Dossier

Chacun FEFFS, Ce qu'il lui plaît, plaît, plaît

Après ma fantastique expérience de l’année dernière, j’attendais avec la plus grande impatience cette nouvelle édition du FEFFS. Et si le Festival du Film Fantastique de Gérardmer m’a permis de patienter, il ne remplace pas le plaisir du FEFFS et de ses spécificités.

Bien décidé à couvrir la plus grande partie du festival possible, c’est accompagné de mes comparses FFVIMan et Mr Ours que j’éclusais les rues de Strasbourg. FFVIMan aimant tellement la pellicule qu’il a décidé de couvrir le festival à l’appareil photo argentique. Tandis que Mr Ours, armé de sa légendaire discrétion, est en fait le maître d’œuvre de toute la logistique. Choix et réservation de l’Airbnb, sélection de films, planification et achat des places en amont, sans oublier les restaurants qu’il aura également sélectionnés et réservés. Il suffit à lui seul à remplacer toute une équipe, les agences de voyage n’ont qu’à se rhabiller.

J’enchainais donc 54 séances sur les 10 jours (nouveau record), suivi de près par mes coéquipiers. Le mode marathon n’est cependant pas du goût de tout le monde. Il est ainsi tout à fait possible de parcourir seulement quelques films de la sélection pour pouvoir se laisser le temps de souffler et surtout d’assimiler certaines œuvres parfois particulièrement prenantes. Sans parler du temps nécessaire pour manger ou dormir en plus des projections.

Un festival, 5 cinémas

Tout comme l’an dernier, le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg se déroulait dans tous les cinémas de la ville. Du gigantesque UGC cité ciné (24 salles), dans lequel aucun d’entre nous n’aura mis les pieds une seule fois, à son exact opposé, le Cosmos (2 salles), dans lequel aucun d’entre nous n’aura mis les pieds une seule fois non plus, mais pour d’autres raisons. 

L’UGC malgré le confort de ses salles, est à la fois loin du centre-ville (une bonne demi-heure) et bien trop aseptisé. Je vous expliquais l’an dernier l’avoir évité pour ces mêmes raisons. Cette année, j’ai pu optimiser mon programme pour ne pas avoir à m’y rendre du tout.

Pour ce qui est du Cosmos, son implication dans le festival est bien moindre et les quelques séances qu’il proposait n’apparaissaient pas dans la grille de programmation servant de base à la conception de mon planning. Ainsi, c’est plus un raté qu’une véritable volonté de ne pas y aller (au contraire même). D’autant plus que les séances projetées au Cosmos l’étaient en exclusivité.

Le fief du festival restant bien entendu le Star St-Exupéry, accompagné du très proche Star et du Vox. Chacun d’entre eux participe au festival avec une certaine logique de programmation qui permet de très facilement s’y retrouver et de savoir comment s’organiser sur place. Ils restent de plus parmi les derniers représentants de petits cinémas au charme si particulier qui attire les vieux cinéphiles comme moi.

Le village, point de chute entre les séances

Le second fief du festival, c’est bien entendu son village. Dans les rares moments de calme entre deux séances, plutôt que de glander dans les rues de la capitale européenne, direction le village pour rejoindre les copains ou s’en faire de nouveaux.

Si le village proposait moins d’animation que l’an dernier (pas de Frankendoudou cette année), on retrouvait avec plaisir l’équipe des bénévoles armés de leur plus beau sourire. L’occasion de retrouver quelques têtes connues, je vous ai déjà parlé de Fred ? De Baptiste ? De Jean ? Ils étaient bien sûr tous présents.

La quasi-totalité des bénévoles que j’ai pu recroiser m’annonçait dès le premier jour qu’ils seraient chacun moins présents que l’année dernière. L’équipe ayant grossi, chacun d’entre eux devrait donc en faire moins, du moins sur le papier. Dans les faits réels, le bénévole compétent est une denrée rare et ce sont finalement les mêmes têtes que je verrai avec plaisir pendant ces 10 jours (dont j’ai oublié le prénom de la plupart). 

Devant pallier les absences des nouveaux, à une épidémie de rhume qui va paralyser une partie de l’équipe ainsi qu’à divers problèmes de logistique, ce sont les fantastiques bénévoles du FEFFS qui viendront combler les trous. Un détail invisible qui va cependant donner une stabilité qui permettra à chaque spectateur festivalier de passer un excellent moment sans ressentir les moindres conséquences de toute organisation d’un festival de 10 jours. 

Vous pouviez en toutes circonstances retrouver le sourire de Jean à la boutique et aux accréditations. Tout comme Augustin (j’ai un doute sur son prénom cependant) recueillait vos tickets à presque chacune de vos séances au Star.

Photos FFVIMan

Une véritable logique de programmation

Si un festival cinématographique se déroule dans des salles obscures, c’est la sélection de films qui en fait toute la saveur. C’est sans doute ici que réside la véritable force du FEFFS. 

En effet, la diversité des offres proposées au sein d’un même festival va permettre de s’adresser à des publics très différents. C’est l’intérêt de voir l’UGC participer au festival au même titre que le Star. Les spectateurs en quête d’une installation ultra confort trouveront leur bonheur, tandis que les festivaliers à la recherche de convivialité iront se réfugier au Star.

Et il en est de même pour le contenu du festival. Si certains ne jurent que par les films en compétition, d’autres iront à l’inverse au FEFFS uniquement pour les rétrospectives ou encore les midnight movies. D’autant plus qu’aucune des sélections de ce festival n’est délaissée et que l’équipe de programmation semble porter attention à chaque offre en détail.

Chaque catégorie s’intègre ensuite dans une logique logistique plus globale. Les midnights movies sont, par exemple, projetés au Star St-ex, puis sont rediffusés plus tôt dans la journée le lendemain au Vox. Les rétrospectives se déroulent pour la plupart au Star, tandis que les projections en 35 mm sont quant à elles réservées au St-Ex. Les spectateurs peuvent ainsi rapidement associer un lieu à un type de cinéma. 

Ah oui, ça je ne vous l’ai jamais dit, mais LE cinéma comme une grande entité unique n’existe pas. Il existe des types de cinémas, allant de celui d’exploitation, aux arts et essais, en passant par les blockbusters, les nanars et tout ce qui peut se trouver entre et autour. Loin d’être un festival d’un seul genre, le FEFFS est un festival qui sait mettre en avant les différents types de cinémas par le prisme du fantastique.

Si vous deviez me demander mon film préféré du festival, je vous répondrais sans doute par une autre question afin de savoir de quel type de cinéma vous parlez. Mon nanar préféré du FEFFS ? Ma rétrospective la plus marquante ? Ou le film en compétition qui m’a le plus étonné par sa fraîcheur ? 

Le meilleur des moins bons

Les équipes de programmation vont donc en amont du festival visionner, trier et finalement sélectionner une quantité définie de films pour en faire le cœur du festival. Mais ce que l’on oublie parfois, c’est qu’ils sont tributaires des films qui leur sont proposés. 

Étant féru de midnight movies, j’avoue avoir été quelque peu déçu par les projections de cette année. Malheureusement ce n’est pas la sélection qui a été mal faite, mais le niveau global des propositions faites qui est assez faible. D’ailleurs, le FEFFS n’est sans doute pas le seul festival de cinéma à en ressentir les conséquences. M’étant rendu à Gérardmer en janvier dernier, j’ai pu y revoir de nouveau Mad Heidi. Est-ce parce que les programmateurs de cet autre festival l’ont trouvé génial ou était-il le moins mauvais des midnights proposés et restait le mieux même si celui-ci avait été projeté quelques mois auparavant à quelques centaines de kilomètres seulement ? 

Ne pouvant jamais savoir ce qu’un festival a reçu ou non comme proposition de films, difficile de savoir si la sélection est de qualité ou non. À moins de se tourner vers la cohérence de celui-ci. Et ici aussi le FEFFS nous propose une offre d’une excellente qualité. La rétrospective Terry Gilliam de cette année représente parfaitement l’œuvre de son réalisateur (mais j’y reviendrai en détail). Les œuvres sélectionnées à travers les différents types de cinémas se répondent avec des thèmes non officiels que l’on peut percevoir. La VHS était entre autres l’un des sujets forts de cette année, tandis que la présence de chats dans les courts-métrages était un running gag pour mes comparses.

La sélection de films de cette année, bien que globalement moins marquante que l’an dernier, présentait cependant beaucoup de bons films. Des œuvres assez réussies pour être appréciées, mais pas forcément pour rester dans les mémoires. Difficile pendant le déroulement du festival de parier sur le gagnant des films en compétition tant ceux-ci étaient tous globalement réussis, mais également pas assez exceptionnels pour en voir certains se détacher du lot par le haut.

Photos FFVIMan

Le projectionniste de l’extrême

L’an dernier, j’avais chipoté sur une histoire de format de projection du teaser passé avant chaque séance. Si cette année au premier jour la configuration était similaire, il a suffi d’en toucher un mot au projectionniste pour qu’un nouvel export du fichier vidéo soit fait. Et à peine quelques séances plus tard, les festivaliers (du Star St Exupéry du moins) pouvaient profiter d’un beau teaser prenant tout l’écran avant chaque séance.

Ce projectionniste est d’ailleurs l’une des petites mains indispensables du festival. Si le Star St Ex peut projeter du 35 mm, c’est grâce à lui. Si les formats sont changés quand un relou comme moi chipote, c’est également grâce à lui. Et c’est aussi lui qui s’occupe de la plupart des projections du festival. Ayant passé de nombreuses heures au Star St Ex en 10 jours, je peux vous affirmer l’avoir croisé de bon matin avec mon café pour la séance presse de 9 h 00. L’avoir revu à 13 h après mon sandwich pour un film en compétition. Et même l’avoir de nouveau aperçu à la séance midnight du même jour avec mes petits saucissons et ma rince cochon. Il était tout le temps là.

Et oui, je passe mon temps à grignoter en festival, mais est-ce que je vous ai parlé du gigantesque jarret du météor, de son vol au vent géant ? Ou des tablées de spaetzle au munster de la Fignette qui vous attendent à la sortie du St-Ex ? Vous devriez goûter vous-même.

Le programmateur de l’extrême

Autre figure du festival, je vous parlerai régulièrement de Bastian qui est l’un de mes chouchous, mais également une figure emblématique du festival. Vous avez pu l’apercevoir en costume d’Heidi sur mon reportage de l’an dernier, et vous le verrez sans doute en photo également cette année. 

Mais au-delà des présentations qu’il anime avant chaque film, tout comme Pascal, Greg ou Consuelo (qu’on a assez peu vu cette année), il est aussi l’un des programmateurs du festival. C’est d’ailleurs lui qui a proposé la soirée midnight short (dont je vous parlerai plus bas), histoire de se rajouter encore un peu de boulot.

Et si je vous parle de lui plus spécifiquement, c’est pour vous préciser que si comme moi, vous aimez écouter les belles histoires qu’il raconte, vous pouvez à présent les lire également. Sans qu’il en dise un seul mot lors du festival, on a pu voir son livre Hallyuwood Le Cinéma coréen paraître. Et comme il est modeste et qu’il n’a pas osé en parler sur place, je prends l’initiative de vous en parler ici. D’ailleurs, je le lirai sûrement moi-même.

Après cette longue introduction, vous trouverez ci-dessous un rapide retour sur chaque film que l’un des membres de l’équipe a pu voir. Certains seront en salle au moment où vous lirez ces lignes, d’autres seront déjà sortis et d’autres encore ne sortiront peut-être jamais. C’est aussi ça la magie des festivals cinématographiques.

Film d’ouverture - Ça tourne à Séoul!

Dernière production en date de Kim Jee-Woon qui n’est autre que le réalisateur de 2 sœurs dont je vous ai déjà parlé. Ça tourne à Séoul! est un film qui parle justement de cinéma. 

On y suit un réalisateur, un brin raté, tentant de créer son dernier chef-d’œuvre et qui va rencontrer multitude de problèmes. Des acteurs capricieux, un passé sombre, une organisation chaotique et même une censure gouvernementale qui va venir mettre son nez là-dedans. À mi-chemin entre humour et drame, le film est une parfaite introduction au festival qui va pouvoir dès la première séance mettre les festivaliers dans le bain de la création cinématographique au-delà de la simple œuvre finale.

Compétition internationale fantastique

Superposition

Premier film en compétition visionné, Superposition aborde le thème assez connu du doppelgänger. C’est-à-dire de votre sosie, votre double, mais Doppelgänger c’est quand même vachement plus classe comme nom.

Un couple et leur enfant s’isolent dans une maison perdue dans une montagne boisée afin de se reconnecter à eux-mêmes et à la nature. Rapidement, ils rencontrent leurs doppelgängers et l’histoire va effectuer ici son tournant de fantastique à drame familial.

Superposition fait partie de ces films qui utilisent le fantastique comme prétexte à du drame familial ou social. On venait y voir une histoire de clones, et on se retrouve avec une histoire de couple, ou plutôt deux histoires de couple avec les doubles. L’issue relativement prévisible reprendra un petit peu de surnaturel en fin de film pour boucler l’histoire.

Pas inintéressant, mais pas si fantastique que ça, on ignore un peu ce que le film fait en compétition internationale et non en Cross-over.

La théorie du tout / Universal Theory

Tourné en noir et blanc et fleurant bon le vieux film, La théorie du tout (renommé récemment Universal Theory) était présenté comme une œuvre très Lynchéenne. Difficile d’expliquer ce concept pour un spectateur n’ayant jamais vu un film de David Lynch ou encore Twin Peaks mais comprenez par là une ambiance étrange et mystérieuse alors que l’on se trouve dans la banalité du quotidien.

Se déroulant dans les années 60 (mais bel et bien réalisé en 2023), le film nous présente un jeune scientifique accompagnant son tuteur à un congrès dans les Alpes suisses. On découvre assez vite que le jeune homme travaille sur une thèse étudiant l’existence possible de mondes parallèles. Une théorie réfutée ardemment par son tuteur, mais qui trouvera des intéressés parmi les autres scientifiques du congrès.

Puis des éléments étranges viendront ponctuer ce séjour à la montagne. La pianiste du bar semble tout connaître du jeune homme sans jamais l’avoir vu, des scientifiques vont disparaître, d’autres mourir, puis réapparaître discrètement. Le tout dans un semblant de normalité des plus déconcertants. 

Malgré une fin un poil décevante, l’ambiance Lynchéenne et sa splendide réalisation en noir et blanc en font, un excellent film qui ne décevra certains spectateurs que par son rythme et sa longueur.

Double Blind

Pressenti par beaucoup comme potentiel gagnant de la compétition, Double Blind est un huis clos se déroulant dans un laboratoire de tests pharmaceutiques. L’héroïne principale accepte d’être un cobaye humain en l’échange d’une belle somme d’argent. Le test est effectué en double aveugle, d’où le nom du film, c’est-à-dire que ni les patients, ni le prescripteur ne connaissent les vrais médicaments du placebo.

Les résultats du test vont rapidement engendrer une mise en quarantaine des patients qui devront rester à l’intérieur, mais aussi ne pas succomber à certains besoins dont je préfère ne pas dévoiler le détail pour ne pas vous gâcher la surprise. Sans surprise, les patients se méfient les uns des autres, forment des alliances et tentent bien entendu de s’échapper avant la fin du compte à rebours.

Durant seulement 1 h 30, Double Blind est l’un des seuls films du festival à ne pas traîner en longueur et à avoir un rythme parfaitement adapté. Assez fun pour presque être un midnight, mais assez sérieux pour être un prétendant au prix du public, il ne sera finalement ni l’un, ni l’autre, mais reste l’un des plus réussis de cette année.

Vincent doit mourir

Habituellement assez sceptique concernant les films fantastiques français, j’avoue que cette année le niveau était plutôt bon et que Vincent doit mourir mérite amplement son Octopus d’or (le prix du jury).

Sans raison apparente, Vincent se voit agressé par les gens qui l’entourent. Ceux-ci, pris d’une folie meurtrière passagère et inexplicable, ne s’en souviennent même pas. Vincent va alors s’isoler de plus en plus pour se protéger et découvrir qu’il n’est peut-être pas le seul concerné par cette étrange malédiction.

Un sujet original qui sort des carcans habituels avec des personnages réalistes et attachants. Difficile d’en dire plus sur le film, si ce n’est qu’il mérite votre attention.

In my mother Skin

Présentant une affiche à l’onirisme envoûtant, je m’attendais à pas mal de magie dans In my mother skin. On y retrouve, en effet, un peu de sorcellerie et de possession, mais finalement peu d’onirisme et même à l’inverse un monde bien trop terre à terre.

Le spectateur suit les enfants d’un type plutôt à l’aise financièrement étant donné sa baraque. Il a cependant dû fricoter avec les mauvaises personnes, ou bien garder une partie du butin qui ne lui revenait pas, car on lui demande de rendre des comptes. La famille livrée à elle-même va alors se détériorer et la jeune fille, s’aventurant dans la forêt demandera l’aide d’une étrange sorcière.

Sur le papier, ça donne plutôt envie, en pratique par contre, c’est surtout très long. Et trouver le temps long sur seulement 1 h 37 est sans doute un bon indicateur du peu d’intérêt que propose le film. Un peu cliché, mal rythmé, il avait cependant une bonne base pour plaire.

Perpetrator

Véritable déception de ce festival, Perpetrator est aussi difficile à prononcer qu’à apprécier. Mr Ours, par son instinct, l’avait pressenti et c’est à reculons qu’il y est allé tandis que je pénétrai dans la salle sourire aux lèvres.

Mélange étrange de teenage movie, d’histoire de vampire (à moins que ce ne soit une sorcière ?) et de gestion des menstruations. Tout se mélange pour un résultat oscillant entre l’enquête, le film qui essaie de passer un message et un divertissement pour adolescents. Des personnages et des situations clichés mal exploités, un scénario principal tiré par les cheveux et une logique globale qu’on peine à suivre. Mais en a-t-on vraiment envie ?

Conann

Mr Ours, après des années de FEFFS n’a fait qu’une seule erreur de préparation il y a quelques éditions en prévoyant la séance d’After Blue. Une projection que nos amis communs lui reprochent encore aujourd’hui comme pire film de leur vie.

Autant vous dire qu’aller voir le nouveau film du même réalisateur était donc loin d’être une priorité et pourtant, c’était une bonne surprise (pour ma part du moins).

Conann revisite l’histoire du héros éponyme à travers un personnage féminin que l’on verra évoluer au fil de sa vie. La jeune adolescente guerrière devant se faire sa place par sa violence. La trentenaire et ses problèmes d’adultes, jusqu’à la vieille Conann devant passer le flambeau avec panache. La réflexion est intéressante, le passage de l’une à l’autre des versions de la même femme intrigante et le spectateur prend plaisir à (re)découvrir ce même personnage qui évolue au fil de sa vie en moins de 1 h 45.

Le point clivant de Conann sera plus certainement sa réalisation. Le doublage du personnage démoniaque m’a particulièrement donné du mal. L’optique de la caméra est étrange, comme si les lentilles avaient été désaxées. Et le traitement très scintillant de l’image lui donne un aspect presque kitsch. Pourtant, malgré une esthétique à laquelle j’ai été peu sensible, le film reste pour moi un agréable moment par son propos et son histoire.

Monolith

Une ancienne journaliste s’isole dans la maison familiale pour y travailler son nouveau projet de podcast. Après une mauvaise expérience professionnelle, la jeune femme a besoin de nouveauté pour relancer sa carrière. Cette exploration d’un nouveau sujet va la mener sur la piste d’une étrange intrigue mettant en scène de petits monolithes qui semblent s’être propagés dans le monde.

Monolith est une enquête de science-fiction se déroulant en huis clos dans une jolie villa. Une réalisation minimaliste qui fonctionne avec brio et donne envie au spectateur de connaître le fin mot de l’histoire.

Gueules noires

Actuellement en salle à l’heure où j’écris ces lignes, Gueules noires est un film français se déroulant dans les mines de charbon du nord de la France. L’ambiance industrielle de l’époque et des vieilles mines y est d’ailleurs particulièrement réussie.

Alors que l’équipe au plus profond approche des 1000m, un scientifique plutôt antipathique propose une grosse somme d’argent pour descendre au fond du gouffre avec eux et explorer quelque chose qu’il ne souhaite pas révéler. Très vite les choses se compliquent et l’équipe reste bloquée au fond du trou, enfermée avec une entité dont il ne vaut mieux pas parler.

Assez classique, mais plutôt réussi, Gueules noires fait partie de ces films fantastiques français qui relèvent le niveau. Son seul défaut est peut-être d’avoir laissé le spectateur entrevoir un peu trop de choses (oui le monstre). Un costume un peu raté qui donne un côté cheap et aurait sans doute fait encore plus peur si on ne l’avait pas vu du tout.

Vermines

Autre film français ayant relevé le niveau, celui-ci a même obtenu le prix du public qu’il a bien mérité. J’y allais un peu à reculons, depuis ma mauvaise expérience de La Tour (voir Gérardmer), se déroulant lui aussi dans un HLM de banlieue. Mais c’est plutôt conquis que je suis reparti.

Kaled, est un jeune homme tentant de gagner sa vie de façon légale dans un appart qu’il partage avec sa sœur, depuis la mort de leur mère. Une cohabitation qu’on comprend difficile et qui n’est pas facilitée par la passion de Kaleb : les animaux exotiques.

Il ramène un jour une araignée meurtrière qui va se reproduire extrêmement vite et grossir à vitesse grand V. En quelques heures, l’immeuble entier est infesté et ses habitants vont tenter d’y survivre ou de s’en échapper. Vermines n’est ni plus ni moins qu’un film de monstres dans un immeuble.

Abordant le sujet de la cité sans être moralisateur ou accusateur, Vermines montre une dure réalité qu’il confronte à l’imaginaire du film de streum. Le tout fonctionne à merveille, on s’attache aux personnages via leurs histoires et leurs passés. On vit avec eux des moments intenses de survie, et on espère tout du long une issue pour le petit groupe. 

Falling Stars

Le mythe de la sorcière est un classique du fantastique. On voit cependant assez peu ce thème remis au goût du jour dans un contexte contemporain, et c’est ce que propose Falling Stars.

Quelque part au fin fond d’une zone désertique, vivent trois frères qui décident de s’aventurer dehors pour aller déterrer le cadavre d’une sorcière abattue par un ami l’année précédente. En effet, tous les ans, les sorcières se mettent en chasse et enlèvent des humains qui osent rester dehors la nuit.

Bien entendu, profaner le cadavre d’une magicienne est loin d’être anodin et va provoquer une malédiction qui se répandra aussi aux proches. Tous les maudits deviendront une cible prioritaire pour les sorcières qui les enlèveront à la moindre occasion.

Toute la magie du film réside dans son ambiance et le hors-champ. Les personnages disparaissent comme par magie sans faire le moindre son dès que la caméra a le dos tourné. Pas d’effets spéciaux pour les enlèvements puisque ceux-ci ont également lieu hors-champ et sans bruit. Une méthode qui permet à l’imaginaire de s’inventer ce qu’il se passe et d’avoir un peu plus les chocottes. On a toujours une plus grande peur de ce qu’on ne voit pas.

The Fantastic Golem Affairs

Si vous avez déjà lu mes reportages en festival de films fantastiques, vous connaissez mon souci avec les productions espagnoles. J’ai un running gag avec mes amis, où nous parions avant chaque séance de film espagnol s’il va parler de religion ou d’une mère étouffante. J’avoue cependant avec très grand plaisir que The fantastic Golem Affairs ne parle d’aucun de ces deux sujets et qu’il est au passage mon coup de cœur de cette année.

Le spectateur y découvre un couple d’amis vraisemblablement un peu trop alcoolisés s’amusant sur le toit d’un immeuble. L’un d’eux va alors tomber de son perchoir et venir s’encastrer sur la voiture stationnée en contrebas, provoquant sa mort et sa transformation immédiate en homme d’argile éclaté en mille morceaux. Le second personnage va alors enquêter pour comprendre pourquoi son meilleur ami s’est transformé en golem d’argile à sa mort, tout en devant gérer l’héritage de celui-ci. Le scénario fourmille de rebondissements et de situations surréalistes qui donnent un charme fou à cet univers complètement barré, mais traité comme tout à fait normal.

À la réalisation, des couleurs chatoyantes et des plans qui viennent renforcer le surréalisme de l’histoire. J’ai pu entendre quelques spectateurs évoquer The Grand Budapest Hôtel comme comparatif, ce qui est plutôt un beau compliment.

Véritable bol d’air frais du festival, surprise totale d’un cinéma fantastique espagnol habituellement en circuit fermé et réalisation originale et maîtrisée en fond mon coup de cœur perso de cette édition.

When Evil lurks

Les possédés semblent légion courante dans le monde de When Evil Lurks. Deux frères découvrant un possédé proche de chez eux décident de déplacer le maudit pour tenter d’épargner leur village. Malheureusement sans un véritable exorciste, le démon va seulement se répandre et contaminer les proches qui entourent les deux frères.

Très attendu pour une raison que j’ignore, le film enchaîne les mauvaises décisions de deux frangins arrogants et pas malins auxquels on peine à s’attacher. Beaucoup de clichés et surtout une fin peu cohérente avec les 10 dernières minutes qui tentent de rendre une situation dramatique alors qu’elle est relativement anodine au regard des derniers événements. En bref, ça fait le job, mais ça manque franchement de finesse d’écriture.

Restore Point

Dernier film en compétition internationale vu, Restore point n’a cependant pas eu droit à son petit vote. Si tous les films en compétition passent plusieurs fois, celui-ci avait uniquement été projeté en début de festival à l’UGC mal aimé des festivaliers. Sa projection au Star St-ex ayant lieu trop tard le samedi pour que les votes puissent être pris en compte donnait ainsi une mauvaise position au film de SF slovaque pour gagner la compétition.

En 2041, chaque citoyen a le droit constitutionnel de vivre une vie entière. Ainsi, si vous êtes fauché à la fleur de l’âge par un chauffard bourré, on peut vous restaurer au dernier point de sauvegarde. Il arrive cependant que certaines personnes ne puissent pas se faire restaurer, comme c’est le cas dans cette intrigue policière dont la protagoniste principale sera l’enquêtrice.

On y découvrira des sociétés avec des intérêts financiers, des hippies antirestauration vivant reclus du monde, et tant d’autres éléments qui en font un film policier de science-fiction réussi. Le concept est original (et digne des bons romans d’anticipation), en suivant la recette classique, mais efficace du film policier. 

Une première expérience du cinéma de SF slovaque à tout petit budget qui ne peut que donner envie d’en voir d’autres paraître prochainement.

Compétition Crossovers

La compétition Crossovers est un genre de fourre-tout où l’équipe de programmation va glisser les productions parfois un peu moins fantastiques, mais qui méritent un intérêt. C’est un peu la pochette surprise puisque les descriptions de films étant plutôt obscurs, on se retrouve parfois avec un film totalement différent de ce à quoi on s’attendait. Ce qui peut être très cool pour de la découverte, mais également très décevant si trop éloigné de ce qui était attendu.

Kennedy

Un ancien flic se faisant passer pour mort est devenu le meurtrier silencieux de son ancien chef. Agissant dans l’ombre, il tue sur ordre en attendant le jour de sa vengeance envers le mafieux qui lui a causé du tort.

Dépeignant un système policier corrompu, Kennedy présente des personnages presque tous aussi pourris les uns que les autres. Du héros à son ennemi juré, en passant par les hommes de main ou le chef de la police, chacun ajoute sa petite couche d’orgueil pour faire monter la pression jusqu’à une explosion finale.

Une œuvre indienne loin de Bollywood et des films de flics rigolos qu’on a pu en voir (oui, je parle de l’excellent Singam). On découvre ici un policier noir, à la réalisation moderne et qui dénonce un système corrompu (celui du véritable gouvernement indien) sans jamais aller au frontal.

The Uncle

Je vous parlais en introduction de films clivants, The Uncle est sans doute l’un de ses meilleurs représentants. Premier film “fantastique” (qui ne l’est pas tant) serbe que j’ai eu l’occasion de voir, celui-ci est particulièrement étrange autant par son scénario que par son rythme.

Se déroulant à la fin des années 80, une famille accueille son oncle pour fêter Noël. Les pulls moches sont bien là (c’est presque ce qui m’attirait le plus dans le trailer) et l’on retrouve l’ambiance des vieux Noël que certains regrettent et que d’autres détestent. La dinde est mal cuite, le caméscope VHS fait d’horribles souvenirs et tonton offre une carabine à plomb au petit dernier, qui est étrangement âgé d’ailleurs.

Ce repas de Noël va s’éterniser pour des raisons que je ne peux évoquer sans divulgâcher l’histoire. Petit à petit le spectateur découvre des bribes de réponse au pourquoi de ce repas si étrange et va attendre une résolution de cette situation.

1h44 de repas de Noël, cela va cependant sembler long à de nombreux spectateurs, d’autant plus que le rythme et l’ambiance sont assez nonchalants (pour des raisons très certainement voulues). Et si j’ai bien aimé The Uncle, j’ai en revanche rencontré de nombreux festivaliers à être sortis avant la fin. 

Si vous aimez les films à l’ambiance étrange (voire dérangeante) où il ne se passe pas grand-chose, allez-y. Si en revanche vous êtes adepte d’action, de retournement de situation et de scènes endiablées, passez votre tour.

Mad Fate

La bande-annonce de Mad Fate était assez cryptique pour ne pas m’inciter à y aller, cependant Mr Ours l’ayant sélectionné et n’ayant pas d’autre séance prévue à cette heure-ci, j’ai tenté le coup. Et je dois avouer que c’était une bonne surprise.

Le film tourne essentiellement autour de deux personnages dont un jeune homme aux tendances meurtrières qui tentera de se soigner grâce à l’aide d’un maître du feng shui raté. Le duo étant entouré d’un véritable tueur en série, d’une prostituée dépensière en danger, d’un chat et d’un flic pas méchant mais avec de gros aprioris. Mélangez tout cela et vous obtenez une histoire qui va tirer parfois sur le policier, parfois sur le spirituel et d’autres fois encore sur le drame.

Un étrange mélange qui fonctionne plutôt bien grâce à des personnages bien travaillés qu’on a envie de suivre dans leur évolution. C’est un peu perché et il se passe beaucoup de choses, pas étonnant que le trailer soit finalement aussi cryptique.

What you wish for

Ne présentant aucune bande-annonce, c’est un peu à l’aveugle que je suis allé voir What you Wish for. Et la surprise la plus totale, c’est aussi une autre façon d’apprécier le cinéma.

Fuyant le pays pour échapper à ses créanciers, un cuisinier se réfugie chez l’un de ses amis, lui aussi cuisinier, mais loin, loin en Amérique latine. Le fugitif prendra discrètement la place de son ami afin de gagner beaucoup d’argent en peu de temps et de pouvoir rembourser ses dettes. Malheureusement pour lui, il ne sait pas quel travail il vient d’accepter et il est difficile de vous en dire plus sans divulgâcher toute l’histoire.

Sans révolutionner le genre, What you wish for fait très bien le job. Le scénario, un peu exagéré par moments, en sortira plus d’un, mais reste malgré tout agréable à suivre. Une bonne surprise pour un film que j’allais voir sans en avoir eu la moindre information.

The coffee table

Ma grande déception du festival. Si la bande-annonce présentait un film plutôt rigolo avec une intrigue atypique, on se retrouve finalement avec un drame familial. Pas le moindre élément fantastique dans The Coffee Table, qui aurait très bien pu être un téléfilm à passer le dimanche sur France 2 pour ma mère.

Le film a sans doute des qualités comme drame, mais sa bande-annonce nous ment clairement sur la marchandise. Le film étant espagnol, utilise de plus le poncif de la daronne toxique, mais ça je vous en ai déjà assez parlé. 

J’étais venu dans la salle pour découvrir l’histoire amusante de cette fameuse table basse qui ne sera finalement que prétexte au drame psychologique et familial qui va en découler.

Mon boulanger pourrait bien me proposer un excellent poisson, mais si je suis venu acheter un croissant, je repartirai très certainement déçu. The coffee table, c’est un peu pareil, c’est peut-être très bon, mais avait-il sa place au FEFFS ? Peut-être, mais arrêtez de nous mentir sur la marchandise. Écrivez en lettres d’or sur votre programme “CECI EST UN DRAME FAMILIAL ET N’A RIEN DE FANTASTIQUE NI D’ÉTRANGE”.

#Manhole

Après les amies coincées en haut d’une tour (Fall), la femme isolée sur une bouée (Instinct de survie), voici l’homme piégé au fond d’une bouche d’égout. #Manhole est proche d’un midnight, on se demande même ce qu’il fait en compétition crossovers étant donné le manque de propositions qualitatives en Midnight cette année.

Arrosant un peu trop son futur mariage qui aura lieu dès le lendemain, Shunzuke Kawamura tombe dans une bouche d’égout et va tenter d’en sortir ou d’appeler de l’aide. Pour ce faire, il utilise son téléphone qui lui servira à contacter des connaissances directes, mais aussi à quémander sur les réseaux sociaux. On découvre alors quelques morceaux de son passé, entrecoupés de phases de recherches par des internautes qui se font visiblement bien chier à cette heure avancée de la nuit.

Quelques surprises en dénouement, le tout fait correctement le job sans être un film qui va marquer. Un bon midnight de dimanche soir pluvieux.

Compétition Animation

Outre les films au sens classique du terme, le festival propose aussi une compétition de films d’animation.

Adam change lentement

Adam, 15 ans, est un adolescent mal dans sa peau comme tous les autres ou presque. Il n’a qu’un seul ami en plus du chat de sa grand-mère et il passe son temps à regarder la télévision. Il rêve de devenir comme son héros préféré, normal en somme… en vrai pas du tout, car Adam a une particularité : son corps change et évolue quand il est soumis aux moqueries de sa famille, des voisins, de ses “amis” et j’en passe. Tout ceci ne l’aide bien entendu pas à mieux vivre sa vie d’adolescent.

Véritable satire sociale, visuellement clivant, en Français Québécois, Adam change lentement ne laissera pas indifférent.

Blue Giant

Blue Giant nous narre l’histoire de Dai Miyamoto dont la nouvelle passion est le Jazz. Il vit, respire, mange Jazz, son but dans la vie : devenir le plus grand saxophoniste du monde, rien que ça. L’histoire riche en émotions nous fera assister à la création de son groupe, ses hauts et ses bas.

Fait intéressant, nous avons été plusieurs à remarquer que l’air était très sec dans la salle pendant la projection, il a fallu à plusieurs reprises humecter les yeux… Ce devait probablement être la climatisation !

Blague à part, le film transcende a priori le manga original ; ne connaissant pas le manga, je ne peux pas juger. Par contre, je ne peux que recommander ce film, que l’on soit d’ailleurs adepte de Jazz ou pas !

Mars Express

Nous suivons Aline Ruby et son collègue androïde Carlos alors qu’ils mènent leur enquête sur un piratage informatique. De fil en aiguille, l’intrigue s’intensifie et les sujets abordés touchent autant les dérives sur les IA que les désastres écologiques qui ont frappé ce monde futuriste.

Côté animation, rien à redire, c’est très très propre et cocorico, c’est l’équipe de Lastman qui se cache derrière cette production.

Les plus attentifs ne manqueront pas de remarquer les différentes influences, on pourra notamment citer Blade Runner et Robocop dont on pourrait presque reconnaître certaines séquences.

Mars express est sorti en salle en France le 22 novembre 2023.

Mon ami Robot

Doug est un chien solitaire. Un jour, en visionnant une publicité télévisée, il commande un robot de compagnie. S’ensuit une touchante aventure entre ces deux protagonistes qui saura toucher petits et grands grâce notamment à ses différents niveaux de lecture.

Mon ami robot est un film muet, mais pas de panique, la bande originale colle avec brio à toutes les situations !

Sirocco et le Royaume des courants d’air

Agnès est une auteure pour enfants, elle accueille ses deux nièces Carmen et Juliette chez elle. Pendant qu’elle fait une sieste, les deux chipies se retrouvent transformées en chats en entrant littéralement dans un des contes.

Nous suivons leurs aventures au royaume des courants d’air où elles feront la connaissance du mystérieux Sirocco, maître des vents et des tempêtes. Est-il aussi redoutable que les rumeurs le laissent entendre ? Carmen et Juliette vont devoir le découvrir… !

Je ne peux que recommander Sirocco et le Royaume des courants d’air que l’on pourrait aisément méprendre pour une production Ghibli tellement la réalisation est propre.

Sky Dome 2123 (White Plastic Sky)

En 2123, la terre est un caillou aride et la population survit dans des dômes couvrant les grandes villes. Dans le dôme où vivent nos deux protagonistes Stefan et Nora, lorsque l’on atteint l’âge de 50 ans, on doit se faire implanter une graine pour se faire changer en arbre. Ceci mettant fin au cycle de vie et de consommation de l’individu permettant la survie du reste des habitants du dôme.

Nora, la femme de Stefan, décide contre toute attente de se faire implanter à l’âge de 32 ans, s’ensuit la quête de vérité de Stefan visant à retrouver sa femme tout en passant par toute une série de questions environnementales, éthiques et philosophiques.

L’animation de Sky Dome 2123 est d’excellente facture, intégralement réalisée en rotoscopie. Pour rappel, la rotoscopie est un procédé qui consiste à redessiner chaque image du film par-dessus les prises de vues réelles.

Rétrospective

Terry Gilliam

L’invité d’honneur du FEFFS était cette année Terry Gilliam, connu tout autant pour ses propres œuvres que pour sa participation au sein du Monty Python’s Flying Circus. Un réalisateur pour lequel j’avoue avoir un faible en particulier. J’ai ainsi préparé, optimisé, corrigé puis à nouveau modifié et corrigé mon planning afin d’être certain de voir tous les films de cette rétrospective. 

Ayant visionné tous les films présentés (ainsi qu’une des cartes blanches), je ne peux que saluer la qualité du travail de l’équipe du FEFFS. La sélection est non seulement cohérente, mais la présentation des œuvres juste avant chaque projection est faite avec grand soin et rappelle les ponts entre certains films, ainsi que les thèmes récurrents du travail de Gilliam. Une belle rétrospective, pleine d’imaginaire, de folie et de folies imaginaires.

Terry Gilliam dans un restaurant Strasbourgeois
(Photo FFVIMan)

Lost in la Mancha

Nous entamions la rétrospective avec un documentaire sur le film le plus maudit de Terry Gilliam puisque celui-ci n’a jamais été terminé. Lost in la Mancha nous présente ainsi les coulisses du film Don Quichotte qui devait avoir pour acteur notre feu Jean Rochefort national.

Un projet compliqué, que Gilliam aura eu du mal à faire financer après le gigantesque échec financier qu’a été le (fantastique) baron de Münchhausen un peu plus tôt dans sa carrière. À cela s’ajoutent des problèmes de santé, une organisation complètement chaotique et même un déluge dans le désert.

Le tout mènera à la « suspension » du projet dont on gardera uniquement cet excellent documentaire. 

Une œuvre qui permettra de mieux envisager les différents problèmes que peut rencontrer un réalisateur. D’autant plus qu’ayant vu Ça tourne à Séoul! la veille, nous étions déjà dans le bain.

L’armée des 12 singes

J’avais déjà vu l’armée des 12 singes, il y a vraiment très longtemps, un soir un peu fatigué, et j’avais mal suivi son scénario. Sa projection était l’occasion de lui donner une seconde chance. Il y a parfois des films qu’on n’a pas vus au bon moment ou dans le bon état d’esprit.

Prenant place dans un futur post-apocalyptique, le semblant de gouvernement envoie dans le passé (notre présent), un prisonnier pour tenter de découvrir l’origine du virus qui va dévaster le monde. On retrouve Bruce Willis sautant d’époque en époque et perdant peu à peu la raison en tentant de recoller toutes les pièces du puzzle.

Il faudra rester un minimum attentif pour suivre cette histoire finalement pas si compliquée et particulièrement bien ficelée. Je me demande d’ailleurs un peu comment j’ai pu ne pas comprendre l’histoire à mon premier visionnage.

On retrouve tout au long du film le thème de la folie, l’un des sujets de prédilection de Terry Gilliam. Cependant, contrairement à ses autres œuvres présentées lors du festival, celle-ci ne fait appel à aucun imaginaire onirique et ne montre que la folie d’un personnage et d’un monde qui part à la dérive. Un film presque effrayant tant son univers s’est rapproché du nôtre à travers le temps.

Le roi pêcheur

Je n’avais jamais, ne serait-ce qu’entendu parler de ce film. C’est en épluchant les bandes-annonces en préparation du festival que je découvre un film de Terry Gilliam avec Robin Williams. Incroyable, je mets le film sur ma liste prioritaire.

J’apprendrai lors de la présentation d’avant séance que Le roi pêcheur est réalisé par Gilliam mais pas écrit par celui-ci. On comprend cependant pourquoi cette histoire lui a tant parlé puisqu’elle évoque deux sujets phares de la filmographie du réalisateur, à savoir la folie et l’accomplissement de la quête (qu’on retrouve dans Don Quichotte entre autres).

Se déroulant dans notre monde et à notre époque, le film présente un personnage principal rongé par la culpabilité. Celui-ci, ancienne star de la radio par son charisme, mais également par son cynisme, s’en veut d’avoir indirectement été à l’origine d’un drame causé par l’un des auditeurs de son émission. Il quittera son job et se réfugiera dans l’alcool jusqu’à rencontrer par le plus grand des hasards un clodo qui n’est autre que l’une des victimes collatérales de ce même incident.

Notre animateur radio, pensant s’exorciser lui-même en aidant le sans-abri (comme pour se racheter) va alors progressivement s’attacher à lui et finalement l’aider sans aucune arrière-pensée. Un travail qui lui permettra à lui aussi de se sortir de la mauvaise situation dans laquelle il s’était réfugié.

Une histoire très touchante, avec un traitement de la folie et de l’imaginaire qu’on a rarement vu. Et puis c’est toujours un plaisir de voir Robin Williams et son sourire enchanteur.

Brazil

Œuvre majeure de Terry Gilliam, Brazil fait partie de ce que le FEFFS présentait comme sa trilogie de l’imaginaire. Bandits, Bandits en représentant l’enfance, Brazil l’âge adulte et le baron de Münchausen la vieillesse. À chacune de ces étapes de la vie, Gilliam illustre des personnages dont l’imaginaire permet d’échapper à leur triste réalité. 

Greg nous expliquait en présentation que la sortie du film avait été un long périple avec de nombreuses difficultés, Gilliam ayant dû faire du forcing tandis que De Niro en fera la promotion. La légende raconte même que certaines projections non officielles ont eu lieu avant la sortie officielle du film en salle.

Dans Brazil, le héros est un jeune adulte travaillant pour une administration bureaucrate dans un monde totalitaire. Un sujet que tout lecteur du roman 1984 de George Orwell reconnaîtra facilement puisque le film en est sa relecture par Gilliam. Le jeune homme sera confronté à des décalages entre les attentes que le monde a envers lui face à ses propres désirs. Il fait son travail avec brio et a donc droit à une promotion, mais souhaite-t-il quitter son poste actuel ? Peu s’en soucient, aux yeux du monde une promotion est forcément bénéfique. On lui parle d’avenir et de réparer son chauffage, tandis que lui ne pense qu’à cette femme qu’il a vu en rêve et qu’il vient de croiser dans la vie réelle.

Bien que considéré comme son classique, Brazil reste aujourd’hui le film ayant le plus mal vieilli de cette trilogie. Si le sujet et le message sont toujours d’actualité, le rythme et le fil conducteur du film en font une œuvre pas forcément très adaptée en 2023. D’autant plus que Gilliam a lui-même revisité ce thème via l’un des ses films plus récents.

Zero Theorem

Et justement, Zero Theorem, en dernière partie de carrière de Gilliam reprend ce même sujet. Le traitement est plus moderne et malgré un échec commercial à sa sortie, il reste une œuvre réussie du réalisateur.

Le personnage principal ne travaille pas ici dans un ministère, mais dans une société à faire un étrange boulot tout aussi répétitif. Le but de ce travail semble être de trouver si la vie à un sens ou non, dans un monde futuriste où règnent la surinformation, les écrans et le bruit environnant. Peu intéressé par le but réel de son travail, le protagoniste de Zero Theorem est surtout obsédé par un coup de fil mystérieux qu’il attend depuis son domicile, qui n’est autre qu’une splendide église réaménagée. Le spectateur accompagne cet employé aux étranges aspirations dans un univers de surconsommation inspiré du nôtre.

On retrouve de nombreux éléments de Brazil sans pour autant que ceux-ci soient copiés-collés, mais plutôt comme s’ils avaient maturé avec le temps. Un film bien moins connu du réalisateur et pourtant très réussi.

Bandits, bandits

Premier titre de la trilogie de l’imaginaire de Gilliam, Bandits, bandits est un véritable film d’aventure pour enfants et qui fonctionne aussi à merveille sur les adultes. 

On peut y suivre les aventures du petit Kevin, qui va avoir la chance de découvrir une bande de nains sortir de son placard via un tunnel spatiotemporel. Il embarque alors avec eux dans leur voyage pour y rencontrer Napoléon, Robin des bois et même Dieu.

La recette est simple, mais fonctionne toujours aussi bien. De plus, la petite touche Gilliam permet d’y ajouter une dimension absurde qui permettra aux plus jeunes de découvrir une alternative plus magique aux Goonies. C’est sans doute l’œuvre la plus abordable de sa filmographie.

L’imaginarium du docteur Parnassus

Aussi célèbre par le drame de son tournage que par la qualité du film en lui-même, L’imaginarium du docteur Parnassus aborde de nouveau le thème de l’imaginaire pour échapper à la triste réalité. La célèbre mort de Heath Ledger pendant le tournage aura donné lieu au remplacement de celui-ci à la volée par un Johnny Depp qui colle parfaitement à son personnage pour certains, tandis que le changement d’acteur en dérange d’autres.

Le docteur Parnassus, chef de troupe d’une petite équipe de saltimbanques, a passé un pacte avec le diable en échange de l’âme de sa fille le jour de ses 16 ans. L’anniversaire arrivant, le docteur renégocie un nouveau défi avec le diable afin de ne pas perdre sa progéniture. Il sera aidé par un jeune escroc récemment rencontré et donneront une seconde vie au théâtre ambulant de la petite troupe en espérant gagner ce nouveau défi.

Le théâtre intègre une porte vers l’imaginaire et chaque personne la traversant y découvrira un univers fantastique que le spectateur a plaisir à découvrir au cours du film. La réalité du monde réel (et moderne) contraste fortement avec tout ce qu’il y a de merveilleux derrière cette porte et l’on ignore qui aurait envie d’en revenir tant le rêve est réussi.

Un petit voyage de 2h au pays des rêves que l’on n’a pas envie de quitter à la fin.

Tideland

Lady Yaya m’avait beaucoup parlé de Tideland que je n’avais personnellement jamais vu. Elle  caractérise sa bande-annonce comme meilleur exemple de l’engagement non respecté avec le spectateur. Après avoir vu la bande-annonce, étrange mais presque bucolique parfois, puis le film, je rejoins à 100% l’avis de Lady Yaya. 

Terry Gilliam reçut un jour de façon informelle un roman dont l’auteur lui demandait d’écrire la 4ᵉ de couverture. Le réalisateur ayant adoré le livre, il décida alors de tourner l’adaptation cinématographique de celui-ci. Présenté comme une sorte d’Alice au Pays des merveilles un peu plus sombre, Terry Gilliam y reprend l’image du tableau Christina’s World par le peintre américain Andrew Wyeth.

Côté spectateur, on suit une petite fille, principale protagoniste de l’histoire, qui part vivre seule à la campagne avec son papa après le décès de sa mère. On y suit son monde imaginaire, mêlé à l’horreur du monde réel. Et quand je parle d’horreur du monde réel, là est la véritable douleur. Si certains films utilisent un retournement de situation comme déclencheur d’une catastrophe, c’est ici l’inverse avec une lente descente aux enfers. Au fil du film, la situation devient de plus en plus sombre et lorsque l’on croit être à l’apogée de l’horreur, un nouvel élément vient encore aggraver la situation. La folie y est omniprésente, de plusieurs façons et par le prisme des différents personnages dont aucun ne semble être moins fou qu’un autre.

La réalisation amplifie cet effet de folie avec des plans déplombés au très grand angle qui donnent une sensation de malaise à la moindre discussion entre la petite fille et ses poupées. Les décors frisent le banal et parviennent cependant à placer une ambiance oppressante. Bref, tout est là pour rendre le spectateur de plus en plus mal à l’aise. 

Si la bande-annonce mettait en avant l’imaginaire, c’est surtout de la folie dont vous vous souviendrez. Et même si j’ai beaucoup aimé Tideland, je ne suis pas certain de vouloir le revoir un jour.

Les aventures du baron de Munchausen

Je terminais la rétrospective avec celui qui était et restera mon film préféré de Terry Gilliam. Dernier épisode de sa trilogie de l’imaginaire, les aventures du baron de Münchausen suivent, comme le nom l’indique, le personnage éponyme à travers son âge avancé et sa nostalgie du monde.

Le baron, présenté comme personnage fictif au début du film, débarque de nulle part pour sauver la ville de l’invasion du Sultan dont il serait la cause. Il part à la recherche de ses anciens coéquipiers pour affronter l’envahisseur et parcourra les quatre coins du monde et de l’espace pour retrouver son équipe de choc, qui a tout de même un peu vieilli.

Film d’aventure pour les grands enfants, Les aventures du baron de Münchausen aborde le sujet de la vieillesse et de la mort à travers l’imaginaire. Laissant planer le doute entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, le baron est un mythe vivant auquel on s’attache comme à tous ses coéquipiers.

Beaucoup d’émotions et de mise en scène qui font rêver, comme cette valse tout en volant au centre d’un volcan avec Uma Thurman (jouant la femme d’Héphaïstos). J’écoute d’ailleurs en boucle cette musique en écrivant ces lignes.

Carte blanche - La grande bouffe

Seule occasion pour moi d’apercevoir Terry Gilliam dont chaque présentation a attiré les festivaliers jusqu’à remplir les salles. Il y présentait ici avec fierté une de ses cartes blanches et s’amusait d’avoir proposé deux films non fantastiques à un festival de film fantastique. Il estime cependant que La grande bouffe reste fantastique à voir et explique l’avoir aimé et sélectionné pour son aspect outrancier à notre époque où les gens n’osent plus l’être.

Premier visionnage pour moi de ce classique qui en dérangera pourtant plus d’un. Le titre est assez représentatif du film puisqu’on y suit 4 amis s’isolant dans un manoir de famille pour manger, manger, et encore manger. Saupoudrez d’un peu d’histoire de cul, mais avec du poulet et du cassoulet, et vous avez un bon résumé du film. L’intrigue, parce qu’il y en a une, prend place entre le 3ᵉ plat et le 4ᵉ plat, à moins que ça ne soit entre le premier dessert et le poulet. On se perd dans le fil du temps et l’on comprend juste que les protagonistes mangent, mangent et mangent de jour en jour.

La surabondance de nourriture en rebutera plus d’un. Le mélanger à d’autres éléments en dégouttera encore d’autres. À l’inverse, j’ai mangé mon sandwich devant le film avec grand plaisir et je n’ai pas trouvé celui-ci aussi dérangeant que ne le laisse entendre la légende. C’était en tout cas une œuvre intéressante à visionner, merci M. Gilliam.

Show must go on

Seconde rétrospective du festival, celle-ci aura pour thème la télévision, que ce soit par le prisme de la téléréalité ou de la VHS (thème non officiel du festival comme je vous le disais). Par contre, on ne peut pas être parfait, je n’ai pas vu tous les films de la sélection cette fois-ci.

La dixième victime

La surpopulation de la terre entraîne bien des désastres (chose encore plus vrai plus de 50 ans après d’ailleurs) et ce monde dystopique propose une alternative pour y répondre : la grande chasse. Chaque citoyen qui le désire peut participer et être tour à tour le prédateur ou la proie dans ce jeu dont la 10ᵉ victoire rapporte un titre honorifique ainsi qu’un paquet de pognon. Par cette méthode, les gouvernements espèrent bien canaliser les pulsions agressives de l’humain, mais aussi réduire la surpopulation. On peut entendre au cours du film de nombreux messages de propagande illustrant cette vision : “Pourquoi réguler les naissances quand on peut augmenter le nombre de décès.”

L’intrigue se concentre sur un Italien et une Américaine, tous 2 à leur 10ᵉ épreuve. La jeune femme est alors démarchée par un sponsor pour téléviser sa victoire en lui proposant encore plus d’argent. Cependant, sa proie ne semble pas aussi facile à se laisser avoir que les précédentes et va aussi redoubler de stratagèmes de son côté.

C’est tout d’abord attiré par l’esthétique pop des années 60 que j’ai eu envie d’aller voir la 10ᵉ victime. Le rythme et la réalisation de l’époque ont un charme indéniable et proposent encore aujourd’hui un film qui reste très plaisant à regarder.

Videodrome

Parmi les bénévoles les plus fantastiques du FEFFS, on peut trouver Jean, qui voue un amour sans limites à Cronenberg. Étant moi-même fan de La mouche (Jeff Goldblum, brrrrr……) et un peu fan de Jean, je ne pouvais pas passer ce festival sans aller voir le seul film que Jean sera allé voir de toutes les projections.

Abordant une fois de plus le thème de la VHS, Videodrome présente le programmateur d’une chaîne de télévision à la recherche de nouveau contenu pour remplir sa grille. Il découvre au fil de ses recherches une émission de téléréalité basée sur la violence et ayant l’étrange pouvoir de donner des hallucinations à toute personne le regardant. Derrière ce projet se cache une bien plus grande organisation dans laquelle on retrouvera la télévision et la vidéo comme une entité à part entière.

Abordant dès 1983 le thème de la dépendance aux écrans et de la violence télévisuelle, Videodrome est un ovni qui mérite encore d’être vu aujourd’hui.

Jean, c'est lui.

Étudiant en cinéma, il a d’ailleurs écrit un dossier très intéressant sur le film de monstres – entre antimilitarisme et prêcheur nationaliste. Je ne sais pas si c’est lisible en ligne, mais il devrait sans doute pouvoir vous l’envoyer si vous lui demandez gentiment sur son compte X.

Vous l’avez peut-être aperçu lors du FEFFS. C’est l’un des piliers sur lequel repose les accréditations, les pass festivaliers, la boutique et plein d’autres choses que vous ne voyez pas. Il fait partie des murs et garde un radieux sourire quelle que soit la situation. 

Jean est génial, offrez-lui tous des affiches de films de Cronenberg pour le remercier.

Benny’s video

Chaque année, l’équipe de programmation du FEFFS réussit à littéralement me retourner le bide avec une rétrospective. L’an dernier, j’avais découvert La Traque dont je pense encore aujourd’hui être sous le choc dès que je croise une voiture de chasseurs (et j’habite la campagne bourguignonne, j’en croise souvent). Le film hardcore de cette année avait pour thème non la chasse, mais la VHS (je vous ai dit que c’était un thème non officiel de cette édition ?) et n’allez pas croire que ça en fait un film plus léger.

Benny est un jeune adolescent un peu chelou qui ne vit que par le prisme de la vidéo. Armé de son caméscope, il filme le monde qui l’entoure et vit en complet décalage avec la réalité. Pour une raison relativement inconnue, il va commettre une atrocité que le spectateur pourra suivre en temps réel par la petite caméra du jeune homme. Le reste du film ne se portera que sur la façon dont celui-ci va devoir masquer son horrible méfait.

Prenant aux tripes dès la première scène, Benny’s vidéo va ensuite continuer dans l’horreur sur la première moitié du film avant de devenir complètement inintéressant. Si le début n’est que violence et choc, la fin est quant à elle un enchaînement de séquences de vacances hautement inintéressantes. Voir Benny jouer au backgammon avec sa mère pendant de longues secondes est loin d’être d’un grand intérêt, surtout pour déboucher sur une fin un peu nulle.

Entamez Benny’s vidéo, patientez jusqu’à ce que l’horreur arrive, puis une fois passée, levez-vous, sortez de la salle et partez vomir un bon coup.

La course à la mort de l’an 2000

L’introduction par Pascal nous mettait directement dans le bain de ce film amusant qui se voulait au départ un équivalent de Rollerball. Le projet a dérivé pour devenir un genre de fous du volant avec un petit acteur faisant ses débuts, du nom de Sylvester Stallone. 

Chaque année, une grande course a lieu à travers les États-Unis et les participants peuvent gagner des points supplémentaires en écrasant des piétons. C’est donc la saison idéale pour que les maisons de retraite promènent les petits vieux en fauteuil roulant ou pour proposer une balade à vos beaux-parents. 

La course à la mort de l’an 2000, c’est  1h20 de course de bagnoles avec beaucoup de bruit de moteurs (j’avais fait l’erreur d’être au premier rang) et pas mal de bastons entre les participants. C’est simple et rigolo, tout pile ce qu’on était venu chercher.

Midnight movies

Comme expliqué en introduction, la sélection Midnight de cette année m’a plutôt déçu. Le manque de propositions du genre semble avoir été tel que l’équipe de programmation, sur proposition du sémillant Bastian a décidé de transformer l’une des soirées en Midnight short.

Les midnights présentés seront finalement sans être excellents ou très mauvais, surtout clivants, chacun ayant sa propre façon de diviser le public.

The sacrifice game

Reprenant les classiques d’un midnight, The sacrifice Game sans être désagréable, ne casse pas trois pattes à un canard (belle expression de vieux, n’est-ce pas ?). L’intrigue se déroule dans un pensionnat pour filles pendant les vacances de Noël. Bien entendu, une bande de méchants va venir semer la zizanie (c’est un festival d’expression vintage ici, dites-moi) et bien entendu un démon hante les lieux. Je ne vous spoile pas plus l’histoire qui ne devrait de toute façon pas vous surprendre si vous avez déjà vu un film d’horreur.

Rappelant légèrement l’intrigue de February avec la touche Midnight en plus, on se retrouve avec une histoire sans surprise de démons, d’adorateurs et de petite héroïne qui fait le job. Un peu d’horreur et un peu de sang pour un résultat moyen, mais que vous pourrez faire découvrir à vos neveux et nièces de 14 ans pour les initier au genre.

Mad Cats

On pouvait apercevoir de nombreuses séquences de Mad Cats dans le teaser du festival (projeté avant chaque film). Des passages qui donnaient envie d’en découvrir plus sur l’univers potentiellement déjanté du film.

On y apprenait grâce à une présentation de Bastian (mon chouchou je vous l’ai dit) que le réalisateur a mis 1 an et demi à gagner de l’argent pour pouvoir financer le film qu’il tournait les week-ends. Une autre année et demie de post-prod aura été nécessaire à effacer tout élément permettant au spectateur de se situer. Un panneau effacé par-ci, une affiche gommée par là, etc.

Côté film en lui-même, Mad Cats nous présente l’histoire d’un raté qui va devoir sauver le monde de la conquête des chats dopés à l’herbe à chat des Égyptiens. Les félins une fois métamorphosés par la substance magique prennent la forme de femmes asiatiques meurtrières. Certaines sont des championnes de Kung Fu, d’autres manient le fusil à pompe ou encore le sabre pour le plus grand plaisir des spectateurs. Notre héros se retrouve vite accompagné d’un coéquipier clodo et d’une coéquipière protectrice badass. Les scènes de bagarre s’entrecoupent ainsi de discussions décalées et de situations ridicules.

Bien qu’étant fait de bouts de ficelles, Mad Cats est un petit plaisir à regarder. Si l’on aime les films à sketch et que l’on ne cherche pas un scénario très compliqué, il sera un film de fin de soirée parfait pour rester sur une touche d’humour et de bonne humeur.

Divinity

Midnight le plus clivant au sein de mon groupe d’amis, il aura réussi à faire se lever l’un d’eux et à rentrer se coucher (trop de vibes After Blue nous a-t-il dit) pendant ce que je savourais, ce qui me semblait être un véritable nanar.

Utilisant l’esthétique d’un film de Science-fiction des années 70, Divinity nous parle d’un futur dans lequel la culture du corps atteint son apogée. Un nouveau produit permet beauté et jeunesse éternelle à qui en consomme régulièrement, mais va en contrepartie rendre le consommateur stérile. L’univers est donc peuplé de beaux gosses et de bimbos qui font la fête tout en faisant progressivement disparaître l’humanité qui se reproduit de moins en moins. Le grand dirigeant à la tête de la société pharmaceutique créatrice va alors être pris pour cible d’une jeune demoiselle naturellement splendide et de deux jumeaux de l’espace dont on sait assez peu de choses.

Alors, sortez votre bingo du nanar, parce qu’on retrouve dans Divinity tous les classiques de ce sous-genre. On commence par un casting d’acteurs à la gloire passée, Stephen Dorff (qui jouait le méchant dans Blade), Scott Bakula (que les vieux connaissent pour Code Quantum), seule Bella Thorne vient remonter la moyenne. Ajoutez à cela une scène de nichons totalement gratuite dans les 10 premières minutes, une esthétique kitsch à souhait et un raté complet sur le combat en stop motion qui tente de singer un jeu de baston. J’ai ri, beaucoup même, mais ce n’était certainement pas le but du réalisateur.

Amis du nanar, j’attends avec impatience votre retour, les autres, passez votre tour. Et qui sait, on reverra peut-être Divinity dans quelques années à une nuit excentrique.

The last video Store

Vous l’avez compris, la VHS est l’un des thèmes non officiels de cette édition. Bastian, présentateur qu’on ne présente plus, nous narrait ainsi les origines de ce média. Pourquoi et comment la VHS a vaincu la Betamax alors que la qualité était bien moindre. Et bien grâce au porno bien sûr. La qualité étant moins bonne, la peau de pêche des actrices de l’époque était bien moins visible et permettait de masquer les défauts sans avoir à se faire suer. On apprenait ainsi que le porno VHS était un marché porteur. 

Pour exemple, Bastian devant payer ses études a d’ailleurs livré des VHS à mobylette en job étudiant. Parmi ses tournées régulières, il retrouvait un certain couple qui se faisait livrer tous les mardis soir sa traditionnelle VHS porno. Une belle introduction à notre midnight qui parlait non de porno mais de VHS et de son âge d’or des videoclubs.

Perdu au fin fond d’une ruelle, subsiste un vieux vidéo store, sans doute le dernier. Une jeune fille rentre dans celui-ci pour y déposer le retour de quelques films que le guichetier ne peut s’empêcher de commenter, parce que oui, les patrons de vidéo store sont comme ça. Au milieu de cette pile de cassettes, une étrange VHS qui va ensorceler le magnétoscope pour laisser sortir de chaque film une partie des protagonistes de celui-ci. La toute petite boutique verra donc la visite d’un horrible monstre en images de synthèse, d’un célèbre tueur en série et d’un acteur de film d’action sur le déclin.

The last video store est frais, drôle, transpire l’ambiance des vidoclubs et donnera un petit coup de nostalgie aux anciens qui ont connu la location de VHS les longs samedis d’hiver. Un midnight aussi réussi qui aurait trouvé sa place en VHS dans les années 90.

Suitable Flesh

Lorsque nous sommes entrés dans la séance midnight en croisant Bastian qui nous souhaitait bon courage, on s’est un peu douté que quelque chose clochait.

Le scénario nous présente une psychiatre découvrant un jeune patient assez étrange. Celui-ci, particulièrement demandeur d’aide, semble aussi très instable et dégage un sentiment mêlant attirance sexuelle et possession. La jeune femme va se dévouer corps (au sens propre) et âme à ce patient. Elle découvrira au fil de cette relation le secret de ce jeune homme étrange.

Suitable Flesh est un genre de pastiche des films érotiques que l’on pouvait voir le dimanche soir sur M6. Ambiance moite et filtre qui va donner du flou à l’image, dialogues un peu ridicules et histoire de cul grotesque. Le scénariste y a inséré au chausse-pieds un peu de Lovecraft sans jamais en avoir lu sans doute, mais bon, c’est dans le domaine public maintenant, on peut. Le tout sans le principal intérêt du film érotique puisqu’on n’y voit même pas un bout de fesse. J’ai vu plus de tétons dans Zero Theorem de Gilliam, que dans Suitable Flesh alors que celui-ci parodie (mal) un vieux film érotique.

J’ai passé un très mauvais moment devant Suitable Flesh, j’ai même hésité à me lever pour partir avant la fin. Et pourtant je peux vous assurer que j’en ai vu des merdes. J’ai conscience que les propositions étaient faibles cette année, mais #Manhole (en compétition crossovers) aurait très bien pu prendre la place de ce sombre étron érotico-raté.

Ah au fait, si vous croisez Bastian vous souhaitant bon courage, faites-vous rembourser votre place immédiatement.

We are zombies

Les films de zombies sont un classique du midnight movie, ce qui l’est moins c’est de voir les personnages principaux d’un film tout tenter pour sauver leur grand-mère.

Comédie horrifique issue de la même équipe de réalisateurs que Turbo Kids (à ne surtout pas confondre avec New kids nitro), We are zombies est une adaptation de la bande dessinée Les Zombies qui ont mangé le monde.

Dans cet univers, les non-vivants cohabitent avec les humains et font même toujours partie de la famille. Lorsque l’un des zombies devient trop “encombrant”, des sociétés existent pour évacuer ce non-vivant de votre vie. Nos trois protagonistes principaux tentent de se glisser entre les clients et les réelles sociétés de nettoyage, afin d’empocher l’argent au black au passage. Un duo de mecs un peu losers et une girl badass qui se retrouvent dans des histoires pas très claires en essayant de se faire un peu de pognon dans ce monde dont les non-vivants sont une part entière. Ils finiront par devoir jouer les héros pour sortir leur mamie du pétrin.

Le film est drôle, aborde des usages de la vie d’aujourd’hui associés à ce monde fantastique, comme cette streameuse non-vivante particulièrement populaire. Un film de zombies moderne, autant au niveau de la réalisation, que de l’univers qu’il aborde. Et puis forcément ça défouraille du zombie donc c’est cool.

Satanic Hispanics

Tous les ans, l’un des midnight est une compilation de plusieurs petites histoires liées les unes aux autres par un prétexte souvent assez accessoire. Cette année, c’est Satanic Hispanics qui s’y colle en rassemblant plusieurs courts-métrages sous le témoignage d’un personnage mystérieux interviewé par deux flics particulièrement normaux.

Oscillant entre l’histoire de vampires assez humoristique et le rituel de sorcière assez cryptique duquel je n’ai à peu près rien compris, la diversité est au rendez-vous. Le lien entre les histoires est plutôt bien ficelé et à chaque interlude, on en apprend plus jusqu’au bouquet explosif final.

Difficile de tout aimer tant les propositions sont différentes, mais l’ensemble est cohérent et la qualité globale étant au rendez-vous, on passe un bon moment. 

Midnight short

Si l’on avait déjà vu des compilations (Comme VHS 99 l’an dernier ou Satanic Hispanics pour cette édition), on est ici sur une sélection de courts-métrages midnight faite par l’équipe du FEFFS elle-même.

Aucun mauvais prétexte pour lier les courts-métrages présentés. Juste une sélection allant du bourrin pur au film engagé un peu cryptique. Une nouveauté globalement bien reçue par le public, mais tout aussi clivante dans les avis. Le film engagé m’ayant, par exemple, particulièrement ennuyé alors qu’il a fasciné certains de mes collègues. 

Une initiative qu’on espère voir renouvelée pour les périodes de vache maigre en midnight movies.

Documentaires

J’ai découvert les documentaires du FEFFS l’an dernier via la projection de Lynch : Oz qui m’avait particulièrement passionné. Cette année, FFVIMan et moi-même avons lâché notre dévolu sur trois documentaires prometteurs (sans compter Lost in La Mancha que vous retrouverez en rétrospective Terry Gilliam). Certains abordant des thèmes non officiels de cette édition, comme la VHS (oui encore).

Mancunian Man: The Legendary Life of Cliff Twemlow

Je n’avais jamais entendu parler de Cliff Twemlow ni de l’un de ses multiples pseudonymes d’artiste. Créateur inarrêtable des années 80, il a pu gagner sa vie grâce à des musiques qu’il avait composées pour les autres.

Les royalties de ces œuvres serviront à financer la véritable passion de Cliff : le cinéma. Celui-ci, découvrant l’âge d’or des vidéoclubs, tournera directement ses films en VHS pour réduire les coûts. D’ailleurs les petits budgets, c’est sa spécialité. Oubliez les grandes équipes, car Cliff est réalisateur, mais également scénariste, acteur et cascadeur de ses propres films.

Manacunian Man retrace l’histoire de sa carrière via l’interview de ses anciens coéquipiers et amis, au cours de cette longue aventure qu’a été la création de films avec Cliff. On y découvre les anecdotes de tournage les plus simples, jusqu’à la prise de possession du plateau par une invasion russe qui va obliger Cliff à changer son scénario pour faire de l’espionne russe la gentille.

Et si vous n’avez jamais vu l’un de ses films, c’est tout à fait normal, la plupart d’entre eux n’ont jamais vu le jour. Tourner un film et vendre un film, ce sont deux compétences bien différentes. La légende raconte cependant que trainerait une copie VHS dégueu de G.B.H. (1983) sur un site d’hébergement vidéo bien connu.

Enter the clones of Bruce Lee

Les fans de nanars tels que moi savent déjà ce qu’est la Brucesploitation, un concept que l’on a pu découvrir via les chroniques de nanarland. Pour les moins férus de bons mauvais films, il s’agit en résumé de toutes les (mauvaises) productions cinématographiques tentant de surfer sur la vague de Bruce Lee après sa mort.

Le plus représentatif étant certainement “The clones of Bruce Lee” que j’aurais personnellement aimé voir projeté pendant le festival en complément du documentaire. La légende raconte cependant que trainerait une copie dégueu du film sur un site d’hébergement vidéo bien connu. Oui, vous avez déjà lu cette phrase, mais cette fois-ci, il faudra chercher un peu plus profondément pour le trouver.

Enter the clones of Bruce Lee interview quelques-uns de ces fameux clones tels que Bruce Le, Bruce Li ou encore Dragon Lee. L’occasion de découvrir des anecdotes sur pourquoi Bruce Lee se grattait le nez ou sur comment casser un bras quand on ne précise pas à l’acteur qui fait du kung fu qu’il faut faire semblant. On fait au passage la découverte de séquences de films qui donnent sérieusement envie comme Enter the fat dragon ou l’implacable défi que j’ai déjà ajoutés à ma liste de films à voir.

Un documentaire accessible même si l’on n’est pas fan de nanars et qui témoigne de toute une époque et une industrie du film de kung fu.

Kim’s video

Je vous l’ai dit à répétition lors de cet interminable article, mais la VHS était l’un des thèmes non officiels de cette édition et avait même droit à un documentaire sur le sujet.

Kim’s vidéo était l’une des plus grandes sociétés de location de cassettes vidéo dans les années 90. On pouvait y louer des titres qu’on ne pouvait se procurer ailleurs puisque les gérants y mettaient aussi sans la moindre hésitation des copies pirates de films introuvables autrement. L’industrie de la location ayant disparu, Mr Kim, propriétaire de la firme, proposa de faire don de la collection de 55 000 VHS à toute entité s’engageant à poursuivre le service de location auprès des clients de Kim’s vidéo. 

Le documentaire suit l’un de ces clients, se rendant en Italie dans la ville de Salemi ayant hérité de la collection, afin d’y louer une VHS comme à l’époque. Il découvrira finalement un espace fermé au public dans lequel sont mal stockées les cassettes et dont le projet semble être un montage financier de la mafia italienne. 

Une aventure incroyable ou cet ancien client ira fouiller au plus profond de l’histoire, de Mr Kim lui-même à l’ancien maire de la ville italienne qui aurait trempé dans la soupe. Le tout entrecoupé d’insert de films qui viennent rendre le tout dynamique et rigolo. Un must à voir pour tout fan de l’époque des vidéoclubs.

Film de clôture - Concrete Utopia

Quoi de mieux pour clore un festival ouvert par un film coréen, que de le fermer avec un autre film coréen. Et puis ce n’est pas comme si c’était la spécialité de Bastian.

La terre est frappée de catastrophes et les immeubles s’écroulent les uns après les autres. Seul l’un d’eux résiste et devient le refuge de la population tentant de ne pas mourir de froid. Mais l’humanité étant ce qu’elle est (un tas de merde égoïste) va très vite créer un semblant de société dont les riches propriétaires d’appartements se mettent à chasser “les parasites” qui viennent consommer leurs vivres.

Prenant place dans un univers de survie post-apocalyptique, Concret Utopia cache un message social de lutte des classes comme le cinéma coréen sait si bien nous le présenter. Il n’oublie cependant pas de raconter une histoire de survie, avec la question de la nourriture, des médicaments et des besoins fondamentaux.

Un dernier film qui permet de boucler le festival avec bonne humeur… Ah bah en fait non. Et en restant optimisme sur ce que l’humanité à de meilleur à offrir… ah bah non plus… Mais c’était un chouette film.

La nuit excentrique

La véritable clôture du festival se passe en réalité ici. Et si je ne devais venir au FEFFS que pour une seule séance et non 10 jours de folie, c’est sans la moindre hésitation cette projection que je choisirais. Rangez les enfants dans le tiroir, couchez votre livre dans son lit, c’est ici que la grande soirée commence.

La tradition veut qu’à la présentation de la soirée, les bénévoles débarquent déguisés sur la petite scène pendant que Daniel Cohen tente d’introduire la soirée. Après avoir discuté quelques instants avec les fesses de Fred (je vous ai déjà parlé de Fred ?), il a pu ouvrir le bal en nous présentant une émissaire de la cinémathèque française.

C’est, en effet la cinémathèque de France qui sélectionne pour le festival les bobines 35 mm projetées lors de la soirée (par le projectionniste de l’extrême). Je n’ai malheureusement pas souvenir du nom, ni du rôle de la personne représentant la cinémathèque, mais j’ai en revanche un excellent souvenir de sa pertinence. Ayant, elle aussi, repéré la VHS comme l’un des sujets récurrents du festival, elle a pris le temps de présenter ce qu’était la bobine 35 mm et en quoi elle était spécifique. Elle a même ajouté l’un des meilleurs arguments à la soirée, en précisant que la plupart des films projetés pouvaient effectivement se trouver sur internet sans trop de soucis. Cependant, aucune version en VF de ces films n’existe sur internet, et les seules bobines d’archives en VF sont celles que nous verrons ce soir. De quoi donner un sentiment de privilégiés, et une réelle expérience inédite aux festivaliers venus pour cette soirée extraordinaire.

De plus, ayant entendu dire que le public de la nuit excentrique du FEFFS raffole de cul et de violence, elle a fait une sélection de bandes-annonces en conséquence. Et OMAGAD ! quelle sélection de folie. On y trouvait effectivement de la violence et des scènes de sexe comme on en voit pas en festival d’habitude. Je pourrais tous vous les citer puisque je les note scrupuleusement pour les ajouter à ma liste de films à voir, mais ce serait gâcher le mystère de la découverte. Laissez-moi seulement vous citer Tarzan chez les coupeurs de têtes, journal érotique d’un bûcheron (dont une scène de pénétration sur un écran géant de cinéma dans une salle bondée) ou encore le gendarme et les extra-terrestres (oui le De Funès).

Avant de nous quitter, elle termine par ce qu’elle appelle “le jeu des cinq mots”. Elle nous cite ainsi cinq mots pour chaque film, non pas seulement pour les résumer, mais aussi pour attiser notre curiosité et notre attention lors du film. Citer le mot « arbalète » pour les rues de l’enfer relevait presque du génie tant cela a pu fonctionner sur le public présent.

S’en suit la projection des films entrecoupés d’inter séances que les festivaliers ont fait vivre eux-mêmes.

L'invincible kid du kung-fu

J’avais déjà vu ce film de Weng Weng, le célèbre James Bond nain originaire des Philippines. Le revoir dans une salle pleine de festivaliers donne cependant une autre saveur à toute production nanardesque.

Notre héros est un agent d’interpol, et c’est d’ailleurs la ligne de dialogue qu’il va le plus utiliser. Il rentre dans une pièce pleine de bandits et scande “Interpol !”. Il se présente auprès d’une demoiselle, il dégaine sa plaque et clame “Interpol !”. À tel point qu’après quelques scènes, ce sont les festivaliers qui se sont mis à dire en chœur “Interpol !” dès que celui-ci entrait dans une pièce et croisait un nouveau personnage.

Les scènes de « suspense » sont ponctuées d’une virgule sonore dont l’onomatopée serait Tududu.. Tudup ! Ce que je n’avais pas remarqué lors de mon visionnage seul, c’est que cette virgule est la seule du film et qu’elle est utilisée à outrance. Weng Weng rentre dans une pièce, pistolet à la main : Tududu.. Tudup ! Il se faufile derrière le canapé (pratique puisqu’il est nain) pendant que les méchants guettent : Tududu.. Tudup ! Il descend du balcon en rappel avec une échelle de corde : Tududu.. Et là, une bonne dizaine de spectateurs enchaine avec le Tudup ! Au prochain Tududu.. ce seront 50 festivaliers, puis au prochain la salle entière. 

L’invincible Kid du Kung Fu, déjà particulièrement drôle pour tout fan de nanars, l’est encore plus une fois ponctué de Tududu.. Tudup ! et d’”Interpol !” bien placés. Une belle façon de redécouvrir ce film que j’avais déjà vu, mais n’avais pas tant aimé.

Premier interlude

La salle est toujours très bien remplie même après la projection de L’invincible kid du kung-fu. Si l’an dernier, on avait pu voir les sièges se vider après le premier film, cette année en revanche les sièges sont encore particulièrement pleins.

Il est temps de passer une seconde salve de bandes-annonces, mais avant cela, le temps pour le projectionniste de changer les bobines, c’est le public qui va faire le show. Rien n’était véritablement prévu par le FEFFS cependant une bande de rigolos dans les premiers rangs a commencé à distribuer des bonbons et à raconter des blagues carambars. Rapidement, c’est l’arrière de la salle qui prendra la relève, “Oyez ! Oyez ! J’ai une blague”. 

Les plus observateurs pourront apercevoir un ukulélé, une spectatrice armée d’un concombre (ne me demandez pas pourquoi) ou encore un petit panneau “applause” fait main, fait cœur. La bonne humeur est complète et on ne voit pas le temps passer, alors qu’il est déjà une heure avancé de la nuit.

Les Rues de l'enfer

Je vous parlais avec Divinity du bingo des nanars et de la case “casting d’acteurs à la gloire passée” qu’il avait cochée. Dans les rues de l’enfer, on retrouve Linda Blair qui s’était fait découvrir dans l’Exorciste et avait depuis une carrière assez timide, pour ne pas dire inexistante. On peut donc cocher cette case.

Case suivante, une bande de punks/loubards portant des perfecto qui seront les méchants de l’intrigue. Ceux-ci vont s’en prendre à la sœur de Brenda, jeune rebelle sexy, jouée par Linda Blair donc, qui se lancera en quête de vengeance à coups d’arbalète.

Si la représentante de la cinémathèque avait un mot à choisir, c’était bien celui-ci. On aperçoit l’arbalète dès le début des rues de l’enfer quand les filles vont en soirée et l’on attend tout le reste en patientant avec quelques bitch fights que Brenda aille la récupérer pour se faire justice.

Pour pimenter le tout, lorsque l’héroïne rentre dans une pièce avec un nouveau personnage et qu’un blanc de deux secondes le permet, l’un des festivaliers glisse un “Interpol !” qui fera bien sûr rire tout le monde.

Interlude petit dej

Entre le second et le dernier film, le FEFFS offre le petit déjeuner aux warriors qui ont osé rester. Ici aussi, je m’attendais à voir la salle se vider, mais le nombre de spectateurs restants pour ce 3ᵉ film est assez impressionnant. Un peu moins si l’on déduit le nombre de personnes à dormir, mais ceux-ci le font sans ronfler. Les survivants come moi peuvent donc profiter du film sans souci tout en mangeant du saucisson.

Pour les adeptes de sucré, le FEFFS proposait du café, de la brioche, du quatre quarts et même des barres chocolatées. De quoi se requinquer avant le véritable dernier film de ce festival.

L'Homme des cavernes

Reprenons notre bingo, l’acteur phare est ici Ringo Starr. Vous pouvez aussi cocher la case monstres en stop motion au passage (l’un de mes plaisirs personnels, je dois l’avouer).

Le scénario étant extrêmement complexe, nous étions heureux de trouver le film en VF. Sans cela, je ne suis pas certain que nous aurions pu interpréter correctement : “Attouk Zogzog Lana”. Attouk étant l’homme des cavernes principal, Lana étant la jolie femme des cavernes, Zog zog étant… hum… Je vous ai parlé de journal érotique d’un bûcheron ?

L’homme des cavernes suit ainsi Attouk qui tente de créer sa propre tribu, mais surtout de se taper la femme du chef de la tribu originelle. Alors qu’il pourrait bien plus facilement zogzog avec la jolie blonde qu’il a récemment rencontrée. Qu’y voulez-vous, l’homme, qu’il soit des cavernes ou non, ne sait se contenter de ce qu’il a et convoite toujours plus, surtout quand c’est à son voisin. Le film est bourré d’humour et de bonne humeur, de monstres en stop motion et de dialogues inaudibles, mais finalement compréhensibles. 

Après cette dernière projection (toujours en 35 mm), il ne me reste plus qu’à filer, dormir (il est 7 h du matin tout de même). Et si vous voulez savoir si Attouk a zogzog Lana ou pas, je préfère ne pas vous le divulgâcher. J’ai déjà raconté beaucoup de choses que vous auriez préféré découvrir vous-même pendant ce FEFFS.