Critique

Pixel Ripped 1995

Développeur / Éditeur : ARVORE Immersive Experiences – Date de Sortie : 23 avril 2020 – Prix : 16,79 €

Pas de cinétose / Pas de jumpscare
Beaucoup de flash brillants / Pas de sous-titres français

D’un côté il y a Dot, héroïne de jeu vidéo. Elle voit son monde ravagé par un gobelin de l’espace venu pour prendre possession d’un artefact unique qui lui donnera tout le pouvoir qu’il souhaite… Sur ce monde et bien d’autres encore, dont celui de David, humain de la planète Terre qui en 1995 joue sur sa console de jeu vidéo sans se douter de toutes les interactions qui vont se révéler réelles.

Dès le premier niveau, l’ambiance de film feel-good des années 90 est posée : Papa rentre avec un nouveau sapin (moche) pour préparer Noël pendant que Maman papote au téléphone pour dire à Tante Jeanine que franchement, ces jeux vidéo, c’est l’enfer. Et d’ailleurs elle tentera de vous empêcher de jouer et d’aider Dot à franchir un niveau. Pour faire diversion vous devrez quelquefois poser la manette et prendre un pistolet « Nerf » pour tirer sur la chaîne hi-fi, la boite à cookies et autres éléments du décor. Vous gagnerez du temps et Maman ne viendra pas éteindre la console (et vous faire perdre toute votre progression depuis le dernier checkpoint).

Inutile de trop spoiler cette histoire de trois heures, tout au plus, se rythme avec intelligence et s’axe autour de différents gameplays. Notons tout même l’excellence d’un concept, en magasin, pendant que Papa fait ses emplettes : vous avez deux bornes de deux jeux vidéo différents où Dot va pouvoir progresser. Mais en prenant la manette d’un des jeux, vous pourrez obtenir un power-up que vous transférerez au second (en changeant de manette) afin de vous libérer d’obstacles malencontreux. Le principe fonctionne à merveille.

Tous les niveaux ne sont pas réussis : si on s’extasie devant ce (trop court) moment où l’on tient un vaisseau Starfox à bout de bras pour faire « piou piou » et voir les lasers réellement sortir du jouet pour vaincre le boss, tout en esquivant les obstacles avec des pirouettes de poignet digne des plus imaginatifs enfants de la cour de récré, il faudra aussi supporter un gameplay de beat’em all très moyen aux nombreuses hitbox ratées qui rend le moment extrêmement frustrant et difficile.

Évidemment gonflé à bloc de références, Pixel Ripper 1995 joue surtout avec l’environnement pour nous noyer (réellement) sous une eau de pixels dans les niveaux sous-marins, pour nous plonger dans une brume inquiétante quand on rentre dans un niveau plus obscur et tout cela se fait avec une finesse et une intelligence de réalisation qui force encore davantage à la mise en abyme. Sans réalité virtuelle, l’expérience serait froide, creuse, sans intérêt.

Les cinq niveaux sont inégaux mais globalement, l’expérience est très satisfaisante au point qu’on en redemanderait. C’est le second jeu du studio après un Pixel Ripped 1989 que je n’ai pas encore touché (cela ne saurait tarder !) et c’est donc un studio à suivre de très près si on aime la VR inventive et amusante. Pixel Ripped 1995 m’a surpris, amusé, plongé en enfance avec brio.

Loin de n’être qu’un simulateur de jeu vidéo en pyjama dans sa chambre, Pixel Ripped 1995 est construit comme un film fantastique pour enfants des années 90 avec une belle morale, des personnages touchants, un héros d’un autre monde qu’un simple humain mal-aimé va devoir aider, tout cela porté par une réalisation qui s’amuse avec la réalité virtuelle et ses deux mondes, nous transposant tantôt dans le rôle de l'héroïne de pixels, tantôt dans celui qui la joue. Pixel Ripped 1995 n’a pas des niveaux tous géniaux, mais les plus réussis sont brillants !

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Skywilly

Rédacteur en chef collectionneur de Skylanders et qui passe beaucoup trop de temps sur ces briques Lego. Heureusement qu'il y a des petits jeux pour s'évader ! Auteur de Le jeu vidéo indépendant en 2015 : Portraits de créateurs

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