Unravel

Pelote de laine ambulante, Yarny est un personnage hors du commun qui a fait plutôt sensation lorsqu’il s’est révélé au public de l’E3 2015. Présenté par son développeur de chez Coldwood, tremblant de trac devant un public toutefois ébahi par les graphismes et la poésie proposée, Unravel partait déjà grand gagnant avant même sa sortie.

Unravel (1)La laine de chacal

Yarny, une créature entièrement faite de laine, va servir de personnage principal pour ce qui est un voyage à travers les souvenirs d’une vieille dame. Mis en avant via quelques photos encadrées, les différents niveaux du jeu sont tous emprunts de beaucoup de souvenirs, de nostalgie, qu’on imagine évidemment inspiré de faits réels et de la vie personnelle des développeurs. Vous contrôlez donc Yarny, dans un jeu de plateforme avec une vue « à l’ancienne », avec pour seul but d’atteindre la fin du niveau en un seul morceau.

Les éléments, les créatures environnantes et les différents objets que les humains laissent traîner dans la nature seront vos ennemis. Vous devrez alors, à l’aide de la laine qui vous sert de corps, vous aider de certains points d’accroche pour vous balancer et traverser des obstacles. On a alors le droit à un plateformer teinté de reflexion tout ce qu’il y a de plus sympathique au premier abord, avec des endroit où s’accrocher, ou tendre un fil entre deux points d’accroche pour s’en servir de trampoline, ou se balancer et passer de point en point tel Tarzan de liane en liane… Attention cependant : Yarny est rapidement à cours de laine et vous ne pourrez pas foncer, tête baissée, sans vous « ravitailler » à certains checkpoints. Ceux-ci sont affichés sous forme de petits amas de laine bien utiles pour « rembourrer » Yarny et continuer l’aventure.

La laine dont est pourvu Yarny est d’ailleurs « magique » puisqu’elle ne s’épuise que lorsque la mise en scène l’exige. Yarny sera « vidée » de toute corpulence laineuse que lorsque le jeu décidera qu’il en est ainsi, pour obliger le joueur à jouer le jeu de la réflexion et trouver un point d’accroche dans la zone. Ce n’est pas dérangeant en soi mais on tique très rapidement sur ce détail lorsque Yarny voyage en cerf-volant, en luge ou en bateau sans jamais être à court de fil…

Unravel (2)John Mc Laine

Yarny vit une aventure très orientée Action finalement, puisqu’il s’agira de passer de différents points d’accroche en évitant de nombreux obstacles violents. Que ce soient des crabes, des corbeaux ou des pneus vous poursuivant en pente glissante, tout semble se liguer contre vous. Il vous faudra bien fouiller les environs et observer votre environnement pour comprendre où veulent vous mener les développeurs… Néanmoins, rassurez-vous, le jeu n’est pas bien difficile. Pourvu de nombreux checkpoints et de vies infines, Unravel est surtout assez simple à parcourir si ce n’est lors de ses deux derniers niveaux légèrement plus complexes mais loin d’être horribles de difficulté.

Ce qu’il faut dire surtout, c’est qu’Unravel est magnifique. Et je pourrais l’écrire en grosses majuscules dégoulinantes d’amour que je le ferais, tant ce titre est d’une virtuosité incroyable en termes de graphismes. C’est beau à tout moment, les animations, les environnements, tout est minutieusement travaillé et photo-réaliste. Seuls quelques intérieurs sont en deçà visuellement, mais c’est vraiment parce qu’il faut chipoter et trouver de quoi redire. Sincèrement, Unravel est un si ce n’est le plus beau jeu vidéo sorti à ce jour. Mais il n’est pas le plus amusant, malheureusement.

Unravel (4)Non, je ne pleurerais pas !

Les développeurs de chez Coldwood Interactive veulent vous faire sécher vos larmes coulées après chaque niveau. « Oh mon dieu, regarde, Yarny est triste ! Il n’a pas d’amis / le corbeau l’attaque / il a froid /il est perdu… ». C’est proprement insupportable de se sentir tiré par les développeurs vers un chemin que l’on ne souhaite pas emprunter.

Avec Yarny, on s‘éclate à passer d’un point d’accroche à un autre, on esquive des objets incroyables de réalisme et de grandeur (Yarny n’es pas plus grand qu’une aiguille), on découvre des environnements splendides et malgré cela… La musique passe son temps à sortir les violons, sans aucune note gaie ni même une once de bonheur dans ce qu’elle tente de nous raconter. Avec des compositions qu’on dirait tout droit sortie de Braid (la ressemblance est frappante), Unravel se force à nous sentir mal et cela fonctionne au bout d’un certain temps. Surtout que le gameplay finit par rattraper cette idée en cessant, au bout de quelques niveaux, d’être inventif, de se réinventer. Seul un passage dans la neige viendra amener de nouvelles et riches idées, de quoi paradoxalement réchauffer le joueur qui n’en peut plus de la froideur du récit infligé.

imageIl n’y a rien au bout du fil…

Unravel est magnifique, ce ne sera jamais assez dit. Il est aussi très creux et ne suggère rien, il fait entrer de forcer le joueur dans un univers désespérant ne collant absolument pas avec le gameplay proposé. Il veut faire pleurnicher, alors qu’on voulait s’extasier. Il préfère parler de nostalgie de façon dépressive plutôt qu’en positivant sur de potentiels lendemains ensoleillés, avec des musiques larmoyantes sur fond de phases de balancement amusantes. Pesante, l’ambiance rend la progression lourde, met en exergue la répétitivité du gameplay et finit par lasser. On le termine pour ses graphismes, mais on oubliera malheureusement bien trop vite ce qu’il nous a forcé à vivre…

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