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Monster sanctuary

Développeur : Moi Rai Games – Éditeur : Team17 – Date de Sortie : 28 août 2019 (accès anticipé)

L’automne est là, et avec lui une douce brise qui accompagne nos matinées pluvieuses, décrochant de leurs arbres des feuilles rousses qui folâtrent au gré du vent. Et pendant que j’observe ces dernières se balancer de droite à gauche, comme suspendues dans les airs, des souvenirs filandreux jaillissent à l’orée de ma conscience. J’y vois alors un fantôme du passé. Le dos d’une ombre incertaine faisant face à un reptile au rictus hargneux, tandis qu’une grave mélodie enveloppe les deux combattants. Bouche béante, et après quelques trépignements, la créature écailleuse se jette d’un bond vers le spectre afin d’en découdre, et le souvenir de s’évaporer brutalement pour laisser place à un mot inconnu jusqu’à lors : Pokémon… Comment ça j’en fais des caisses ? Ok, peut-être un peu. Pourtant, quoi de mieux que se remémorer l’introduction mythique de Pokémon rouge et bleu pour évoquer Monster Sanctuary, tant il reprend les bases de cette illustre saga – à savoir la collecte et le dressage de monstres – en y ajoutant un zeste de mécanique inspirée des metroidvania. Alors, savoureux cocktail ou mojito bas de gamme ? Réponse partielle, après une dizaine d’heures de jeu.

Attrapez-les tous !

Dans Monster Sanctuary, tout respire la simplicité. On nous donne le choix entre incarner un homme ou une femme, on choisit une créature parmi quatre disponibles – chacune ayant des caractéristiques distinctes – et zou, nous voilà lancés dans le grand bain, en ayant eu à peine le temps d’enfiler nos palmes. Nous apprenons rapidement que nous sommes un descendant d’une grande lignée de Gardiens de Monstres, errant dans un monde coupé du reste de l’humanité – le Sanctuaire de Monstres – et vivant au sein de la Forteresse des Gardiens, dont la paix va être troublée par de mystérieux événements… Bon, s’il est clair que l’originalité n’est pas la qualité première du scénario de Monster Sanctuary, celui-ci a tout de même le mérite d’exister et permet de donner un sens à nos pérégrinations, qui consistent principalement à maraver du monstre.

Avec les combats se dessinent donc l’artère principale de Monster Sanctuary. Ceux-ci se déroulent généralement en trois contre trois, et avant même que nos créatures se mettent sur la tronche, nous avons accès aux points forts et points faibles des adversaires. Il est alors nécessaire de choisir nos champions avec soin – parmi un groupe de six – puisque chacun est rattaché à un ou plusieurs éléments particuliers (eau, foudre, air, etc.) permettant de contrer ceux du camp d’en face. Une fois le roster choisi, l’escarmouche s’engage, et on découvre un système de combo particulièrement intuitif, chaque coup porté augmentant les dégâts de la prochaine attaque. On privilégie alors en début de tour les sorts capables de mettre simultanément plusieurs baffes pour faire gonfler la jauge de combo, avant de finir par une attaque unique, bien plus puissante ; le but étant d’envoyer au tapis nos antagonistes le plus rapidement possible.

Ce souci de rapidité va vite devenir une obsession, une note venant sanctionner, à chaque fin d’affrontement, notre efficacité à mener à bien ce dernier. Évidemment, plus la note est élevée, et plus les récompenses octroyées se montreront rares, avec en point d’orgue la possibilité de gagner des œufs que l’on ne tardera pas à faire éclore, afin d’acquérir de nouvelles créatures. On peut ajouter à cela : la possibilité de filer à becter à nos ouailles, ce qui va permettre de gonfler temporairement certaines de leurs statistiques (dégâts, magie, défense, coups critiques…) ; d’équiper les créatures d’armes et armures que l’on peut améliorer via un système d’artisanat ; ainsi que des arbres de compétences particulièrement fouillés et complets. C’est finalement avec la juxtaposition de tous ces éléments – simples, au demeurant – que Monster Sanctuary révèle une grande profondeur stratégique, jouissive pour tous les adeptes de theorycrafting.

Plus caïpirinha que whisky coca

Hélas, la difficulté se montre actuellement un peu basse, puisque mon équipe de joyeux lurons n’a jamais été décimée tout au long de l’aventure principale. Les groupes d’ennemis sauvages sont souvent composés de créatures d’un même type, ce qui rend les affrontements trop formels et répétitifs ; et les boss, bien que plus coriaces, ne sont pas particulièrement retors, la faute à des sorts de soins et de protection trop efficaces. Finalement, seuls les combats contre d’autres Gardiens et certains défis annexes parviennent à relever une difficulté autrement un chouia faiblarde.

Ce manque de relief, on peut aussi le retrouver dans le style graphique, qui nous fait découvrir une 2D rétro sans envergure particulière, même si certains environnements ne sont pas dénués de charme. Le constat est le même quant au chara-design de la cinquantaine de créatures à disposition, un poil inégal et pas toujours inspiré, bien loin en tout cas des standards entrevus dans les premières générations de Pokemon.

En revanche, là où Monster Sanctuary réussit à fait preuve d’exotisme, c’est finalement dans cette cohabitation entre une mécanique de dressage de monstres propice à la collectionnite, et un level design malin à la Super Metroid, où certaines zones du monde ne sont pas immédiatement accessibles. Initialement, notre protagoniste ne peut que sauter et courir, mais on mettra la main sur différents objets capables entre autres de nous faire bondir plus haut ou de marcher sous l’eau. Dans la même veine, chaque créature capturée dispose d’une ou deux capacités utilisables en dehors des combats pour atteindre des plate-formes normalement inatteignables, ou pour résoudre des petites énigmes toujours bien pensées. On pourra par exemple planer, détruire certains murs, pousser des objets trop lourds, voir dans le noir, etc.

Inutile de faire durer le suspense plus longuement : Monster Sanctuary est, pour l’instant, une réussite qui transpire la simplicité ; un petit bijou dénué de la moindre aspérité. Avec son level-design inspiré, sa profondeur de gameplay qui pousse à la réflexion, et son univers sympathique que l’on prend plaisir à découvrir, Monster Sanctuary est la preuve que l’on peut faire un excellent cocktail à partir d’ingrédients simples ; d’autant plus respectable quand on sait qu’il n’y a que deux personnes aux manettes de son développement. Avec encore une bonne année d’accès anticipé devant eux, on peut s’attendre à ce que les dev’ gomment les quelques soucis d’équilibrage, et rajoutent des features – nouvelles zones, nouveaux monstres – à un contenu déjà conséquent. Prometteur.

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Gattu

Joueur biberonné à quelques vieilleries telles que Secret Of Mana, Half Life ou Day of the Tentacle ; aujourd'hui reconverti sur les jeux narratifs, principalement par manque de temps et... de temps.

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