Critique

The Bookwalker: Thief of Tales

CactusSinger
Publié le 25 juillet 2023
The Bookwalker: Thief of Tales

Développeur

DO MY BEST

Éditeur

tinyBuild

Date de Sortie

22 juin 2023

Prix de lancement

14,79 €

Testé sur

PC

Plus d’un an après l’arrivée très discrète d’une démo, pourtant très prometteuse, lors d’un Steam Next Fest, The Bookwalker a eu la bonne idée de faire parler de lui lors du « Non-E3 » 2023 avec un trailer, certes très classe, mais fort peu explicite sur le jeu lui-même. Cela lui a cependant permis de se faire connaitre et même de gagner une petite hype à quelques semaines de sa sortie. Avec, en plus, une arrivée sur le GamePass, gageons que beaucoup vont tenter de plonger dans les mondes de The Bookwalker.

Voleur d'histoires

La première chose qui attire l’attention du joueur de The Bookwalker, et clairement son plus gros atout, est son univers unique en son genre. Dans un monde d’apparence dystopique, vous incarnez Etienne Quist, ancien écrivain de renom placé au chômage forcé après avoir été reconnu coupable d’un crime suffisamment grave pour lui valoir une peine de 30 ans d’interdiction d’exercer. Bracelets magiques aux poignets, il ne peut apparemment plus écrire et se tourne alors vers un groupuscule de personnes peu recommandables aux activités illégales. Celles-ci lui promettant de retrouver sa liberté s’il exécute quelques boulots pour elles. Voyez-vous, Etienne, en tant que Biblionaute, possède la capacité de littéralement plonger à l’intérieur des livres pour y envahir leur monde et possède de plus la capacité de voler des objets pour les ramener dans le monde réel. On voit tout de suite l’intérêt des personnes mal intentionnées et de l’attrait que peuvent avoir des objets telle qu’une potion d’immortalité par exemple.

C’est donc dans ce contexte plutôt unique que vous serez amené à visiter plusieurs livres et donc plusieurs mondes… En commençant par le vôtre, ou du moins votre appartement et le palier de l’immeuble. Car l’autre aspect le plus original et prometteur du jeu était la différence de perspective entre le monde réel et celui des livres. Vous évoluerez en effet en vue à la première personne dans le réel (pensez au jeu d’aventure à la Myst), et en vue isométrique dans les livres, proche de ce qu’on trouve dans les cRPG et certains Point & Click par exemple. La différence est cependant principalement dans la perspective et dans l’aspect visuel, le monde réel de notre écrivain apparaissant plus « réaliste » et plus terne, alors que celui des livres envahis semble plus coloré et dessiné, avec une très belle direction artistique. Mention spéciale d’ailleurs au design du personnage, extrêmement réussi. Un effet de manche qui se trouve être une excellente trouvaille et qui fonctionne parfaitement pour l’immersion du joueur et renforce la sensation de plonger dans l’univers d’un roman. Cependant, on regrette qu’il n’offre que peu de possibilités de gameplay différentes.

En effet, quelle que soit la perspective, le jeu reste essentiellement un jeu d’aventure narratif où il faudra récupérer le bon objet et discuter avec les PNJ pour progresser. Là où le jeu promettait énormément néanmoins, c’était sur la connexion entre le réel et le monde fictif et la possibilité de passer de l’un à l’autre à volonté et surtout… de transporter des objets avec soi. On peut par exemple trouver dans le monde réel un objet qui nous permet de progresser dans le monde du livre. Une excellente idée qui laisse percevoir de très nombreuses possibilités de gameplay et d’énigmes originales. 

Le bookworm à moitié plein

Malheureusement et c’est un thème récurrent du titre, cette trouvaille reste bien peu exploitée et au final, les rares fois où l’on sera amené à l’utiliser, on se retrouvera à faire exactement la même chose, parler à un voisin pour lui emprunter un outil qu’on utilisera tout de suite dans le monde du livre en cours d’exploration. De la même façon, la temporalité des livres aurait également pu apporter une tout autre dimension à l’aventure et ses énigmes. On ne choisit cependant pas à quelle page, et donc à quel moment de l’intrigue du livre, nous arrivons, et notre personnage semble plutôt subir la chronologie que de la contrôler… À l’exception d’un livre dans lequel la possibilité de sauter de page en page est justement offerte. Si, comme pour le reste de l’aventure, les énigmes associées restent très linéaires et sans véritable difficulté, ce monde donne quand même un léger aperçu de ce qui aurait pu être fait au niveau du game design.

On passera donc la plupart de notre temps dans les différents livres proposés. Si certains sont un peu en deça, la majorité propose des univers intéressants et on prend beaucoup de plaisir à les découvrir. Vous serez donc amené à explorer ces mondes, discuter avec les personnages et trouver le moyen de remplir votre mission. Etienne, en tant qu’écrivain, peut par ailleurs faire usage d’encre afin d’affecter le monde environnant. Encore une fois, cette bonne idée est cependant cantonnée à certains passages définis par le jeu. Etienne est de plus lui-même limité, car ses menottes lui font subir une forte douleur en cas d’utilisation, et surtout cela a la mauvaise tendance à attirer les Aval’encre, sorte d’entités monstrueuses venant envahir les livres pour les dévorer. Vous serez donc amené à les combattre dans un gameplay au tour par tour des plus basiques, où il faudra choisir la bonne compétence pour vous débarrasser de vos ennemis. Pour vous aider à atteindre vos objectifs, que ce soit en combat ou lors de l’exploration, vous récupèrerez tout un tas d’objets dans les livres, comme des consommables pour regagner de la santé ou de remplir votre jauge d’encre, équivalent du mana, et certains objets peuvent être utiles pour en crafter d’autres qui eux vous permettront de progresser. Une bonne idée supplémentaire, même si la liste des objets craftables est quasi identique dans tous les mondes (pied-de-biche, crochets…).

Avec ses énigmes linéaires, on se contente finalement de suivre l’histoire, sans même avoir vraiment le choix de l’influencer de façon importante vu que nos choix n’affectent que quelques lignes de dialogue tout au plus. The Bookwalker ressemble au final plus à un jeu purement narratif déguisé. Ce n’est pas réellement une critique en soi, le jeu faisant à merveille son travail en ce sens. Il est très agréable à jouer, possède un univers intrigant et original, une histoire / narration prenante et bien écrite, une superbe DA et une musique plutôt relaxante qui fonctionne parfaitement. Et on ne saurait que trop vous le conseiller pour ces qualités. On se retrouve juste un peu frustré, car on aurait aimé en avoir plus au niveau du game design, tellement The Bookwalker regorge de concepts originaux et de possibilités de gameplay qu’il ne fait qu’effleurer, mais qui feraient rêver n’importe quel amateur de Point & Click et de jeux d’aventure en général.

The Bookwalker est une œuvre vraiment unique, nous laissant cependant avec deux sentiments contradictoires. D’un côté, l’univers et le concept unique couplés à une histoire, narration et écriture maitrisées en font un jeu extrêmement agréable à parcourir qui restera dans un coin de votre tête et qu’on recommande chaudement pour ça. De l’autre, il nous laisse également le goût amer de la frustration en ne faisant qu’effleurer les très nombreuses possibilités de gameplay qu’un tel monde peut offrir et qu’il nous promettait. Au final, on retiendra surtout le positif en espérant, qui sait, un second chapitre plus ambitieux.   

Pixel Noir
Pixel Noir

Du JRPG, du Polar, et des bugs

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