Critique

FURI

Développeur : The Gamer Bakers – Date de Sortie : 5 juillet 2016

The Game Backers a toujours vu le jeu vidéo en grand. Après des productions bien au-dessus du lot sur mobile, avec leur série tactico-poulpe Squids et leur beat them all digital Combo Crew, le studio s’attaque enfin au marché du salon avec une grosse production en 3D. Place à la sueur, à la rage et à l’acharnement, autant d’émotions que de synonymes de Furi.

Furia

On ne peut pas dire que vous êtes bien en point : emprisonné et enchaîné dans un dédale de donjon pour une raison inconnue, un mystérieux personnage portant une tête de lapin géante sur la tête vient vous délivrer et vous armer.Sabre et pistolet à la main, vous devrez venir à bout de plusieurs gardiens pour récupérer votre liberté. Du début à la fin, tout restera obscur. Les uniques informations que vous obtiendrez sur le monde vous viendront de l’homme lapin, qui vous décrira la personnalité de chacun de vos adversaires avant de les affronter.

Très énigmatique, mais aussi très malin. Nous avons réellement l’impression de commencer le jeu quand celui-ci se « termine », comme si venir à bout des gardiens n’était que la préparation de ce qui nous attend après. Pourtant, il vous faudra être patient pour découvrir la seconde partie du jeu, dont l’accès ne vous sera pas dévoilé dans cette review.

Parler de Furi en tant que jeu vidéo serait une grande erreur, car Furi est bien plus que ça. Furi est aussi une direction artistique soignée, exigeante et harmonieuse, signée Takashi Okazaki (à qui l’on doit Afro Samouraï). Tout en couleur, chacun des gardiens est en accord avec son arène, où l’on comprend directement ce à quoi nous allons nous confronter comme type de boss, rendant les descriptions de l’homme lapin cohérentes.

Furi est aussi une bande sonore complètement dingue et pour cause, les grosses figures de la scène actuelle synthwave ont composé des titres spécialement pour le jeu avec entre autres, Danger et Carpenter Brut. Que ce soient les phases de promenade ou de combat contre les gardiens, tout est parfaitement accordé pour que l’harmonie jeu / DA / musique fasse un tout cohérent. Si le tout est parfaitement maitrisé, la partie technique vient quelque peu ternir le tableau.

Le jeu est techniquement faible, n’est pas ultra détaillé, même si ce dernier point permet une bien meilleure lisibilité du jeu. La gestion des collisions propre du personnage (cheveux et cape) est aussi inexistante. Si cela ne gâche en rien l’expérience de jeu, cela fait un peu tâche lors des quelques gros plans rendant parfois risibles certaines scènes.

L’harmonie du tout

Furi se déroule en deux phases : une de ballade, où l’homme-lapin vous parle de votre adversaire, et une de combat en arène contre un gardien. Soyons clairs : la phase de promenade est injouable ! L’unique but est d’aller d’un point A à un point B, sur plans fixes avec changements de caméra. Le problème vient au changement de caméra qui n’est pas appliqué au stick de mouvement et qui garde l’angle de la dernière caméra, sauf si vous le relâchez. Pas de chance, l’ouverture du jeu se fait sur une phase de déplacement, du coup on se trouve à rager sur les contrôles dès les premières secondes de jeu. Pour pallier à ce problème, il y a la possibilité d’avancer de manière automatique, qui en devient obligatoire au vue du problème cité. Du coup, on ne comprend pas pourquoi The Game Backers n’a pas choisi l’option d’une cinématique, unique moment acceptable dans un jeu vidéo de ne pas avoir le contrôle de l’avatar que l’on contrôle.

Heureusement, ce problème n’est pas présent dans les arènes des gardiens étant donné que la caméra restera la même du début à la fin du combat. Chaque combat se déroule en plusieurs manches, symbolisées par un petit carré se trouvant sous la barre de vie de votre adversaire. Chaque manche se déroulera en une ou deux phases, les premières correspondent à des phases éloignées, où l’arme de prédilection sera le pistolet même s’il est possible de frapper votre adversaire avec votre épée. L’autre phase est au corps à corps, rapprochée, où vous vous trouverez à quelque mètres de votre adversaire et où seule votre épée sera utilisable.

Pour venir à bout de chacun des gardiens, vous aurez à votre disposition une épée et un pistolet automatique, chacun utilisable en frappe rapide et en charge, avec la possibilité de parer et de dasher, le tout disponible dès le premier gardien qui fait office de tutoriel(tout du moins pour ses quatre premières phases). Ce dernier est sûrement l’un des meilleurs boss du jeu, non pas qu’il soit le plus intéressant en terme de patterns mais est sûrement le plus représentatif de ce qu’est le jeu dans son équilibre. Si les quatre premières phases vous apprendront à utiliser l’ensemble de votre arsenal, les trois dernières vous metteront en situation réelle de combat avec la progression des patterns au fil des manches, aussi bien sur les phases éloignées que celles au corps à corps.

L’harmonie du tout

Tout au long du jeu, vous n’aurez rien de plus que l’arsenal présent lors du premier boss. C’est bel et bien le skill du joueur qui évoluera au fil de l’aventure. Si lors des trois premiers boss, certaines facultés ne sont pas nécessaires comme les tirs / frappes chargé(e)s ou la bonne gestion de la parade, rapidement elles deviendront obligatoires pour ne pas voir les combats se prolonger. Furi fait partie de ces jeux qui demandent aussi bien un bon état physique que mental lors d’une session de jeu, tellement celui-ci est éreintant.

Le jeu ne pardonne pas ou presque. A la fin de chaque manche, les barres de vie sont de nouveau remplies, aussi bien pour vous que pour votre adversaire. Si c’est vous qui gagnez, vous obtenez une vie supplémentaire (dans la limite de trois). Si vous perdez, en plus de perdre une vie, vous devez recommencer la manche sur laquelle vous êtes depuis le début. Si vous étiez sur une seconde phase du gardien lors de votre manche, vous devrez évidemment refaire la première étant donné que c’est bien la manche que vous recommencez et non la phase.

La gestion de la parade dans les combats prendra au fur et à mesure une importance capitale. En plus de vous éviter de prendre des dégâts, elle vous permettra de regagner un peu de vie si vous parez au bon moment et même de réaliser une contre-attaque (en plus de récupérer un peu de vie) si vous la réalisez dans un timing parfait. En cas de coup dur, il peut être judicieux de prendre le pari de ne faire que des parades « light » afin de regagner la vie, au risque de rallonger le combat et de perdre en lucidité.

On peut saluer l’effort de The Game Backers de proposer une grande variété dans les combats, mélangeant allègrement le beat them all, la plateforme et le maniac shooter, même si l’on déplorera quelques phases pénibles… Particulièrement les phases de cache-cache du sixième boss ou les minis phases de QTE qui viennent casser le rythme de combat. De même, il est incompréhensible de punir le skill du joueur sur les parades parfaites lors de certain Boss Fight, ne donnant aucun avantage au joueur, voire le pénalisant s’il n’est pas attentif.

Furi est un jeu qui se mérite. Il s’apprend dans la douleur de l’échec où seuls les bons placements, le bon rythme de parade, le bon timing d’attaque vous permettront de venir à bout de chacun des gardiens que vous affronterez. Mené par une direction artistique fabuleuse et une bande sonore qui tape, permettant de mettre le joueur dans des bonnes conditions, le jeu mettra à rude épreuve votre patience. Si Furi est globalement une réussite, il reste toutefois quelques petits problèmes, qu’ils soient du côté de la technique (les déplacements lors des balades) ou du design (la partie de cache-cache, les QTE, la punition du « trop de skill »).

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Crim

Intégriste gaucher depuis 1983. Les cailloux: GOTY des armes depuis 2013.

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