Création, Univers et Décryptage façon Third Editions reviennent pour nous parler de la saga de Bioware. L’occasion aussi pour l’auteur, Nicolas Domingue, de revenir sur ce qu’est ce studio de développement et sur la genèse de Mass Effect. Voilà un livre qui nous promet beaucoup en termes de voyage !
Ça se lit comment, quand on est fan ?
C’est le premier livre de Third Editions que je critique alors que je suis réellement très fan de la franchise décrite dans l’ouvrage. Par conséquent, mon avis est forcément biaisé par mes attentes de fanboy : je veux de la chronologie, des anecdotes, une genèse impeccable, un rappel de tout ce pourquoi j’aime Mass Effect. Je m’en rends compte : quand on achète ce genre d’ouvrage, on est vraiment en attente de quelque chose qui peut nous conforter dans l’idée que nous ne sommes pas amoureux de cet univers pour rien. Comme si le savoir, en être persuadé, le vivre, ne suffisait finalement pas.
Ce livre est clairement tout ce qu’attendaient les fans et pourtant, il se destine réellement à tout le monde. Alors évidemment, il va vous spoiler allègrement la série à certains endroit (parce qu’il le faut bien, pour expliquer à quel point certains évènements du scénario sont marquants) mais il le fait toujours de façon intelligente sans révélations gratuites. Aussi, quelqu’un ne connaissant pas Mass Effect va découvrir la série, dans ce livre, par le prisme de ses idées, de ses originalités, de ce qu’il revendique comme nouveauté dans le genre du RPG. Mass Effect est clairement un jeu qui « perd » en complexité et en richesse de gameplay face aux précédents jeux de Bioware, puisqu’il est sorti à une époque où la maniabilité et l’accessibilité des consoles primait sur le reste, mais la série n’en est pas moins très moderne dans son récit. Et cela, Nicolas Domingue le sait mieux que quiconque.
Genèse passionnante
Nombreux sont ceux qui ne connaissent pas l’histoire de Bioware et honnêtement, découvrir ce passé glorieux, surtout de nos jours ou la société n’est plus que l’ombre d’elle-même, est un plaisir véritable. C’est là que tous les jeux les plus marquants de la firme sont cités, ou on se rend compte de l’impact que Star Wars : Knights of the Old Republic a pu avoir sur la suite des événements pour le studio. C’est à mon sens le chapitre le plus passionnant.
S’en suit un chapitre sur l’univers de la saga avant de nous parler de l’histoire. Curieusement, (re)découvrir l’univers avant l’histoire montre bien les failles de la série : ces missions proposées dans chacun des trois jeux n’ont pas assez d’ampleur face à un univers costaud, solide, qui ne demande qu’a être miné pour en obtenir les plus belles ressources. Reste les personnages et leurs complexités, un aspect très bien mis en avant par l’auteur qui parvient sans problème à expliquer pourquoi Mass Effect génère autant de sympathie et en quoi un second épisode décrié pour son scénario est si marquant pour les joueurs.
En début de lecture, quelque chose me chiffonnais : c’était très complaisant, pour l’instant. Etant assez fan, je ne voulais pas moi-même lire un livre de fan qui ne verrait que du positif dans Mass Effect et qui passerait son temps à défendre le jeu face à ses nombreux soucis. Ce n’est pas le cas : ce livre est tout à fait objectif et les part d’ombres et soucis de la saga sont soulignés. Tant mieux.
Et Andromeda ?
320 pages, c’est beaucoup, mais il manque un gros morceau. Le chapitre sur les Analyses des thématiques est passionnant, le passage sur les musiques fait vraiment plaisir, mais le Chapitre 8 intitulé « Une autre galaxie » fait de la peine. Il existe, il est là, il parle d’Andromeda mais le jeu n’était pas encore sorti lors de la publication du livre et il aurait vraiment mérité que l’on en parle plus en profondeur. Sa genèse, son studio, ses ambitions, Electronic Arts, sa sortie, son échec cuisant, tout cela aurait vraiment gagné à conclure ce livre comme un rappel à l’ordre pour tous les créateurs d’univers : en perdre la possession, c’est risquer de le voir s’effondrer.
Mass Effect : À la conquête des étoiles est un bon livre, mais au happy-ending injustifié par un dernier jeu d’une bêtise rare. Une fois que l’on sait ça, on peut se concentrer sur le positif : c’est passionné, jamais trop complaisant et accessible à tous. Certains chapitres sont évidemment moins bons que d’autres, mais rien que pour l’aspect Genèse et les analyses des différentes thématiques apportées par la saga, la lecture a du bon. On recommande !