Critique

Shantae and the Seven Sirens

Développeur / Éditeur : WayForward – Date de Sortie : 28 mai 2020 – Prix : 24,99 €

Depuis 2002, le studio Wayforward a fait de sa licence propriétaire Shantae son porte-étendard. Quand on fait son beurre de commandes de jeux de plate-forme et d’action (Ducktales Remastered, River City Girls), quoi de mieux qu’une adorable demi-génie adolescente pour affirmer son identité ? Après plusieurs mois d’exclusivité dans le service Apple Arcade, sa nouvelle aventure arrive sur les (moins) petits écrans.

Enfin des vacances ?

Cette fois, Shantae et ses amis Sky, Bolo et Oncle Mimic quittent Sequin Land et Scuttle Town pour de vraies vacances sur Paradise Island ! Enfin presque: le maire d’Arena Town qui les a invités a l’intention de donner en spectacle Shantae avec d’autres demi-génies, dont elle fait la connaissance. Mais ses nouvelles amies disparaissent brutalement, et Shantae va découvrir les dangereux secrets enfouis dans les profondeurs de Paradise Island…

Le jeu précédent de la série, Half Genie Hero, qui l’avait pourtant popularisée grâce à une campagne Kickstarter très réussie, avait pourtant déçu. Son level design peu inspiré, sa brièveté et sa facilité nous avaient rappelé que le co-créateur de Shantae, Matt Bozon, n’est pas game designer mais vient du monde de l’animation.

Pour ce nouveau titre, retour à la formule éprouvée du metroid-like léger. La carte est un grand niveau unique interconnecté, dont ne se détachent que les quelques donjons menant aux boss. On y navigue avec aisance, aidé aussi par des points de téléportation agrémentant le level design de façon pertinente.

Après quelques minutes de jeu, on pouvait craindre l’essoufflement d’une formule qui, faute d’inspiration, finirait par se dégonfler. Eh bien non : il suffit d’une poignée de nouveautés pour replonger dedans. Nouveau monde, essentiellement souterrain ; nouveaux personnages, nouveaux méchants, nouveaux ennemis, mais aussi (quatre) nouvelles danses et (cinq) transformations, quitte à ce que bon nombre d’entre elles soient quasiment des reskins d’anciennes. Shantae peut désormais faire apparaître des éléments cachés, soigner sa barre de vie (ce qui peut aussi avoir un effet sur d’autres choses !), mais également se changer en triton, en coquillage fouisseur… On peut éventuellement regretter de ne pas revoir certaines des transformations sous-utilisées du jeu précédent, mais ne soyons pas difficiles.

Nouveau aussi, le système de « cartes à collectionner » qui est en fait inspiré des charmes de Hollow Knight: tuer les ennemis permet d’obtenir leur carte, qui constitue un bonus à activer dans trois slots disponibles, pour des effets très divers sur les dégâts, la consommation de magie… Dans les faits, vous ne devriez pas avoir de mal à obtenir la carte qui tue littéralement la difficulté du jeu en remplissant automatiquement la jauge de magie, puisqu’une de vos danses permet d’utiliser la magie pour se soigner. Les bonus s’obtiennent très rapidement et le titre se boucle en une grosse dizaine d’heures où tous les boss se one-shootent. Seuls certains secrets sont vraiment bien cachés et malgré un ratissage de la carte, je ne suis pas parvenu au 100%. Il est dommage que le NG+ (plus de magie mais plus de dégâts encaissés) ne soit pas directement accessible aux joueur(se)s les plus éprouvé(e)s.

Presque une série animée

Shantae reste donc fondamentalement un jeu tourné vers le jeune public. On sent presque l’envie – réelle – de Matt Bozon d’en faire une série animée ; il en a les codes narratifs et le design charmant ; le prendre comme un épisode d’une saison en cours est la meilleure façon de le considérer. C’est d’ailleurs le premier jeu de la série à comporter de multiples scènes cinématiques, celle d’introduction étant réalisée par rien de moins que le studio Trigger. Il a aussi malheureusement des côtés pas très fins, que ce soit les gags qui jouent souvent la carte du méta ou l’accumulation de plus en plus prononcée de filles en bikini et de monster girls.

Pour le reste, Shantae poursuit son entreprise de citation des jeux 16 bits, qui à défaut d’être originale est sincère, jusque dans la musique ; pour la première fois, elle n’est pas signée Jake Kaufman (remplacé par un collectif), mais prend toujours son inspiration dans les classiques chiptune.
Techniquement, le jeu utilise le même moteur que Half Genie Hero et réutilise un certain nombre d’assets. On peut regretter un certain manque d’options (pas de plein écran sans bordures) et des temps de chargement entre les zones un peu trop longs pour être honnêtes sur un PC doté de 16 Go de RAM. Pour terminer, la traduction française est encore une fois, hélas, très moyenne.

Shantae and the Seven Sirens rassure autant à court terme, sur la capacité de WayForward à réaliser un jeu solide et plaisant, qu'il pose question à plus long terme : le studio possède-t-il assez de créativité pour aller jusqu'au bout de son désir de raconter l'épopée de sa petite danseuse magicienne, sans finir par perdre son public à force de légèreté ? On le lui souhaite évidemment, à moins qu'il trouve les moyens de passer définitivement du côté du feuilleton animé.

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Catel

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