de même une sacrée gageure. Les curieux, foncez sans hésiter sur le remaster qui gomme une grosse partie des défauts gênants de l’original. Les anciens, eh, c’est plus compliqué, le jeu est plus intéressant à jouer, plus beau, plus fluide, mais ça reste le même jeu, avec les mêmes problèmes de rythme (avec des petits trucs en plus quand même dont une nouvelle fin), donc à vous de voir si vous voulez conserver le souvenir que vous en avez, ou le confirmer avec le remaster. C’est comme un vieux vin ou un fromage un peu ancien, ça sent bizarre mais une fois passé le premier avis, ça passe, allez.