Ginger : Beyond the Crystal

Le jeu de plateforme en 3D, camera à la troisième personne, double saut et petits cris mignons en bonus, fut plus que populaire au début des années 2000. Et puis plus rien. La guerre a remplacé les décors tout en couleurs, rendant malheureux tout un public amateur de jolis mondes à parcourir, d’objets à collecter par centaines, tout cela pour un sombre concept nommé « le progrès ». A l’heure ou des projets kickstarter tentent de remettre en avant le genre, voici que Ginger sort sur Steam, sans prévenir, pour jouer sur la fibre nostalgique.



Encore une histoire de cristal

Alors qu’une contrée se voit sauvegardée par une déesse, leur offrant par ailleurs un enfant aux pouvoirs incroyables encore bien mystérieux, voilà que le cristal censé les protéger tous est éclaté en plusieurs morceaux éparpillés dans le monde. Les habitants disparaissent et le chaos règne, c’est alors que le jeune enfant désormais bien grand est désigné comme l’élu qui remettre de l’ordre dans tout ce gloubiboulga de scénario classique et de retournements de situation prévisibles. Mais il faut l’avouer : ça fonctionne.

Un petit passage dans les options (nous obligeant à relancer notre partie par ailleurs) pour remettre les axes de camera dans le bon ordre et en réduire la rapidité de mouvement plus tard, nous voici prêt à découvrir les trois mondes « libres » proposés par les développeurs. Vous êtes donc Ginger, l’élu, petit enfant bleu qui frappe fort et double-saute de façon efficace. Chaque monde est composé d’une large zone faite de maisons délabrées (qu’il vous faudra restaurer) et d’un cristal principal que vous pouvez alimenter de fragments. Ces fragments, vous les trouverez lors de votre périple à travers les cinq zones alentours, toutes jouables en vue « de côté », façon 2.5D qui ne dit pas son nom puisqu’elle joue beaucoup avec la caméra pour changer de style à tout bout de champs.

Chaque niveau à terminer vous proposera un petit objectif (trouver du miel pour un ours, détruire des grenouilles, etc.) juste assez bête pour camoufler votre véritable but : collecter un maximum de fragments de cristaux, mais aussi de ressources (du bois, de la pierre…) permettant de réparer les maisons du village.


Des animations qui dérangent

Que ce soit lorsque vous voulez frappez les ennemis (qui vous touchent deux fois sur trois malgré tout) ou lors de certains double-sauts ratés, vous allez jurer sur les quelques animations du jeu qui gâchent légèrement l’expérience. Pas au point de « quitter enrager » par cette faiblesse, mais assez pour crier à la déception tant ce gameplay peu raffiné vient gâcher les espoirs placés dans ce Ginger : Beyond the Cristal dont l’introduction promettait énormément.

Il faut dire aussi que les niveaux ne sont pas bien inventifs, puisque l’on retrouve les sempiternels clichés du genre avec plateformes mouvantes, allers-retours bien mal camouflés et ennemis aux parcours évidents et prévisibles. On a aussi le droit à des séquences très lourdes, dans des chariots de mine par exemple (ou il faut matraquer le stick droit en espérant, une fois sur deux, que l’accélération se lance). Des idées, Ginger en propose beaucoup. Malheureusement, elles sont souvent très décevantes.



Trois villes à restaurer

Se répétant outrageusement, trois fois exactement avec trois mondes à sauver, proposant chacun cinq niveaux classiques et cinq défis bonus (des défis de plateforme façon WarpZones), ce jeu de plateformes en 3D toute mignonne se permet aussi de jouer la carte des quêtes annexes. En effet, avec vos fragments de cristaux durement collectés, vous pourrez faire réapparaitre les villageois disparus. Ceux-ci vaqueront alors à leurs occupations, vous donnerons leur avis sur les évènements actuels (à l’aide d’une bulle de dialogue et d’un petit smiley content/pas content). Mais surtout, ils vous proposeront des courses rapides, de la collecte ultra simples d’objets ou de la baston rapide pour gagner quelques ressources. Ressources qui, je vous le rappelle, vous permettent de reconstruire les bâtisses des trois villages du jeu. Cela ne servant, finalement, qu’à de simples succès à débloquer et quelques chapeaux/vêtements débloqués à acheter au marchand du coin.

Autre originalité : des costumes à débloquer au fil du scénario qui vous transforment en pirate, en souris, en musicien, permettant de nouvelles aptitudes. Le problème c’est que ces costumes ne s’utilisent que sur des points précis et ne déverrouille rien de bien folichon, si ce n’est toujours plus de ressources. Les costumes ne changent en rien votre façon de jouer : la déception est grande.


Une note positive pour finir

Allez, je suis tout de même excessivement méchant avec Ginger : Beyond the Crystal. Il est très loin d’être parfait avec ses animations bancales et sa répétitivité outrancière, mais il est tout de même visuellement très réussi. Certains passages font plaisir, autant visuellement qu’à parcourir en sautillant. Les musiques sont elles-aussi de qualité et font très bien leur travail : égayer ce moment de jeu un peu rétro, tentant (mais ratant) beaucoup de nouvelles choses, essayant de nous transmettre cet amour d’un genre que l’on ne voit plus trop sur nos plateformes de jeu actuelles.

Si on peut encore critiquer une traduction française honteuse, Ginger reste techniquement très solide et permettra à des fans du genre, oubliés depuis trop longtemps, d’avoir leur petite dose d’univers coloré à vider de tout artefact flottant sous prétexte que « c’est devant moi et j’ai de grandes poches, alors je prends ! ». La magie du jeu de plateforme 3D n’est pas morte ?


Ginger : Beyond the Cristal c’est une tentative bancale, mais bien vivante, de rappeler que le jeu de plateformes en 3D est un genre de jeu particulièrement envoutant et chronophage que beaucoup aiment explorer de fond en comble. Il fait absolument tout pour être au niveau de ses modèles mais malheureusement, n’est pas Rare/Insomniac/Nintendo/Naughty Dog qui veut. La technique est bancale, les animations gênent le gameplay et la répétitivité est furieusement présente. Reste cet univers plutôt joli et cette sensation de retro « mais pas trop » qui pourra permettre à certains joueurs courageux de profiter de ce titre sans trop de heurts et de regrets à l’achat.

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