Critique

SIGNALIS

CactusSinger
Publié le 17 novembre 2022
SIGNALIS

Développeur

rose-engine

Éditeur

Humble Games, PLAYISM

Date de Sortie

27 octobre 2022

Prix de lancement

19,99€

Testé sur

PC

SIGNALIS s’est entre autres fait remarquer lors d’un Summer Game Fest grâce à un trailer intrigant, montrant une direction artistique atypique et un style graphique en 3D isométrique rappelant les heures de gloire des premiers Resident Evil sur les premières consoles 3D. rose-engine nous offre ici un survival horror retro futuriste sorti pile pour Halloween et qu’on espérait à la hauteur de ses influences.

Attirance visuelle

Parlons tout de suite de ce qui a attiré l’attention sur SIGNALIS et risque encore d’intriguer pas mal de personnes : son style. Le jeu de rose-engine fait le choix du rétro avec une 3D isométrique pixélisée qui évoquera de bons souvenirs (enjolivés évidemment) aux possesseurs de consoles dans les années 90. La DA de SIGNALIS est également très marquée, le jeu proposant des images et cinématiques au style anime japonais fort réussi. Ça ne sera probablement pas du goût de tous, mais force est de constater que le jeu est une totale réussite visuelle, non seulement techniquement mais également au niveau de l’ambiance qui en émane. On est en effet devant un jeu très sombre, sanglant, glauque mais aussi cryptique. Des images subliminales, parfois horrifiques, viendront fréquemment entrecouper les séances de gameplay voire même les cinématiques elles-même, alors que des affiches contenant des messages écrits parfois en Chinois, parfois en Allemand, tapissent les murs de la station S-23 servant de terrain de jeu. Tout est fait pour instaurer une ambiance inquiétante et angoissante, sans jamais toutefois tomber dans l’effroi. SIGNALIS n’est pas là pour vous filer la frousse de votre vie, mais plus pour vous immerger dans une ambiance horrifique. Le tout est d’ailleurs porté par l’environnement sonore réussi du titre, où la musique est très en retrait sauf à certains moments clés. Le jeu est d’ailleurs souvent silencieux à l’exception de quelques bruits inquiétants ou d’interférences. D’ailleurs, on pourra peut-être lui reprocher d’être parfois un peu trop silencieux.

SIGNALIS prend place dans un univers futuriste dystopique, où l’humanité semble utiliser des Replikas, sortes d’androïdes, de différents types pour s’adapter à tout un tas de tâches spécifiques, que ce soient les tâches administratives, pour travailler dans des exploitations minières, pour la protection, ou encore les corvées quotidiennes. Vous prendrez d’ailleurs le contrôle de l’un de ces Replikas, après que votre vaisseau d’exploration spatiale se soit crashé sur une planète enneigée. On apprendra vite que vous êtes à la recherche d’une personne qui vous est chère pour tenir une promesse qui lui a été faite. Difficile d’en dévoiler plus sans spoiler tant SIGNALIS joue la carte de la découverte de son « lore » et de son histoire au compte-gouttes. Le titre se voulant intentionnellement cryptique, il vous faudra relier les différentes informations vous-même si vous espérez comprendre ce qu’il s’y passe. Et c’est un exercice rendu d’autant plus difficile de par la tendance du jeu à tendre vers le surréalisme très tôt dans la progression. On se posera beaucoup de questions tout au long de l’aventure… et potentiellement encore plus sur la fin. Encore une fois, c’est un parti pris qui ne plaira pas à tous, mais SIGNALIS a tout de même suffisamment d’atouts dans sa manche pour être apprécié malgré tout.

C'est dans les vieux pots...

Parlons d’ailleurs du gameplay en lui-même. Comme vous l’aurez compris, SIGNALIS reprend non seulement le style visuel des anciennes gloires du genre, mais également ses codes et principes de jeu. En effet, le jeu ne prend pas beaucoup de risques ici, on reste en terrain connu avec du très classique « old school survival horror » et ses munitions limitées, ses ennemis qu’il est possible d’éviter pour conserver ses munitions, ou encore ses obligatoires « safe rooms » où l’on peut sauvegarder et accéder à son coffre de stockage. Bien évidemment, votre inventaire est limité, ici à 6 objets, sans aucune possibilité de l’améliorer. Si le but de ce genre de restriction est censé au départ vous immerger et vous forcer à faire des choix et préparer chaque sortie de « safe room », on pourra trouver ici que la restriction est un peu trop limitée justement.

On veut toujours garder un minimum d’emplacements libres afin de pouvoir ramasser des objets de quête importants pour avancer, et on est donc limité à une arme, quelques munitions et potentiellement un objet de soin, ce qui fait qu’au final vous n’utiliserez jamais la plupart des objets proposés dans le jeu vu qu’ils ne vous accompagneront jamais pendant l’exploration des niveaux et resteront sagement dans votre coffre de stockage. C’est d’autant plus frustrant que s’il est possible de « stacker » des objets identiques, il existe plusieurs variantes d’objets pour une même utilisation. Par exemple on compte au moins 4 objets permettant de se soigner, et évidemment les objets non identiques ne se « stackent » pas même s’ils ont une même utilisation, on est donc toujours confronté à un inventaire plein en exploration car on tombe toujours sur des objets différents, et il faut constamment faire des aller retours vers son coffre. On aurait préféré la possibilité d’avoir un ou 2 emplacements supplémentaires déblocables au fil de l’aventure comme peut le faire un RE:2 Remake par exemple. Finalement, on notera que si les déplacements se font par défaut comme dans tout jeu moderne, il est néanmoins possible pour les aficionados du genre de passer dans les options aux commandes dites de type « tank », c’est-à-dire qu’en pressant le stick vers le haut votre personnage se dirigera en avant dans la direction qui lui fait face, tel le Resident Evil original. Pas sûr qu’énormément de personnes utiliseront cette option, mais c’est tout de même sympa de l’avoir ajoutée.

Au niveau des originalités, SIGNALIS changera parfois le positionnement de la camera pour passer en vue à la troisième personne. Ne vous attendez pas à soudainement jouer à un TPS, ces phases sont purement narratives et sans action. La carte intégrée au jeu fait également preuve de modernité et indique automatiquement tous les endroits d’intérêt que vous découvrez, et vous indique si vous avez encore quelque chose d’important à y faire. Une carte donc très utile qui vous aidera à ne pas perdre la marche à suivre… Du moins lorsque vous en avez une… A partir d’un moment, le jeu désactivera purement et simplement votre carte, se privant donc d’un de ces plus beaux atouts, et rendant au passage l’expérience de jeu bien plus frustrante que plaisante. C’est vraiment dommage, d’autant que ça n’apporte absolument rien de positif. Autre frustration, le jeu ne se met pas en pause lors des interactions avec des objets, telles des portes fermées, il faudra alors matraquer le bouton pour faire passer le texte pendant que les ennemis en profiteront pour vous lacérer à grand coups de couteaux. 

SIGNALIS est un survival horror visuellement magnifique, doté d’une ambiance unique, à la fois oppressante et intrigante, faisant cependant la part belle au surréaliste, ce qui pourra en rebuter quelques uns. rose-engine nous offre un jeu extrêmement agréable à parcourir dans sa globalité mais qui peut parfois se montrer frustrant voir laborieux, principalement avec son inventaire limité forçant à bien trop d’allers-retours, ou quand il décide d’enlever la carte au joueur. Un jeu qui devrait toutefois ravir les habitués des survival horror à l’ancienne, et qui reste également abordable aux nouveaux venus.

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