Seul sur Mars… Mais mieux équipé
Critique
Vampire: The Masquerade – Justice
Développeur
Fast Travel Games
Éditeur
Fast Travel Games
Date de Sortie
02 novembre 2023
Prix de lancement
29,99 €
Testé sur
Meta Quest 2
Le World of Darkness, et plus particulièrement la licence Vampire: the Masquerade, continue son renouveau vidéo ludique lancé il y a maintenant quelques années par le rachat de WhiteWolf par Paradox interactive. Après les Visual Novel, Choices of Games, RPG narratifs, Battle Royal, mais surtout en attendant Bloodlines 2, c’est cette fois à la Réalité Virtuelle que s’essaye la licence, via l’expérimenté studio Fast Travel Games. Vampire: the Masquerade – Justice vous promet la possibilité de vivre en VR un Dishonored-like, dans la peau d’un vampire assassin du clan Banu Haqim. Un pari réussi ?
Le clan des Banu Haqim est notamment connu pour leur sens personnel de la justice lorsqu’il s’agit de maintenir leur propre code moral. C’est pourquoi, lorsque votre progéniteur se voit donner la mort finale, l’ultime destruction d’un Vampire, lors du vol d’une statuette, le bien nommé Justice décide de clamer vengeance et s’en va direction Venise pour retrouver le responsable. C’est avec ce prétexte narratif que vous vous retrouverez donc à arpenter les rues de Venise de nuit, dans ce jeu d’infiltration-action. Dans le principe, on pense tout de suite à un Dishonored-like en réalité virtuelle, même si, disons-le dès maintenant, il n’offre pas autant de possibilités et de liberté que celui-ci. Si on a bien le choix entre faire en sorte de passer totalement inaperçu, ou plutôt silencieusement éliminer les ennemis sur sa route, il n’est pas question ici de partir la fleur au fusil pour en découdre frontalement avec les gardes du clan Hecata, c’est la mort finale assurée qui vous attend.
Venise by night
Il s’agit en effet principalement d’un jeu d’infiltration où vous devrez faire usage de vos capacités physiques et de vos Disciplines, les pouvoirs vampiriques, afin de progresser dans des environnements semi-ouverts. Il faudra donc rester hors du champ de vision de vos ennemis, bien aidé par votre vision augmentée permettant de voir au travers des murs le cœur des ennemis, mais aussi leurs angles de vision, ainsi que des indices cachés. Il est également possible d’utiliser la verticalité du jeu, en grimpant le long de gouttières afin de prendre un peu de hauteur et tenter d’échapper à la vigilance des gardes. Tout comme dans Dishonored, vous aurez aussi la possibilité d’utiliser un blink pour vous téléporter à quelques mètres devant vous, par exemple sur une plateforme autrement hors d’atteinte, ou simplement pour éliminer d’un coup un garde. Notre assassin aura de plus rapidement accès à une arbalète à main qu’il sera possible d’alimenter en carreaux spéciaux créés à l’aide de votre sang, qui donneront accès à des chemins normalement fermés ou permettront d’endormir temporairement les gardes.
Le sang est d’ailleurs bien évidemment la source de pouvoir d’un vampire. Ce sera donc votre ressource principale pour l’utilisation de vos capacités et pouvoirs, et il faudra vous nourrir pour en récupérer. En VR, c’est d’ailleurs assez grisant d’attraper une personne par les épaules et de se pencher en avant afin de plonger ses crocs dans son cou, puis de vous débarrasser du cadavre sans vous en soucier plus que ça, voire carrément en le lançant dans le canal. Contrairement à ce qui est coutume dans l’univers de Vampire: the Masquerade cependant, vous n’aurez pas ici la possibilité de vous nourrir sans tuer votre victime, et ce même sur les rares innocents croisés la nuit, entre deux missions, dans le hub principal du jeu. Il sera cependant possible de récupérer un peu de sang sur les rats du coin si vous voulez éviter les victimes humaines.
Au rayon des Disciplines, on trouve ici la possibilité de se fondre dans les ombres afin de se rendre invisible, le « chaudron de sang » faisant littéralement bouillir le sang de vos ennemis qui finissent par exploser, ou encore faire disparaitre un garde dans un piège d’ombre posé sur son chemin. Toutes ces capacités seront à débloquer à l’aide de points d’XP obtenus à chaque fin de mission. Il sera d’ailleurs possible d’obtenir des points bonus en finissant la mission en ne tuant aucun ennemi, ou encore sans se faire repérer.
Assassinat tout confort
Sur le plan du confort de jeu, chose ô combien importante en VR, il faut bien noter que les déplacements dans Vampire: the Masquerade – Justice ne se font qu’au stick analogique exclusivement. Il n’y a en effet pas la possibilité de se déplacer par téléportation, et ce, malgré la présence du Blink qui, s’il est gratuit en ressource, possède un cooldown de quelques secondes et ne peut donc pas être spammé pour se déplacer. Ça peut être un point rédhibitoire pour pas mal de joueurs, cependant, Fast Travel Games a réalisé un excellent travail pour le confort de son jeu, notamment au niveau de la fluidité. Pour ma part, étant extrêmement sensible à la cinétose et en général incapable de jouer plus de 10 min aux jeux VR avec déplacements au stick, j’ai pu ici faire des sessions de jeux allant jusqu’à plus d’une heure trente sans me sentir mal à la fin. Un exploit à noter.
Bien évidemment, cette fluidité a tout de même un prix. Vampire: the Masquerade – Justice reste assez modeste sur le plan visuel, en tout cas sur un Meta Quest 2, avec des textures un peu ternes et souvent floues, mais ça reste très correct pour un jeu qui tourne directement sur un casque de quelques années maintenant. De même, les zones de jeux sont au final assez linéaires, on est très loin d’un monde ouvert.
Le jeu reste tout de même agréable à parcourir, et l’immersion fonctionne bien. On lui reprochera cependant quelques approximations dans ses interactions avec l’environnement, on galère parfois à manipuler un objet, ouvrir une porte ou utiliser un mécanisme, et il faut fréquemment s’y reprendre à plusieurs fois. De ce côté, on n’est pas vraiment au niveau des cadors du genre, Half-Life: Alyx en tête, mais on lui concédera volontiers que son budget n’était probablement pas non plus le même. On aurait tout de même pu espérer un peu plus de soin apporté dans ce domaine.
Au final, le point le plus négatif restera les temps de chargement beaucoup trop longs sur Meta Quest 2. Il faut bien compter 45 secondes entre un gameover et la reprise de la partie. C’est très frustrant dans les passages où il faut plusieurs tentatives avant de les réussir, surtout si vous espérez atteindre les objectifs bonus, sans vous faire repérer ou en restant en mode pacifiste. J’ai également été sujet à deux plantages complets qui m’ont fait redémarrer le casque. Mais à part ça, rien d’autre à signaler.
Vampire: The Masquerade – Justice est donc une belle surprise, et un très bon jeu VR, surtout au vu de son ambition affichée. Certes, on est assez loin d’un Dishonored, mais dans le casque les sensations sont bel et bien là. Son gameplay fonctionne bien, et le confort de jeu est étonnamment élevé pour un jeu VR avec déplacements au stick. On a le droit à une histoire assez typique du monde des ténèbres qui fait le taf sans non plus être exceptionnelle, mais qui pourrait attiser la curiosité des non-connaisseurs de l’univers, même si le jeu fait le choix de mettre en avant des clans vampiriques moins connus, et si on notera quelques libertés prises par rapport au Lore de Vampire: The Masquerade, principalement au nom du gameplay cependant.