Critique

Maneater

Développeur : Tripwire Interactive – Éditeur : Deep Silver – Date de Sortie : 22 mai 2020 – Prix : 35 €

Des années après une adaptation folle des « Dents de la Mer » de Spielberg sur PlayStation 2, où notre requin pouvait faire des saltos, sauter dans des laboratoires secrets, attraper des cartes d’accès pour ouvrir des portes d’installations militaires et nous faire mourir d’ennui avec un jeu plein de bonnes idées mais terriblement lent et sans intérêt, Tripwire Interactive tente de relancer la mode de la simulation arcade de prédateur avec un Maneater se présentant comme un show télévisé très réaliste. Évidemment, notre société va en prendre plein son grade…

Jawserais jamais m'y baigner !

#ManEater pour en discuter mais surtout, s’indigner et s’insulter sur les réseaux sociaux : voilà ce que met en avant ponctuellement la réalisation caméra au poing de ce documentaire sur un pécheur sans foi ni loi qui veut absolument chopper sa plus grande prise. Maman Requin bien costaude qui sème la terreur sur les plages, vous passez une phrase d’entraînement au jeu particulièrement amusante jusqu’à vous faire attraper par votre chasseur. Âmes sensibles s’abstenir : celui-ci vous tue, vous ouvre en deux, sort votre bébé requin du ventre et le taillade pour le « signer » de son couteau avant de le rejeter à la mer. Entre temps, on aura eu la possibilité de lui croquer une main. Parce que vous l’aurez compris : bébé requin, maintenant, c’est vous.

Petit poisson deviendra grand mais pour cela, il faut croquer de l’animal sous-marin. Chaque animal, tortue, poisson d’un certain type ou autre proie vous donne un certain nombre de ressources parmi quatre : glucides, lipides, protéines et minéraux. Comme tout monde libre qui ne se donne pas les moyens de réinventer la roue, vous allez donc devoir farmer ces ressources en croquant tout ce qui bouge.

Des animaux entourés de rouge vous seront signalés : ce sont vos éventuels prédateurs. D’abord de petits barracudas, puis de gros crocodiles, en passant pas les requin-marteaux, les requin blancs, les orques et les massifs cachalots. Ils sont comme des défis de niveaux qui prouvent votre valeur au combat et vous permettent d’obtenir un gros pack de ressources d’un coup. C’est ainsi que vous évoluerez, de niveau en niveau, jusqu’à passer Adolescent, Adulte puis Ancien. Trente niveaux d’expérience qui se font relativement vite : comptez trois à quatre heures de jeu pour voir le bout de cette évolution.

Côté baston, on rentre rapidement dans le n’importe quoi puisque votre requin sera évidemment capable de croquer, mais aussi de secouer sa proie pour lui faire plus de dégâts et surtout, de frapper d’un coup de queue pour propulser ce qu’on est en train de mâcher vers l’avant, sur les ennemis et dans les cieux, à force d’évolution. C’est drôle, avouons-le. Il faut voir notre requin lancer une tortue à demi-croquée sur un interrupteur d’une porte de barrage afin de l’ouvrir, pour comprendre où veut en venir Maneater.

Les dents de la merdouille à collecter

Nanar vidéoludique, digne de tout nanar « bodybuildé » sortant au cinéma (on est loin du Direct-to-DVD), Maneater a les mêmes défauts que ce type de productions cinématographiques : il propose trois/quatre scènes vraiment réjouissantes, débiles et gores de préférence, pour cacher un scénario au vide intersidéral et à la répétition gigantesque. Concrètement vous ne ferez rien d’autres dans Maneater que de manger tout ce qui bouge, vous attaquer à plus gros que vous et répéter les actions et les missions de type « manger 10 otaries » pour débloquer les affrontements avec votre Nemesis et son bateau.

En parallèle vous aurez tout un tas de choses à collecter. Tout d’abord, des grottes à découvrir pour en faire vos points de réapparition et de téléportation rapide. C’est aussi l’endroit où vous ferez évoluer votre requin pour qu’il passe de « terreur des mers » à « transformation électrique/osseuse/de l’ombre pour un requin parfaitement paranormal aux pouvoirs giga-débiles ». Des transformations que l’on débloque (avant de les améliorer avec nos ressources) en affrontant les 10 gardes-cotes pour autant de niveaux d’Alerte façon Grand Theft Auto. Si vous connaissez la façon qu’à GTA de vous faire courser par la police, alors vous ne serez pas dépaysé : c’est la même chose mais sous l’eau, avec bateaux à la surface, plongeur avec harpon, dynamite, bombonne de gaz et autres réjouissances qui piquent l’aileron.

Reste qu’à côté de ça on passe surtout son temps à attraper des plaques minéralogiques en jouant les dauphins qui s’extirpent de l’eau en faisant un bond de deux mètres, quand on ne fouille pas les lieux à la recherche de coffres de ressources ou de points d’intérêt par ailleurs très drôles car très référencés (vous pouvez retrouver une excellente référence à Bob l’Éponge dans cette page).

Bref, c’est un jeu de requin dans un monde libre qui ne se prend jamais au sérieux, tout en proposant une progression « à la monde libre d’Ubisoft ». Et je me dis que j’aurais sans doute dû commencer ce test par cette phrase…

Vendu moins cher qu'à l'accoutumée pour un jeu AAA, Maneater tente ainsi de faire passer la pilule de la répétitivité folle qu'il ne cesse de nous mettre en avant dans un titre réellement fun à découvrir mais qui, passées les deux heures (sur les six nécessaires pour le terminer), n'a de cesse de s'essouffler. Seuls les plus accrocs à la collectionnite y trouveront un peu leur compte même si Maneater a réellement du mal à récompenser le joueur. La faute à des améliorations peu nombreuses qui auraient pourtant clairement pu être tout le sel de ce jeu caustique, à la voix-off réussie, qui nous rappelle à sa façon que définitivement, l'humain fait n'importe quoi avec la nature et qu'elle risque bien de se venger un jour ou l'autre. Tiens, une critique de la société sous-jacente : on est définitivement devant un nanar.

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Skywilly

Rédacteur en chef collectionneur de Skylanders et qui passe beaucoup trop de temps sur ces briques Lego. Heureusement qu'il y a des petits jeux pour s'évader ! Auteur de Le jeu vidéo indépendant en 2015 : Portraits de créateurs

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