Rapide Critique

Silicon Dreams

Shutan
Publié le 21 mai 2021

Développeur

James Patton, Clockwork Bird

Éditeur

Clockwork Bird

Date de Sortie

20 avril 2021

Prix de lancement

12,49 €

Testé sur

une patate

Vous connaissez Blade Runner ? c’est un film où Harrison Ford est un humain chargé de traquer des cyborgs ultra perfectionnés, qu’on ne peut distinguer des humains lambdas qu’avec une observation poussée et un interrogatoire velu. Silicon Dreams nous propose de mener ces interrogatoires mais il y a un twist : on joue un de ces robots indiscernables.

Dans Blade Runner, c’est un des mystères : Rick Deckard est-il un réplicant ? Est-il un humain comme les autres ? De ce mystère nait l’ambiguïté, tue-t-il ses semblables ou protège-t-il l’humanité ? Les réplicants sont-ils vraiment une menace ? Ici pas de chichis, on est un robot interrogateur au service d’une super multinationale maléfique de méchants et qui loue donc ses produits, les androïdes, là. Parfois il leur arrive d’avoir un comportement déviant, signalé par leur locataire, et il faut donc enfermer la machine terriblement humanoïde dans une pièce sombre pour lui faire avouer qu’elle aime les comédies romantiques et fait le ménage la nuit pour être plus efficace.

Alors voilà, on est dans un petit bureau tout gris, surveillant la salle de tort… euh, d’interrogatoire, en posant les bonnes questions afin de déterminer si le captif est oui ou non déviant, et ce qu’il faut en faire : relâcher, envoyer en révision, ou désactiver. La décision est prise en suivant un petit questionnaire dans lequel on aura préalablement rempli les petites cases à partir des observations opérées sur les joyeux visiteurs.

Et c’est là que le jeu est plutôt malin. Il n’est pas très difficile de tirer les vers du nez des interrogés. Il suffit de trouver leur corde sensible, de la tripatouiller, de jauger leurs émotions et le tour est joué, mais simplement, faut-il en apprendre autant ? En effet, l’interrogatoire est intégralement enregistré, et il n’est pas rare que l’empathie foudroie le brave joueur et qu’il décide de relâcher le pauvre hère, alors que le questionnaire indique que ses réponses vaudraient au bonhomme de finir à la déchetterie. Malheur à lui s’il s’exécute, car la punition du conglomérat pourra s’abattre sur lui, puisque cela trahit un comportement déviant. Eh oui, on joue nous aussi une machine ! Toute l’astuce du jeu consiste alors à soutirer les informations utiles, mais pas trop, suivant ce que vous devez retirer de l’interrogatoire. Enfin, après si vous voulez faire du zèle et être un bon petit toutou, c’est possible aussi, et beaucoup plus facile.

Reste que la suspension d’incrédulité en prend un coup quand on se rend compte qu’on est un humain qui joue un robot qui remplace un humain parce que ses réactions étaient trop humaines, justement. Mais ce n’est pas très important.

Découvrir les intentions, et le scénario qui se déroule hors des murs de la corporation demandera une certaine délicatesse et de ne surtout pas vider complètement les options de dialogue, ça fait bizarre, mais c’est le but ! Même si le jeu est parfois un peu trop bavard pour son bien et peut-être un peu trop philosophique, et surtout ultra laid, il en ressort un questionnement sur l’humanité et ses travers, ses peurs et ce qui la définit. Une expérience un peu badante mais terriblement subtile.

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