Critique

Concrete Genie

Développeur : PixelOpus – Éditeur : Sony – Date de Sortie : 09 octobre 2019 – Prix : 29,99 €

L’art est essentiel à nous autres êtres humains. Il peut être vecteur d’émotions, de questionnements et de réflexions. Il s’agit là du principal sujet de Concrete Genie qui comme son nom l’indique, porte sur un artiste s’exprimant sur le mobilier urbain. Cette histoire est celle d’Ash, un jeune garçon renfermé sur lui-même et son carnet de croquis sur lequel il couche du bout de son crayon et de son pinceau, mondes oniriques et créatures sympathiques. Ce qui n’est pas au goût d’une bande de gamins patibulaires qui lui feront payer sa singularité.

Eco-artiste en culottes courtes

S’engage alors une aventure surréaliste dans laquelle Ash devra retrouver les dessins déchirés de son carnet déchirés par la dite bande de délinquants juvéniles. A sa grande surprise, sa dernière création qu’il avait baptisé Luna, prendra vie de manière lumineuse sur les murs d’un phare abandonné. Ash habite dans une ville portuaire en déréliction nommée Denska, comme en témoigne son état lamentable, celui d’une ville ayant été frappée par un destin peu enviable.

Son histoire nous apprend à demi-mot que Denska fut la victime d’une catastrophe écologique symbolisée par une masse noire goudronneuse appelée ténèbres par notre héros. Luna l’aidera à les combattre en lui offrant un pinceau géant magique qui lui permettra de redonner des couleurs à sa ville et ainsi chasser de ses rues la présence de cette funeste entité. Pour cela, il sera aidé de « génies » que Ash pourra personnaliser à l’envie à l’aide des pages de ses croquis qu’il aura à charge de retrouver flottant çà et là. D’un coup de pinceau, ces génies de feu, d’électricité ou d’air prendront vie et l’aideront à débloquer de nouveaux chemins.

La prise en main de Ash est chose aisée. Il se déplace avec célérité et compétence, grimpant aussi bien qu’un chat sur les toits de sa ville. Le jeu bénéficie d’une excellente traversabilité grâce à sa jouabilité intuitive et un level design intelligent. Concrete Genie respire la qualité avec ses graphismes de caractère avec leurs courbes évoquant un livre d’illustration pour enfants. Son style visuel sort des sentiers battus et brille particulièrement – c’est le cas de le dire – quand on peint sur les murs de couleurs vives et luminescentes.

Parkour de couleurs

L’acte de peindre représente d’ailleurs le cœur de son gameplay. En activant le pinceau de Ash, il est dès lors possible de laisser libre cours à notre imagination seulement limitée par un ensemble prédéfini de formes tirés du carnet de croquis de notre héros. On ne peut pas vraiment dessiner librement, puisque finalement, l’acte en lui-même est plus proche du collage pour former ces tableaux vivants sur les murs de Denska. Pour se faire, on doit utiliser au choix la fonction gyroscopique de la manette ou le joystick droit. Si le gyroscope se montre souvent capricieux et peu précis, il reste après un temps d’adaptation la meilleure des deux options à mes yeux, le joystick s’avérant trop rigide au bout du compte.

Sous les coups de pinceaux de notre artiste en culottes courtes, on redonnera ainsi à sa ville un visage plus avenant dans ce qui s’apparente à un immense jeu de puzzles et de plateformes. Concrete Genie reste néanmoins très grand public et ne souffre pas d’une très grande difficulté. Tout juste sera-t-il nécessaire de faire preuve de réflexion par moment, mais dans sa longueur, la solution à chaque obstacle devient vite évidente ne ralentissant pas un jeu à la progression sans accroche particulière. Son seul bémol et si on veut bien le considérer comme tel, est qu’il change radicalement de style dans son dernier tiers.

A cause d’un revirement scénaristique, on passe d’un jeu relativement pacifiste dans lequel on devait sauver notre ville grâce à l’art, à un jeu d’action dans lequel notre pinceau géant deviendra une arme pour combattre des créatures belliqueuses. Heureusement, même dans ce dernier moment, la jouabilité reste simple d’accès n’augmentant en rien la difficulté d’un jeu dont le but n’est clairement pas de nous embourber dans des obstacles insurmontables. Tout public sont les deux mots qui le définisse le mieux, sans que cela ne soit négatif. Concrete Genie est une aventure très agréable et positive dans son message où même les brutes peuvent trouver le chemin de la rédemption.

Cette jolie histoire enfantine trouve donc une heureuse délibération avec un message peut-être naïf dans sa conclusion, surtout qu’on ne passe en fin de compte pas beaucoup de temps à explorer la psyché de ses personnages. Il reste cependant qu’une bonne partie de son histoire repose énormément sur le non-dit et les sous-entendus alors que certaines émotions se trouveront être plus directes et simples à saisir. Ce dernier tiers du jeu pourrait cependant en surprendre certains pour la simple raison que quand un jeu vous explique ses règles au départ, il doit éviter au maximum d’en dévier par la suite sous peine de perdre son public. Passer du puzzle contemplatif à l’action dans ce dernier tiers ne sera donc pas forcément au goût de tous même si la transition se fait assez rapidement en raison d’une jouabilité aisée voire presque assistée.

Concrete Genie est un jeu surprenant à bien des égards que cela soit sa direction artistique soignée jusque dans les moindres détails, sa musique au poil et ses animations charmantes. C’est un beau jeu dans lequel il est facile de plonger. Son gameplay est facile à prendre en main et relaxant, épanouissant même. Voir les murs sombres de Denska s’illuminer sous nos coups de pinceaux apporte véritablement une touche magique unique à ce jeu. Il ne lui reste que son changement de tonalité abrupte à un tiers du jeu approximativement qui en surprendra plus d’un dans un jeu relativement court de seulement quelques heures l’empêchant de fait de développer une aventure qui crie parfois son envie d’en dire plus et plus longuement.

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