Critique

Sackboy : A Big Adventure

Développeur : Sony Interactive Entertainment – Éditeur : Sumo Digital – Date de Sortie : 12 novembre 2020 – Prix : 60 €

Je n’aime pas la franchise Little Big Planet, désolé. Je ne suis pas assez créatif, je n’aimais pas forcément l’univers et ce qu’il me racontait, bref : je n’étais pas la cible. Et puis Sackboy a décidé de se lancer dans l’aventure du plateforme collectionneur classique, avec un petit twist. Celui d’être malin et mignon, beau et pas con. Et ça a marché.

Sumo Digital fait le poids !

Ce sont les développeurs anglais de Sonic & Sega All-Stars Racing et de Snake qui sont donc au développement de ce jeu de plateforme. Déjà responsable de LittleBigPlanet 3, Sumo Digital fait un virage à 90° pour casser l’aspect créatif et « éditeur de niveau » de la série. Cette fois on nous raconte comment Sackboy, ce petit héros de laine au sourire ravageur, va devoir purifier un monde envahi par les ténèbres du vilain Vex en étant « le héros de la légende » ou un truc dans le genre. Vous connaissez l’histoire et clairement, cette Big Adventure ne fait absolument rien d’original à ce niveau. Elle se contente de reprendre tout ce qui a fonctionné dans les jeux du genre, avec un petit air de ces Skylanders et autres jeux Nintendo comme la série nouvelle des Kirby et Yoshi.

Vous devez donc parcourir un à un chaque niveau proposé en tentant d’y récolter plusieurs orbes (la monnaie principale du jeu pour débloquer les cinq mondes et un bonus) et des clochettes (qui vous permettront d’acheter des costumes, entiers ou par morceaux, à la boutique). Il y a aussi une récompense pour trois paliers de scores allant du bronze à l’or, pour tous les éléments de costumes à récolter dans chaque niveau et la plus difficile, celle qui vous demande de terminer le niveau sans perdre une seule vie. D’entrée, pour les complétistes, ce sera l’objectif le plus dur à atteindre afin de viser le 100%.

Rapidement, Sackboy nous enchante par sa direction artistique assez phénoménale. Le patchwork global proposé dans les niveaux enchaîne les scènes photo réalistes de dioramas réalisé « Do It Yourself » comme aime le dire Internet. Les musiques sont elles aussi des patchworks, d’autres sons et chansons connues. On redécouvre cette idée assez « Nintendesque » qui consiste à proposer une idée de jeu par niveau, pour proposer des séquences de gameplay qui se suivent mais ne se ressemblent pas. Bon, un peu quand même au final, hein…

Inertie et lenteur

Sackboy n’est pas rapide ni très souple, c’est un fait depuis ses débuts dans LittleBigPlanet et Sumo Digital a respecté ce choix, au détriment d’une prise en main vraiment agréable. Ici, le héros est un peu pataud et si on nous propose de le laisser se transformer en boule pour foncer plus rapidement vers son objectif, cela n’est pas non plus incroyable de vitesse. Sackboy est un peu lent, mais les musiques vont donner le ton et les ennemis se mettront à son rythme. L’aventure est donc moins dynamique qu’espéré, comptant sur son univers et sa rythmique globale pour « faire genre ». Les sauts ont aussi une inertie très bizarre, c’est le mot, demandant un certain temps d’adaptation. Tout cela ne fonctionnera pas chez tous les joueurs, c’est certain. Mais les moins exigeants, les enfants pour qui c’est un premier jeu, n’en auront vraiment rien à faire. Ce n’est pas handicapant, juste moins bon qu’attendu.

Proposant un menu d’accessibilité plutôt malin, permettant de laisser appuyer la touche ROND pour laisser Sackboy rouler tout du long plutôt que de devoir enchaîner les pressions, ou offrant la possibilité de vies infinies pour ne pas avoir à recommencer un niveau si on perd trop souvent de suite (et on te déteste pour ça, Crash Bandicoot), le jeu se veut clairement grand public et pour tous les joueurs. Ceux qui aiment le défi en auront, à intervalles régulières. Les défis uniques à déverrouiller, chronométrés qui plus est, seront aussi là pour eux et leurs réflexes de pros. Pour les autres, Sackboy se joue calmement, posément, avec délice si affinités.

Mais il est sorti un peu bugué, c’est là son moindre défaut. Que faisiez-vous à la sortie ? Parce que si vous lisez cette critique quelques mois après le débarquement de Sackboy dans nos PS4 et PS5, alors sans doute que tout cela sera corrigé par les développeurs. En attendant, vous avez le droit à quelques petits plantages, des costumes mal interprétés en menu ou, plus ennuyant, l’absence totale de temps affiché pour les niveaux chronométrés. Tout cela parce que la localisation française a traduit le code du jeu, histoire de bien afficher ses balises à la place du temps escompté. C’est ballot.

Du multijoueur presque obligatoire

Plus surprenant et clivant par contre : Sackboy permet jusqu’à 4 joueurs de le rejoindre en jeu. Le multijoueur en ligne est, à l’heure de cette critique, pas encore au rendez-vous mais ne devrait plus tarder. En attendant il faut trouver des amis et si vous jouez en Solo, il est impossible de finir le jeu à 100% C’est un choix qui va faire crier mais honnêtement, à plusieurs, la fête est vraiment plus folle. Néanmoins on comprendra totalement que des solitaires se retrouvent désemparés devant ce choix curieux. Vous pourrez entièrement terminer l’Histoire proposée, mais pas obtenir tous les orbes de jeu puisque des niveaux spécialement conçus pour le multijoueur sont proposés au sein même de l’aventure. Avis aux parents : déjà que c’est une bonne idée de jouer avec son enfant plutôt que de laisser trop souvent tout seul devant son écran mais là, vous avez le candidat parfait.

Surtout que Sackboy propose plein de moments, visuels ou musicaux, qu’on a vraiment envie de partager ! Comme ces niveaux chainés, les premiers qui rendent aussi bien depuis le dernier Rayman en 2D, qui progressent sur Toxic de Britney Spears ou Uptown Funk de Mark Ronson/Bruno Mars. C’est du haut niveau de level-design et on prend un pied fou à les découvrir.

Autre petit plaisir du multijoueur : les costumes. Chaque niveau comporte plein de morceaux de costumes à débloquer en plus de tous les ensembles à acheter avec les « clochettes » à collecter. Mais l’idée principale est de pouvoir créer volontairement ou au hasard ses propres costumes en mélangeant tous ces bouts de chiffon. Cela permet des créations assez hasardeuses mais adorables qu’on adorera comparer en famille ou entre amis.

Solidité mais vilains défauts

Il n’est jamais original mais propose plein de petites mécaniques amusantes. Vous allez chercher des graines à l’autre bout d’un niveau pour faire pousser un trésor dans un pot bien caché, jouer du grappin mais aussi du jetpack dans des niveaux dramatiquement bien pensés pour vous faire (un tout petit peu) rager sur certains passages. Notons d’ailleurs que ce jetpack amusant est livré avec des pistolets laser qui, curieusement, dénotent beaucoup avec tout le reste de l’aventure, proposant alors la moins bonne poignée de niveaux d’un jeu tout de même bien loti à ce niveau.

Autre vrai défaut : les boss. Jamais inventifs, jamais dangereux, jamais amusants. C’est dramatique et c’est un vrai gros défaut mais à côté d’une si belle aventure qui fait du bien, la pilule passe bien.

Sackboy n’a rien d’original ni de grand, mais il propose un univers adorable servi par un travail artistique, aussi visuel que sonore, absolument réussi. Se reposant entièrement sur sa collecte de costumes rigolos et ce sens du patchwork complètement envoûtant, Sackboy : A Big Adventure est une superbe aventure à partager, typique de ces premiers jeux dont on se rappelle quinze ans plus tard avec nostalgie. C’est un titre parfaitement maitrisé pour plaire aux parents et leurs enfants, qui le partageront ensemble avec délice.

Skywilly

Skywilly

Rédacteur en chef collectionneur de Skylanders et qui passe beaucoup trop de temps sur ces briques Lego. Heureusement qu'il y a des petits jeux pour s'évader ! Auteur de Le jeu vidéo indépendant en 2015 : Portraits de créateurs

Laisser un commentaire