La partie et la partition.
Rapide Critique
Stonefly
Développeur
Flight School Studios
Éditeur
MWM Interactive
Date de Sortie
1er juin 2021
Prix de lancement
19 €
Testé sur
PC
Le plécoptère – ou mouche de pierre, ou stonefly en anglais – est un insecte éphémère appartenant à la famille des grillons. Contrairement au jeu auquel il a donné son nom, il n’est pas très beau. Flight School Studio s’était déjà démarqué du point de vue de la direction artistique avec leur précédente création Creature In the Well, ses ombres portées, et ses textures piquées de rouille, et il réédite la performance visuelle en nous emmenant cette fois dans les arbres, aux manettes de mécha-insectes dans des décors aux textures chamarrées, qui ont fait tomber quelques mâchoires au moment des vidéos de présentation. Après la rencontre entre le flipper et le jeu d’action – promesse alléchante mais décevante manette en mains dans Creature in the Well -, voilà le jeu d’exploration/combat en arène avec des scarabées mécanisés – promesse alléchante mais décevante manette en mains dans Stonefly.
On plane au-dessus des branches, on se promène sur les ronces au son du doux cliquetis des pattes de l’entomorobot d’Annika la bricoleuse, on fait des bonds de sauterelles de tige en tige et on part à la recherche de la machine du paternel volée lors d’une triste nuit : les premières minutes passées dans Stonefly séduiront les amateurs de balades sylvestres et de bébêtes bien animées, et on se prend à rêver d’un jeu gracile et apaisant, qui nous emmènerait par-delà les cimes à collecter de nouveaux matériaux pour notre splendide véhicule à 6 pattes. Et quelques heures plus tard on se retrouve à serrer très fort la manette, à chuchoter en boucle « je ne m’amuse pas, arrêtez s’il-vous-plaît » et à partir en courant – pas très loin car on s’essouffle vite – à la perspective du prochain combat. Alors pourquoi un tel contraste? Et bien parce que Stonefly donne l’impression de n’avoir que sa promesse de concept et sa direction artistique pour lui.
De jeu d’exploration il passe très vite à jeu GPS où l’on suit sans réfléchir et en ligne droite des lucioles-guides – toutes élégantes soient-elles. De jeu de combat où l’on active la soufflerie de sa machine pour éjecter les ennemis et on esquive à grand coup d’hélices les vilains insectes pas mécaniques, il passe très vite à bouillie injouable où l’on se fait victimiser en boucle par des bousiers trop nombreux. Alors oui, les combats sont abordés sous un angle pacifique, où l’on pousse les adversaires hors des branches, mais leur réalisation calamiteuse nous conduiront très vite à souhaiter avoir un lance-flamme pour régler le problème de cette biodiversité agressive une bonne fois pour toutes. Stonefly tente l’incursion vers le RPG léger avec des compétences à débloquer? Pas de problème mais vous allez le payer en devant partir à la recherche de 3000 merdouilles bleues, et ce juste parce qu’on vous le demande et que la quête de matériaux constitue l’unique moteur narratif du jeu. Quant aux déplacements agiles et à l’animation très réussie de la machine – qui peut être customisée – ils périront très vite sous les coups des caméras indignes, de la perspective illisible, et des lucioles GPS qui se coincent dans le décor – qui est très beau, oui on sait.
Peu lisible, sans enjeux de gameplay ou de progression intéressants, doté de finitions difficilement acceptables, Stonefly n’était en fait qu’une belle promesse. Au moins, nous aurons appris ensemble ce qu’était un plécoptère.