Les Ghostbusters du XXᵉ siècle
Rapide Critique
Crowns and Pawns: Kingdom of Deceit
Développeur
Tag of Joy
Éditeur
Thunderful Publishing
Date de Sortie
6 mai 2022
Prix de lancement
19.99 €
Testé sur
PC
Les adorateurs du genre Point & Click sont, comme le sont les fans d’un genre qui a marqué une époque du jeu vidéo, toujours à la recherche de nouveaux titres qui viendront leur faire regoûter aux plaisirs d’antan, qu’ils ont connu lors de « l’âge d’or » du genre. Ce n’est donc pas étonnant que Crowns and Pawns: Kingdom of Deceit était de ce point de vue, un Point & Click plutôt attendu, non seulement grâce à sa jolie plastique, mais surtout parce que le jeu se présentait comme un descendant de classiques du genre, tels Broken Sword ou Syberia. C’est donc préparé à (re)vivre la grande Aventure, celle avec un grand ‘A’, et à découvrir d’anciens mystères historiques que je me suis lancé dans le jeu de Tag of Joy.
Une héroïne américaine, entrainée malgré elle dans une grande aventure fantastique à travers différents pays, afin de découvrir un mystère historique… Pas de doute, l’inspiration des Broken Sword se fait rapidement sentir dans ce Crowns and Pawns. Dans son ambiance également, on reconnait l’inspiration au niveau de l’apparence légèrement cartoon, ou plutôt bande-dessiné, et aussi du ton léger qui parfois caractérisait la série de Charles Cécil et son personnage principal George Stobbart. Même si Milda, que l’on incarne, ne marquera pas autant notre mémoire que ce bon vieux George, elle reste plutôt attachante, parfois drôle, d’autant que l’on peut souvent choisir sa personnalité dans les différents types de réponses possibles lors des dialogues (une réponse sérieuse ou plutôt une réponse sarcastique par exemple).
C’est d’ailleurs l’une des idées apportées par le jeu qui vient un peu le détacher de ses inspirations. En plus des choix de dialogues, purement là dans un esprit de « roleplay » selon la façon dont l’on choisit d’incarner Milda, nous avons également le choix dans son apparence. Un choix limité à la coupe de cheveux et les vêtements et accessoires portés certes, mais que l’on voit rarement dans un P&C. Une addition au genre qui, si elle ne change pas le cœur du jeu, reste plutôt sympa et appréciée pour être notée. A noter qu’on a la possibilité de changer d’apparence à presque tout moment, et que ce système sera aussi utilisé pour résoudre certaines énigmes. Autre personnalisation possible, on doit choisir au début du jeu le job de l’héroïne. La carrière choisit influencera certains dialogues et l’on commencera également avec un objet différent. Ce qui aura donc une légère influence sur la résolution de certaines énigmes, qui ont plusieurs solutions selon l’objet possédé. Plus exactement, on ne peut pas vraiment parler de multi solutions, car selon la carrière choisie, on n’aura pas le choix dans la résolution de ces énigmes. Ce qui a, de plus, comme souci d’introduire des « red herring » (terme souvent utilisé dans les jeux d’aventure pour désigner des objets présents pour attirer votre attention, mais qui n’ont aucune utilité) concentrant l’attention du joueur sur un élément du décor qui est en fait seulement utile pour une carrière choisie.
Là où un Broken Sword démarre sur les chapeaux de roues, Crowns and Pawns: Kingdom of Deceit débute de façon très posée, avec une ambiance calme plus proche de celle d’un jeu de gestion tycoon que d’une aventure épique, pas non plus aidé par ses musiques chills et en retrait. Mais on sera vite amené à voyager en Europe, et notamment en Lituanie où se passe la plus grande partie de l’aventure. On sera également amené à visiter d’autres pays comme le Belarusse ou l’Italie, non sans y croiser quelques petits stéréotypes. Il en reste que la sensation de se faire happer par le mystère au cœur du jeu, retrouver la Couronne d’un ancien souverain dont la rumeur voudrait qu’elle possède des vertus magiques, est bien présente à plusieurs moments de l’aventure. Néanmoins ces passages sont entrecoupés par d’autres moins intéressants, surtout basés sur les puzzles qui semblent parfois être là principalement pour du remplissage, et qui diluent un peu la sensation de course en avant que devrait être une telle chasse au trésor. On pense notamment à ce passage un peu WTF où l’on doit faire perdre une équipe nationale de hockey sur glace en utilisant une corne de brume pour inciter des chants de supporters…
En parlant d’énigmes, elles sont dans l’ensemble de bonnes factures, mais on peut rester parfois bloqué devant le manque de clarté de l’objectif à court ou moyen terme. En omettant ces soucis de définition d’objectif immédiat, le jeu reste quand même assez accessible dans l’ensemble tout en présentant un bon challenge, dans les standards actuels, au joueur avec des puzzles plutôt réussis. A l’inverse on notera un ou deux ratés, parfois un peu ennuyeux (comme celle où il faut trouver le bon nombre et type d’objets à utiliser pour faire une copie 3D d’un objet), ou pas forcément épique ni dans le ton de l’aventure avec un grand ‘A’ (changer le cours d’un match de hockey par exemple).
S’il apporte quelques idées intéressantes comme la possibilité de customiser en partie l’apparence de l’héroïne principale, des choix de dialogues pour laisser au joueur le choix de sa personnalité, ou encore des passages de narration via échanges de SMS, Crowns and Pawns: Kingdom of Deceit reste un Point & Click on ne peut plus classique dans le fond et la forme, ce qui n’est évidemment pas un défaut. Il n’arrive malheureusement pas à se hisser au niveau de ses influences, Broken Sword en tête, la faute entres autres à un manque de clarté sur les objectifs à court terme, mais surtout à des baisses de rythme un peu trop prononcées qui cassent un peu la grande Aventure proposée. Il en reste néanmoins un Point & Click très soigné, beau, parfois prenant et avec un niveau de challenge suffisamment bien dosé pour contenter les amateurs du genre.
Aye up lad ! Les aliens envahissent le Yorkshire !