Thronebreaker : The Witcher Tales

Quand CD Projekt Red a annoncé travailler sur un mode solo pour le Gwent, le jeu de cartes tiré de The Witcher 3, je m’attendais à quelques puzzles, une dizaine de parties contre une IA à la ramasse et c’est à peu près tout. Alors quand j’ai vu la vidéo de présentation annonçant 30h de jeu et la promesse d’un vrai RPG je me suis rué dessus !



Retour à la maison

Prenant évidemment place dans l’univers du Sorceleur créé par Andrzej Sapkowski, Thronebreaker est une histoire parallèle aux trois jeux vidéo précédemment sortis par CD Projekt Red. Les fans de la licence seront ravis de retrouver quelques clins d’oeil et visages familiers ici ou là et les autres pourront se lancer directement dans l’aventure.

Vous dirigez Meve, la souveraine des régions de Lyre et Riv tentant de repousser une invasion de l’Empire du Nilfgaard. Après de nombreuses trahisons, vous êtes condamnée à partir en exil pour trouver de nouveaux alliés et revenir conquérir vos terres.

Le jeu rappelle à première vue la série des Heroes of Might & Magic. Vous déplacez votre personnage sur une carte pour collecter des ressources (pièces d’or, bois et troupes). Un campement fait office de ville pour améliorer votre armée en recrutant de nouvelles unités, en entraînant celles déjà disponibles et en débloquant tout un tas d’améliorations utiles pour l’exploration.

Au fil de votre avancée, vous rencontrerez de nombreux PNJs. L’histoire est bien écrite et vous devrez fréquemment faire des choix qui influeront drastiquement sur la suite du jeu. Il ne sera pas rare qu’un personnage ressurgisse après plusieurs heures pour vous aider ou vous mettre des bâtons dans les roues suivant les liens que vous aurez tissés (j’ai par exemple eu la désagréable surprise de me rendre compte qu’un individu gracié contre l’avis de mon peuple avait fini par empoisonner mon armée… sympa!).

Chaque protagoniste possède une forte personnalité, renforcée par des magnifiques illustrations animées (lèvres qui bougent, yeux qui clignent…) ainsi qu’une traduction et des doublages entièrement en français très convaincants.



C’est la guerre

La voie diplomatique ne sera pas toujours possible et il faudra souvent passer par les armes pour régler ses différents. Dans ce cas, le jeu utilisera le Gwent pour résoudre le conflit. Pour ceux qui ne connaissent pas les règles, ce jeu se déroule en trois manches et il suffit d’en remporter deux pour gagner la partie. Chaque carte représente une unité (ou un objet / sort / autre) que vous allez déployer de votre côté de la table pour augmenter la valeur de votre armée. Chaque joueur va pouvoir poser une carte, chacun son tour, jusqu’à ce que les deux passent. A ce moment là le camp possédant la plus haute valeur remporte la manche, toutes les cartes jouées sont défaussées (sauf cas particuliers), les joueurs piochent quelques nouvelles cartes et la partie se poursuit.

On comprend donc très vite que le principe de « card advantage » est très important dans le Gwent et qu’il sera souvent plus intéressant de passer en forçant son adversaire à jouer de nombreuses cartes quitte à perdre la manche, pour ensuite avoir l’avantage. Ça peut paraître compliqué expliqué comme ça mais le système de jeu se prend très facilement en main et fonctionne parfaitement. J’aime d’ailleurs beaucoup cette version 2.0 du Gwent qui se base beaucoup sur la mobilité entre les lignes et les interactions entre les généraux et leurs armées. Et si je trouvais le plateau de base assez austère, il est maintenant magnifique et c’est un régal de voir les animations des cartes, c’est pour ma part un des plus beaux jeux de cartes jamais sortis.

Chaque nouvelle alliance ou trahison donnera accès à de nouvelles cartes à créer et intégrer dans l’armée, obligeant ainsi le joueur à renouveler assez souvent son deck de combat pour s’adapter aux événements et adversaires rencontrés. Trois niveaux de difficulté sont d’ailleurs disponibles pour les différents profils de joueurs, du débutant au plus acharné (mais bon, ça reste une IA, n’allez pas non plus imaginer des affrontements très intenses).



Ce n’est pas parce qu’on pète des genoux qu’on ne réfléchit pas

Si Thronebreaker ne proposait qu’une histoire intéressante et des combats réussis, le jeu sera évidemment déjà très bon. Mais ce que j’ai préféré, ce sont les défis et surtout les puzzles.

Contrairement aux batailles classiques, les premiers ajouteront tout une liste de contraintes spécifiques liées à la situation rencontrée. L’affrontement se jouera par exemple en une seule manche et il faudra à tout prix protéger un chariot d’une attaque de bandits, vous devrez alors non seulement remporter la partie mais surtout tout faire pour que les points de vie du véhicule ne tombent pas à zéro. Une autre fois ce sera une créature monstrueuse à terrasser avant qu’elle ne décime les alentours, une personne à sauver avant qu’elle ne soit pendue, etc. Bien souvent ces défis seront liés à des quêtes secondaires données par les PNJs rencontrés. Suivant les répliques que vous choisirez, différents événements se produiront.

Et pour finir les puzzles sont simplement ce que j’ai préféré dans tout le jeu. Le but est de remporter un affrontement en un tour avec un deck imposé. Il faut donc bien lire les effets de chaque carte pour comprendre les interactions possibles entre elles et trouver la solution au problème car c’est vraiment de ça qu’il s’agit. Chaque puzzle n’a qu’une seule solution et autant les premiers seront très simples, autant la difficulté se corsera par la suite et il ne sera pas rare de passer une demi-heure par puzzle sur la fin, le temps de tester les différentes combinaisons et possibilités des cartes en main. Si ce n’est pas votre truc aucun souci, les puzzles sont optionnels mais ce serait dommage de passer à côté tellement pour moi ils justifient à eux seuls l’achat du jeu.

Si vous possédez le jeu sur GOG, vous pourrez également récupérer pas mal de cartes, avatars et autres bonus pour la version multijoueurs du Gwent en participant à des chasses au trésor en jeu (vous aurez alors une carte avec une croix et vous devrez retrouver où se situe le lieu en jeu pour aller déterrer un coffre). Attention toutefois, c’est également valable pour les quêtes secondaires, le jeu est divisé en chapitres indépendants les uns des autres et vous ne pourrez jamais revenir en arrière, pensez donc bien à tout valider avant de changer de zone.


Je vais être franc, en lançant Thronebreaker je ne m’attendais à une telle qualité de réalisation. Que ce soit l’enrobage graphique, la bande-son, le doublage, l’écriture, le contenu, CD Projekt Red a mis la barre vraiment très haut. Intéressant, prenant, intelligent, original, le jeu est un de mes coups de cœur de l’année. Le mélange RPG / jeu de cartes fonctionne parfaitement et je suis vraiment content qu’ils aient pris des risques plutôt que de faire un bête mode solo rapidement expédié. J’espère que les ventes seront au rendez-vous pour qu’ils puissent proposer d’autres épisodes de ce calibre et continuer à explorer l’univers du Sorceleur de façon différente.


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