Critique

La-Mulana 1&2

Développeur : Nigoro – Éditeur : Playism – Date de Sortie : 20 mars 2020 (versions consoles) – Prix : 15 € (le 1) 25 € (le 2)

Au commencement était Super Metroid. Le fondateur du genre exploration aventure, codifié, millimétré, et dont la formule sera ensuite reprise pour les Castlevania en 2D, créant alors tout un pan de jeux d’aventure : le Metroidvania. Genre qui a malheureusement un peu disparu chez les gros éditeurs mais qui est heureusement très vivace chez les petits et les indés. Les La-Mulana en sont de dignes représentants, certes, mais apportent-ils leur pierre à l’édifice ?

Là ! Mulan ! AAAAAh !

En 2005, une petite équipe d’indépendants décide de rendre hommage aux jeux du MSX (les ordinateurs japonais 8 bits de années 80), notamment Maze of Galious, en réalisant un titre reprenant les limitations graphiques de l’époque mais en proposant une aventure longue et difficile. La-Mulana c’était ça, un jeu d’exploration dans des ruines, où chaque écran pouvait cacher un piège mortel. Des ennemis normaux et des boss peuplaient les ruines, de manière classique sachant qu’il était très compliqué de récupérer de la vie (impossible en plein combat d’ailleurs). Un remake est mis en chantier dès 2007, et la petite équipe devient le développeur Nigoro, connu pour ses jeux flash un peu idiots mais très addictifs (comme Rose et Camelia, un simulateur de baffes). En 2011, La-Mulana nouvelle version abandonne le style graphique de la MSX, mais reste fondamentalement le même jeu mais en mieux, à savoir un metroidvania hardcore, gigantesque, bourré de boss mémorables et d’énigmes retorses voire tarabiscotées. En 2018, les développeurs sortent une suite à La-Mulana, astucieusement appelée La-Mulana 2, cette suite reprend les grandes lignes de son prédécesseur tout en atténuant un peu ses défauts.

L'âme. Ouhlà ! Naaaaah !

Mais ne mettons pas le chat russe avant les pneus, et parlons contexte, parce que l’aventure c’est sympa, mais savoir ce qu’on fait là dedans c’est mieux. Dans le premier jeu, on se trouve dans les bottines et sous le chapeau de Lemeza Kosugi, archéologue de profession s’aventurant dans les ruines perdues de La-Mulana, où il devrait trouver l’origine de la vie et de l’humanité. Dans le second jeu, on incarne Lumisa Kosugi, la fille de Lemeza, qui doit retourner dans les ruines de La-Mulana car encore plus de secrets sont à découvrir après l’exploration effectuée par son père quelques années avant. Dans les deux jeux, on va se retrouver à explorer des ruines peuplées de monstres retors, découvrir des mécanismes mystérieux et résoudre des énigmes pour trouver des objets nous permettant d’avancer plus loin.

 

Dans les deux cas, ce qui peut choquer d’emblée c’est que rien n’est expliqué ni même fourni. Les aventuriers débarquent avec un fouet et c’est tout. Une visite chez le vieux Xelpud nous permettra d’acquérir un ordinateur portable dans lequel il faudra installer des applications après les avoir découvertes ou achetées (oui, c’est un peu bizarre mais, les ruines cachent des trésors technologiques, donc bon, eh, hein). Ces applications prennent de la mémoire et il faudra donc au bout d’un moment jongler avec certaines au besoin afin d’utiliser au mieux ce petit ordinateur. Rapidement il faudra acquérir aussi un scanner qui permet, ben, de scanner un peu tout et n’importe quoi. Scanner les vieilles pierres et les squelettes jonchant les ruines apportera des indices sur l’éventuelle marche à suivre afin de découvrir les secrets des ruines de-La Mulana. Une fois équipé, on peut alors commencer à explorer. Mais attention, chaque écran de jeu cache des pièges vraiment retors, alors avancez, mais doucement !

Lamu, Lana (Danger zone ?)

J’ai souvent lu ici et là que le jeu était difficile. C’est pas tant qu’il soit difficile que complètement imbitable à première vue. Ce qui est un peu déroutant c’est qu’il n’y a pas vraiment de chemin tracé, la progression dans le jeu peut se faire de manière non linéaire et les ruines sont suffisamment étendues pour permettre à l’aventurier coincé de parcourir un autre endroit qui cachera peut-être la solution, ou ouvrira un nouveau coin d’exploration avec les objets récupérés. Alors on tâtonne, on farfouille, on progresse, on commence à comprendre ce que veulent dire les gravures et ce que le jeu veut nous faire faire. Alors évidemment on va pester, on va mourir bêtement, on va faire une plâtrée d’allers-retours inutiles et puis au détour d’un chemin, en frappant un ennemi, casser un mur devant lequel on est passé 20 fois sans se douter qu’il était cassable alors qu’il y avait un indice pourtant, et miraculeusement on est débloqué.


On va repasser dans les premiers niveaux en ayant acquis le double saut et/ou une clé magique et une porte inaccessible va s’ouvrir. On va crever 10 fois de suite contre un boss avant de comprendre son pattern et le fumer sans perdre de vie ensuite. On va explorer une nouvelle zone avec 15 points de santé et mourir bêtement et puis revenir mais cette fois-ci faire plus attention, ou se téléporter en lieu sûr avec le Graal (ah oui, on trouve le Graal au début du jeu) et se refaire la cerise et les objets d’attaque avant de repartir de plus belle.


Et puis on va se perdre aussi. Mais c’est tout à fait normal, les concepteurs ont indiqué s’inspirer de la « vraie » archéologie, où on doit être prudent et faire gaffe où on met les pieds sous peine de se faire écraser par un rocher au moindre faux pas. Un peu comme si Rick Dangerous et Spelunky avaient eu un rejeton, mais que tonton Castlevania était passé dire bonjour pendant l’éducation du môme et que Ninja Gaiden venait lui mettre des claques gratuites. Un peu le Dark Souls de Dora l’exploratrice quoi.


En parlant d’exploration, parlons décors et bestiaire, on va se balader dans des ruines, combattre des ennemis et rencontrer les habitants de ces ruines, inspirés dans les deux cas de la plupart des mythes fondateurs de l’humanité, dans un mix egypto-asgardo-aztèque du plus bel effet, et offrant en plus un glossaire nous permettant d’apprendre des trucs sur ces mythes. Alors, des fois les monstres mythologiques sont devenus des robots géants ou des écureuils zombies mais eh, faut bien surprendre !

Ode à l'exploration en milieu hostile la série de jeux La-Mulana va offrir au joueur un challenge juste et une quête longue et difficile mais vraiment satisfaisante. Comptez facilement la centaine d'heure pour les deux jeux (sans soluce, mais c'est vraiment se gâcher le plaisir que d'y avoir recours). Il serait vraiment dommage de passer à côté de ces deux pépites réalisées avec un amour artisanal et d'une envergure rarement vue dans les Metroidvania réalisés par des "petits" indépendants.

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Shutan

Rétrogamer dans l'âme, mais ouvert aux nouveautés.

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