Un océan de bug
Critique
Pixel Noir
Développeur
SWDTech Games
Éditeur
SWDTech Games
Date de Sortie
08 février 2024
Prix de lancement
14,79 €
Testé sur
PC
Kickstarté en 2015, puis de longues années en gestation en Early Access sur Steam, Pixel Noir intriguait par son concept original. Imaginez un JRPG à l’ancienne, à savoir période 16 bits, mais dans un univers moderne et surtout une ambiance polar noir dans une méga-city gangrénée par les gangs et la mafia. La sortie de la version 1.0 du titre le 8 février dernier était donc l’occasion idéale de se lancer dans l’aventure.
Noir c'est noir
Dans Pixel Noir, vous incarnez un jeune détective de Pinnacle City, ville corrompue et dominée par une guerre de gangs, et dont la criminalité est bien entendu à son paroxysme. Alors que vous enquêtiez sur les circonstances étranges entourant ce qui s’apparente à un suicide, vous décidez de suivre la piste donnée par l’un de vos indics semblant terrifié. Malheureusement, la nuit ne va pas se passer comme prévu, et va même finir de façon catastrophique, avec l’explosion d’un laboratoire secret entrainant la mort de plusieurs personnes dont celle de votre supérieure. Des évènements dont vous allez être jugés responsable, et ainsi être condamné à une longue peine d’emprisonnement. Tout ce contexte vous étant raconté pendant une longue introduction, jouable, servant également de tutoriel, forcément très linéaire, mais plutôt de bonne facture, même si certains passages peuvent paraitre un poil long, d’autant que vous serez seul en combat. Toujours est-il que cette introduction réussit surtout à très bien poser l’ambiance polar noir du titre.
Vous reprenez ensuite le contrôle de votre personnage 10 ans plus tard, évidemment non plus employé de la police locale, mais devenu détective privé dans le plus grand respect des tropes du genre, imperméable, jazz et indice sur une boîte d’allumettes inclus ! Les amateurs du style ne seront donc pas dépaysés, et l’ambiance du jeu est vraiment l’un de ses points les plus forts. On se laisse rapidement entrainer par l’histoire sur fond de trafic de drogue, complots et guerres de territoires entre gangs, avec tout de même un soupçon d’étrange, voire fantastique. Malgré une ambiance assez sombre, Pixel Noir sait tout de même faire preuve de touches d’humour par moments à travers quelques situations ou dialogues qui fonctionnent plutôt bien même si parfois un brin absurdes. Notez cependant que le jeu est disponible qu’en anglais seulement.
Old school JRPG
Dans sa construction, Pixel Noir est donc un JRPG assez classique, avec sa quête principale vous mettant sur la piste d’une nouvelle drogue infestant la ville, nommée Pixel, et ses quelques quêtes secondaires dans un monde découpé par zones. On n’est donc pas dans un monde ouvert, et l’accès à la plupart des zones du jeu vous sera arbitrairement coupé pour diriger votre progression dans l’histoire. Plus tard, vous aurez tout de même droit à un système de déplacement rapide sous forme de… métro, évidemment…
Qui dit JRPG à l’ancienne, dit bien entendu un système de combat au tour par tour, ici relativement classique et qui fonctionne plutôt bien, avec tout de même quelques spécificités. Il sera bien évidemment possible d’utiliser des capacités spéciales en utilisant des orbes, l’équivalent du mana. Capacités qu’on pourra apprendre en achetant des livres de compétences, et qu’il sera possible d’améliorer à l’aide de points obtenus en récompense de quêtes. Attention cependant, si améliorer une compétence la rendra plus efficace, elle coûtera également plus cher en orbes à utiliser, ce qui pourrait vous empêcher de l’utiliser autant de fois que vous voulez en combat, et il faudra alors bien peser le pour et le contre et attendre le bon moment pour décider de l’améliorer. Des capacités qui vous demanderont par ailleurs pour la plupart de réussir une séquence de QTE pour maximiser les dommages.
Au niveau du gameplay de combat lui-même, on trouve aussi un système de timing où il faudra appuyer au bon moment afin de doubler les dégâts d’attaque ou à l’inverse améliorer sa défense et réduire les dégâts subis. C’est, pour donner un exemple récent, assez similaire à ce qui était fait dans un Sea Of Stars, à ceci près qu’ici les indicateurs de réussite des timings sont un peu moins clairs, ce qui est assez déstabilisant au début, jusqu’à réussir à trouver la bonne façon de procéder. D’autant que les combats ne sont pas forcément simples, il faudra donc bien maitriser cette mécanique de gameplay.
Il faudra également bien penser à s’équiper au mieux, que ce soit d’équipements défensifs et d’accessoires, mais aussi bien entendu d’armes et de leurs mods d’améliorations qui les rendront bien plus puissantes. À ce niveau, l’argent sera donc bien le nerf de la guerre. Vous trouverez notamment des marchands cachés qui vendent du matériel rare et plus puissant que celui accessible dans les boutiques de la zone de jeu dans laquelle vous vous trouvez. Attention cependant, ceux-ci disparaitront définitivement après la transaction. Il vous faudra alors parfois grinder un peu d’argent afin de pouvoir acheter un maximum d’équipement en une seule fois et vous faciliter la vie dans les combats suivants. On notera d’ailleurs un équilibrage pas tout le temps maitrisé, avec certains adversaires assez compliqués alors que les boss peuvent eux, pour la plupart, être quasiment tous One Shot en abusant du système de combo, équivalent d’un système de limite, très puissant et qui une fois rempli peut être déclenché à n’importe quel moment et donc conservé pour le moment opportun.
Vous pourrez contrôler trois personnages simultanément dans votre entourage, pour un total de cinq personnages jouables au total, même si les deux derniers n’arrivent que très tard dans le jeu, vous passerez donc une bonne partie de l’aventure avec la même équipe. On pestera tout de même plus d’une fois sur un système d’ennemis qui repop à l’infini, ce qui est souvent extrêmement énervant, notamment dans un « donjon » lorsque vous cherchez ce qu’il faut faire et où aller, multipliant donc les allers-retours, et donc les combats, ce qui n’aide pas du tout à se concentrer sur la marche à suivre. Ce qui rend également la dernière partie du jeu un peu moins intéressante et plus redondante. Probablement une des décisions de gamedesign qui interroge le plus.
noir de bugs
Techniquement, Pixel Noir rappelle bien évidement des RPG type RPG Maker, mais reste plutôt agréable avec un pixel art réussi, et surtout assez unique de par son univers. Par contre, et c’est là un des plus gros soucis actuels du titre, le nombre de soucis techniques est à ce jour assez important. Outres les chargements initiaux un peu longuets et de gros ralentissements en ville, on retrouve malheureusement encore beaucoup de bugs, aussi bien des petits bugs visuels ou de déplacement sur des échelles, ou carrément des crashs directs. On tombe aussi assez régulièrement sur des soucis de scripts, que ce soit l’écran de fin de combat qui ne se charge pas après le KO du dernier ennemi ce qui fait qu’on reste bloqué là ad vitam aeternam, ou carrément un script de quête qui ne veut pas se déclencher et vous bloque donc complètement dans votre progression. À ce titre, je vous conseille plus que vivement de multiplier les emplacements de sauvegarde au cas où vous devriez repartir sur une ancienne.
Avec Pixel Noir, SWDTech Games nous offre un jeu unique, malgré son gameplay classique. À la fois efficace dans ses mécanismes, possédant une histoire intéressante, on se retrouve avec l’envie de continuer à progresser dans cette ville impitoyable et d’en apprendre plus, le tout malgré quelques défauts et errances niveau gameplay. Malheureusement, on retiendra également la myriade de bugs, parfois bloquants, venant gâcher l’expérience qui, on l’espère, diminuera au fil du temps.