Rapide Critique

Golf Club Wasteland

BassKass
Publié le 11 septembre 2021

Développeur

Demagog Stud!o

Éditeur

Untold Tales

Date de Sortie

3 septembre 2021

Prix de lancement

10 €

Testé sur

PC

Les humains – en tout cas quelques-uns – ont déserté une Terre dévastée par la Grande Catastrophe, et fondé sur Mars Tesla City la bien nommée (clin d’œil complice). Sauf que vivre sur Mars c’est bien gentil, mais il semblerait qu’on s’y ennuie un peu. Et quand on a un peu d’argent et qu’on s’ennuie, on fonde le Golf Club Wasteland, l’association qui transforme notre bonne vieille Terre irradiée en terrain de jeu pour riches astronautes en manque de loisirs futiles.

Golf Club Wasteland est donc un jeu de golf en deux dimensions, comme on en trouve des quadrillions sur console ou mobile. On gère la distance et la hauteur à laquelle on souhaite frapper la petite balle d’un cliquer-glisser de la souris, et *poc* on se rapproche tranquillement du drapeau. Ajoutez quelques bidons de substances radioactives, des sols souillés et ravagés ou encore des yachts et des supermarchés abandonnés, et vous avez un petit jeu tout à fait dépaysant et décalé, très joli, parfait pour exercer votre plus beau swing depuis votre fauteuil de gamer, mais dont le classicisme ne vous fera pas retourner votre bureau d’enthousiasme – c’est un critère que j’applique souvent, il est synonyme de bon jeu mais aussi de quelques frais matériels malvenus.

Sauf que Demagog Stud!o a des choses à raconter, et compte bien les faire passer en douce alors que vous vous adonnez au noble art du putt tout en sifflotant et en grognant à chaque balle tombée dans l’eau stagnante, ou perdue dans une montagne de déchets. Notre astrogolfeur bedonnant sillonne les green-plus-trop-green terriens en écoutant Radio Nostalgia From Mars, la radio martienne qui diffuse souvenirs de la Terre, témoignages de pionniers, publicités louches, consignes de vie en milieu confiné et morceaux de musique « de la vie d’avant ». On écoute d’abord de manière distraite en préparant son plus beau drive et on se retrouve à lâcher  le club pour profiter de la qualité du doublage et de l’écriture – mention spéciale à l’animateur, festif, rassurant mais tout dévoué à la promotion de ce nouveau mode de vie un tantinet inquiétant. Radio Nostalgia from Mars est la plus grande réussite du jeu, le soin apporté aux jingles, au choix de la playlist et des témoignages en fait une petite perle de narration distillée tout au long des trois-quatre heures que dure l’histoire et qui donne un aperçu des problèmes soulevés par l’abandon de la Terre et les croyances en une vie meilleure au pied d’Olympus Mons. Si elle se répète – la boucle dure quand même un peu plus de deux heures – elle est le compagnon audio parfait pour expérimenter un périple d’une incroyable mélancolie et pour délivrer une critique de l’absurdité de nos modes de vie et de nos espoirs spatiaux – suivez mon regard, on se comprend, si vous voyez ce que je veux dire, hein, voilà quoi.

Golfclub Wasteland n’est pas un bon jeu de golf, il n’est pas assez précis – le mode Histoire est d’ailleurs assez bienvenu, il évite de pester trop souvent contre les collisions injustes et la physique de balle indigne – mais grâce à son emballage visuel, sonore et narratif, c’est un très beau voyage aux confins des ambitions insensées, du mal du pays, et des destins tragiques cachés derrière un bête jeu d’adresse sur une planète sans vie.

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